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PARTIE 2 – PRESENTATIONS DE SOI : LES PRATIQUES PROFESSIONNELLES ET LES

A. La presse magazine : une activité économique « ordinaire »

Nous avons choisi de nous intéresser dans un premier temps à l’entreprise médiatique qui se situe dans la production de contenus dont font partie les présentations de soi. Nous allons voir que l’entreprise médiatique ne s’envisage pas comme une structure fermée mais comme une entité ouverte autour de laquelle gravitent de nombreux acteurs proches ou éloignés de la production des présentations de soi.

L’entreprise médiatique, dans notre cas la presse magazine, comprend à elle seule un grand nombre d’acteurs divers et variés, tous ont finalement en commun d’appartenir à une même entreprise, laquelle est marquée par de nombreux enjeux. Le média « se situe en outre au carrefour d'enjeux économiques, politiques, artistiques et communicationnels complexes »5. Nous nous intéresserons plus amplement aux enjeux économiques dans cette première sous-partie.

Les rôles de « collecteurs d’informations » et de « producteurs de textes » sont souvent assignés aux journalistes6. Néanmoins il ne faut pas oublier que ces derniers sont aussi « salariés d’une entreprise de presse »7. Bien qu’un des objectifs de la presse soit de donner de l’information à ses lecteurs – c’est d’ailleurs ce qui fait d’elle un medium puisqu’elle est un intermédiaire entre un événement, un fait et un récepteur – il nous faut prendre en compte la dimension économique qui entoure la presse. Au même titre que d’autres entreprises, un titre de presse (quotidienne ou magazine) vise certains objectifs économiques. Nadine Toussaint- Desmoulins en s’intéressant à l’économie des média, souligne que « par nombre de leurs aspects, les activités médiatiques s’apparentent à une activité économique "ordinaire". »8 Elle est rejointe sur ce point par Dominique Augey, professeur au Laboratoire de droit des médias et des mutations sociales (LID2MS), cette dernière affirme que « la pratique contemporaine

5 Rueda Amanda. « Des médias aux médiations : quelles médiations, quels objets, quels enjeux ? ». Les Enjeux

de l'information et de la communication, 2010, p. 90

6 Neveu Érik. Sociologie du journalisme. Paris : La Découverte, 2013, p. 63 7

Idem.

76 de la production d’information suit une logique économique comparable à celle de tous les autres types de production. »9 A ce titre Nadine Toussaint-Desmoulins relevait que « les trois facteurs de production que la science économique distingue » se retrouvent au sein des média, à savoir les matières premières, le travail et le capital10. De la même façon que d’autres entreprises, la presse magazine doit faire face à différents coûts, Patrick Eveno relève en particulier que « le coût élevé de l’impression et de la distribution dans la chaîne économique de la presse conduit les entreprises à une grande fragilité financière. »11 D’autre part, nous pouvons supposer que la presse magazine connaît des coûts plus élevés que la presse quotidienne en matière d’impression si nous tenons compte du fait qu’elle utilise (dans la plupart des cas) un papier de qualité.

A travers leur activité, les titres de presse magazine sont en lien avec de nombreux acteurs aux activités diverses. Nous pouvons citer les fournisseurs de matières premières (par exemple le papier), les imprimeurs, les réseaux de distribution ou encore des acteurs financiers lesquels « imposent » aux médias – à travers une certaine « pression » – des objectifs économiques à atteindre12. Les entreprises médiatiques bien qu’elles soient reconnues pour la diffusion d’informations, cherchent également à vendre des abonnements et ont un certain souci de rentabilité, de profit financier. Les acteurs sont nombreux dans le champ médiatique, tous ceux que nous avons énoncés entrent en compte dans l’environnement économique de la presse magazine.

Il est maintenant une spécificité de la presse magazine, qui fait d’elle une activité économique peut-être moins « ordinaire », il s’agit du fait qu’elle se place sur un double marché, nécessitant ainsi de prendre en compte non pas une, mais deux « clientèles », deux sources de revenus. Rappelons que « la presse est un secteur économique où les produits sont vendus deux fois : une première fois aux lecteurs, en kiosque ou par abonnement et une seconde fois aux annonceurs publicitaires ou par les petites annonces. »13 D’une part, nous avons le lecteur qui – à travers l’idée de « vente » – occupe également le statut de « client ». François Rouet laisse notamment entendre ce lien entre lecteurs de presse magazine et clients14. Il est vrai que d’un point de vue économique le lecteur apparaît comme un client

9 Augey Dominique. « Les journalistes : petits maillons au bout de la chaîne industrielle ». Hermès, La Revue,

no 35, 2003, p. 73

10 Toussaint-Desmoulins Nadine. L’économie des médias. Op. cit., p. 9

11 Eveno Patrick. La presse. Paris : Presses Universitaires de France, 2010, p. 61

12 Cf. Chapitre 2 – « Les présentations de soi dans un contexte de reconfigurations de la sphère médiatique » 13

Eveno Patrick. La presse. Op. cit., p. 65

77 dans la mesure où il est l’acheteur, celui qui va s’abonner au titre du magazine ou en acheter un numéro. Ainsi, le statut social de lecteur cohabite avec ce statut économique faisant de lui un consommateur. D’autre part, nous retrouvons un deuxième type de client qu’est l’annonceur publicitaire, et ce dernier, nous allons le voir occupe une place importante.

B. La place non négligeable des annonceurs publicitaires dans les choix