• Aucun résultat trouvé

présentation de strates historiques du jardin, par exemple dans la coupe du terrain ou dans le déroulement séquentiel d'un

Dans le document Parcs et promenades pour habiter (Page 55-57)

cheminement; à une moindre échelle temporelle, l'intention contemporaine devrait présenter les strates successives de colonisation végétales permettant de créer des biotopes plus complexes et plus stables;

envisager tout aménagement nouveau comme un moyen de

signer

notre époque

et comme une strate de l'histoire de demain.

3. REDONNER DES SENSATIONS

Troisième précepte, dont nous gardons volontairement la formulation la plus simple, et qui synthétise une multitude de réflexions émanant des personnalités les plus diverses. Tout le monde s'accorde pour dénoncer les bonnes intentions de l'aménagement urbain conventionnel. On dénonce par exemple la tendance à placer des bacs à fleurs dans les rues piétonnes ou ailleurs, "comme s'il fallait s'excuser" d'avoir minéralisé certains lieux; de façon plus générale, on dénonce la tendance à sémiotiser l'espace urbain, c'est-à-dire à ne garder que les signes de la végétation, de l'architecture ou de la rue, indépendamment de leur usage ou de leur sens profond - ce que synthétise quelqu'un dans une formule cinglante en disant que l'on ne conserve plus aujourd'hui que "le pictogramme de l'arbre", qui devient "à peine autre chose qu'un parcomètre". On dénonce enfin la réduction fonctionnaliste des parcs et promenades à des espaces verts abstraits et aseptisés.

Lutter contre ces tendances, c'est alors revaloriser la dimension sensible du paysage urbain, ce qui implique deux démarches parallèles, qui vont à contre-courant des démarches technico-administratives conventionnelles : ne pas privilégier outre mesure les approches visuelles au détriment des autres approches sensorielles, s'intéresser aux possibilités d'interventions minuscules sur les espaces urbains ou jardins publics. Jusqu'à présent, chez les concepteurs, l'intervention légère était

54 considérée comme faible; actuellement, on assiste au moins partiellement à un changement des mentalités et l'intervention légère, au contraire, devient éminemment respectable.

Deux principes peuvent alors tenir lieu de recommandations :

accentuer les contrastes

et travailler en tension, quelle que soit l'échelle considérée (le sensible apparaît dans la différence et l'écart); à l'échelle de la ville, cela veut dire par exemple affirmer le caractère minéral ou végétal des rues ou des places, autrement dit établir une sorte de partition de la ville entre des

lieux à

minéraliser

et des

lieux

à

végétaliser

et traiter de manière spécifique la relation entre eux (une politique de densification de l'espace bâti autour des parcs apparaît souhaitable à de nombreux interlocuteurs); dans tous les cas, il s'agit d'éviter à tout prix l'uniformisation d'une semi-, voire d'une simili-végétation un peu moyenne sur l'ensemble du territoire urbain; à l'échelle d'un parc, d'un jardin ou de l'aménagement d'un espace résiduel, cela signifie accentuer les écarts entre des parties très aménagées et des parties peu aménagées, entre des

espaces durs,

très fortement structurés et contrôlés, et des

espaces mous,

informels et comme livrés à eux-mêmes - aussi bien du point de vue de la forme, de l'équipement que de l'usage et de l'entretien; c'est donc lutter contre la tendance à promouvoir un degré d'entretien standard et homogène sur l'ensemble des espaces verts de la ville et mettre au point un gradient de techniques allant de l'entretien le plus précis et le plus sophistiqué à l'entretien le plus faible laissant à la végétation le soin de faire son oeuvre 15;

travailler l'échelle du minuscule,

c'est-à-dire promouvoir l'aménagement d'espaces miniatures, développer des "jardins thématiques" reposant sur des concepts différents (par exemple en y proposant des expériences sensorielles spécifiques), inventer les "jardins de l'ombre", du son, des odeurs ou du toucher, mettre en

oeuvre des opérations de "jardins en mouvement" 16, dont

l'entretien, la taille ou le fauchage suivent les aléas des saisons, des années et des espèces qui apparaissent ou disparaissent, ou encore renouveler les équipements de jardin : ce dernier point peut concerner tout le mobilier de jardin ou d'espace public, depuis la chaise, le banc, la main courante ou le jeu d'enfant jusqu'au belvédère, pont, escalier ou ascenseur (une adaptation ou

15 Certains des jardins aménagés dans la dernière décennie à Barcelone sont à ce titre exemplaires (cf. en particulier la Plaça de la palmera - Barragàn, de Sola, Serra).

55 un assouplissement de certains réglements de sécurité serait sans

doute nécessaire à ce niveau).

4.

RECONQUERIR DES AliGNEMENTS

Ce dernier argument est peut -être le plus concret et le plus directement opérationnel.

Les réglements d'urbanisme ont introduit dans les villes des retraits d'alignement sur la rue en vue de leur élargissement et de leur adaptation à long terme à l'augmentation du trafic. Cette politique a induit la création d'espaces résiduels souvent mal qualifiés, détruisant les alignements anciens des arbres, des trottoirs et des bâtiments, et déstructurant souvent très fortement l'ordre contigü des espaces bâtis. Or, la tendance, aujourd'hui s'inverse et l'urbanisme se préoccupe désormais de modération du trafic, tandis que les architectes plaident pour des retrouvailles avec l'ordre contigu. Comme il est néanmoins souvent impossible de reconstruire sur des alignements anciens, la reconquête de ces espaces résiduels par des traitements minéraux ou végétaux adéquats pourrait devenir une ambition à long terme du service des parcs et jardins. Une telle reconquête peut suivre conjointement trois orientations principales :

la

relJI.lalification des espaces intennédiaires ou intersticiels

: entre

Dans le document Parcs et promenades pour habiter (Page 55-57)