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Les pratiques enseignantes qui soutiennent le développement de la compréhension

CHAPITRE 1: PROBLÉMATIQUE

1.3. LES PRATIQUES ENSEIGNANTES EN CONTEXTE DE LIHV : QUATRE

1.3.3. Les pratiques enseignantes qui soutiennent le développement de la compréhension

Très peu de recherches ont décrit les pratiques enseignantes qui soutiennent le développement de la compréhension inférentielle (Dupin de Saint-André, 2011 ; Kispal, 2008 ; Makdissi et al., 2010). Au Québec, Dupin de Saint-André (2011) a analysé les interventions d’enseignantes expertes en contexte de LIHV dans l’optique de décrire des pratiques exemplaires pour soutenir le développement de la compréhension inférentielle à la maternelle 5 ans.

Dans cette étude, la chercheuse a décrit et a comparé les interventions mises en œuvre lors des LIHV de six enseignantes. Ces enseignantes de maternelle ont été choisies en fonction de leur haut degré de réflexivité, de leur connaissance étendue de la littérature jeunesse et de leur investissement dans une formation continue relativement à l’enseignement de la littératie. Quatre d’entre elles ont reçu une formation au début de la recherche portant sur la LIHV, la compréhension et les inférences. Ces enseignantes ont aussi mis en pratique les principes didactiques qui leur ont été enseignés, tout en étant supervisées et guidées par la chercheuse, et ce, avant de débuter l’expérimentation.

Lors de l’expérimentation, les enseignantes formées avaient pour mandat de travailler les inférences, alors que les enseignantes non formées, qui n’étaient pas au courant des objectifs de la recherche, devaient continuer à mener leurs LIHV sans modifier leurs pratiques. Toutes les participantes ont rempli des questionnaires hebdomadaires portant sur

leurs pratiques déclarées en matière de LIHV et d’inférences. De plus, elles ont été rencontrées lors d’entretiens semi-dirigés et ont été observées à quatre reprises lors d’une animation de LIHV en classe. Les données obtenues grâce aux pratiques déclarées et effectives des enseignantes ont permis de comparer les deux types de pratique.

Les enfants des six classes (n = 92) ont été soumis individuellement, à deux reprises (pré-test et post-test), à une épreuve créée dans le cadre de la recherche visant à mesurer leur habileté à faire des inférences en contexte de LIHV.

L’analyse des pratiques déclarées et effectives des enseignantes a révélé que, ce qui différenciait nettement les enseignantes formées de celles non formées était le type d’intervention qui était mis en place pour travailler les inférences lors des LIHV. Les résultats ont indiqué que les enseignantes formées pour soutenir le développement de la capacité à inférer posaient davantage de questions ouvertes et de relance (entre 80 et 85% de leurs interventions) que leurs collègues non formées (entre 49 et 56% de leurs interventions). De plus, les enseignantes formées étaient plus enclines à engager les enfants dans des discussions qui leur permettaient de construire le sens alors que les enseignantes non formées avaient tendance à donner elles-mêmes le sens aux enfants (entre 14 et 16% du temps pour les enseignantes non formées et entre 1 et 3 % du temps pour les enseignantes formées).

L’analyse des données du pré-test et du post-test sur la compréhension inférentielle des enfants a montré que les enfants des enseignantes formées ont progressé significativement plus que ceux des enseignantes non formées. Cette progression n’était pas uniquement liée au fait que les enseignantes ont travaillé les inférences lors de leurs LIHV, mais bien au fait qu’elles ont engagé les enfants dans la co-élaboration du sens et qu’elles les guidaient adéquatement lors de ces lectures, ce que les enseignantes non formées avaient de la difficulté à faire.

En conclusion, les résultats de cette étude ont montré que la formation des enseignantes relativement au traitement des inférences en contexte de LIHV a eu un impact sur leurs pratiques. De plus, ils ont permis de conclure que l’habileté des enfants à faire des inférences peut être développée à la maternelle et que celle-ci progresse significativement lorsque les enseignantes sont formées pour soutenir le développement de la compréhension inférentielle. Les résultats de Dupin de Saint-André (2011) ont permis de soulever le potentiel de la LIHV en classe comme soutien au développement de la compréhension inférentielle, ce que soulignait Kispal (2008) 5 dans une méta-analyse portant sur l’enseignement des habiletés inférentielles.

Cette recherche a aussi montré que la simple lecture d’un livre ne suffit pas pour faire progresser les enfants. En effet, d’autres facteurs jouent un rôle essentiel pour rendre la lecture interactive et susceptible de soutenir le développement de la compréhension inférentielle: le choix de livres de qualité, l’engagement des enfants dans les discussions pour co-élaborer le sens du texte et la qualité de l’étayage fait par les enseignantes (capacité à favoriser la discussion et l’échange).

Compte tenu de la taille restreinte de l’échantillon, les résultats de cette recherche ne sont pas généralisables, mais ils soulèvent tout de même le besoin de former les enseignantes, même les enseignantes expertes, afin de les guider quant à leurs pratiques en contexte de LIHV, notamment pour qu’elles engagent les enfants dans des discussions qui leur permettent de construire le sens du texte qui leur est lu. Or, pour former les enseignantes, il est nécessaire de connaître leurs pratiques ainsi que leurs besoins en contexte de LIHV. À ce sujet, toutefois, Dupin de Saint-André (2011) constate qu’il existe peu de données qui décrivent les pratiques des enseignantes de maternelle du Québec en contexte de LIHV.

5 Les éléments de la méta-analyse de Kispal (2008) jugés pertinents dans le cadre de cette recherche seront

1.3.4. Le portrait des pratiques déclarées d’enseignantes du primaire au regard de la