• Aucun résultat trouvé

Prévalence et incidence de l’HTA résistante au traitement

1 Introduction

1.3 Epidémiologie de l’hypertension artérielle résistante

1.3.3 Prévalence et incidence de l’HTA résistante au traitement

Il est difficile d’estimer la prévalence de l’hypertension artérielle résistante vraie dans la population générale non seulement du fait de l’absence de données sur l’adhérence au traitement, de mesures ambulatoires de la pression artérielle, mais aussi de l’absence d’information sur les doses des antihypertenseurs prescrits dans la plupart des études (Tableau 12, annexe). Néanmoins, dans les études réalisées dans le cadre d’essais cliniques ou basées sur des dossiers médicaux électroniques de patients avec des données sur les doses des médicaments, sur l’adhérence au traitement et des mesures ambulatoires de pression artérielle, la prévalence de l’hypertension artérielle résistante vraie varie entre 7,6 et 22,9% chez les patients hypertendus traités. Et elle est plus élevée dans chez les patients hypertendus avec une avec une MRC stades 2 à 5 (de la Sierra et al. 2011; De Nicola et al. 2013; Brambilla et al. 2013). Les études post-hoc réalisées dans plusieurs essais cliniques suggèrent une prévalence de l’hypertension artérielle résistante vraie d’environ 35% (Myat et al. 2012). Cependant, ces populations très sélectionnées ont tendance à être plus âgées et comprennent des individus à risque d’hypertension artérielle résistante élevé du fait qu’ils ont souvent plus de comorbidité cardiovasculaire que les hypertendus dans la population générale.

Prévalence de l’HTAR chez le sujet âgé

Il existe très peu d’études ayant examiné la prévalence de l’HTAR dans la population âgée. Dans cette étude prospective coréenne qui a inclus des patients hypertendus âgés d’au moins 60 ans, la prévalence de l’HTAR a été estimée à 9% (Choi et al. 2014).

Dans l’essai MASTERPLAN qui a inclus des sujets âgés de plus de 18 ans et ayant un DFGe entre 20 et 70 mL/min par 1,73m², on estimait à 34% et 30% la prévalence de l’HTAR chez les hommes et les femmes âgés de 60 à 74 ans alors que chez ceux âgés de plus de 75 ans, elle était de 16,3 et 35% respectivement (de Beus et al. 2015). Cette faible prévalence chez les plus de 75 ans, pourrait

45

s’expliquer par un biais de survie lié au fait que les hommes âgés décèdent plus tôt par rapport aux femmes à cause des complications de la MRC ou à cause de l’HTAR.

Avec le vieillissement de la population mondiale et l’augmentation de la prévalence du diabète, il est attendu également, une augmentation du nombre de personnes ayant une HTA résistante du fait de la coexistence de ces comorbidités. De ce fait, des études sur la prévalence et le pronostic de l’HTA résistante dans la population générale et chez les sujets âgés en particulier contribueront à identification des personnes les plus à risque et à l’élaboration de mesures préventives.

Incidence de l’HTAR

L’incidence de l’HTAR a été estimée à 1,9% dans une cohorte de patients ayant une HTA traitée dans le cadre de l’étude «Cardiovascular Research Network» basée sur des registres d’hypertendus aux Etats Unis (Daugherty et al. 2012). La prévalence de l’HTAR varie entre 12 et 16% dans la population des hypertendus traités (Egan et al. 2011; Persell 2011; Daugherty et al. 2012; Tanner et al. 2013; Sim et al. 2013; Gijón-Conde et al. 2014; Muntner et al. 2014).

Dans les études ayant considéré la prise de diurétique comme critère dans la définition de l’HTAR, on estime entre 0,5 et 15% la proportion d’hypertendus traités ayant une HTAR (McAdam-Marx et al. 2009; de la Sierra et al. 2011; Choi et al. 2014; Weitzman et al. 2014; Acharya et al. 2014) avec une fréquence plus élevée (32%) estimée dans l’étude (BP-CARE) menée dans 9 pays d’Europe de l’est et du centre (Brambilla et al. 2013). La faible prévalence notée de 0,5% notée dans l’étude de Weitzman s’explique par le contrôle agressif de la pression artérielle dans cette population. Dans la population générale américaine, la prévalence de l’HTAR est de 12 à 14% chez les sujets hypertendus traités (Persell 2011; Tanner et al. 2013; Egan et al. 2011).

Déterminants de l’HTAR

Plusieurs facteurs contribuent au développement de l’hypertension artérielle résistante (Tableau 4).

46

Tableau 4 : Facteurs de risque de l'hypertension artérielle résistante et causes de l’hypertension artérielle pseudo-résistante

Facteurs associés à l’individu

Sujet âgé Race Noire Femmes

Pression artérielle de base élevée Obésité

Consommation excessive de sel Maladie rénale chronique Diabète

Hypertrophie ventriculaire gauche

Causes d’hypertension artérielle pseudo-résistante

Mesures inadéquates de pression artérielle Facteurs médicamenteux

Non adhérence au traitement,

Combinaison thérapeutique inappropriée, Posologie inadaptée

Traitement diurétique inadéquat

Sources : (Chobanian et al. 2003; Calhoun et al. 2008)

Dans les études rapportées, les facteurs significativement associés à l’HTAR sont : pour les facteurs sociodémographiques majoritairement l’âge, le sexe et la race, et pour les comorbidités cliniques, le diabète, la MRC et les antécédents cardiovasculaires. Dans la plupart des études, la race, l’âge et le sexe sont le plus souvent significativement associés à l’HTAR, et, les individus avec HTAR sont plus souvent des hommes âgés comparés à ceux sans HTAR (McAdam-Marx et al. 2009; Daugherty et al. 2012; Egan et al. 2011; Tanner et al. 2013; Choi et al. 2014; Persell 2011; Sim et al. 2013; Thomas et al. 2016; de Beus et al. 2015; Tsioufis et al. 2014; Muntner et al. 2014). Dans ces études, les individus ayant un IMC ≥30 kg/m², un diabète, une MRC ou des antécédents cardiovasculaires sont plus affectés par l’HTAR que ceux qui n’en ont pas. Spécifiquement dans la MRC définie par un DFGe < 60 mL/min par 1,73m², la prévalence de l’HTAR est au moins deux fois plus élevée que chez ceux sans MRC (McAdam-Marx et al. 2009; Tanner et al. 2013; Sim et al. 2013; Persell 2011; Acharya et al. 2014; Weitzman et al. 2014) et elle est beaucoup plus élevée dans les études réalisées dans les populations de malades rénaux chroniques, 23 et 43% (De Nicola et al. 2013; de Beus et al. 2015; Thomas et al. 2016). A l’exception d’une étude (Gijón-Conde et al. 2014), la plupart d‘entre elles a montré une association positive et significative entre le sexe masculin, l’âge, la race et le risque d’HTAR comparativement à l’hypertension contrôlée (PAS < 140 et/ou une PAD < 90 mm Hg et prise de 1 à 3

47

antihypertenseurs) et/ou à l’hypertension non contrôlée (PAS ≥ 140 et/ou une PAD ≥ 90 mm Hg et prise de 1 à 2 antihypertenseurs) indépendamment des autres facteurs de risque (Egan et al. 2011; Sim et al. 2013; Tanner et al. 2013; Acharya et al. 2014; Thomas et al. 2016).