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3. Concepts et champs disciplinaires infirmiers

3.1. Les principaux concepts

3.1.2. Prévention des rechutes

Premièrement, il nous semblait utile de donner une définition de la rechute. Plusieurs auteurs s’accordent à dire qu’il n’y a pas de définition unique pour diagnostiquer une rechute chez un patient schizophrène (Thomas, 2013 ; Olivares et al., 2013). Toutefois, Thomas (2013) mentionne que « la rechute peut être définie comme la réapparition d’une symptomatologie aiguë après une phase stable »4. Les auteurs susmentionnés mettent en avant plusieurs composantes pour définir la rechute chez la personne schizophrène. Il peut d’une nécessité de réhospitalisation en raison d’une exacerbation des symptômes de la maladie ou de changements dans le comportement accompagnés d’idées suicidaires. Il existe également des échelles pour évaluer la rechute chez un patient schizophrène.

Thomas (2013) relève que 7 patients schizophrènes sur 10 rechutent. Nous avons alors voulu savoir quelles étaient les causes de ce taux élevé de rechutes dans cette population et les conséquences que cela pouvait entraîner sur la vie personnelle et sociale. En effet, les rechutes contribuent à diminuer les habiletés sociales et cognitives des patients, elles augmentent le risque de suicide et les coûts de la santé. La prévention des rechutes paraît

4 Thomas, P. (2013). [Relapse: causes and consequences]. L’Encéphale, 39 Suppl 2, S79– 82. doi :10.1016/S0013-7006(13)70100-3

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dès lors être un enjeu majeur dans la prise en charge de ces patients (Thomas, 2013 ; Knapp et al., 2004).

Il existe différentes causes qui peuvent expliquer la rechute. Plusieurs auteurs s’accordent à dire que la principale cause est la non-compliance aux traitements antipsychotiques (Thibaut, 2014 ; Higashi et al., 2013 ; Thomas, 2013). Ces auteurs expliquent que la non-compliance aux traitements peut être due aux problèmes cognitifs du malade et à l’absence de maladie perçue par ce dernier. Elle peut être due également à un faible niveau d’études, ainsi qu’à l’âge. Les auteurs relèvent un plus grand nombre de rechutes parmi les patients jeunes (Hudson et al., 2004 ; Linden et al., 2001 ; Fenton et al., 1997 (cités par Donohoe, 2006)) ont mis en avant que les patients schizophrènes qui présentaient un délire de persécution étaient moins susceptibles de suivre leur traitement que les autres patients.

Plusieurs études démontrent que l’abus de substances nocives, la mauvaise qualité des relations familiales et le réseau social faible sont également des facteurs de non-compliance aux traitements antipsychotiques (Donohoe, 2006 ; Hudson et al., 2004). La qualité de la relation entre le soignant et le patient joue aussi un rôle important dans la compliance aux traitements. En effet, en instaurant une relation de confiance avec la personne malade, le soignant pourra découvrir quels sont les buts, les difficultés et les ressources de ce patient. En ayant récolté tous ces éléments, le soignant pourra mettre

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en place un traitement individualisé qui convienne au patient (Thibaut, 2013).

Pour stabiliser la schizophrénie, le patient doit prendre un grand nombre de médicaments. Cela représente une contrainte et augmente le risque de non-compliance. Il a été démontré que le traitement par injection-dépôt diminue le nombre de rechutes car il est moins contraignant. De plus, il semble que les patients qui reçoivent des neuroleptiques atypiques adhèrent mieux au traitement que ceux qui prennent des neuroleptiques traditionnels. Certains patients rechutent car, après avoir pris leur médication et n’ayant plus de symptômes de leur maladie, ils se considèrent comme guéris et abandonnent le traitement. Parfois, les patients schizophrènes craignent que les médicaments ne prennent le contrôle de leur cerveau. Dans d’autres cas, le contact avec le monde réel est trop difficile et stopper le traitement est alors un moyen de retourner dans leur monde imaginaire. Enfin, si la famille et l’entourage ne sont pas bien informés sur la pathologie, le patient sera peut-être moins encouragé à prendre son traitement (Programme Prelapse, 2004)5.

Il est important de noter ici que les médicaments antipsychotiques sont utiles pour prévenir les rechutes car ils ont un effet sur les symptômes positifs de

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la schizophrénie. Toutefois, ils ont un effet moindre sur les symptômes négatifs présents dans la pathologie (Programme Prelapse, 2004).

Pour prévenir les rechutes, un traitement psychosocial s’avère utile. Cependant, il est indispensable que ce traitement aille de pair avec un traitement antipsychotique car il pourrait occasionner un stress chez un patient schizophrène qui ne serait pas sous traitement médicamenteux (Programme Prelapse, 2004).

La psychothérapie aide à créer de nouveaux types de fonctionnements mentaux face à un conflit au lieu de laisser cours aux attitudes de repli ou aux idées délirantes. Elle va servir à renforcer les capacités d’adaptation du patient et lui permettre d’utiliser des moyens de défense plus adéquats avec ce qu’il vit. Il est à noter que le soignant ne doit pas nier les éléments délirants car ils font partie de la réalité du patient. Le soignant doit valider cette réalité mais ne doit pas la cautionner.

Les thérapies cognitivo-comportementales ont pour objectif global une adaptation plus adéquate des personnes psychotiques du point de vue cognitif. Selon Malik et al., 2009, les thérapies cognitivo-comportementales se montrent très prometteuses comme traitement adjuvant. Leur efficacité en ce qui concerne l’amélioration de la vie sociale, la qualité de vie ainsi que la diminution des symptômes psychotiques est nettement diminuée. De plus,

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elles visent tous les types de symptômes et aide le patient à se reconstruire à tous les niveaux.

Pour agir sur les symptômes négatifs de la schizophrénie et ainsi contribuer à prévenir les rechutes, il existe différentes thérapies psychosociales qui sont efficaces. Par exemple, pour apporter un soutien au patient schizophrène, les auteurs mentionnent l’utilité de la thérapie familiale. En effet, si la famille connaît la maladie et ses symptômes, elle pourra s’avérer être un soutien important pour le patient. De plus, la famille sera à même de déceler les signes précurseurs d’un début de rechute si le patient ne les voit pas. Ainsi, le patient pourra être pris en charge à temps, avant de faire une décompensation trop importante et éviter une nouvelle hospitalisation.

D’autre part, la réadaptation psychosociale et l’entraînement aux habiletés sociales peuvent aussi être utiles dans la prévention des rechutes. En effet, les patients schizophrènes ont souvent des difficultés à s’insérer dans la société. Ainsi, la réadaptation psychosociale pourra les aider à s’intégrer dans une activité professionnelle ou occupationnelle, les aider à trouver un lieu de vie adapté, à entrer en contact avec les autres (Pekkala et Merinder, 2002). Pour s’entraîner à l’acquisition d’habiletés qui leur permettront de s’insérer dans la société, il existe, comme nous l’avons mentionné dans l’introduction, un jeu qui s’appelle le Michael’s Game (Khazaal, 2006). C’est un jeu qui est inspiré de la thérapie cognitivo-comportementale et qui présente différentes

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