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16-25 Aziz- Imam (Nayla qui s’efface après ouverture du dialogue)-

L’organisation du mariage de Nayla. Le père convainc l’imam

de célébrer le mariage blanc pour pouvoir reprendre son épouse après une deuxième répudiation. Au cours du dialogue, le rapport

d’égalité entre les deux locuteurs se modifie, il bascule vers un rapport d’hiérarchie lorsqu’apparaît un désaccord. Le père produit des actes menaçants à la face positive de son allocutaire. Lorsqu’il atteint son but (convaincre l’imam), il recourt à des adoucisseurs pour ménager la face de son allocutaire.

26-28 Noria- Omar / Nayla- Omar La naissance du petit fils. Il s’agit d’une conversation

téléphonique, seules les interventions des personnages féminins sont transcrites, celle d’Omar ont été tronquées.

45-49 Aziz - Samira L’absence de Nayla. Il ne s’agit pas d’un dilogue au sens propre

parce que le père qui répète la même question n’aura de réponse qu’à la fin du dilogue. D’ailleurs, il n’attendait pas une réponse tant elle est connue mais cela lui a permis d’extérioriser sa haine et colère.

37 Noria - Fouzia Le comportement peu habituel de la mère. Les petites filles

échangent quelques paroles pour exprimer leur inquiétude qui se transforment en désaccord.

DEUXIEME PARTIE

58-59 Khadidja-Nayla Le mariage de Nayla. Après un désaccord Nayla décide de se faire

belle et de quitter son mari.

61 Khadidja-Samira La garde de Zanouba. Ce dilogue dévoile l’hostilité qui existe

entre Khadidja et sa belle sœur

63-64 Samira-Aziz La fête chez Allouchi. Même s’il a organisé lui-même le mariage de

Nayla, Aziz montre des signes d’inquiétude et c’est pour la première et unique fois qu’il ait une relation de familiarité avec sa fille.

79-80 Aziz- Samira Le viol de Samira. Pendant qu’elle converser avec ses sœurs,

Samira s’évanouit et à travers son cauchemar, elle révèle sous forme de dialogue avec son père son viol.

80-82 Samira- Yasmina Demande de renseignements. Après ce cauchemar, elle se réveille

et demande des nouvelles de son frère, de sa mère et son père et décide de se rendre chez Allouchi mais il fallait d’abord se rassurer que son père dormait.

82-85 Samira -Aziz Visite chez Allouchi. Dérangé par ses deux filles qui l’épiaient, le

père sort de sa chambre et leur demandent de l’accompagner chez Allouchi

86-87 Aziz -Samira Disparition d’Omar. Une fois chez Allouchi, Aziz découvre

l’absence du couple et accuse Allouchi d’enlèvement.

chez une voisine pour l’interroger sur leur disparition.

91-94 Aziz -Imam Disparition et adultère de Nayla. La disparition avérée, il invite

son conseiller en affaires religieuse pour lui conter de trouver sa femme et de témoigner contre Allouchi.

103-104 Amina-Yasmina Rédaction de la lettre. Après le refus de l’imam et sa conviction

que le couple est en congé, le père lâche les rênes. ses filles cèdent par écrit les chalutiers de leur père à ses employés.

111-113 Aziz- Samira Accusations d’Aziz. Lorsque les réserves de vins sont épuisées, le

père se réveille et constate les plaisirs dont jouissent ses filles. il tient Samira pour responsable et l’agresse physiquement.

TROISIEME PARTIE

149-150 Samira- Confident La décision des filles. Lorsque la situation se dégrade, les petites

filles décident d’abandonner l’école mais se heurtent au refus de la sœur aînée. Les raisons de ce refus sont divulguées au cours d’un dialogue avec son confident.

157-158 Khadidja -Samira Retour de Khadidja-demande d’excuses. Khadidja ayant su les

circonstances du viol de Samira présente ses excuses, mais le rapport d’hostilité entre les deux personnages persiste.

165-166 Aziz -Samira Leur état de santé. L’état de santé des deux personnages se

dégrade, l’un presque fou, l’autre délirante discourent pour dévoiler les agressions subies et leurs émotions.

172-175 Aziz -Samira Le délire du père et son désir de se remarier. Devenu fou, Aziz

demande à « sa tante » (Samira) de lui choisir une épouse et d’éliminer ses soi-disant filles.

183-184 L’oncle et la tante de Samira Le décès du père. Samira refuse de répondre à la demande de son

oncle et sa tante qui la prient de dire adieu à son père.

I.3.2. Le trilogue

Le trilogue qui est « une conversation impliquant trois participants »43 Le meilleur exemple du trilogue est celui qui a pour thème la confidence de Yasmina et Amina qui ne suivent puis les cours à l’école.

Noria et Fouzia sortirent, les jumelles n’étaient pas encore prêtes, elles allaient être en retard. Je le leur dis et déjà me réjouissais d'occuper les lieux en maîtresse de maison, quand Yasmina arrêta la radio, ferma les fenêtres et s'assit.

43

- On reste à la maison, dit-elle.

- Il n'en est pas question, dis-je, empruntant la voix de ma mère. Vous avez beaucoup de retard dans vos études, ce n'est pas la peine d'aggraver votre situation, ajoutai-je d'un trait.

- Elle est déjà gravement atteinte, notre situation.

- Aujourd'hui que maman n'est pas là, on a le courage de l'avouer à quelqu'un, enchaîna Amina, s'asseyant à son tour, posant ses mains à plat sur `ses genoux.

Puis, m'enveloppant de ses yeux de biche égarée, elle reprit :

- Tu veux bien nous écouter, notre sœur bien- aimée ? Juste nous écouter ?

Je ramassai os et muscles, raidissant ainsi mon corps. Et ainsi me préparai-je au pire. Bravement. - Alors ? fis-je, les regardant une à une.

- On a cessé d'aller au collège, dit Yasmina en baissant les yeux. Muscles et os se détendirent ; je faillis tomber à la renverse. - Vous n'allez plus au collège ?

- On n'arrivait plus à suivre, dit encore Yasmina.

- Sauf en dessin, mais ça compte pour rien, le dessin, dit Amina. - Depuis quand ?

- Depuis toutes petites, tu sais bien, répondit Amina. - Aux cours. Quand les avez-vous arrêtés ?

- Il y a un peu plus d'un mois, marmonna Yasmina. - C'est impossible, on l'aurait su, ils auraient écrit... - On intercepte les lettres, dit Amina.

- Bien sûr, dis-je, saisie de petits tremblements. Mais quand vous sortez le matin, repris je, luttant contre des visions difformes, où allez-vous ? Que faites-vous de vos journées ?

- On va dans les jardins publics, parfois au marché ou dans un salon de thé, à l'autre bout de la ville. Souvent, nous sommes les seules filles, dit Yasmina. - On n'en peut vraiment plus de traîner dans les rues, gémit Amina. Avec ce qui se passe en ce moment, on finira par se faire repérer. On peut compter sur

toi pour le dire ?

Dans ce dialogue les principes du trilogue sont respectés : présence de trois participants dans un lieu communicationnel, et sont toutes les trois locutrices et se répartissent les rôles conversationnels.

Mais ce type de dialogue pose un problème puisqu’il bascule parfois dans la catégorie du dilogue. L’existence de trois participants dans un lieu communicationnel est insuffisante pour parler du trilogue. Pour expliciter ce cas prenons ce dialogue :

La femme mit du temps avant de nous répondre.

Elle fit jouer des verrous, sauter des cadenas, nous ouvrit enfin et nous reçut comme on accueille l'affliction. La flamme de sa bougie en grelottait. Dans la pénombre de son unique pièce, ses enfants dormaient en enfilade sur des matelas jetés sur le sol. Une odeur de friture collait aux murs. Reniflant avec bruit, mon père fouilla la pièce du regard. Espérait-il trouver ma mère ici ? Mais elle n'y était pas. Non plus l'effluve de son tenace parfum.

La femme nous offrit des sièges. Nous restâmes debout. Alors la veuve ? Quelles sont les nouvelles ?

- Doucement, sidi Aziz. S'il vous plaît, ne réveillez pas mes petits, supplia-t-elle. - Ils ont bien mangé, au moins ? le poisson était-ils frais ?

- Je vous rembourserai…jusqu’au dernier centime…jusqu’à la dernière sardine…, trembla la femme. - […] (p. 87-90)

Dans ce cas, les trois participants sont présents (Aziz, la veuve et Samira dont la présence exprimée par la première personne du pluriel,). Mais ces participants ne se répartissent pas les rôles conversationnels. Et nous nous retrouvons dans le cas du dilogue (Aziz, la veuve) avec un bystander (un témoin Samira), selon le terme de Goffman. Le trilogue se décompose en couple de dilogue. Le trilogue qui porte pour thème la répudiation de la mère en est le meilleur exemple.

Les trilogues sont insérés pour expliquer certains évènements (le mariage de la mère), annoncer une décision ou confidence, mais aussi pour relater un récit concernant un des personnages.

Résumons ainsi les onze trilogues qui figurent dans le roman. Nous précisons d’abord que dans le trilogue insérés, nous rencontrons trois cas :

- Echange ternaire.

- Deux locuteurs vers un allocutaire. - Un locuteur vers deux allocutaires.

Pages Locuteurs Thèmes Situation d’échange PREMIERE PARTIE

40-44 Yasmina- Amina - Samira-

L’aveu des sœurs Deux locuteurs vers un allocutaire

49-51 Omar- Samira-Nayla Les raisons de la colère du père Echange ternaire

61 Yasmina- Amina- Samira

La décision de Khadidja de partir à la recherche de son mari

Echange ternaire

62 Aziz- Noria-Fouzia

La requête du père Un locuteur vers deux allocutaires

64-67 Yasmina- Amina- Samira

Le mariage de la mère Echange ternaire 73-76 Aziz-

Noria-Fouzia

Réclamation de Nayla Un locuteur vers deux allocutaires

97- Samira-

Amina- Yasmina

Décision de Samira d’abandonner sa formation

Un locuteur vers deux allocutaires

TROISIEME PARTIE

126-129 Amina- Yasmina Samira

La grossesse de Samira Deux locuteurs vers un allocutaire

149- Fouzia-Noria Samira

Décision des petites d’abandonner les études

Deux locuteurs vers un allocutaire

166-170 Samira Amina- Yasmina

La folie du père et la nécessité de trouver une solution

Echange ternaire 180-184 Samira

Fouzia-Noria

Demande d’aide pour se débarrasser du père

Un locuteur vers deux allocutaires

I.3.3.

Le polylogue

Dans un polylogue, réunissant plus de trois locuteurs, les conversations peuvent se chevaucher. Chaque locuteur, ne parle que lorsque la réplique précédente est terminée. Dans certains cas, les personnages parlent à la fois, ce fait est alors indiqué dans l’incise.

Dans le dialogue romanesque, ces polylogues se scindent en dilogues et trilogues44. Ce dialogue choisi explicite clairement cette succession de dilogues et trilogues.

1. On sonne, dit Yasmina, les yeux gonflés de sommeil. 2. Il est deux heures du matin, lançai-je sans bouger. (Samira)

3. La djinnia, dis-je sans ciller. C’est pourquoi j’ai encensé la maison. Nous devons le faire tous les jours. Toutes les nuits. L’imam récitera des sourates. Dès demain.

4. Tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi ? dit Amina.

5. Tu ne vas pas tout de même pas faire comme les voisins, ajouta Yasmina. 6. Jette un œil par la fenêtre et tu verras bien que j’ai raison, dis-je.

7. Non ! frissonna Amina.

8. C’est papa, s’écria-t-elle. (Yasmina) 9. C’est un piège, dis-je.

10. Qui est-ce ? (le père)

11. C’est ton aînée, papa, dirent mes sœurs. 12. Si c’est elle, elle a bien changé, dit mon père. 13. Ça ne peut pas être elle. (le père)

14. Toi aussi papa, tu as beaucoup changé, dit Amina.

15. Je ne tolère pas que les filles d’Allouchi m’appellent papa, ni qu’elles m’adressent la parole. D’ailleurs, il faudra songer à vous en aller de chez moi. Je ne vais pas indéfiniment loger les rejetons des autres. (le père)

16. Toi aussi l’étrangère, si tu veux demeurer sous mon toit, tu seras mon alliée. Sinon, dehors ! (le père) 17. Maintenant, j’ai faim, dit-elle. (le père)

18. Oui, Djidji, tout ce que tu voudras. (Samira) (p. 150-153)

Ces dix-huit répliques échangées par quatre locuteurs peuvent être fragmentées en deux parties :

De 1 à 9 : un trilogue entre Samira, Amina et Yasmina (1 à7), qui s’achève en un dilogue entre Samira et Yasmina (8 à 9) De 10 à 18 : un trilogue entre le père, Amina, Samira (9à 15), qui s’achève en dilogue entre le père et Samira (16 à 18)

Donc ce polylogue comprend un dialogue entre les sœurs où nous passons du trilogue au dilogue, et un dialogue entre le père et ses filles où s’effectue un passage du trilogue au dilogue.

Le polylogue permet d’insérer dans les répliques des locuteurs le discours d’un autre personnage. L’auteur donne une idée globale, une synthèse des commentaires faits par d’autres personnages.

44

- Nous sommes la risée du quartier, coupa Yasmina.

- Le boulanger, ce matin, m’a chargée de féliciter papa ainsi que ma charmante famille, vous en l’occurrence, et m’a souhaité un parti aussi bon que celui de maman. Les clients ont pouffé de rire, dit Amina d’un trait.

- A moi auschi on dit des soses comme scha et sché pour scha que maman pleure. - On s’en fout des gens, murmurai-je (p. 66)

Le discours de Noria et Fouzia reprennent le discours et commentaires des voisins sur le mariage de Nayla.

Nous avons relevé deux cas de polylogues résumés. Les paroles rapportéessans incises créent un effet d’intervention.

Mes cris réveillèrent mes sœurs. Les jumelles appelèrent à l’aide, s’époumonèrent, ameutèrent le quartier. En vain. Au dehors, les hommes pressaient le pas en ricanant ; les femmes ouvraient leurs persiennes, conjuraient le sort en crachant dans leur corsage, les plus sensibles versaient une larme.

- Pauvres créatures, pauvres orphelines. - C’est ainsi qu’il faut purifier sa maison. - Telle mère, telles filles.

- Ça ne leur fera que du bien, à ces femelles. - Qu’Il nous protège du Malin. (p. 112)

Ce polylogue condensé en cinq répliques, introduit par un résumé narrativisé, n’indique ni le locuteur ni le lieu. La première et dernière réplique montre une compassion envers les filles. Par contre les trois autres expriment l’adhésion à cette agression physique contre les filles. Cette condensation a pour fonction de donner au lecteur l’image d’une société qui impose le silence qui conduit toujours à la ruine.

Dans le cas du polylogue, l’utilisation du discours attributif est nécessaire pour préciser à chaque fois qui parle mais parfois l’auteur ne le précise.

1. Oui d’après tout, hasarda Amina.

2. Enfin, cessons d’être ridicules, répliqua Yasmina. Maman a fui la honte. Et Omar aussi, d’ailleurs. Puis :

3. Qui pourrait imaginer maman s’adonnant à des activités pareilles ? c’est à peine si elle avait le temps de s’occuper de la maison. 4. Allouchi avait-il besoin de fuir, lui ? rétorqua Amina.

5. Il a toujours eu l’habitude de disparaître. Nous le reverrons bientôt. 6. Moi ça ne me déplairait pas d’être la fille d’Allouchi…

7. Regarde-nous. Nous sommes le portrait craché de papa… 8. Alors, d’après toi, où serait maman ? dit Amina.

9. Certainement au bled, chez son frère à attendre la fin des trois mois pour venir se remarier avec papa. Je suis sûre qu’Allouchi a tenu sa promesse… 10. Et le divorce civil ? dit Amina.

11. C’est comme a dit l’imam, pour éviter les médisances.

12. Mon petit doigt me dit qu’Allouchi est tombé en amour, s’obstina Amina. Peut être l’était-il déjà ? ajouta-t-elle en regardant sa sœur de biais. 13. Pourquoi faut-il toujours que tu débites des conneries ? s’écria Yasmina. Surtout en présence des petites.

14. Schuis pas petite. 15. Moi non plus.

16. Parce que moi j’y crois, à l’amour ! j’y crois et je m’incline devant ses adeptes. 17. Moi auschi.

18. Moi aussi, répéta Fouzia. (p. 100-101)

Si dans ce dialogue, certaines répliques ne sont pas attribuées, c’est parce que le lecteur peut facilement reconnaître le locuteur. Ce dialogue se compose d’un dilogue de 1 à 13 puis d’un polylogue de 13 à 26.

Dans le dilogue les répliques 3-5-7-9-11 sont produites par Yasmina puisqu’il s’agit des réponses aux questions d’Amina. Dans le polylogue, le lecteur, sait qu’il est question des deux petites Fouzia et Noria.

13 et 17 sont les répliques de Noria puisque le défaut de prononciation y est présent, et donc la 15 est celle de Fouzia. Voici un tableau qui reprend les treize polylogues relevés.

Pages Locuteurs Thèmes

PREMIERE PARTIE

37-39 Noria – Fouzia- Yasmina- Amina- Samira Le départ de la mère à la clinique

49-53 Omar-Nayla-Samira+Aziz L’état de la maison

/les raisons de la colère du père

+ répudiation de la mère