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CHAPITRE 4 ANALYSE DES RÉSULTATS

4.3 Analyse des résultats des observations sur chantier

4.3.2 Problème de mobilisation des sous-traitants

Concernant l’hypothèse sur les délais de mobilisation (H2 : gestion des S-T entraîne des retards dans la mobilisation de S-T), nous analysons la pertinence des résultats obtenus sur les retardements. Nous observons deux différences dans les résultats des cas 1 et 2 :

• il y a en moyenne moins de retardements sur le cas 2 que sur le cas 1. Nous pouvons penser que cela est dû aux plus grosses contraintes de l’échéancier du cas 1 qui accepte

moins de flexibilité (la livraison ne pouvait pas être décalée). De plus, dans le cas 2, les gros délais provoqués par les professionnels et le client ont laissé plus de flexibilité aux S-T;

• une différence dans les causes des retardements est observée entre les deux cas (Figure 3.10 et Figure 3.23). Contrairement au cas 2, une part non négligeable des retardements dans le cas 1 est due à des conflits entre S-T. Cette différence semble due à la grande pression sur l’échéancier forçant les S-T à travailler proche les uns des autres. Dans le cas 2, plus de manque d’ouvriers a été observé, mais ceux-ci n’ont pas impacté l’échéancier des travaux du fait de l’attente des demandes de changements;

• sur les cas 1 et 2, nous concluons qu’aucune relation ne peut être faite numériquement entre l’ampleur des travaux et le taux de retardements (Figure 3.9 et Figure 3.22). Cependant, il est observé dans les deux cas que les S-T ayant les plus grands taux de retardement sont ceux ayant les ampleurs de travaux les plus faibles. Ainsi, le nombre de S-T semble augmenter le nombre de retardements (Figure 3.8 et Figure 3.21);

• sur les cas 1 et 2, une majorité des retardements n’est pas attribué à la sur sous-traitance (ASST) (Figure 3.10 et Figure 3.23). Ces retardements sont dus aux professionnels et au client et ont créé les délais majeurs dans l’échéancier des deux cas. Néanmoins, la part de retardements ASST n’est pas négligeable.

Ainsi, les résultats concernant les retardements semblent pertinents au vu des spécificités des cas d’études.

L’hypothèse d’un impact des retardements de mobilisation des S-T sur le délai total ne semble pas validée. En effet, les retardements relevés durant les observations ne sont pas majoritairement des problèmes de mobilisations, mais dus aux professionnels et clients (Figure 3.10 et Figure 3.23). D’après les surintendants des cas 1 et 2, la mobilisation est compliquée dans le cas de S-T avec des travaux de faible ampleur. Néanmoins, le chemin critique est déterminé par les S-T ayant des travaux importants (Voir ANNEXE VII, Figure- A VII-1 et Figure-A VII-2), ce qui annule l’impact des délais de mobilisation des S-T ayant des travaux de faible ampleur.

D’autre part, au début des observations, les échéanciers préparés par les gérants de projets sont récupérés. De plus, les échéanciers réels sont réalisés au fil des projets grâce aux données récoltées. La méthode prévoyait l’analyse de ces échéanciers pour en déduire l’impact de la juridiction des métiers, mais plusieurs éléments expliqués ci-après empêchent cette analyse.

Tout d’abord, les échéanciers de base ne peuvent pas servir pour l’analyse pour trois raisons : • ils ne sont pas correctement réalisés d’après les gérants de projet;

• ils ne sont pas utilisés pour la planification des travaux. Le suivi des délais est alors impossible sans date de références. Par exemple, le surintendant n’ayant pas de date fixe pour la rentrée des S-T, les délais de mobilisation ne peuvent être quantifiés correctement dans nos observations;

• il est complexe pour le chercheur de saisir toutes les dynamiques, de déduire les délais et de créer l’échéancier d’un cas idéal alors que les personnes ressources n’ont pas le temps d’expliquer ces détails. Les surintendants et gérants de projet réalisent des choix, et planifient selon des jugements personnels que le chercheur ne peut inclure dans son analyse.

Ensuite l’impact des demandes de changement et des conflits entre S-T sur l’échéancier n’est pas quantifiable. En effet, ces demandes et conflits mettent en attente une partie des travaux du S-T. La mise en attente peut ne pas affecter les S-T ayant assez de travaux à effectuer pendant l’attente. Mais cette attente peut ensuite modifier son travail en le rendant plus ponctuel. Le S-T se retrouve à effectuer des tâches dispersées sur le chantier au lieu d’avoir un avancement plus linéaire. Alors 3 impacts sont possibles :

• sa productivité peut être réduite. Malheureusement, cette baisse de productivité n’a pas pu être quantifiée du fait de la variabilité de la productivité relevée;

• le S-T peut aussi réduire les équipes pour compenser le manque de travail. Cette baisse du nombre d’ouvriers ne peut pas être identifiée au vu de la variabilité de cette grandeur; • le S-T n’ayant plus assez de travail peut se démobiliser. Alors la date de démobilisation et

l’attente d’autres S-T ou à un choix délibéré du S-T de privilégier un autre chantier. Ces causes se regroupent la plupart du temps. La cause de démobilisation n’est donc pas identifiable.

Ainsi, les retards constatés sur l'échéancier réel par rapport à l'échéancier planifié constituent des délais dont nous ne pouvons établir avec précision les causes à partir de nos seules observations des chantiers. Ces difficultés viennent appuyer les conclusions de Gautier et al. (2015) indiquant que les échéanciers deviennent difficiles à contrôler dû à la fragmentation des tâches induites par la multitude de S-T.