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Faire face à la pluralité des méthodes en physiologie de l’exercice : illustrations dans le domaine de la variabilité de la fréquence cardiaque

PARTIE 1 PRESENTATION GLOBALE DE LA VFC ET DESCRIPTION DE NOTRE PROBLEMATIQUE

Historique et préceptes de base.

L’étude de la VFC consiste à mesurer précisément, à l’aide d’un enregistrement d’électrocardiogramme la durée qui sépare deux pics d’activité électrique (voir figure 2). L’analyse de l’évolution de ces intervalles RR, au fil du temps, révèle qu’il existe des micro-variations entre chaque battement cardiaque (de l’ordre de quelques millisecondes).

Modulée par les branches antagonistes sympathique et parasympathique de notre système nerveux autonome, cette variabilité de l’activité cardiaque, qualifiée de chronotrope (i.e. qui module le rythme cardiaque en l’accélérant ou en le ralentissant), permet de maintenir l’équilibre homéostatique. De part cette attention portée à la dimension homéostatique, les études de VFC sont généralement en étroite relation avec les aspects physiologiques, pathologiques voire comportementaux d’un individu. Bien que, historiquement, l’outil fut utilisé en médecine dans le cadre de différentes pathologies cardiovasculaires (infarctus, suivi d’évolution,…), il est aujourd’hui décliné dans de nombreux domaines d’application comme la psychologie ou encore le sport (2, 18).

Figure 2: La variabilité de la fréquence cardiaque consiste à analyser l’évolution des variations de temps entre chaque intervalle RR. L’étude de ces micro-variations peut apporter des informations sur l’activité de notre système nerveux autonome.

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La VFC au cœur des activités physiques et sportives : des débouchés prometteurs

Les fortes interactions qui existent entre une gestion cohérente des fréquences cardiaques à l’entraînement et les performances de l’athlète qui en découlent sont aujourd’hui largement démontrées dans la littérature scientifique. Dès lors, les chercheurs ont souhaité aller encore plus loin en menant des protocoles d’études sur la relation VFC – aptitude à l’effort. Bien que, généralement, les athlètes présentent une VFC supérieure aux sédentaires, il n’existe pas de relation linéaire et précise entre les aptitudes cardiovasculaires (VO2

max,…) et la VFC mesurée (valeurs brutes). Néanmoins, lorsque l’on se focalise sur l’évolution des valeurs de chaque individu suite à un programme d’entraînement spécifique, nous pouvons observer une corrélation entre le gain en performance (VO2 max, temps au 10 Km,…) et le gain en VFC (valeur relative) (5). Il en découle une première information non négligeable : la valeur brute de VFC est avant tout individuelle. Ce fondement a également été confirmé lors d’exercices aigus puisque, malgré une diminution de la VFC observable chez tous les athlètes à la suite d’un entraînement, la cinétique de récupération peut fortement varier d’un sujet à l’autre (10). Ces différences ont très rapidement été imputées à la notion de fatigue et, plus globalement, de nombreuses études ont relié le concept de surentraînement à une forte diminution de la VFC. Aujourd’hui, l’outil semble très prometteur avec notamment des perspectives d’individualisation, de planification et d’optimisation de l’entraînement à l’aide de la VFC. Néanmoins, nous devons malheureusement admettre que ces finalités, bien que très séduisantes et prometteuses, ne représentent que la partie émergée de l’iceberg.

La face cachée de la VFC

Actuellement, il existe une telle pluralité méthodologique au sein de l’étude de la VFC, qu’aucune règle scientifique ne semble se détacher des autres, rendant équivoque et contestable toute interprétation ou résultats proposés par la littérature. Subséquemment, la multitude de méthodes proposées par les différentes équipes de recherche rend difficile l’établissement d’un consensus et est à l’origine de nombreux résultats ambivalents. Il en résulte que chaque scientifique s’intéressant à cette thématique d’étude se retrouve très rapidement confronté à un problème majeur : quel protocole valide adopter pour analyser et interpréter la VFC le plus fidèlement possible ? Bien que certains choix méthodologiques précis puissent être définis et justifiés en s’appuyant sur la littérature et que les grandes lignes de l’étude soient généralement dictées en fonction de l’objectif recherché, il semblerait que le

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protocole final ne se dessine pas de manière univoque mais qu’il relève plutôt d’une affaire de sensibilité personnelle qui est liée, entre autres, à la spécificité de la formation reçue et aux affinités nouées avec certains pairs.

Dès lors, la curiosité intellectuelle et l’esprit critique du chercheur seront confrontés aux multiples paradigmes expérimentaux déjà existants avec, comme objectif, d’offrir un protocole qui lui semble être en adéquation parfaite avec sa thématique de recherche. De surcroît, il devra impérativement être capable de justifier ses propres choix méthodologiques pour garder toute forme de crédibilité face à la communauté scientifique.

Description de notre problématique

Dans ce cadre conceptuel, tout choix, à l’intérieur des différentes strates du protocole doit être soigneusement argumenté et permettre de répondre formellement à l’objectif initial qui sera clairement exposé. Ainsi, l’exemple qui illustre notre démarche se base sur une étude que nous menons depuis maintenant 2 ans au sein de notre laboratoire de recherche : Utiliser la VFC pour individualiser et optimiser les charges d’entraînement de sportifs de haut-niveau afin de prévenir le surentraînement et d’amener les athlètes à leurs « pics de forme » le jour de la compétition. La principale difficulté réside dans le fait que notre protocole doit être à la fois pertinent et très rigoureux sur le plan scientifique tout en restant réalisable sur le terrain puisque la mesure de VFC ne se fera pas en laboratoire mais en autonomie directement chez l’athlète et ce, tout au long de la saison à raison de plusieurs enregistrements par semaine. En d’autres termes, nos choix méthodologiques devront être en adéquation avec la littérature scientifique tout en tenant compte des réalités du terrain, l’objectif principal étant bien évidemment d’imposer à l’athlète un protocole le moins contraignant possible qui permettra néanmoins d’offrir des résultats très fiables. Les paramètres entrant en jeu lors de la mise en place d’un protocole de mesure de la VFC étant multifactoriels, nous avons fait le choix de les scinder en plusieurs parties avec, malgré tout, un objectif commun qui est d’illustrer la pluralité méthodologique intervenant à chaque strate.

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PARTIE 2 : L’IMBROGLIO GÉNÉRÉ PAR UNE MULTITUDE DE FORMULES ET