PARTIE II : PRODUCTION DE DERMO-COSMETIQUES STERILES
2. La stérilisation : définition et procédés d’obtention
2.2. Les procédés de stérilisation décrits dans la Pharmacopée Européenne
Pour maitriser la contamination, les produits finis peuvent subir une stérilisation terminale.
On parle de stérilisation finale, lorsque la stérilisation a lieu dans le contenant final. Ainsi, la
fabrication et le conditionnement sont réalisés dans des conditions non aseptiques tout en
contrôlant les risques de contaminations croisées ou microbiennes.
Si la stérilisation terminale n’est pas possible, il existe la répartition aseptique avec une
fabrication stérile. La stérilisation peut être obtenue par chaleur sèche ou humide, par des
procédés chimiques (peroxyde d’hydrogène, oxyde d’éthylène) et par filtration.
La pharmacopée européenne décrit plusieurs procédés de stérilisation. (30)
2.2.1. La stérilisation par la chaleur
2.2.1.1. La chaleur humide (30), (32)
La stérilisation par chaleur humide, appelée également par vapeur saturée est la méthode
recommandée par la pharmacopée européenne, lorsque celle-ci est possible. Cette
stérilisation est obtenue par le transfert de chaleur lors de la condensation de l’eau contenue
dans la vapeur saturée sur la surface des articles à stériliser. L’action conjuguée de la chaleur
et de l’humidité entraine une hydrolyse des protéines bactériennes. Cette hydrolyse inhibe le
processus de duplication.
Cette stérilisation par chaleur humide est réalisée dans une enceinte, appelé autoclave.
Les conditions de référence énoncées par la pharmacopée européenne sont de soumettre le
produit à 121°C au minimum pendant 15 minutes. Ce couple température/temps peut être
modifié dans la mesure où il permet d’obtenir un niveau d’assurance qualité (NAS) de 10-6.
De plus, cette assurance de stérilité peut être obtenue par le calcul de la valeur F0. Le F0 est
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microbiologique d’un procédé de stérilisation, exprimée en termes du temps équivalent, en
minutes, à une température de 121,1°C en référence à des micro-organismes présentant une
valeur de z de 10°C. »
F0 = Δt x 10𝑇1−𝑇𝑅𝑒𝑓𝑧
Avec :
Δt : la durée d’exposition
T1 : la température d’exposition
TRef : la température de référence, qui est de 121 °C
z : la résistance du micro-organisme de référence (Geobacillus stearothermophilus dans le
cas de la stérilisation par chaleur humide) aux variations de température
Un cycle de stérilisation doit permettre d’obtenir un F0 supérieur ou égal à 15 minutes.
2.2.1.2. La chaleur sèche (30), (33)
La stérilisation par chaleur sèche se réalise dans un four ventilé permettant la circulation de
la chaleur dans toute la charge. Elle est généralement réalisée à des températures comprises
entre 160°C et 180 °C. Cette stérilisation est aussi appelée Stérilisation au Poupinel, créateur
du premier stérilisateur à air chaud.
Figure 41 : Etuve du Dr Poupinel pour la stérilisation à air chaud
Son mode d’action est lié à la coagulation et l’oxydation des protéines des micro-organismes.
Selon la pharmacopée européenne, la stérilisation par la chaleur sèche se réalise à 160°C
pendant une exposition minimale de 2h. Tout comme pour une stérilisation par chaleur
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humide, ce couple température/temps peut être ajusté dans la mesure où il permet d’obtenir
un NAS de 10-6.
Cette technique présente l’inconvénient d’être bien plus longue qu’un traitement par chaleur
humide. En effet, l’air chaud véhicule moins de calories que la chaleur humide, ce qui explique
un temps de chauffage plus long.
2.2.2. La stérilisation par irradiation (30), (33)
La stérilisation par irradiation est aussi appelée la radiostérilisation. Cette technique de
stérilisation repose sur l’exposition d’un produit à un rayonnement ionisant. Ce rayonnement
ionisant peut être des rayons X ou gammas et des électrons accélérés.
Le rayonnement est alors absorbé par le produit, ce qui entraine une excitation des atomes
composant les molécules. L’inactivation des micro-organismes peut se produire selon deux
mécanismes :
Par ionisation directe d’un composant vital de la cellule, comme l’ADN par exemple,
Par l’action de radicaux libres au sein de la cellule.
La grandeur physique caractérisant la stérilisation par irradiation est la dose d’énergie
absorbée. Elle correspond à la quantité d’énergie absorbée par le matériau rapporté par kg
du produit stérilisé. Elle s’exprime en gray, 1Gy correspond à 1 J/kg.
La pharmacopée européenne définit la dose d’énergie absorbée de référence à 25 kGy, ce qui
permet d’obtenir un NAS de 10-6.
2.2.3. La stérilisation par les gaz (30)
Cette technique de stérilisation repose sur l’exposition du produit à stériliser à des agents
stérilisateurs gazeux dans une enceinte étanche.
La stérilisation par les gaz est réalisée par deux types d’agents stérilisateurs :
Les agents alkylants :
L’alkylation consiste à transformer en fonction alcool les hydrogènes de certaines fonctions,
telles que les fonctions aminos, carboxyles et sulfhydryle. Cette alkylation se produit au niveau
des bases puriques des acides nucléiques.
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L’oxyde d’éthylène est un agent alkylant utilisé lors de la stérilisation par les gaz. Il s’agit d’un
composé très toxique présentant des effets cytotoxiques, carcinogènes et mutagènes. De part
cette toxicité, il est important de s’assurer de la désorption de l’oxyde d’éthylène.
Les agents oxydants :
Le péroxyde d’hydrogène et l’acide péracétique sont des agents oxydants utilisés lors d’une
stérilisation par gaz.
Une stérilisation par gaz est composée de trois étapes : préconditionnement, stérilisation et
aération de sorte à éliminer l’agent stérilisant à l’issue de la stérilisation. Les paramètres de
ces trois étapes doivent permettre d’obtenir un NAS de 10-6.
2.2.4. La filtration stérilisante (30)
La filtration stérilisante est réalisée pour des gaz ou des liquides. Elle est réalisée grâce au
passage du produit à travers une membrane microporeuse présentant des pores de 0,22 µm
de diamètre.
Cette méthode n’entraine pas une inactivation des micro-organismes comme les méthodes
précédentes, mais une élimination des contaminants du produit à stériliser.
Les membranes stérilisantes doivent être stérilisées avant toute filtration par vapeur saturée.
Plusieurs paramètres sont suivis lors d’une filtration stérilisante :
La contamination microbienne avant stérilisation
La durée de filtration
Le volume filtré
La pression exercée
Les résultats de tests d’intégrité des filtres après stérilisation, afin de s’assurer de
l’intégrité du filtre.
2.2.5. Le traitement aseptique (30)
Les méthodes décrites précédemment sont des méthodes permettant d’obtenir la stérilité
d’un produit. Le traitement aseptique permet d’obtenir un produit stérile grâce à l’utilisation
de composants stériles entrant dans sa fabrication. Ces composants stériles sont obtenus
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grâce aux procédés décrits précédemment. La fabrication doit être réalisée dans un
environnement aseptique afin d’éviter toute contamination microbienne.
Ce traitement aseptique peut être utilisé à plusieurs étapes de la production d’un produit
stérile :
Lors de la fabrication, avec le mélange aseptique des composants stériles
Lors du conditionnement, avec le remplissage et la fermeture des contenants dans des
conditions aseptiques.
Ce traitement aseptique nécessite une maitrise de l’environnement, du matériel, du procédé
et du personnel.
La validation d’un tel procédé est réalisé via des simulations de fabrication ou de
conditionnement avec du milieu de culture. Ce milieu est par la suite incubé pour détecter
toute pousse microbienne.
2.3. Application des procédés de stérilisation de la Pharmacopée Européenne
Dans le document
UNIVERSITE TOULOUSE III PAUL SABATIER
(Page 46-50)