• Aucun résultat trouvé

le Président - Merci, Madame FAUTRAT

RAPPORT - CIT’LYCÉES - COLLABORATIONS ET INITIATIVES ENTRE TERRITOIRES ET LYCÉES

M. le Président - Merci, Madame FAUTRAT

Madame BENMANSOUR a la parole.

Mme BENMANSOUR - Je voudrais vous parler d’une expérience ou même d’un partenariat qui n’est pas cité dans le rapport mais qui répond tout à fait à l’objectif que le lycée soit une réelle opportunité pour le territoire et que celui-ci doit être une véritable ressource pour le lycée.

C’est un projet original et ambitieux. Il concerne l’entreprise publique ERDF : un partenariat ERDF avec l’éducation et le lycée Blaise Pascal à CHÂTEAUROUX. Il s’agit d’une entreprise nationale qui a besoin actuellement de recruter à cause de ses effectifs et de la pyramide des âges. Beaucoup de personnes vont partir à la retraite et beaucoup d’investissements vont être réalisés. Bien entendu, ERDF pense aussi à la transition énergétique.

Pour cela, elle a entrepris de réaliser complètement un campus de formation dans le lycée, qui permettra de globaliser et de mutualiser les moyens entre le lycée, la Région, l’éducation et ERDF.

Que propose-t-il ? C’est une formation à 800 stagiaires qui concerne la formation continue, la formation initiale et les lycéens qui pourront avoir un Bac Pro dans cette voie mais aussi un BTS.

Il faut savoir que, cette année, ERDF a accueilli 1 000 nouveaux stagiaires par alternance. Ce centre de formation est une réelle aubaine pour le territoire. Elle permet, si l’on regarde les quatre missions de cet objectif :

- de faire connaître, amplifier et créer des réseaux d’acteurs locaux. C’est le cas puisque ceux-ci sont les lycées et les entreprises qui travaillent avec ERDF qui identifie les intérêts communs entre la Région, les lycées et leur territoire d’implantation. Il n’y a pas de question à se poser : il s’agit de la formation et de l’emploi.

- de soutenir le développement durable d’une dynamique de coopération et des projets entre le lycée et les acteurs du territoire. Dans ce projet, il est prévu une salle de formation théorique, des ateliers techniques et un vaste plateau technique extérieur dans lequel on pourra trouver des éoliennes et des types de productions énergétiques de l’ordre du développement durable. Cela répond donc aussi à ce point.

- d’instaurer une démarche dynamique et participative, tant auprès des territoires qu’au sein même de la collectivité régionale.

Je pense là qu’il n’y a pas même pas à commenter.

Ce projet intervient réellement dans ce rapport et est un partenariat de formation et pour l’emploi.

Je vous remercie.

(Applaudissements)

M. le Président - Merci, Madame BENMANSOUR.

Madame RAYNAUD, vous avez la parole.

Mme RAYNAUD - Merci, Monsieur le Président.

Chers collègues, ce projet a pour objet d’ouvrir grand les portes des lycées pour favoriser les échanges avec l’environnement, construire des projets avec les habitants, associations ou entreprises du territoire.

Exprimé de cette manière, qui pourrait être contre ? Personne !

En même temps, on donne à penser que le lycée serait une sorte de forteresse fermée au monde extérieur et repliée sur elle-même, ce qui n’est pas du tout le cas. Cette utile et nécessaire ouverture des lycées sur l’extérieur est déjà largement mise en œuvre dans la plupart des établissements, au travers des dispositifs existants et mis en place, offerts par la Région, que vous connaissez tous, mais pas uniquement. Des centaines de conventions sont déjà signées avec des conseils municipaux, des clubs sportifs, etc.

Je vous donne le cas du lycée Claude de France de ROMORANTIN qui signe une convention avec la municipalité de ROMORANTIN pour permettre à des élèves d’écoles primaires de venir visiter, prendre connaissance et, en quelque sorte, apprivoiser les équipements scientifiques du lycée, sous la houlette des professeurs responsables et en dehors du temps scolaire. C’est une initiative qui me paraît tout à fait intéressante.

Je fais partie des gens qui ont quelques réticences, voire inquiétudes par rapport à ce dispositif. Territorialiser l’école me semble être une voie vers une contradiction avec le cadre national, auquel je tiens par-dessus tous.

Je vais relever une citation du dispositif lui-même : « Dans des contextes économiques tendus… ». Pourquoi rappelle-t-on cela ? Les mots ont leur importance. « Dans des contextes économiques tendus, leurs équipements sportifs – il s’agit des lycées –, moyens informatiques, plateaux techniques et leurs personnels doivent être valorisés et organisés pour bénéficier à un public plus large pour ancrer le lycée dans la vie de son territoire : exemple, l’accueil dans les internats de saisonniers, voire de touristes, équipements partagés avec des entreprises locales. »

Commentaire : que la Région souhaite rentabiliser ses investissements, parce qu’il s’agit de cela aussi, n’est pas choquant en soi, mais ce qui ne manquerait pas de l’être, c’est qu’en lieu et place de coopération, on place les lycées sous l’influence de pressions extérieures et d’ordre économique. Qu’entend-on par « bénéficier à un public plus large » ? Lorsqu’on regroupe dans une même classe des apprentis, des adultes en formation continue et des lycéens, on fait certes des économies, mais cela donne lieu aussi à des aberrations pédagogiques dont les personnels enseignants des lycées professionnels pourraient témoigner.

Selon nous, cette ouverture doit rester strictement délimitée par le cadre des programmes et des objectifs des enseignements définis au cadre national. Nous devons garder comme priorité absolue la mission première des lycées, à savoir la formation initiale des jeunes sous statut scolaire.

Les propos de Charles FOURNIER ont devancé et exprimé l’aspect des inquiétudes ; ils ont aussi répondu au désir de rassurer. Néanmoins, nous ne sommes pas dans une vision dubitative de ce rapport mais une vision vigilante, oui, très certainement.

Merci.

M. le Président - Merci, Madame RAYNAUD.

Madame QUATREHOMME, vous avez la parole.

Mme QUATREHOMME - Juste un petit mot, quelques éléments, mais je laisserai la parole à Chantal REBOUT autant qu’elle le souhaitera.

Je constate qu’à l’occasion d’un débat comme celui-là sur l’éducation, d’un seul coup, entre nous, ressortent des clivages très marquants, bien plus que dans d’autres domaines où nous pouvons avoir des positionnements idéologiques. Je ne vais pas dire que c’est le plus profond de nous-mêmes qui ressort, mais j’ai quand même un peu cette impression dans tous les rangs de cette assemblée. Dire que cela m’attriste est peut-être un grand mot mais je trouve dommage que l’on parle du lycée de 1835, par exemple ; je suis désolée mais j’en reste sidérée.

En même temps, que l’on puisse croire que nous voulons attenter à la mission première du lycée qui reste l’enseignement, j’en suis aussi un peu sidérée. Loin de nous cette démarche. Bien sûr que la mission première du lycée est l’enseignement !

Cela revient aux propos que je tenais : l’enseignement n’est pas une fin en soi et l’objectif est d’amener de plus en plus de jeunes dans les lycées et, quand ils y sont, de les faire réussir de mieux en mieux. Pour ce faire, on sait bien que l’enseignement ne suffit pas maintenant ; il faut aussi qu’ils sachent se prendre en main et être acteurs d’eux-mêmes, de leur ville, de leur lycée, de leur territoire. Une telle démarche, comme l’ont très bien exprimé Charles FOURNIER et Carole CANETTE, peut leur permettre dans le temps de devenir eux-mêmes.

Pour cela, je voudrais remercier Chantal de ce dispositif.

Nous sommes simplement dans la continuité de ceux que nous mettons en place depuis que les Régions ont la charge des lycées. Heureusement que notre mission ne s’arrête pas à changer les fenêtres et les bureaux, refaire les salles ou acheter une poinçonneuse dans les lycées technologiques. Heureusement que nous avons une vision un peu plus large et un peu plus ouverte de l’enseignement, des lycées et de nos bâtiments.

J’adhère complètement à ce dispositif et j’espère qu’à BEAUGENCY, nous aurons vite non pas une belle expérimentation mais un premier projet.

M. le Président - Merci, Madame QUATREHOMME.

Madame la Vice-présidente, vous avez la parole.

Mme REBOUT - Merci, Monsieur le Président, et merci à tous.

Agnès QUATREHOMME, je vais essayer de vous rassurer et de rassurer tout le monde, sans vraiment jouer les psychologues, surtout à cette heure.

Je me dis que toutes ces questions et ces inquiétudes rejoignent les préoccupations qui ont prévalu à la rédaction, à l’élaboration et à la mise en place de CiT’Lycées. Toutes ces questions posent celles centrales de la place du lycée dans son territoire et toutes ces inquiétudes montrent la valeur, l’attachement que nous avons tous à l’enseignement public. Je trouve cela plutôt réconfortant.

Il est normal que les gens se posent des questions ; il est normal que l’on se pose des questions quand on innove, quand on met en place une démarche un peu particulière dans la manière dont elle est construite, comme l’a dit Carole CANETTE. Cela ressemble à la démarche PACT et, comme Carole CANETTE, je dois répondre à des inquiétudes, à des questions, à des préoccupations. C’est normal. J’y vois plutôt un intérêt pour la démarche qu’un rejet total.

C’est peut-être ma manière de faire ; je suis très optimiste à 19 heures 58 un jeudi soir, mais je pense que nous devons tous avancer en ce sens et encourager les établissements à faire ce qu’ils demandent. Je voudrais tout de même rappeler qu’ils sont absolument volontaires et non entraînés de force dans ce cataclysme CiT’Lycées !

De plus, pour la deuxième vague de CiT’Lycées, beaucoup d’établissements se portent de nouveau volontaires. Je serai même obligée de faire un choix dans les territoires.

Je n’ai donc pas d’inquiétudes sur la manière dont est perçue la démarche au sein même des établissements et encore moins au sein des territoires déjà ou potentiellement concernés.

J’ai un peu l’impression parfois d’être comme le personnage Rica, dans les Lettres Persanes de Montesquieu, à qui on disait : « Comment peut-on être persan ? » A moi, on m’a dit : « Comment on être CiT’Lycées ? Comment on faire CiT’Lycées ? Comment peut-on prétendre ouvrir ce qui n’a pas vocatipeut-on à l’être ou ce qui l’est déjà ? Comment peut-peut-on prétendre encourager, développer l’idée, les idées de coéducation, de partage des projets, d’apprentissage de la conduite de ceux-ci ? »

J’ai envie de répondre à ce « comment » par ceci : à BLOIS, une équipe d’incubateurs de projet – ils ont voulu s’appeler ainsi – a décidé d’interroger la perception par et pour les jeunes de l’espace public : comment l’occuper ? Comment le faire vivre ? Quel est le territoire d’un jeune ? Comment transcender les limites des lieux, qu’ils soient éducatifs, culturels ou artistiques ? Comment fabriquer à plusieurs têtes et compétences du projet ? Qui sont ces incubateurs ? Les lycées ? La Ville ? L’Agglomération ? Le BIJ ? Le CAU ? Les associations de protection de l’enfance ? Les structures d’éducation populaire ? Les lieux de culture ?

À BLOIS toujours, autour de ce dont Charles FOURNIER a parlé, à savoir une mutualisation des instances citoyennes jeunes de ce territoire (le CVL, le Conseil des jeunes de la ville), s’initie un travail de facilitation de l’expression citoyenne en permettant aux jeunes engagés d’aider les autres à comprendre les institutions et à mettre en place des projets.

Aujourd’hui, à ORLÉANS-LA SOURCE, ce sont six rencontres pour construire ensemble qui devraient jalonner les deux années à venir, du forum de l’ESS à une résidence d’architectes – je suis particulièrement fière, en tant que professionnelle par ailleurs, d’avoir réussi à susciter une résidence d’architectes –, en passant par « Dévoile tes sources », un partenariat avec Radio Campus.

Madame SOULLIE, l’oralité n’est pas un but en soi, n’est pas une finalité en soi, bien évidemment. Je défends autant l’écrit que l’oral. En l’occurrence, les coopérations autour de radios font tomber bien des inhibitions de la part de jeunes qui ne s’expriment pas aussi facilement a priori. On l’a vu dans l’opération « Radio Lycées », par exemple, action éducative que nous soutenons depuis de nombreuses années. C’est pourquoi il nous a semblé que ce projet correspondait à un projet CiT’Lycées.

À LA CHÂTRE, trois premiers projets s’articulent autour de la mobilité, de la ruralité, de la pratique artistique et culturelle : la mobilité comme levier pour donner accès aux services à des publics en difficulté, comme ressource pour faire ensemble et non comme frein à l’ouverture culturelle et sociale.

Voilà de quoi il a pu être question au cours des « journées de fabrique du projet » dans le territoire de LA CHÂTRE.

D’ailleurs, je me permets de le noter parce que je trouve cette précision plus qu’intéressante : dans ce territoire, il se produit une complémentarité opérationnelle avec le dispositif « ID en Campagne ».

Depuis mars 2012, CiT’Lycées interroge la place du lycée dans son territoire, les regards des uns sur les autres, le regard des uns et des autres. Il ne s’agit pas d’ouvrir le lycée aux quatre vents, comme l’a dit Carole CANETTE, il ne s’agit pas de dire : « Venez, servez-vous ! ». C’est d’ailleurs le sens du nouveau titre de la mesure : « Collaborations et initiatives entre les territoires et les lycées » et non « Venez au lycée ». C’est la différence philosophique qu’il me semble important de souligner et de porter.

Toute la démarche CiT’Lycées repose sur le volontariat des établissements.

Surtout, il faut noter l’intérêt accru du Rectorat pour cette démarche. Il a nommé une déléguée pour, entre autres, s’intéresser aux démarches de ce type. Comme l’a dit Charles FOURNIER, cela correspond aussi à la loi de refondation sur l’école. Le Rectorat participera aux deux niveaux de gouvernance dans la démarche CiT’Lycées à venir, c’est-à-dire au niveau régional aussi bien qu’infrarégional.

Cette collaboration accrue avec le Rectorat nous permettra d’aborder précisément les questions que vous avez soulevées, celles de l’absence pour l’instant des acteurs économiques, celles soulevées au CESER sur l’absence d’orientation, par exemple, ou la faiblesse des participations des familles. Nous réinterrogerons tout cela. Nous avons tout à fait conscience que tout n’est pas encore abouti ni parfait. C’est presque l’avantage, le côté très intéressant de ce genre de démarche.

Il s’agit d’une expérimentation et nous livrons dans le rapport son bilan. Nous sommes entrés, dans les trois territoires expérimentaux, dans une phase de construction de projets. Je vous donne rendez-vous dans un an pour faire le bilan de ce qu’il s’est passé dans les territoires déjà CiT’Lycées et dans ceux à venir CiT’Lycées.

Je crois avoir dit l’essentiel, même si je n’ai pas répondu à toutes les questions. En même temps, j’espère y avoir répondu de cette façon en disant que, pour nous tous, ce qui est important, c’est que nous nous associions tous au devenir des établissements qui n’ont pas pour unique vocation de former des jeunes pour un emploi, mais qui ont pour vocation, avant tout, de former des jeunes bien dans leur tête, bien dans leur corps, bien dans leur esprit. Nous sommes tous, en tant que politiques, bien placés pour savoir que nous avons besoin des citoyens de demain et que des citoyens actifs, présents, conscients sont plus que jamais nécessaires dans cette société. Les derniers résultats électoraux nous le prouvent chaque instant.

Merci.

(Applaudissements)