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2. LES PARTICIPANTS

2.2 Le profil des participants et la procédure de recrutement

Cette recherche vise spécifiquement les adolescents issus de l’immigration de deuxième génération (nés au Québec de parents nés à l'étranger) et qui ont une langue maternelle autre que l'anglais ou le français. Elle concerne plus spécifiquement les élèves de cinquième secondaire. Nous avons ciblé les élèves de ce niveau, car ils ont une expérience significative au secondaire. De plus, c’est à cette étape de la vie scolaire que l’orientation des jeunes pour les études postsecondaires commence à se préciser. Un autre critère d’inclusion concerne l’orientation scolaire au postsecondaire. Les jeunes choisis ont l’intention de s’inscrire dans un cégep anglophone.

Le type d'échantillon privilégié dans le cadre de notre recherche est non probabiliste et volontaire. Nous ciblons douze participants qui sont choisis selon certaines caractéristiques que l'on retrouve dans la population (sexe, niveau scolaire, orientation scolaire). Nous avons choisi de ne pas inclure les caractéristiques qui impliquent le pays d'origine. Cette variable risque d'être une entrave dans le choix des participants et de réduire ainsi la taille de l'échantillon.

Les douze entrevues ont été menées auprès d’élèves nés au Québec et issus de l’immigration. Ils ont tous fréquenté des écoles primaires et secondaires francophones et ont l’intention de s’inscrire dans un cégep anglophone. Même si nous avions décidé de ne pas inclure dans nos critères de sélection le pays d’origine, il se trouve que les répondants proviennent de différents pays. Trois sont originaires de l’Afrique du Nord, trois du Moyen-Orient, deux de l’Asie du sud, deux de l’Afrique centrale, un de l’Afrique de l’Est et un de l’Afrique de l’Ouest.

Les sujets retenus sont issus de familles de deux à sept enfants. La grande majorité des parents a fait des études universitaires dans leur pays d’origine (neuf familles). Toutefois, certains parents exercent, au Québec, dans un domaine peu en lien avec leur formation initiale (ex. les parents d’Élias, d’Olivia et d’Amar). D’après Olivia dont les

parents ont quitté le Congo pour des raisons de sécurité, son père qui est docteur en médecine et était dentiste dans son pays devait travailler, une fois au Québec, comme préposé aux bénéficiaires afin de subvenir aux besoins de sa famille :

Mon père était dentiste, maintenant, il est préposé aux bénéficiaires et ma mère aussi, là-bas, elle était l’assistante d’un chef d’entreprise et aussi elle tenait une boutique de coiffure, elle avait un salon de coiffure … ils lui ont proposé des options d’être hygiéniste dentaire, mais ça prenait beaucoup de temps, puis il doit subvenir aux besoins de la famille pendant qu’il est aux études et on est quand même nombreux, ils n’ont pas pu faire l’équivalence.

Concernant la raison de la migration, les répondants évoquent le besoin d’assurer un meilleur avenir aux enfants, les opportunités d’emploi et des problèmes d’instabilité politique. Pour Olivia, vivre au Congo constitue un danger pour la sécurité de toute la famille :

Mon père était le dentiste du chef d’État, et quand la guerre a commencé, les rebelles, ils allaient pour les fonctionnaires, ils cherchaient tous les gens qui travaillaient pour le gouvernement, mon père, les gens le connaissaient comme il était le dentiste du chef d’État, ils sont allés dans la maison de notre famille, ils ont pillé la maison, ils ont pris tous les bijoux de famille, les photos et tout ça, puis ils ont même tiré une balle dans notre chien, ils ont presque tiré ma mère aussi et mes frères et sœurs étaient là, ils ont vu quand ma mère avec un pistolet à sa tête.

Deux répondants semblent toutefois méconnaître les raisons de la migration de la famille. Concernant la langue d’usage en milieu familial, la moitié des répondants semblent méconnaître leur langue maternelle et ceux qui disent la maîtriser privilégient dans leur communication avec la famille une des langues officielles au Canada. Plus de la moitié des élèves (7/12) ont recours à l’anglais pour les échanges avec les parents ou la fratrie. Le français est privilégié par les cinq autres répondants.

Enfin, il est important de préciser que pour des raisons de confidentialité, nous avons attribué des pseudonymes aux 12 sujets interviewés. Le tableau ci-dessus présente un résumé sociodémographique des répondants répartis suivant le sexe.

Tableau 3 - Profil des participants

âge Pays d’origine Fratrie Niveau d’études et profession

parents Langue maternelle Langue d’usage en milieu familial Bryan 16 ans Liban 3 (aîné) Père :collégial, construction

Mère : université, gestionnaire Arabe Anglais Édouard 17 ans Ghana 2 (cadet) Père : secondaire, livreur

Mère : DEP, infirmière Twi Anglais Fady 18 ans Égypte/Maroc 4 (cadet) Père : universitaire, comptable

Mère : secondaire, ménagère Arabe Mère : français Père : anglais La fratrie : français Victor 16 ans Cameroun 3 (cadet) Père : université, ingénieur

Mère :université, secrétaire Bamiléké Français Elias 16 ans

Syrie/ Tunisie 4 (cadet) Père : université, études en chimie, instructeur et contracteur Mère : université, études en comptabilité, chauffeuse d’autobus scolaire

Arabe Mère : français Père : anglais La fratrie : anglais Mathias 16 ans Érythrée 2 (aîné) Père : secondaire, chauffeur de taxi

Mère :collégiale, infirmière

Tigrinya Anglais

Simi 17 ans Inde 2 (aînée) Père : collégial, soudeur

Mère :secondaire, vendeuse Gujarati Anglais Olivia 17 ans Congo 7 (cadette) Père : doctorat en médecine,

préposé

Mère : université, préposée

Lingala Français

Amar 17 ans Inde 2 (cadette) Père : université, camionneur

Mère : université, éducatrice Punjabi Anglais Tala 17 ans Jordanie 3 (aînée) Père : université, informaticien

Mère : secondaire, ménagère Arabe Anglais Sièta 17 ans Liban 3 (aînée) Père : université, physiothérapeute

au Liban

Mère : secondaire, ménagère

Arabe Mère : Français Fratrie : Anglais Nora 17 ans Algérie 3 (2e) Père : université, conseillé en santé

et sécurité au travail

Mère : université, conseillère financière

Arabe Français

Le recrutement des jeunes s’est fait pendant leur cours de français. En tout, trois groupes de secondaire cinq ont été approchés. Une présentation d’une quinzaine de minutes avait pour but d’expliquer aux élèves les objectifs de la recherche et la participation souhaitée. Nous leur avons donné rendez-vous afin de leur remettre le formulaire de consentement et la lettre d’information aux parents. Par la suite, en prenant en considération la disponibilité des élèves, un courriel leur a été envoyé afin de leur communiquer le lieu et la date de l’entrevue. Les entrevues ont été menées entre mi- février et fin mars 2018. Toutes les rencontres ont eu lieu à l’école et dans une salle de classe. Les entretiens ont été menés après les heures de classe ou pendant la pause du dîner. Tous les entretiens se sont déroulés en français, certains participants ont utilisé quelques mots en anglais pour mieux communiquer leur idée.

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