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II.9 MECANISMES DE PRODUCTION DES FAISCEAUX D'IONS NEGATIFS

II.9.1 LA PRODUCTION EN SURFACE

Les processus pour la formation de l’ion H¯ sur une surface métallique sont : i) la capture

d’un électron par un atome d’hydrogène ; ii) la double capture, par un ion Hx+ frappant la surface,

Figure II.3 Schéma des niveaux

énergétiques d’un atome A et de son ion négatif A¯.

A.E : Affinité Electronique : différence entre les deux états fondamentaux

29 de deux électrons, ou par pulvérisation d’un atome adsorbé sous forme d’un ion négatif (cf. mécanismes cité I.4 à I.7). Ils ont été observés dès 1931 [39], et de nombreux travaux théoriques et expérimentaux ont été réalisés afin d'expliquer la production en surface de H¯.

Les ions positifs peuvent être neutralisés au voisinage de la surface à travers un processus de neutralisation résonnante dans un état excité, suivi d'une désexcitation Auger vers l'état fondamental. Les atomes arrivant sur le métal peuvent ainsi être implantés dans la surface ou réfléchis dans une autre direction. Le flux incident peut également libérer par "sputtering" l'hydrogène adsorbé par le métal. Une fraction des atomes quittant la surface pourra être chargée négativement grâce à un échange de charge résonnant avec le métal. Ce processus d'ionisation est illustré par la figure suivante, elle présente le diagramme d'énergie du métal ainsi que celui d'un atome d'hydrogène statique devant celui-ci :

Figure II.4 Modification du niveau d'affinité électronique d'un ion H¯ devant un métal [40]

Pour former un ion négatif H¯, un électron va devoir passer des bandes de conduction du métal

au niveau d'affinité de l'énergie de l'atome d'hydrogène (Ea= 0.754 eV), tandis que ceux des

métaux communs utilisés dans les sources de plasma (acier inoxydable, cuivre, aluminium, etc.) dépassent 4 eV. Afin de comprendre ce mécanisme, examinons d'abord la physique des électrons du métal. Ils sont régis par la statistique de Fermi-Dirac et peuplent les niveaux d'énergie du métal jusqu'à une valeur limite E = EF appelée niveau de Fermi.

Plus précisément, les électrons s’organisent, en raison des corrélations coulombiennes (répulsions électrostatiques) et des corrélations de Pauli (principe d’exclusion de Pauli), de manière à minimiser le recouvrement de leurs fonctions d’onde. Plusieurs méthodes expérimentales pour la production des ions négatifs en surface ont été étudiées par Kawano et al. [41, 42, 43].

Quand un électron quitte le métal, il apparaît une charge positive image qui exerce une force de rappel. Il existe donc une barrière de potentiel Et que doit franchir l'électron pour quitter

l'intérieur du métal. Par conséquent, il faut fournir une énergie minimale (travail de sortie) Ø = Et

abondante d’électrons faiblement liés (électrons de conduction). Une énergie entre 4,5 à 6 𝑒𝑉est suffisante pour arracher un électron de la surface.

Pour former l'ion H¯, l'électron doit traverser la barrière de potentiel Ø - Ea. Il faut donc réduire

cette valeur le plus possible afin d'avoir une chance de produire des ions négatifs. Une méthode consiste à déposer sur le métal des atomes à faible travail de sortie. Le travail d’extraction pour les métaux alcalins oscille entre 2 à 3 𝑒𝑉. En couvrant ainsi la surface d’un métal par une monocouche d’atomes alcalin, une redistribution de la densité d'électrons à la surface provoque ainsi une baisse de ce dernier. Le césium est souvent utilisé dans les sources d’ions négatifs pour augmenter leur rendement8 (cf. réaction I.8) [44,45]. De plus, l'interaction attractive entre l'ion

négatif et sa charge positive image dans le métal provoque un déplacement du niveau d'affinité vers le niveau de Fermi. Ainsi, pour de très faibles distances atome-métal, le niveau d'affinité peut même descendre en dessous du niveau de Fermi. L'interaction entre les différents niveaux d'énergie entraîne un élargissement du niveau d'affinité et permet ainsi le passage d'un électron du métal à l'atome d'hydrogène pour former un ion H¯. On dit aussi qu'il y a échange de charge

résonnant. L'électron va osciller entre le métal et l'atome jusqu'à ce que l'atome soit suffisamment loin pour qu'il n'existe plus aucune interaction avec le métal. Il existe donc une certaine probabilité pour qu'un ion H¯ stable soit formé dans cette opération. Néanmoins, ce type de

production présente quelques inconvénients, on notera :

- la divergence du faisceau extrait qui reste très élevée, pour cause de forte énergie efficace des ions négatifs9,

- la pollution des grilles d'extraction (qui nécessite des procédures de nettoyage), - le moyen d’une couverture efficace de la surface du convertisseur [46],

- le césium peut polluer les étages d’accélération et y provoque des claquages électriques [46], - et surtout, la contamination des parois du tokamak par l'utilisation du césium, ce qui pourrait

causer des problèmes de tenue à haute tension [46],

Ce qui fait que, depuis les années 80, des recherches ont été menées sur la substitution du césium par le baryum [47], le carbone (C) [48, 49], le graphite pyrolytique hautement orienté (HOPG) et le diamant dopé au bore (BDD) [50]. Mais les résultats prometteurs obtenus sur de petites sources prototypes de production en volume [51], font que les recherches se sont orientées vers les sources en volume.

Dans le cadre de ce travail, les plasmas sont générés en hydrogène pur et les parois sont fabriquées à partir de matériaux classiques (acier inoxydable, pyrex, etc.) avec des fonctions de travail relativement élevées. Par conséquent, le processus de production directe de surface n’est pas abordé.

___________________________________________________________________________ 8 Sur la base de ce mécanisme, de nombreuses sources ont été développées pour les applications de fusion.

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