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Problème de décision sur les morphismes de torsion

Proposition 2.2.16. Le problème Matrix power boundedness est décidable.

Démonstration. Considérons une matrice carrée M à coefficients rationnels, µ(x) son po-lynôme minimum et notons ν(x) = pgcd(µ(x), µ0(x)). Alors µ(x) et ν(x) sont calculables à partir de M en temps polynomial [11]. En effet, l’algorithme suivant nous permet de calculer le polynôme minimum d’une matrice donnée :

Soit une matriceM de dimensionn×n. Initialisation :i←1.

Calculer M2, M3, . . . , Mn. Tant quein, répéter :

Si le système linéaire de n2 équations

i

X

j=0

yjMj = 0

possède une solutiony= (y0, y1, . . . , yi) dans les rationnels, avec yi 6= 0, rendreµM(x) =Pi

j=0yjxj ii+ 1.

Fin de la procédure.

Cet algorithme nous rend le polynôme de degré minimal, qui est un multiple du po-lynôme minimum. De plus, la procédure s’effectue en temps polynomial (en la longueur de l’entréen) car la solution du système d’équations linéaires peut être obtenue en temps polynomial.

Ensuite pour calculer ν(x), il reste à calculer le pgcd de µ(x) = Pn

i=0aixi et de sa dérivée, que l’on calcule comme suit

µ0(x) =

n

X

i=1

iaixi1

où les ai sont les coefficients du polynôme µ(x).

Ainsi, étant donné le Lemme 2.2.15, déterminer si M est borné en puissance revient à vérifier les conditions (i) et (ii). Cela peut se faire en utilisant la procédure de décision de Tarski. En effet, grâce aux algorithmes précédents on sait calculer les polynômes ν et

µ. De plus, les deux assertions (i) et (ii) sont des formules du premier ordre donc grâce à la procédure d’élimination des quantificateurs de Tarski [21], on arrive à décider si les deux formules sont vraies en même temps ou pas (c’est-à-dire déterminer si M est borné en puissance).

2.3 Problème de décision sur les morphismes de

tor-sion

Définition 2.3.1. Pour tout alphabet Σ, notons hom(Σ) l’ensemble de tous les mor-phismes de Σ dans lui-même. On définit ainsi le problèmeMorphism Torsion suivant :

étant donnés un alphabet fini Σ et un morphisme σ ∈ hom(Σ), déterminer si σ est de torsion (pour la composition de fonctions).

La taille d’une entrée (Σ, σ) de Morphism Torsion est égale à P

a∈Σ(1 +|σ(a)|).

Définition 2.3.2. Soient Σ un alphabet fini,d la cardinalité de Σ eta1, a2, ..., ad tels que Σ ={a1, a2, ..., ad}. Lamatrice d’incidence de σ (relative à l’ordre choisi des lettres de Σ) est définie par

|σ(a1)|a1 |σ(a2)|a1 · · · |σ(ad)|a1 |σ(a1)|a2 |σ(a2)|a2 · · · |σ(ad)|a2 .. . ... . .. ... |σ(a1)|ad |σ(a2)|ad · · · |σ(ad)|ad Nd×d.

Pour tousi, j ∈ {1, . . . , d}, la (i, j)ème entrée de la matrice d’incidence est égale au nombre d’occurrence de ai dans σ(aj).

Proposition 2.3.3. SoitΣun alphabet fini. Pour chaque morphismeσhom), notons Pσ la matrice d’incidence de σ. Alors

(i) on a l’égalité PσPτ =Pστ pour tous σ, τhom);

(ii) pour tout PNd×d, il existe un nombre fini de morphismes τhom) tels que Pτ =P.

Démonstration. Pour démontrer le point (i), on aimerait obtenir l’égalité

|(στ)(aj)|ai =

d

X

k=1

|σ(ak)|ai|τ(aj)|ak

pour tousi, j ∈ {1, . . . , d}. On sait qu’il existe des lettres b1, . . . , bn∈Σ telles que τ(aj) =

b1· · ·bn. Ensuite σ(τ(aj)) =σ(b1· · ·bn) =σ(b1)· · ·σ(bn). Donc on obtient que

|σ(τ(aj))|ai = n X l=1 |σ(bl)|ai = d X k=1 n X l=1 bl=ak |σ(ak)|ai = d X k=1 |τ(aj)|ak|σ(ak)|ai.

Pour le point (ii), on se convainc facilement que pour toute matrice à coefficients naturels, on trouve un nombre fini de morphismes dont la matrice d’adjacence est égale à la matrice de départ. Par exemple, si on considère l’alphabet fini Σ ={a1, a2} et la matrice

P = 1 2 3 1 !

,

on observe que les morphismes τ ∈ hom(Σ) possibles pour avoir P = Pτ sont tels que

2.3. PROBLÈME DE DÉCISION SUR LES MORPHISMES DE TORSION 29

Théorème 2.3.4. Le problème Morphism Torsion est décidable en temps polynomial.

Démonstration. Vu le Théorème 2.2.12, il suffit de montrer qu’il existe une réduction po-lynomiale de Morphism Torsion à Matrix Torsion. Pour cela, nous allons montrer qu’un morphisme est de torsion si et seulement si sa matrice d’incidence l’est.

Soient (Σ, σ) une instance deMorphism Torsionetdla cardinalité de Σ. Pour chaque morphisme τ ∈ hom(Σ), notons Pτ la matrice d’incidence de τ. Clairement, (d, Pσ) est une instance de Matrix Torsion calculable en temps polynomial.

Vérifions que (Σ, σ) est une instance positive de Morphism Torsion si et seulement si (d, Pσ) est une instance positive deMatrix Torsion. Vu le point (i) de la Proposition 2.3.3, Pn

σ =PσPσ· · ·Pσ =Pσn pour tout nN. Donc, si σ est de torsion, alors Pσ le sera aussi, car s’il existe p < q tels que σp = σq alors Pσp = Pσp = Pσq = Pσq. Inversement, si on suppose que Pσ est de torsion, alors l’ensemble de matrices P = {Pσ, P2

σ, P3

σ, P4

σ,· · · }

est fini. Par le point (ii) de la Proposition 2.3.3, il existe un nombre fini de morphismes

τ ∈ hom(Σ) tels que Pτ ∈ P. Comme Pσn ∈ P pour tout entier n ≥ 1, alors l’ensemble

{σ, σ2, σ3, σ4, ...} est fini, et donc σ est de torsion par définition.

Corollaire 2.3.5. Pour tout alphabet Σ, le problème Free(1)[hom)] est décidable en temps polynomial.

Démonstration. Ce problème se réduit au problème complémentaire de Morphism

Tor-sion car un morphisme σ ∈ hom(Σ) est de torsion si et seulement si ce n’est pas un code.

Pour tout alphabet fini Σ contenant au moins un élément et pour tout nombre entierk >

1, la décidabilité du problème Free(k)[hom(Σ)] n’est pas encore prouvée. On abordera la question de la décidabilité du problèmeFree(2)[hom(W)] dans le Chapitre 4.

Le cas des groupes et du produit

direct de semi-groupes

Dans ce chapitre, nous allons tout d’abord démontrer que pour tout semi-groupe S

et tout sous-ensemble XS contenant au moins un élément, X n’est pas un code si et seulement si les éléments de X satisfont une équation non triviale, qui sera dite équilibrée. On examinera ensuite plusieurs conséquences de ce résultat qui feront appel au caractère simplifiable des semi-groupes ainsi qu’à leur produit direct. Nous nous concentrerons sur des matrices à coefficients rationnels et à coefficients entiers pour établir un premier résultat important : le problème Free(k)[Qd×d] se réduit au problème Free(k)[Zd×d] pour tous nombre entiers k, d≥1.

Nous terminerons ce chapitre par l’étude du problème de décision traitant du caractère libre dans le cas des groupes. Pour cela, nous introduirons le problème d’acceptation qui revient à déterminer si un automate donné accepte un élément d’un groupe donné. Grâce à l’étude de ce problème, on démontrera un deuxième résultat important qui traite de la décidabilité de problème Free[G] où Gest un groupe.

3.1 Équations équilibrées

Une partie du chapitre repose sur les conséquences du lemme qui suit :

Lemme 3.1.1. Soient S un semi-groupe et X un sous-ensemble de S de cardinalité plus grande que 1. L’ensemble X n’est pas un code si et seulement si il existe x, x0X et z, z0X+ tels que x6=x0 et zxzx0z0 =zx0z0xz.

Démonstration. Soient Σ un alphabet et σ: Σ+S un morphisme tels que σ induit une bijection de Σ dans X. Supposons que X n’est pas un code. Vu la Proposition 1.3.3, σ

n’est pas injectif. Par conséquent, il existew, w0 ∈Σ+ tels que w6=w0 et σ(w) = σ(w0).

• Si on suppose que w n’est pas un préfixe de w0 et que w0 n’est pas un préfixe de w, alors il existe a, a0 ∈Σ et u, v, v0 ∈Σ tels que a6= a0, w =uav et w0 =ua0v0. Donc