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THONON-LES-BAINS

II. Présentation préliminaire des vestiges

Presque toutes les étapes de la production de céramique sont représentées sur ce site : seule la source d’extraction d’argile ne se trouve pas dans l’emprise étudiée, de même qu’aucune structure de préparation de l’argile n’a pu y être mise au jour (une fosse traitée en 2018 sur le site voisin du numéro 26 pourrait toutefois s’y apparenter). L’étude précise de chaque structure, ainsi que l’analyse stratigraphique des ensembles, restent à faire, afin de comprendre le fonctionnement de chaque espace de ce site artisanal. Mais d’ores et déjà, on peut souligner le caractère très contraint dans l’espace, des infrastructures potières. La topographie particulière de ce bord de voirie qui court sur le flanc d’une butte morainique, a pu entraîner une certaine pression foncière. L’urbanisme de ce quartier semble se structurer au Ier s. exclusivement de part et d’autre d’une voirie reliant au nord-ouest le cœur de l’agglomération et au sud-est la voie de la Doie et le débouché de la vallée de la Dranse. Il importait sans doute aux artisans du Clos Banderet d’avoir pignon sur rue et de privilégier les réaménagements successifs des ateliers donnant sur la voirie, plutôt que de les étendre vers l’arrière de parcelles laniérées.

II.1. Approvisionnement et façonnage

Si nous ne disposons d’aucune preuve d’un approvisionnement en argile sur site (une source avait néanmoins été identifiée plus au nord-ouest par J.-C. Périllat pour les ateliers du IIIe s.), certaines structures fouillées en 2017 traduisent une recherche in situ de matières premières : l’eau et la pierre.

Un puits d’une profondeur conservée de 2,50 m a pu être étudié, à la limite orientale de l’occupation. Cette structure vient s’ajouter au puits identifié en 2005 sur la parcelle voisine au nord (Ferber, Bleu 2005). Le remblaiement de cette structure a permis de concentrer, outre un abondant corpus céramique, de nombreux restes de faune qui constitueront le seul témoin statistiquement solide de la consommation carnée des occupants des lieux.

Une partie des matériaux employés dans la construction des fours et des solins provient directement des graves de la terrasse glaciaire, dont on trouve de nombreux gisements affleurant, à l’est et au nord notamment. Il s’agit dans ce cas de galets de tailles diverses. Mais certains blocs plus ou moins équarris proviennent d’autres sources dont nous avons un exemple sur le site. En effet, un énorme bloc erratique, comme le glacier du Rhône a pu en charrier des milliers dans la région, a servi de carrière d’extraction de roche. Les sédiments morainiques ont été excavés tout autour du bloc, jusqu’à sa base. Plusieurs faces ont été taillées afin d’en extraire des blocs et la surface du rocher comporte encore des traces d’outils. La fosse d’extraction a par la suite été condamnée par un remblai constitué exclusivement de galets.

La phase du façonnage n’est pour l’heure représentée que par une seule structure que l’on peut

interpréter comme une fosse d’encrage de tour de potier. La crapaudine est excentrée au sein du creusement évasé, ce qui rend le plan de la structure assez atypique. Un fragment d’amphore contenant de l’argile crue se trouvait sur le bord de la fosse, nous autorisant à restituer le geste du tourneur.

II.2. Les fours

Les structures de cuisson se répartissent en deux ateliers, l’un au nord, qui se prolonge sur la parcelle sondée en 2005 (Ferber, Bleu 2005) et l’autre au sud qui déborde sur la parcelle voisine jamais explorée.

Dans l’atelier nord, deux fours sont conservés : l’un assez arasé, l’autre mieux préservé, du moins non recoupé par une structure postérieure. Dans l’atelier sud, huit fours sont aménagés dans un espace très contraint, puisqu’ils se recoupent les uns les autres. Les fours les plus anciens (fig. 1) sont conservés jusqu’à la base de la sole : seul un de ces fours présente un lambeau de sole en place, avec un carneau encore intact. Il s’agit des plus grands fours sur le site, le diamètre de leur chambre de chauffe a un diamètre de l’ordre d’1,50 m. Les supports de la sole sont aménagés de part et d’autre de l’axe médian. La cour de service présente des dimensions similaires à celle de la chambre de chauffe, voire plus grandes. Le réaménagement des fours postérieurs dans les décombres des premiers occulte malheureusement souvent leur cour de service.

Ces fours postérieurs sont construits avec des matériaux encore plus hétéroclites que les premiers (fig. 2). La sole repose sur des supports centraux ou axiaux, avec parfois l’ajout de pilettes sur le pourtour de la chambre de chauffe. Des fragments d’amphore sont incorporés dans le chemisage des parois de la chambre.

Tous les fours ont été détruits et comblés avec des éléments de l’élévation de la structure, ainsi que divers remblais riches en tessons. On constate un geste particulier contemporain de l’abandon de certains fours : le dépôt de vases entiers, selon diverses dispositions, dans le comblement de la chambre de chauffe.

II.3. Les dépotoirs

Trois dépotoirs primaires ont pu être mis au jour sur le site. Ils contenaient des vases complets ratés à la cuisson. L’une des fosses se trouvait dans l’espace compris entre les deux batteries de fours (fig. 3). Les ratés de cuisson étaient déposés au fond de la fosse, puis recouverts par un remblai constitué de fragments de parois en argile rubéfiée.

Toutes les structures excavées en cours d’abandon sur le site ont également servi de tessonnières : fosses diverses, trous de poteau, tranchées de solins... Ces lots de céramique sont plus fragmentés mais également caractéristiques de la production de ces ateliers.

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