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2. PRÉSENTATION ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

2.2. Première capsule de formation : L’appropriation culturelle

La première capsule de formation portait sur l’appropriation culturelle. En effet, avant de se pencher sur la construction de l’identité d’un individu, il importe de comprendre les rouages de l’appropriation d’une culture puisque cette étape est incontournable pour le développement de la construction identitaire. Ainsi, l’objectif de cette capsule de formation était d’outiller l’enseignante quant au processus d’appropriation culturelle d’un individu et d’établir en quoi il est possible d’intervenir au cœur de ce dernier. En d’autres mots, le but ultime de cette formation était d’amener l’enseignante participante à intégrer la pédagogie culturelle à son enseignement de savoirs à l’aide de référents francophones. Cette capsule avait donc une visée théorique et pratique. C’est la raison pour laquelle la chercheuse a développé une courte formation d’une heure se rapportant à l’importance d’introduire, lors de l’enseignement de savoirs, des référents culturels afin que les élèves puissent s’investir dans un processus d’appropriation de ces derniers.

Les thèmes suivants ont été abordés lors de cette formation: le référent culturel, le repère culturel, l’appropriation culturelle, les modes d’appropriation culturelle, les rapports à la culture et la pédagogie culturelle. De plus, la chercheuse a présenté différentes idées d’exploitation en salle de classe au regard des matières à enseigner en vue de présenter une variété considérable de référents culturels francophones aux élèves. Il a été proposé, par exemple, d’utiliser des données portant sur le nombre d’écoles francophones par province et territoire canadiens lors de l’enseignement des additions à deux chiffres en mathématiques.

Ainsi, en plus de développer les savoirs essentiels relatifs aux matières scolaires, les élèves peuvent se familiariser avec la présence, dans ce cas précis, d’écoles francophones à travers le Canada. Dans le cadre de cette capsule, l’enseignante participante a développé une carte culturelle de classe avec ses élèves, et ce, à l’aide de l’activité pédagogique La carte culturelle (Annexe J). À la suite de cette activité, l’enseignant participante a élaboré une carte culturelle évolutive, c’est-à-dire qu’il a été possible d’y ajouter des référents selon les nouveaux savoirs acquis en salle de classe ou les activités vécues. En effet, cette carte était constamment bonifiée par rapport aux enseignements et aux expériences vécues dans le contexte scolaire. Plus précisément, les élèves étaient amenés à reconnaitre et nommer certains référents culturels francophones présentés quotidiennement dans l’ensemble des matières scolaires et de les ajouter à la carte culturelle du groupe. Cette dernière était affichée en classe en tout temps afin de pouvoir y apporter ces modifications.

2.2.1. Présentation des résultats

Dans la mesure où cette capsule de formation a été présentée au tout début des Rendez-vous de la francophonie en mars 2017, l’enseignante a été en mesure de s’appuyer sur cet évènement pour introduire plusieurs référents culturels auprès de ses élèves. En effet, puisque plusieurs activités et spectacles ont eu lieu à l’école durant cette période, la principale intéressée a pu aisément expliciter ces référents à ses élèves, par exemple la cabane à sucre, le spectacle de Bill Bestiole, le sirop d’érable, l’Association Canadienne Française de l’Alberta (ACFA), le drapeau franco-albertain, etc.

Lors de l’activité de la carte culturelle, l’enseignantes a avancé avoir été stupéfaite de la connaissance de plusieurs référents culturels par ses élèves. Ces derniers ont tout d’abord été en mesure de nommer différents référents locaux, nationaux et mondiaux tels que le drapeau franco-albertain, l’Association Canadienne Française de l’Alberta (ACFA), la cabane à sucre, l’école Desrochers, « Bonjour! », etc. De plus, ils ont pu justifier en quoi ces référents étaient importants pour eux, c’est-à-dire en quoi ils étaient devenus, pour eux, des repères culturels. Qui plus est, depuis quelques années, un artiste musical francophone est

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présenté chaque semaine en salle de classe. Quelques élèves se sont donc appuyés sur ces artistes pour expliquer en quoi ils étaient devenus des repères culturels par rapport à leur francophonie. Au cours de cette activité, l’enseignante a constaté que plus les référents culturels francophones étaient explicités, plus les élèves étaient à même d’en nommer et de les intégrer dans leur processus d’appropriation culturelle. Plus le mois avançait, et plus la carte culturelle de classe était enrichie de référents culturels francophones.

2.2.2. Interprétation des résultats

En premier lieu, cette formation a su outiller l’enseignante participante quant à l’importance de présenter une variété de référents culturels de la francophonie et d’encourager un rapport à la culture positif afin d’avoir, ultimement, une incidence sur l’appropriation culturelle chez les élèves. Cette capsule a amené cette dernière à une réflexion profonde portant sur ses propres repères culturels. Nous considérions cette première capsule de formation comme fondamentale puisque selon Gérin-Lajoie (2006a), « les enseignantes et les enseignants qui viennent d’un milieu francophone majoritaire pour travailler dans un milieu minoritaire doivent eux-mêmes se repositionner par rapport à leur propre sens identitaire » (p.3). En effet, de par l’activité proposée, l’enseignante participante a été placée en position de praticienne réflexive au regard de sa francité. En plus de se questionner sur les référents culturels qui l’entouraient, elle a dû déterminer en quoi certains étaient devenus des repères culturels, c’est-à-dire de réaliser que l’adoption de certains référents la définissent comme membre d’une culture, dans ce cas précis, francophone. Nous jugions ce processus réflexif nécessaire puisque, comme Gérin-Lajoie (2006b) l’a mis en lumière, les enseignants peuvent avoir une grande influence sur les élèves de leur classe en ce qui concerne la reproduction culturelle, influence qui découle de leur propre conception et appartenance à la culture francophone. Indubitablement, « les enseignants qui manifestent leur attachement à la communauté francophone en incarnant cette fierté de la langue et de la culture ont tendance à soutenir l’appartenance des élèves à la culture francophone » (Gérin-Lajoie, 2010, p.127). En étant placée dans une position de praticienne réflexive, l’enseignante a eu à développer et peaufiner son rôle de passeuse culturelle en expérimentant la manière dont sa

propre identité a une portée auprès de ses élèves, de leur manière d’intégrer leur propre francophonie, de développer leur francité au quotidien. En d’autres mots, le simple fait de présenter des référents francophones, de les expliciter et de les extraire des matières scolaires et des savoirs à développer, permet aux élèves de s’investir dans un processus d’appropriation culturel.

En s’investissant dans la présentation de référents culturels au quotidien, l’enseignante participante fut en mesure d’allier la transmission de la culture à la transmission de connaissances auprès de ses élèves, démontrant ainsi qu’il est possible de remplir la double mission de l’école francophone en milieu minoritaire. À la suite de cette capsule, puisque les élèves étaient investis dans une démarche active d’appropriation culturelle, une meilleure connaissance du processus de construction identitaire semblait la voie logique à emprunter afin de porter un regard analytique sur les cheminements identitaires de ces derniers.