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transfusionnelles liées à l’usage des produits sanguins labiles51. Ces médicaments dérivés du plasma sont sécurisés et possèdent une demi-vie d’environ 80 heures. Ils permettent d’apporter une quantité précise de fibrinogène dans l’organisme (cf. chapitre Outils thérapeutiques).

Antifibrinolytique

Un traitement antifibrinolytique (acide tranexamique) pourra également être proposé en cas de symptomatologie hémorragique ou en prévention d’un saignement en période péri-opératoire. La posologie usuelle chez l’adulte est d’1 g en trois prises quotidiennes, pendant une durée variable selon la

25 situation clinique. Le traitement par antifibrinolytique sera contre-indiqué dans les formes à risque de manifestations thrombotiques52 (cf. chapitre Outils thérapeutiques).

Antithrombotique

En cas de supplémentation en fibrinogène chez des patients avec antécédents thrombotiques, un traitement antithrombotique préventif ou curatif peut être discuté au cas par cas.

4.7.2 Accident Hémorragique

Les recommandations sur la prise en charge thérapeutique sont basées sur des consensus d’experts, dont le niveau de preuve est faible par manque d’études randomisées52. Le traitement substitutif ne concerne que les patients présentant une hypofibrinogénémie et un phénotype de saignement avéré. Il est alors généralement admis qu’en cas d’hémorragie aiguë, l’objectif de la première injection est d’atteindre un taux de fibrinogène supérieur à 1 g/L pour un saignement mineur et 1,5 g/L pour un saignement majeur53. Les posologies utilisées sont présentées dans les tableaux des 3 spécialités pharmaceutiques disponibles actuellement sur le marché français (cf. chapitre Outils thérapeutiques).

Dans l’afibrinogénémie, à titre d’exemple 50 à 70 mg/kg de fibrinogène augmente d’environ 1 g/L le taux de fibrinogène plasmatique. En raison de différences pharmacocinétiques chez les enfants < 40 kg, une augmentation d’environ 20 % de la posologie de fibrinogène à injecter est nécessaire comparé aux adultes54. Dans tous les cas, la posologie ultérieure (doses et fréquence des injections) doit être adaptée à l'état clinique et au suivi biologique de chaque patient. En cas d’urgence dans les hémorragies aiguës, si le dosage du fibrinogène n’est pas disponible, une dose initiale probabiliste sera administrée (50-70 mg/kg).

4.7.3 Chirurgie

Il est utile de rappeler qu’une consultation spécialisée et une approche multidisciplinaire doivent être proposées à tout patient avec une anomalie congénitale du fibrinogène. Quelques études non comparatives ont confirmé l’efficacité et la tolérance des concentrés en fibrinogène comme traitement préventif en cas de chirurgie53,55. La posologie dépend du type d’intervention prévue, du phénotype clinique du patient et aussi de la pharmacocinétique individuelle. Selon la nature de la chirurgie et son risque hémorragique, un taux résiduel circulant d’au moins 1 g/L ou 1,5 g/L jusqu’à cicatrisation parait adapté à la plupart des situations rapportées. Malgré l’absence des recommandations il ne paraît pas souhaitable d’atteindre un taux de fibrinogène trop élevé par exemple > 3 g/L en raison du risque thrombotique sous-jacent. Une prophylaxie antithrombotique pourra d’ailleurs être discutée pour les patients substitués en fibrinogène.

4.7.4 Grossesse

En cas de grossesse, une prise en charge multidisciplinaire dans un CR, CRC-MHC, CTH est majeur pour limiter les complications maternelles et fœtales56. En effet, le fibrinogène joue un rôle fondamental pour le maintien et le développement placentaire57.

De ce fait, en cas d’afibrinogénémie, une substitution précoce en fibrinogène est impérative et doit être débutée dès le 1er trimestre58. Une augmentation progressive de la posologie du fibrinogène est nécessaire en raison de l’augmentation physiologique de la clairance du fibrinogène durant la grossesse et de l’augmentation des besoins59. Même si à l’heure actuelle, les avis d’experts divergent quant au taux cible de fibrinogène durant la grossesse, il semble qu’un taux supérieur à 1 g/L durant le 1er trimestre et 1,5 g/L voire 2 g/L durant le 2ème et le 3ème trimestre soient suffisants60. En cas d’apport insuffisant en fibrinogène, les femmes sont à risque d’hématome rétroplacentaire et/ou de décollement placentaire et/ou de métrorragie61. Ce sont justement les complications les plus fréquentes chez les femmes hypofibrinogénémiques, notamment modérées (fibrinogène < 1 g/L) ou sévères (fibrinogène < 0,5 g/L)62. Pour les anomalies qualitatives, une augmentation du taux de fausse couche a été rapportée40, surtout chez les femmes porteuses d’une anomalie connue pour augmenter le risque thrombotique41. Certains experts

26 considèrent qu’en cas de fausses couches répétées, l’administration de fibrinogène pourrait faciliter le maintien de la grossesse, notamment par le biais d’une dilution du fibrinogène anormal63. Il faut aussi noter que le risque d’hémorragie du post-partum est augmenté chez les femmes avec une anomalie héréditaire quel que soit le type d’anomalie du fibrinogène40 tout comme le risque de maladie thromboembolique veineuse29. En cas de risque thrombotique connu et si des perfusions régulières s’avèrent nécessaires, l’introduction d’une prophylaxie anti-thrombotique devra être discutée.

Comme les anomalies du fibrinogène peuvent être de transmission autosomique récessive, les enfants d’une patiente atteinte sont habituellement hétérozygotes et donc asymptomatiques. Il est cependant nécessaire de s’assurer qu’il n’existe pas de lien de parenté avec le conjoint, ni qu’il est lui-même porteur d’une anomalie du fibrinogène afin d’évaluer le risque potentiel d’un déficit plus sévère chez l’enfant à naître et de pouvoir autoriser les manœuvres obstétricales instrumentales et le monitoring fœtal invasif lors de l’accouchement.

En cas de consanguinité, le risque du fœtus dépend du statut génétique des deux parents. Il est préférable d’éviter les manœuvres obstétricales instrumentales et le monitoring fœtal invasif et un dosage de fibrinogène est à réaliser au sang du cordon.

4.7.5 Prophylaxie

A l’heure actuelle, il n’y pas de donnée précise quant à l’indication d’une prophylaxie primaire ou secondaire chez les patients avec afibrinogénémie27. Toutefois, l’intérêt d’une prophylaxie devrait être évalué surtout à la suite d’hémorragie grave, notamment cérébrale64. La valeur plasmatique minimale est mal déterminée encore aujourd’hui, mais un avis d’experts a proposé un taux résiduel de fibrinogène >

0,5 g/L en cas de prophylaxie65. En pratique, on peut proposer, compte tenu des données pharmacocinétiques disponibles, un démarrage du traitement prophylactique avec une fréquence d’administration hebdomadaire, puis en cas de nécessité d’adaptation, il est préférable d’augmenter la fréquence d’administration plutôt que la posologie. L’indication d’une prophylaxie chez les patients avec hypofibrinogénémie ou dysfibrinogénémie est très rare66.

4.7.6 Complications du traitement

A noter que la mise en œuvre du traitement est complexe car nécessite la prescription et la mise en place d’une perfusion (et non d’une injection intraveineuse) avec le plus souvent l’intervention d’un prestataire à domicile.

- Inhibiteur :

La survenue d’un anticorps inhibiteur lors de la supplémentation en fibrinogène n’a pas été formellement rapportée, et doit être considérée comme exceptionnelle67.

- Autres :

Un risque thrombotique augmenté est souvent évoqué lors de la supplémentation en fibrinogène68. Toutefois, il n’y a pas de preuve convaincante sur la corrélation temporelle entre la perfusion de fibrinogène et la survenue d’événement thrombotique69. Ce risque devrait être évalué chez tout patient recevant une substitution en fibrinogène70. Une prévention antithrombotique lors de chirurgie ou pendant la grossesse devra être discutée cas par cas.

4.8 Suivi

Le suivi consiste à évaluer l’efficacité du traitement, les modalités de mise en œuvre à domicile ainsi que la survenue éventuelle de complication (cf. chapitre général page 17).

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