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1.

Anamnèse

Mr. S est âgé de 33 ans lorsque je le rencontre. Il est admis dans la structure le 20 janvier 2016, il est donc hospitalisé ici depuis 4 ans. Le motif de son hospitalisation est le suivant : agitation, agressivité physique et verbale.

A propos de son histoire de vie, ses parents ont divorcé depuis ses 16 ans. Il est toujours en contact avec sa mère qui lui rend régulièrement visite, mais pas avec son père. Il a un frère âgé de 18 ans.

Mr. S est allé jusqu’en classe de 3ème sans redoubler. Il a arrêté sa scolarité sans obtenir le diplôme préparé de cuisinier.

2.

Histoire de la maladie

Mr. S a été hospitalisé pour la 1ère fois en 2003, il est alors âgé de 17 ans, pour des troubles du comportement, des idées de persécution et des automutilations.

Il a présenté des décompensations psychotiques aiguës à plusieurs reprises qui ont nécessité des hospitalisations en 2004, 2005 et 2006. En 2007, il est longuement hospitalisé pour troubles du comportement, agressions sexuelles sur son frère cadet et décompensation délirante. Cette hospitalisation s’est terminée en 2012, à l’issue de laquelle Mr. S a bénéficié d’un traitement médicamenteux et d’une mise en place d’un suivi dans un hôpital de jour. Des informations sur son état clinique avant l’hospitalisation précisent qu’il présente une pensée désorganisée, une tension psychique, une discordance idéo-affective avec des rires immotivés, un rationalisme morbide, des troubles du comportement et un sentiment de toute-puissance. Durant la période d’hospitalisation, il a fugué du service. A son retour, il a eu des passages à l’acte hétéro-agressifs, dont un à caractère sexuel bucco-génital sur un patient vulnérable. Il a également agressé physiquement une soignante.

55 A cause du non-respect du suivi socio-judiciaire lui interdisant de fréquenter des mineurs et de voir son frère, il est incarcéré d’avril à août 2015. Depuis sa sortie de prison, apparaît une majoration des troubles dissociatifs, une désorganisation et des difficultés à gérer son quotidien. Il accepte une hospitalisation en septembre 2015. Il fugue début octobre et est ramené par la gendarmerie. Il est alors placé dans une autre unité de soin où il agressera des soignants, et abusera sexuellement d’un patient vulnérable. Le patient est interprétatif, persécuté, anosognosique.

Il a, durant sa vie, agressé sexuellement plusieurs personnes, des patients vulnérables ainsi que son frère cadet.

Concernant ses antécédents psychiatriques, il présente une schizophrénie, une personnalité dyssociale, des troubles de la sexualité (actes de pédophilie). Des actes d’automutilation localisés principalement sur les avant-bras ont été recensés (brûlures de cigarettes, scarifications). Selon lui, cela « soulage la souffrance interne ».

Concernant les antécédents médicaux, Mr. S est fumeur et présente une gynécomastie.

3.

La prise en charge à l’UMD

On note la première année au sein de l’institution une anosognosie totale, pas de remise en question de la part de Mr. S et peu d’évolution de son état clinique. De plus, le travail d’introspection et d’implication dans la prise en charge sont quasiment inexistants. Lors des divers entretiens, les soignants décrivent le patient comme peu authentique, froid, amimique. Des éléments schizophréniques sont présents tels que la fuite des idées, une désorganisation et une discordance idéo-affective. Concernant sa problématique sexuelle, il banalise ses multiples passages à l’acte et dit même les avoir faits de façon volontaire, à la recherche « de son propre plaisir », sans penser à la souffrance occasionnée à la victime. Au sein de l’unité, il est dans un schéma de victimisation perpétuelle. Il se dit stressé par l’équipe soignante et le bruit environnant, et blessé par le rappel constant des règles de vie. Il dit également mal vivre l’enfermement, qu’il ne pense pas justifié. En effet, il est persuadé que l’équipe complote contre lui. Il est donc en permanence en retrait, il parle même de porter plainte contre les médecins.

A cause de comportements d’exhibition sexuelle, il est à plusieurs reprises, durant son hospitalisation, placé en chambre d’isolement.

Des objectifs de soins ont été établis par le médecin psychiatre pour Mr. S, quelques mois après son arrivée et après un temps d’observation. Ils sont les suivants :

- Améliorer la reconnaissance des troubles et le fait qu’il en parle à l’équipe - Améliorer la conscience de la maladie schizophrénique

- Diminuer dans toute la mesure du possible le risque de récidive d’agressions sexuelles - Diminuer le risque de violences envers lui-même ou autrui

56 Au cours des années qui ont suivi, ont pu être constatées des améliorations cliniques avec une stabilisation de l’état clinique, ainsi qu’une légère amélioration du contact avec les soignants. Cependant, les bizarreries, les rires immotivés, les idées délirantes et le manque d’investissement dans la prise en charge restent très prégnants chez Mr. S. De plus, la problématique sexuelle, qui était relativement « éteinte » lors de sa première année d’hospitalisation, revient envahir le patient avec des délires et des actes à ce sujet (activités masturbatoires devant des images d’adolescents par exemple). Concernant sa prise en charge à l’unité d’Ergothérapie, est constatée une évolution positive avec une envie de participer, et moins de signes d’imprévisibilité alors qu’il pouvait se montrer très désinvesti au début des séances, et disait « s’ennuyer ». On note cependant un discours décousu, et un comportement très fluctuant d’un jour à l’autre, ce qui témoigne à nouveau de sa grande ambivalence. Il participe aux ateliers cuir, éveil, chanson, musicothérapie.

On note par ailleurs une distanciation émotionnelle importante par rapport à son histoire de vie, ses passages à l’acte, ses relations, son vécu familial. Ainsi, une abrasion des affects est relevée, avec une absence d’empathie et des émotions lisses. D’ailleurs, il présente une incapacité à percevoir les émotions d’autrui.

Il s’exprime volontiers au sujet de sa fascination autour de la musculation. En effet, il est très préoccupé par son corps et son apparence physique. Il dit vouloir faire de la musculation intensive pour devenir un « acteur aux gros bras ». Il pense également qu’on le garde ici car « il est trop beau ». Je précise qu’il n’a pas une musculature associée à son idéal. Il présente par ailleurs un remplissage alimentaire important, propre à nombre de patients psychotiques.

Mr. S pouvant être désinvolte, désintéressé et irrespectueux, des recadrages peuvent être effectués par les soignants en lui rappelant les règles de vie. Ceux-ci sont bénéfiques puisqu’ils permettent une amélioration du comportement, même si cela reste sur des moments relativement courts.

En ce qui concerne sa vie sociale, il évoque ses difficultés à se faire des amis et à créer des relations amicales. De plus, il exprime ne pas ressentir le besoin de s’en faire. Pour son projet de vie, il dit vouloir être acteur à Hollywood, ou bien travailler dans une grande surface près de chez lui et « tourner dans

des films X ».