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Nous allons maintenant parcourir les différentes étapes de la Figure 4.1 et présenter, pour chacune d’entre elles, les contraintes devant être traitées.

4.1.1 Analyse préalable

L’analyse du cadre normatif est une opération lourde et complexe ne tolérant pas le dilettantisme et requérant une importante préparation.

On s’évertue qu’à la question : « Quelles sont les contraintes liées à la réalisation et l’exploitation d’une centrale nucléaire ? », nous puissions répondre :

— durant la conception, il faut vérifierX1, Y1 etZ1.

— durant l’usage, il faut vérifierX2,Y2 etZ2.

— durant un audit, il faut vérifier X3,Y3 et Z3.

(avec Xn,Yn etZn désignant des opérations précises et pas seulement la mise

à disposition de documents ou des contraintes en langage naturel invérifiables automatiquement).

En d’autres termes, pour un « type1» précis d’environnement normé, il s’agit

de produire la liste des contraintes applicables à chaque étape de son cycle de vie.

Ce qu’il faut bien prendre en compte c’est la dimension « prospective » et « générique » de cette étape. L’approche retenue ne doit pas être applicable qu’à l’instant « t » ou dépendre d’un domaine métier particulier. Bien au contraire, l’analyse préalable doit permettre de croiser et réutiliser les analyses afin de disposer d’une « matière » préexistante lors du traitement de types

d’environ-nements connexes2. De plus, il ne faut pas oublier que cette étape constitue le

point de lancement de notre approche unifiée. Les choix effectués pour répondre à cette première problématique impacteront totalement le reste de la démarche.

1. Quand on aborde le problème sous le seul angle des environnements normés, la définition de « type » reste assez floue. Cela dépendra très fortement du domaine d’activité concerné, certains imposant une très grande précision.

Ainsi, dans le contexte des environnements normés médicaux, le « type » doit être assez précis. Par exemple, répondre « une salle d’opération » n’est pas suffisant pour être analysé ; en revanche, « une salle d’opération en chirurgie digestive » apporte les informations nécessaires et cette précision n’est pas anodine, les contraintes techniques seront totalement différentes pour une « salle d’opération en chirurgie cardiaque » ou une « salle d’opération en chirurgie orthopédique ».

2. En d’autres termes, si j’ai analysé l’environnement A et que je traite l’environnement B (surensemble strict de l’environnement A), je dois pouvoir réutiliser immédiatement le travail précédent

La problématique de cette première étape est donc de représenter de manière efficace les arrangements normatifs (y compris des contraintes pouvant prendre toutes les différentes formes exposées précédemment), dans une perspective de réutilisabilité maximale (que ce soit par mise à jour des analyses précédentes ou par enrichissement avec d’autres analyses), tout en offrant les éléments nécessaires pour permettre la qualification ultérieure (quelle soit de conception, opérationnelle ou d’audit).

4.1.2 Qualification

La précédente étape nous a fourni un canevas de travail, nous abordons

maintenant l’aide à la qualification3 d’un projet précis.

Dans celle-ci, considérant un projet « X » d’un type d’environnement normé « Y », l’objectif est double : s’assurer que le projet est conforme du point de vue de sa conception avec ses contraintes normatives et s’assurer qu’il présentera toutes les garanties pour l’analyse opérationnelle et l’audit (capteurs, actionneurs, systèmes tiers, etc.). Cette étape faisant le lien avec la phase précédente, la des-cription du projet doit être « compatible » avec la représentation des contraintes devant s’y appliquer.

Décrire un projet demande de pouvoir représenter trois types d’information : La topologie des locaux avec les pièces (superficie, volume, disposition,

etc.), les murs, les portes, etc.

Cette première dimension peut être assimilée à une « ossature » pour le projet, elle indique l’objet même sur lequel travailler et fournit les données

primordiales pour estimer la conformité règlementaire4.

L’instrumentation de ces locaux avec les capteurs, actionneurs et sys-tèmes tiers prévus dans l’environnement.

Cette seconde dimension décrit les outils prévus sur site pour réaliser les qualifications opérationnelles et l’audit du projet. Néanmoins, elle contribue elle-même à enrichir la liste des vérifications et des contraintes

à évaluer5.

L’arrangement normatif à respecter d’après le contexte précédemment défini.

Cette dernière dimension est fortement liée à l’étape précédente et ses résultats.

3. Remarque subsidiaire, si les réifications de notre flot de conception peuvent aller jusqu’à la certification ; pour notre part, nous ne pensons pas cela possible dans le seul cadre d’un doctorat.

4. En effet, de nombreuses normes encadrent la disposition des locaux, leur volume, la configuration des systèmes tiers (comme la ventilation) en fonction de l’activité et de l’espace concernés, etc. Il est donc primordial de disposer de ces informations pour évaluer la conformité normative du projet.

5. Par exemple, un réfrigérateur pour matériel médical doit être à une température précise, bornée par des normes précises. Or, la mesure de cette température fait intervenir des capteurs étalonnés (c.-à-d., dont la justesse a été qualifiée précisément par des organismes certifiés avec des procédures précises), devant être qualifiés régulièrement.

Par conséquent, la demande de qualification des capteurs fait partie des vérifications à réaliser durant l’usage de l’environnement.

La problématique de cette deuxième étape comporte donc plusieurs volets. Le premier est de traiter correctement les éléments fournis par l’analyse préalable afin de les remettre en perspectives avec la description de l’environnement fournie par l’utilisateur, c’est un travail « conceptuel ». Le deuxième est de générer les éléments nécessaires aux vérifications opérationnelles et à l’audit. Enfin, le dernier est de fournir l’outillage capable de réaliser les deux opérations précédentes : décrire l’environnement existant, valider les contraintes vérifiables à la conception et générer les vérifications mentionnées, c’est un travail « technique ».

4.1.3 Supervision et audit

Cette troisième et dernière phase sort du cadre classique de l’Ingénierie des Exigences, celui-ci s’arrêtant plus traditionnellement à la validation du produit lors de sa conception et traitant plutôt des évolutions des contraintes de conception/réalisation ou des évolutions du besoin. Dans cette thèse, en revanche, nous souhaitons poursuivre la qualification de conception par la vérification du maintien de cette qualification à l’usage.

Ainsi, en utilisant les informations fournies dans le rapport de qualification, la plateforme de traçabilité doit vérifier en temps réel l’ensemble des contraintes exprimées. Ces contraintes pourront être très variables : documentaires (par ex., fournir les bons documents au bon moment), impossibles à automatiser, mais devant générer des alertes pour les techniciens (par ex., faire étalonner des capteurs ou remplacer des systèmes externes), totalement automatisables (par ex., vérifier la température d’une pièce), etc.

Dans cette phase, nous visons trois objectifs :

1. Réaliser le tableau de bord de l’environnement normé. C’est-à-dire, four-nir un retour rapide (en temps réel) sur le fonctionnement actuel aux utilisateurs.

2. Conserver un historique de l’ensemble des données relevées dans l’envi-ronnement. Ce sont ces données qui ont permis de réaliser le tableau de bord.

3. Réaliser à la demande un audit de l’environnement. Une forme bien plus poussée de l’analyse réalisée en temps réel utilisant l’ensemble des informations disponibles et visant à identifier l’origine d’une anomalie (ou à minima sa première occurrence).

La problématique de cette dernière étape est de faire le lien entre une vérification « statique » et « purement logicielle » sur le projet d’environnement normé et cette vérification « dynamique » et « hybride matérielle/logicielle » sur l’environnement normé en cours de fonctionnement.

Par conséquent, la plateforme doit être en mesure de s’interfacer avec l’en-semble des sous-systèmes présents sur site pour confronter les données acquises auprès de ceux-ci avec les contraintes issues du rapport de qualification (en réalisant si nécessaire une réinterprétation de ceux-ci).

Cette dernière phase est ainsi à la croisée entre l’Ingénierie des Exigences, les réseaux de capteurs et l’exploration de données.