PARTIE 3 Quels éléments pour un processus pertinent de l’élaboration d’un plan d’écotourisme dans un district chinois?
3.2 Quels processus pour l’élaboration un plan d’écotourisme? 1 Les étapes principales pour un plan d’écotourisme
En croisant les exemples concrets et les réponses des personnes interrogées, on peut clarifier les différentes étapes principales pour élaborer un plan d’écotourisme: 1) état des lieux; 2) étude de faisabilité; 3) diagnostic touristique; 4) stratégies et programmes d’action; 5) schéma d’aménagement touristique; 6) exécution; 7) mesure du degré de réussite.(Fig.14):
Figure 14 - Les étapes principales pour un plan d’écoutourisme, Lei HOU, 2017
3.2.2 Quels éléments pour un plan d’écotourisme?
3.2.2.1 Un environnement de qualité est à la fois la prémisse et le but
L’écotourisme, dans un premier temps, peut offrir aux visiteurs une expérience d’observation de la nature et également avoir une vocation à sensibiliser le public à la biodiversité. Un écosystème bien fonctionnel et des ressources naturelles de qualité sont le support pour le développement de l’écotourisme. C’est pourquoi dans le cas de Qixian, la restauration de la Rivière Changyuan est fondamentale et primordiale. D’autre part, l’un des objectifs fondamentaux d’un projet écotouristique consiste à améliorer la préservation des paysages et de la biodiversité. Dans ce
Dans le processus d’élaboration d’un plan d’écotourisme, une évaluation initiale sur la potentialité du développement de l’écotourisme comme sur les ressources touristiques, l’environnement du tourisme et le marché, doit être effectuée avant l’élaboration de la stratégie touristique. Ensuite, le zonage approprié d'un site écotouristique est fondamental pour toutes les autres stratégies. Il s’agit d’une division d’un site en plusieurs secteurs ou zones par rapport aux caractéristiques naturelles ou culturelles du site, dans le but de distribuer différents types d'utilisation ou d’activités dans les endroits les plus appropriés. Cela permet de minimiser les impacts négatifs sur le site, en particulier sur les endroits fragiles. Après la mise en œuvre du plan, il est nécessaire d’évaluer régulièrement les impacts, par exemple selon la méthode des Limites de Changement Acceptable.
3.2.2.2 Penser le temps comme une ressource
A. L’enjeu de la gestion du temps à la fabrication du plan d’écotourisme
L’aménagement du territoire est défini comme “un ensemble de mesures destinées à assurer un développement équilibré des régions par une meilleure répartition des populations et des activités”[8]. C’est une “recherche dans le cadre géographique d’une meilleure répartition des
hommes en fonction des ressources naturelles et de l’activité économique” (Claudius-Petit E., 2003), ou encore c’est “un système d’actions cohérentes volontaires multidisciplinaires par lequel une organisation vise une meilleure répartition spatiale des activités économiques” (Idé Adamou H., 1994). Nous ne reviendrons pas sur la pertinence de ces définitions mais constaterons simplement qu'il s'agit bien avant tout pour l’aménagement du territoire de penser la transformation de l'espace. Pour un plan d’écotourisme ou un aménagement de tourisme durable, faisait partie de l’aménagement du territoire, une répartition spatiale rationnelle, par exemple des équipements et des activités, est essentielle pour un aménagement touristique.
Les temporalités associées au plan d’écotourisme sont souvent relativement longues. C’est un “aménagement ou une activité touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales”[9]. Ceci est dû à la complexité intrinsèque du territoire, avec ses
nombreuses parties prenantes et les importants enjeux socio-économiques sous-tendus à la répartition spatiale des établissements humains. En outre, les procédures administratives complexes et les moyens humains et financiers mis en œuvre ajoutent encore au temps long de l'élaboration des plans ou des aménagements touristiques.
D'autre part, le phase d'élaboration du projet est souvent invisible pour les habitants. Hormis les rares réunions publiques qui leur rappellent qu'un processus est en cours et qu'il aura potentiellement un impact sur leur cadre de vie, les réalisations tangibles sont situées à un horizon lointain. Ceci fait qu'il peut exister une déconnexion entre le temps long de l’élaboration du plan et le temps court de l'habitant et les transformations perceptibles.
B. Un processus qui évolue dans le temps
Le déroulement de l’élaboration d’un plan d’écotourisme semble effectivement inchangé dans sa structuration temporelle linéaire, c'est à dire que les principales étapes de sa conception sont toujours l’étude préalable, le diagnostic touristique, puis la stratégie et la programmation, puis le schéma d'aménagement et les approfondissements thématiques. Cependant, avec une augmentation de la dimension coopérative dans toutes les étapes de l’élaboration d’un plan, à l’opposition de démarche classique, “des méthodes permettant un réajustement trajectoriel permanent doivent être
instaurées”(3) . Par ailleurs, tous les éléments à évaluer ou à analyser pour un aménagement 12
touristique concernant les aspects socio-économiques, écologiques etc., donc évoluent dans le temps. C’est un processus dynamique, malléable, même si c’est une démarche de progrès permanent respectant la feuille de route. Il faut par contre “s’adapter aux attentes du public qui évoluent, aux acteurs locaux qui se renouvellent, au paysage qui se transforme”(1) . Même si le 13
plan a été mis en place, il doit “évoluer en fonction des résultats et être redéfini régulièrement au vu des contextes réglementaires, financiers, humains…”(2) . On peut donc déduire que le processus 14
de fabrication d’un plan d’écotourisme est plutôt un développement en spirale ou un processus itératif.
Il s’agit en effet de répondre aux besoins immédiats des habitants et des visiteurs, d’accepter le provisoire, mais en même temps de prendre en compte la durabilité comme un projet de paysage.
3.2.2.3 Une démarche participative? A. Une diversité d’acteurs
Différents acteurs qui présentent des intérêts et des objectifs divergents impliqués dans l’écotourisme. Il semble nécessaire de “construire des partenariats”(2) s’appuyant sur les acteurs différents pour atteindre les objectifs multiples de préservation et de développement équitable. Les acteurs de l’écotourisme peuvent être classés principalement suivant les catégories suivantes:
-
Les élus et les autorités locales-
Les communautés locales (les habitants, les personnes qualifiées, les associations…)-
Les spécialistes impliqués dans tourisme (des gestionnaires d’espace naturel, acteurs socio- économiques…)-
Les industriels du tourisme (des opérateurs, les restaurateurs…)-
Les écotouristesB. Une philosophie de concertation et de participation
“Au delà de l’opposition classique entre les conceptions top-down et bottom-up, il doit exister un espace d’échange, de confrontation des idées, d’explication des divergences et de production de consensus”(1).
Un projet écotouristique est à la fois un projet de développement régional, de développement durable et de démocratie (Lequin M., 2002). Dans sa composante de démocratie, la démarche doit “s’attacher aux méthodes de la participation citoyenne, donc la plus transversale possible, avec le plus de diversité de participants”(2). Les méthodes pour l’élaboration d’un plan d’écotourisme reposent beaucoup sur “une bonne connaissance préalable du territoire et des acteurs et une concertation permettant de trouver des points d’équilibre”(1). Selon les compétences, la volonté des acteurs, ils participent dans ce processus pour développer un produit touristique respectant l’environnement, la culture et la société locale. Une philosophie de concertation et de participation, surtout la participation des communautés locales, pourrai changer le mécanisme de décision.
Annexe , questionnaire rempli par Gabriel Sainneville
CONCLUSION
Afin de répondre à la question posée, cette recherche est basée sur le projet de construction du Parc national de la Rivière Changyuan dans le district de Qi. L’un des objectifs du projet est de développer l’écotourisme dans ce district. Néanmoins, une forte dégradation écologique a été remarquée, compte tenu de ce fait, la restauration écologique de la Rivière est la première mission à accomplir, ce qui fournit à la fois un support pour le développement écotouristique et en même temps un cadre à l’objectif du projet écotouristique.
Ce travail de recherche sur le processus de l’élaboration d’un plan d’écotourisme s’appuie dans un premier temps sur un travail bibliographique, en croisant les réponse des personnes interrogées, la définition de l’écotourisme a été éclaircie: “porté sur la nature”, le “développement local”, la “protection de l’environnement”, l’“implication sociale” et la “sensibilisation et l’éducation”. Dans un second temps, à partir de notre diagnostic touristique, nous constatons que les pratiques touristiques et les offres touristiques à Qixian sont loin d’être en accord avec les objectifs de l’écotourisme et démontrent qu’il y a peu d’activités écotouristiques disponibles dans le district. Par contre, une richesse culturelle et naturelle ainsi que la volonté politique montrent qu’il y a un réel potentiel à développer un tourisme durable dans cette ville. A travers une analyse des méthodes pour élaborer le plan d’écotourisme du Parc national de la Rivière Changyuan et le schéma de tourisme durable du Parc naturel régional de Camargue, et en croisant les résultats des questionnaires, nous avons finalement élucidé les étapes principales et les éléments nécessaires pour la fabrication d’un plan d’écotourisme. Par ailleurs, lors de cette étude, nous avons pu apporter un certain nombre d'éléments de réponse aux hypothèses liées à la problématique.
L’objectif de cette recherche est de discuter comment élaborer un plan d’écotourisme dans le contexte chinois, mais le problème est que le plan d’écotourisme du Parc national de la Rivière Changyuan n’est pas encore terminé. A ce constat, nous ne pouvons pas à évaluer la méthode utilisée pour l’élaboration de ce plan. Le manque de terrain d’études et d’échanges suffisants avec les acteurs locaux, comme par exemple les élus locaux, les établissements du tourisme, les prestataires, fait que l’on n’a pas pu avoir des informations dans le domaine du tourisme plus précises, ce qui ne permet pas d’avoir une démarche plus appropriée au territoire, et nous risquons donc d’avoir un processus général. Quant aux questionnaires, nous avons reçu seulement trois exemplaires sur les quinze envoyés vers les Parcs naturels régionaux dans les “Grands Sites de France”. Parmi les cinq questionnaires envoyés aux acteurs chinois impliqués, il y en a trois qui n’ont pas répondu, y compris la mairie de Qixian. Cela rend probablement certaines conclusions biaisées.
Le processus de l’élaboration d’un plan d’écotourisme soulève un certain nombre de questions sur les modalités du projet d’aménagement touristique. Nous l'avons vu, la gestion du temps apparaît tout aussi importante car les étapes ont des durées variables selon plusieurs facteurs et aussi parce que le territoire et ses habitants évoluent dans le temps. Comme la protection de l’environnement est l’un des objectifs de l’écotourisme, dans un certain sens, une “pérennité du territoire”, donc l’écotourisme, est une sorte de “slow tourisme” et un plan d’écotourisme pourrait être considéré comme un outil au service de la résilience territoriale?
Il est aussi apparu que la dimension sociale de l’élaboration d’un plan d’écotourisme introduit une multitude d’acteurs. La philosophie de participation est prouvée indispensable dans ce processus.
vertical, dans ce cas là, comment mobiliser et impliquer la population locale dans un projet écoutouristique? Quels formes de participation seront appropriées, la simple fourniture d’informations ou le partage de l'information ou encore la co-décision? Comment contrôler et évaluer l’efficacité de la participation? Comme la volonté politique n’est pas normalement accompagnée d’initiatives locales significatives en Chine, ce serait intéressant d’expérimenter une démarche menée par les communautés locales pour développer l’écotourisme.
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