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CHAPITRE 2: MÉTHODOLOGIE

2. PROCÉDURE D’ANALYSE

Dans cette dernière section, nous allons discuter de la méthode principale d’analyse des données qui nous semble la plus adéquate et la plus efficace pour cette recherche, soit l’approche thématique. Nous allons dans cette section énumérer les étapes préalables à notre analyse et ensuite, nous allons présenter la méthode utilisée.

2.1 Analyse thématique

Dans le cadre de ce mémoire, nous avons choisi d’analyser nos données à partir de la méthode d’analyse thématique. C’est par ce type d’analyse des entretiens que nous espérons explorer et comprendre l’expérience d’un proche d’une personne ayant commis un crime grave médiatisé. Rappelons que notre objectif général est d’explorer le vécu des proches de personnes ayant commis un crime grave médiatisé. De manière plus spécifique, nous voulons explorer les perceptions des proches sur les conséquences du crime, mais aussi les réactions des autres par rapport à leur vécu, qui peuvent être conflictuelles.

De plus, nous voulons en savoir davantage sur les perceptions des proches de contrevenants au sujet de leurs besoins. En ayant comme objectif spécifique d’acquérir une meilleure compréhension des souffrances et des besoins de ce groupe, il est important lors de

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l’analyse des données de demeurer près des points de vue de ce que nous partagent les participants, mais aussi de faire ressurgir des patterns de significations récurrents. Finalement, nous voulons explorer le rôle des médias sur le vécu des proches de contrevenants. Nous sommes d’avis que que l’analyse thématique est la méthode d’analyse des données la plus pertinente pour approfondir notre objet et nos questions de recherche qui relèvent d’interactions humaines et sociales, et la plus compatible avec l’atteinte de nos objectifs de recherche.

Afin de réaliser une analyse thématique, la première étape fut la retranscription intégrale de tous les verbatims. La transcription s’est effectuée dans les heures suivant chaque entretien, sinon dès qu’il nous était possible de le faire. Il faut prévoir environ cinq à six heures de transcription par heure de données enregistrées. Après cette étape, l’analyste doit d’abord procéder à la lecture et la relecture des verbatims (Muchelli & Paille, 2006). Selon Braun et Clarke (2006), une des premières étapes de l’analyse thématique est de se familisariser avec les données recueillies.

Une fois les entretiens transcrits et lus, l’étape suivante s’est poursuivie avec le processus de codage des données brutes. En d’autres mots, pour chaque lecture de vermatims, l’analyste identifie un ou plusieurs thèmes significatifs à travers l’ensemble des données recueillies. Sur le plan technique, nous avons gardé le document original papier et utilisé le mode d’inscription des thèmes en marge tout au long de chaque texte. Nous avons opté pour le type de démarche continue qui consiste en une démarche ininterrompue d’attribution de thèmes et simultanément de construction de l’arbre thématique (Muchielli et Paille, 2006). Au fur et à mesure des lectures de notre corpus, les thèmes sont identifiés et notés pendant la lecture du texte, puis regroupés et fusionnés au besoin et finalement hiérarchisés sous forme de thèmes centraux regroupant des

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thèmes associés, ainsi, simultanément et construisant l’arbre progressivement tout au long de la recherche.

Tout au long de cette étape, nous avons retravaillé et raffiné les thèmes. Par exemple, certains thèmes ont été regroupés, éliminés et divisés, tandis que d’autres ont été développés. Lorsque cette étape fut jugée satisfaisante pour l’analyse, nous sommes passés à la dernière étape, soit la construction de l’arbre thématique (Muchelli et Paille, 2006). À cette étape, il s’agit d’un type de regroupement des thèmes ou un certain nombre de thèmes principaux détaillés par des thèmes subsidaires et par des sous-thèmes. L’un des objectifs de l’analyse consiste à documenter les récurences thématiques de facon à pouvoir cerner chacun des thèmes communs tout en étant à l’affût des possibilités d’associations entre les thèmes, en vue de construire progressivement un arbre thématique. Finalement, la dernière étape concernait la production du rapport final, soit l’analyse thématique des données.

En somme, ce travail de thématisation est en lien avec notre cadre théorique et nous sommes donc guidés par les paramètres de notre recherche, que ce soit par rapport à notre objet, nos questions de recherche ou nos objectifs pour cette analyse. Le travail de thématisation nous a permis de donner un sens aux données recueillies et de répondre à notre objectif de recherche, ainsi qu’aux sous-objectifs pré-établis. Notre analyse nous a aussi amenés à offrir des pistes pour avoir davantage dans la pratique, ainsi que des pistes de réflexion pour des études futures.

3. LIMITES MÉTHODOLOGIQUES

Certes, peu importe la méthodologie sélectionnée pour une étude, il y a toujours des limites à l’approche utilisée. Premièrement, comme nous avons pu le constater dans la revue de

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littérature, les proches de contrevenants sont une population cachée et difficilement accessible (Condry, 2013. Certes, en effectuant une étude exploratoire sur une population relativement difficile à rejoindre, nos attentes étaient réalistiques. Pour pallier à ce problème, nous sommes entrés en contact avec les quelques organismes offrant des services à cette population, mais le manque flagrant de services pour ces individus s’est avéré un obstacle, car ces organismes sont encore peu nombreux dans notre collectivité. Ainsi, nous avons rencontré seulement 7 proches de personnes ayant commis un crime grave médiatisé. Rappelons que cette recherche exploratoire a pour objectif d’améliorer nos connaissances quant à l’expérience et les besoins des proches de personne ayant commis un crime grave médiatisé. Nous ne pouvons nier le fait qu’un échantillon trop petit diminue la pertinence des résultats. Dans une perspective de transférabilité des résultats, il aurait été préférable d’avoir un échantillon plus grand. Ainsi, la taille de notre échantillon est une première limite relevée dans notre étude.

Deuxièmement, une autre limite peut être mise de l’avant, soit la technique d’échantillonnage de type boule de neige. Étant une technique non probabiliste, notre échantillon comportera des gens qui ont des caractéristiques communes, alors ce ne sont pas toutes les personnes qui auront la chance égale d’être choisies. En effet, notre échantillon est composé de sept femmes. Il aurait donc été pertinent de diversifier notre population à l’étude et de rencontrer aussi des proches de contrevenants de sexe masculin, et ce, pour répondre à nos objectifs de recherche. En ce sens, il aurait été intéressant d’obtenir plus de témoignages variés, comme par exemple les pères et/ou les frères des contrevenants Ainsi, nous ne pouvons pas généraliser notre population, alors nous ne pouvons pas non plus parler de "proches", mais bien des participantes à cette étude. Par conséquent, il est impossible d’affirmer la représentativité de l’échantillon en lien avec la population.

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4. ÉTHIQUE

Avant le début de chaque entretien, le consentement identifiant l’objet de l’étude, les inconvénients et les avantages, ainsi que d’autres informations essentielles (voir annexe 1) ont été lus à chaque participante. Ainsi, ces personnes étaient prêtes, avec un consentement libre et éclairé, à nous parler de leur expérience. Leur témoignage sur un événement forcément traumatisant pour plusieurs de ces personnes peut raviver des souvenirs liés à une expérience désagréable. C’est pourquoi en tout temps il leur fut possible de prendre une pause, de cesser l’entretien, ou de complètement se retirer de l’étude. De plus, dans une telle situation, il fut possible d’être référé par la chercheure à une aide sans frais d’une ressource spécialisée visant à aider les familles de contrevenants.

De plus, afin de protéger la confidentialité et l’anonymat de nos participantes, aucune information sur leur nom, lieu d’habitation, ou toute autre information pouvant révéler leur identité n’a été transcrite. Des pseudonymes ont été attribués par la chercheure à chaque participante pour assurer leur anonymat (voir à ce sujet le formulaire de consentement, Annexe 1 et le certificat éthique délivré, Annexe 2). L’ensemble de ces démarches ont été faites dans un but de transparence, et ce, afin de compléter l’étude en respectant l’éthique exigée en recherche sociale (Savoie-Zajc, 2007).

5. RÉSUMÉ DU CHAPITRE

Dans le cadre de notre recherche, nous avons utilisé l’entretien semi-dirigé et l’analyse thématique, tous deux décrits dans ce chapitre, pour tenter d’explorer le vécu des proches de

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personnes ayant commis un crime grave médiatisé. Rappelons que ce projet a pour objectif d’améliorer nos connaissances quant à l’expérience et les besoins des proches de personne ayant commis un crime grave médiatisé. Certes, en effectuant une étude exploratoire sur une population relativement difficile à rejoindre, nos attentes étaient réalistiques. Les méthodes utilisées lors de notre collecte nous ont permis d’explorer un phénomène et de viser l’acquisition de nouvelles connaissances scientifiques sur un sujet peu exploré, mais aussi d’acquérir certaines pistes de solutions, notamment pour les services qui oeuvrent auprès de cette population. Ces nouvelles connaissances pourraient permettre une meilleure compréhension des besoins de ce groupe et adapter les services actuellement offerts en fonction des besoins identifiés à travers ce projet.

CHAPITRE 3: RÉSULTATS

INTRODUCTION

Dans la prochaine section, l’analyse des entrevues ainsi que des différents thèmes abordés par les participantes sera abordée en lien avec les objectifs et les sous-objectifs de ce mémoire. Ainsi, pour l’objectif 1, il s’agit d’explorer les perceptions des proches sur les conséquences du crime, comparativement à l’objectif 2 qui s’intéresse à la perception sociale du vécu des proches par rapport aux réactions des autres. Pour l’objectif 3, nous voulions explorer l’impact des perceptions des proches sur leurs besoins. Finalement, pour l’objectif 4, le rôle des médias sur le vécu des proches de contrevenants se trouve au coeur des analyses et s’avère en lien avec les sentiments de culpabilité, de perte de vie privée et les réactions insensibles des autres.

C’est à travers une analyse thématique que nous espérions découvrir des caractéristiques communes dans les propos des proches de personnes ayant commis des crimes graves médiatisés afin de répondre à ces objectifs de recherche.

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1. LA DYNAMIQUE ENTRE LA PERCEPTION DES PROCHES