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Chapitre 2. Le site des Rochers de Valabres – Caractérisation du site

1.1 Présentation générale et historique du site

Les « Rochers de Valabres » constituent la rive droite des Gorges de Valabres, dans la moyenne vallée de la Tinée (Alpes Maritimes, 06). Le site est situé en moyenne montagne, entre les communes de Saint Sauveur sur Tinée (altitude : 500 m) et Isola (altitude : 860 m). La Figure 11 présente le contexte géographique des Gorges de Valabres.

Le climat des Alpes Maritimes est très varié. Dans les zones de moyennes montagnes, le climat est montagnard mais est tempéré par la proximité de la mer méditerranée. L'ensoleillement est très important, on compte presque 300 jours de soleil par an. Le maximum en été est en moyenne de 32°C et le minimum atte int -7°C en hiver (moyenne des minimas et maximas des d onnées METEO-FRANCE de la station Valdeblore de 2003 à 2006). Les petites gelées ne sont pas exclues en hiver. Les différences de température dues à une mer chaude en automne sont à l'origine de violents orages et de fortes précipitations, avec souvent à la clé crues et inondations. La hauteur des précipitations est d’environ 530 mm/an (moyenne des données METEO-France de la station St Sauveur/Tinée).

Comme dans toute vallée alpine, les facteurs d’instabilité sont donc nombreux. Les précipitations sont rares mais fortes et les variations thermiques sont élevées. A ces conditions climatiques, se rajoute une sismicité régionale importante. La vallée de la Tinée présente, en outre, une topographie marquée et, par endroits, un faible couvert végétal. Par conséquent, la vallée est le siège d’instabilités gravitaires variées, de la chute ponctuelle de blocs jusqu’aux mouvements de versants de grande ampleur. Certains mouvements, comme le glissement de la Clapière et l’éboulement du Pra, présentent des enjeux importants et font déjà l’objet de programmes de recherche et d’instrumentations opérationnelles (GIS-CURARE, 2005 et 2006).

Comparé à l’ensemble de la vallée de la Tinée, les Gorges de Valabres présentent 2 particularités :

• L’orientation : la vallée présente une orientation moyenne d’environ N160°E en amont comme en aval

des Gorges de Valabres. Au niveau de celles-ci, elle adopte une orientation N45°E, du fait probablement de la présence d’un réseau de failles NE-SO, mais aussi de la présence d’un tributaire important en rive gauche (ruisseau de Mollières) ;

• L’encaissement : Les Gorges de Valabres sont particulièrement étroites, ce qui contraste avec

La rive droite des Gorges de Valabres est un vaste front rocheux, d’une hauteur de 1000 m environ (de la vallée jusqu’à la première crête, cf. Fig. 12). La zone étudiée, dite les "Rochers de Valabres" est située en bas du flanc dans une zone déboisée de dimensions d’environ 200m*200m, affectée et fragilisée par des éboulements successifs (Fig. 13). Différentes dalles rocheuses se distinguent par les termes « Grande Dalle », « Dalle Supérieure » et « Dalle noire ». Le site est constitué de gneiss appartenant au socle Hercynien (Primaire supérieur, ~300 Ma). La zone instrumentée des Rochers de Valabres est également figurée sur la Figure 13.

Tête de Groscayre alt.1768m

Crête d e la S igala Crête de Tou ssaint

Pointe de Mauval alt.1403m

G or g es d e Va la bre s Alt.600m N 1 Km

Les Rochers de Valabres

Figure 12 : Localisation des Rochers de Valabres. Extrait de Google EarthTM

L’activité du site a récemment été marquée par deux événements notables :

• le 13 mai 2000, le décrochement d’un bloc a entraîné l’éboulement d’un volume important d’environ

2000 m3. Cet effondrement a causé d’importants dégâts sur le viaduc de la RD 2205 et l’ancienne route

nationale, nécessitant une interruption totale du trafic routier pendant plusieurs semaines (Fig. 14) ;

• le 29 octobre 2004, un second éboulement a mobilisé un volume de l’ordre de 40 m3. Les dégâts ont

essentiellement été constatés au niveau des équipements appartenant à EDF (Fig. 15).

En outre, les « Rochers de Valabres » ont vraisemblablement été affectés par des éboulements antérieurs, non datés, mais dont les conséquences, comme le « dièdre inversé » à la jonction entre la « Grande Dalle » et la « Dalle supérieure », sont encore visibles.

En 2002, le site des Rochers de Valabres a été choisi, parmi 26 sites recensés, comme site laboratoire. Les motivations qui ont guidé le choix du site sont nombreuses :

• le site est accessible facilement et en toute saison : Sa position en moyenne montagne (entre 600 et

1400 m d’altitude) le rend accessible même en période hivernale. La vallée de la Tinée peut être atteinte à partir de la ville de Nice. De plus, la présence d’une ancienne route nationale, en corniche et très étroite, désaffectée au profit de la route départementale garantit un accès permanent (Fig. 13) ;

• la présence d’une usine hydroélectrique EDF, situés en aval du site, et de son vaste réseau de galeries

au sein du massif offre une vision tridimensionnelle tout en permettant un stockage du matériel ;

• les connexions aux réseaux électrique et téléphonique sont facilitées par la présence de l’usine EDF et

du hameau à proximité.

D’un point de vue scientifique, le versant présente également de nombreux atouts :

• le versant est actif : des mouvements passés sont connus. De plus, la présence évidente de facteurs de

prédisposition (système de fractures à pendage vers la vallée) ainsi que des sollicitations importantes (écarts thermiques, pluviométrie, sismicité régionale) laissent présager des mouvements futurs ;

• le site présente un caractère « rocheux » très affirmé : les blocs peu déformables sont séparés par des

discontinuités très déformables ;

• la taille du versant est raisonnable. Il est possible de définir des zones d’étude de taille modérée avec

des limites claires ;

• l’uniformité géologique et géomorphologique de la vallée de la Haute Tinée permet d’envisager des

.

Figure 14 : A gauche : Zone de départ et photographies de l’éboulement survenu en mai 2000. A droite : dégâts occasionnés sur le viaduc et article de la presse régionale. Clichés : CETE Nice.

Figure 15 : Eboulement survenu en octobre 2004. En haut : Etat de la paroi avant (à gauche) et après (à droite) l’éboulement. En bas : Eboulis à hauteur des équipements hydroélectriques.