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4.4 Les roches basiques comme source de chaleur

7.1.3 Proc´ edure analytique

La m´ethode employ´ee a ´et´e d´evelopp´ee et mise en place en routine au laboratoire Magmas et Volcans (Universit´e Blaise Pascal) par J.M. Montel et M. Veschambre initia-lement sur une microsonde Camebax Micro, puis sur une Cameca SX 100. Les analyses pr´esent´ees ici ont ´et´e r´ealis´ees en partie `a l’Universit´e Claude Bernard sur une Came-bax Micro ´equip´ee de 5 spectrom`etres et ´egalement `a l’Universit´e Blaise Pascal sur une microsonde Cameca SX 100 ´equip´ee de 4 spectrom`etres.

Pr´eparation des ´echantillons

L’ensemble des analyses a ´et´e r´ealis´e directement sur lames minces afin de conserver l’information texturale apport´ee par l’´etude microscopique. La recherche des cristaux de monazite se fait dans un premier temps au microscope optique, puis `a la microsonde ´

electronique en mode BSE (´electrons r´etrodiffus´es). L’ajustement du contraste et de la luminosit´e permet de filtrer les autres phases brillantes, comme le zircon ou l’ilm´enite, pour ne conserver que les monazites, x´enotimes ou thorites.

Analyse quantitative `a la microsonde

L’analyse du Th, U, Pb est r´ealis´ee simultan´ement avec l’ensemble des Terres Rares l´eg`eres du La au Gd, de Y, P, Ca et Si. La pr´esence d’un tr`es grand nombre d’´el´ements a n´ecessit´e une s´election rigoureuse des raies `a analyser afin de minimiser les probl`emes d’interf´erences de raies (Goncalves, 2002). Par cons´equent, les raies choisies ne sont pas forc´ement les plus ´energ´etiques, mais celles o`u les interf´erences sont minimales. Les analyses sont r´ealis´ees avec un courant de 15 kV, 150 nA. La taille du faisceau est de l’ordre de 3 µm.

Les intervalles de confiance `a 95 % et les limites de d´etection sur le Th, U et Pb sont calcul´es suivant la proc´edure de Ancey et al. (1978). L’incertitude sur l’ˆage calcul´e

`

a partir de l’´equation 7.3 est obtenue en propageant les intervalles de confiance du Th, U et Pb dans l’´equation 7.3 suivant l’´equation ci-dessous :

dP b 208 = 1 232  eλ232t− 1dT h + 0.9928 238  eλ238t− 1+0.0072 235  eλ235t− 1  dU + T h 232λ 232eλ232t+ U 2380.9928λ 238eλ238t+ U 2350.0072λ 235eλ235t  dt (7.4) soit ∆t = ∆P b 208 +∆T h232  eλ232t− 1+ ∆U h 0.9928 238  eλ238t− 1+ 0.0072235  eλ235t− 1i T h 232λ232eλ232t+ U 0.9928238 λ238eλ238t+ 0.0072235 λ235eλ235t (7.5)

avec ∆t, ∆P b, ∆T h et ∆U : intervalles de confiance `a 95 % de t, Pb, Th et U.

On obtient alors, sur chaque analyse, un ˆage et son intervalle de confiance `a 95 %. Chaque ˆage individuel et son intervalle de confiance sont repr´esent´es sous forme d’une gaussienne centr´ee. L’ensemble des donn´ees obtenues par zone, sur une lame mince ou une monazite est ensuite repr´esent´e sur un histogramme cumul´e (Fig. 7.1) correspondant `

a la somme de toutes les gaussiennes (Montel et al., 1996; Braun et al., 1998). Ce type de repr´esentation permet de visualiser la distribution des ˆages et le cas ´ech´eant de d´eterminer de mani`ere qualitative le nombre de populations.

Traitement statistique

La m´ethode de datation chimique `a la microsonde a une pr´ecision analytique inf´erieure d’au moins un ordre de grandeur par rapport aux m´ethodes isotopiques conventionnelles. Ainsi, pour une composition moyenne de ThO2 = 8 wt% et UO2 = 1 wt%, l’erreur sur un ˆage varie de ± 25 Ma `a ± 80 Ma pour des ˆages de 500 Ma et 2500 Ma respectivement. Cette pr´ecision peut ˆetre indirectement am´elior´ee par la multiplication des donn´ees sur une lame mince ou sur une monazite (en g´en´eral > 20 analyses par lames minces lorsque cela est possible). Le traitement de ces donn´ees n´ecessite une analyse statistique d’autant plus que la distribution des ˆages peut ˆetre plurimodale. Le but du traitement statistique est de d´eterminer quantitativement le nombre de populations et l’ˆage associ´e `a chacune d’elles. La proc´edure est d´etaill´ee dans Montel et al. (1996). Les donn´ees obtenues `a partir des ´echantillons provenant du Craton

7.1 La m´ethode de datation chimique Th-U-Pb sur monazite `a la microsonde ´electronique 115

Fig. 7.1 – Exemple d’histogramme cumul´e correspondant `a la somme de toutes les gaussiennes des analyses r´ealis´ees pour le domaine n´eoarch´een du Craton de Terre Ad´elie

de Terre Ad´elie ont ´et´e trait´ees `a partir d’un script sous Mathematica d´evelopp´e par Alain Fernandez (communication personnelle). On teste l’unimodalit´e de la population d’ˆage par une mod´elisation des moindres carr´es (Wendt and Carl, 1991). Si le test est acceptable (MSWD proche de 1), alors la population est consid´er´ee comme unimodale. La proc´edure s’arrˆete et l’on obtient ainsi un ˆage moyen avec une pr´ecision de deux fois l’´ecart-type (± 2σ). Si le test n’est pas v´erifi´e, la population d’ˆage est plurimodale. On entame une nouvelle proc´edure de test en supposant que la distribution est bimodale, c’est-`a-dire que l’on s´epare la population totale en deux sous-populations caract´eris´ees chacune par un ˆage moyen ai et son ´ecart type σai. Si ce mod`ele v´erifie le test, on arrˆete la proc´edure, sinon on la poursuit en cr´eant trois sous-populations, etc. Ce type de mod´elisation s’est av´er´e tr`es utile dans des cas complexes comme ceux d´evelopp´es par Montel et al. (1996) et Braun et al. (1998) et a permis de distinguer diff´erentes populations dans le cas du Craton de Terre Ad´elie, les MSWD pour les deux pics d’ˆages observ´es sur la figure 7.1 ´etant sup´erieurs `a 5.

Le d´etail des analyses est pr´esent´e dans le tableau 2, situ´e `a la fin du manuscrit soumis `a Precambrian Research et visible `a la section 8.2.

Le calcul des quantit´es apparentes de Th et U dans les monazites et la m´ethode des pseudo-isochrones

Suzuki et al. (1991) propose une seconde m´ethode de calcul d’ˆage bas´ee ´egalement sur le calcul d’un ˆage apparent `a partir des concentrations en Th, U et Pb.

P bO WP b = T hO2 WT h  eλ232t− 1+U O2 WU eλ235t+ 137.88eλ238t 138.88 − 1 ! (7.6)

avec P bO, T hO2, U O2, les concentrations en PbO, ThO2 et UO2 mesur´ees ; WP b, la masse molaire du Pb (=224 pour les min´eraux riches en ThO2 et =222 pour les min´eraux riches en UO2), WT h, la masse molaire du Th (=264), WU, la masse molaire de l’U (=270) ; λ232, λ235 et λ238, les constantes de d´esint´egration radioactives du Th et de l’U (Steiger and Jager, 1977).

La m´ethode passe par une seconde ´etape, celle du calcul des quantit´es apparentes de T hO2 (T hO2) et d’U O2 (U O2), c’est `a dire les quantit´es th´eoriques d’un ´el´ement (Th ou U) dans la monazite au temps t, consid´er´e comme ´etant la seule source de Pb radiog´enique.

Dans les min´eraux riches en T hO2, la quantit´e apparente T hO2 est donn´ee par l’´equation 7.7 : T hO2 = T hO2+ U O2· WT h WU eλ232t− 1 · eλ235t+ 137.88eλ238t 138.88 − 1 ! (7.7)

Dans les min´eraux riches en U O2, la quantit´e apparente U O2 est donn´ee par l’´equation 7.8 :

U O2 = U O2+

138.88T hO2· WUeλ232t− 1

7.1 La m´ethode de datation chimique Th-U-Pb sur monazite `a la microsonde ´electronique 117

La relation entre les valeurs de PbO et ThO2 ou PbO et UO2 est du type :

  

P bO = a · T hO2+ b pour les min´eraux riches en ThO2

P bO = a · U O2+ b pour les min´eraux riches en UO2

(7.9)

o`u a est la pente de la droite et une fonction du temps.

On peut alors d´eterminer l’ˆage apparent du min´eral de mani`ere graphique en utilisant la technique bas´ee sur le calcul d’une droite isochrone dans des diagrammes du type ThO2 ou UO2 en fonction de PbO. `A partir des calculs de a et b on va obtenir une estimation de l’ˆage (pente de la droite) et de la quantit´e de PbO initial du min´eral.

Cette m´ethode de datation, dite des ”pseudo-isochrones”, est valable si le rapport PbO/ThO2 est ´egal `a la constante de d´esint´egration λ232.

Les monazites analys´ees dans les ´echantillons provenant du socle du Craton de Terre Ad´elie sont des min´eraux riches en ThO2. Le rapport PbO/ThO2 est constant au sein des ´echantillons analys´es (Figure 7.2A et 3A de l’article au chapitre suivant) et est proportionnel `a l’ˆage mesur´e par la m´ethode de Montel et al. (1996) d´ecrite plus haut. Le rapport est ´egal `a 4.82 × 10−11, soit l´eg`erement inf´erieur `a la constante de d´esint´egration radioactive. Cette variation indique qu’une partie du Pb pr´esent dans les monazites est du plomb commun et que Th n’est pas la seule source de Pb radiog´enique. On ne peut donc pas directement calculer d’ˆage isochrone `a partir de nos donn´ees.

En revanche, il est tout de mˆeme int´eressant de projeter nos analyses dans un dia-gramme PbO en fonction de ThO2 (Figure 7.2B et 3B de l’article au chapitre suivant). On observe que les populations d’ˆages s’alignent le long de deux droites. La droite la plus pent´ee rassemble les ˆages monazites autour de 2.45 Ga et la seconde, moins pent´ee, rassemble ceux `a 1.7 Ga. Quelques points relient ces deux droites. Nous les interpr´etons comme l’enregistrement d’une perte en Pb lors de la r´eouverture du syst`eme isotopique de monazites anciennes lors de l’´ev´enement Pal´eoprot´erozo¨ıque.

On note ´egalement qu’except´e pour deux ´echantillons, les teneurs en ThO2 sont inf´erieures `a 7%. Ces faibles teneurs sont typiques des monazites de basses temp´eratures dont la croissance est r´egul´ee par la pr´esence de fluides (Wing et al., 2003).

Fig. 7.2 – A. Mise en ´evidence de la relation lin´eaire entre le rapport PbO/ThO2 et l’ˆage des monazites, calcul´e par la m´ethode de Montel et al. (1996). En fond, l’histogramme cumul´e des ˆages monazites. B. Diagramme pr´esentant les teneurs en PbO en fonc-tion de ThO∗

2 et illustrant la r´epartition des ˆages selon deux droites. Les points in-term´ediaires indiquent des ph´enom`enes de perte de Pb induite par une r´eouverture partielle du syst`eme chimique, amenant `a un rajeunissement de l’ˆage calcul´e.

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