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3. Présentation des résultats

3.1. Présentation générale des résultats

Dans les conclusions qui vont être exposées, nous ne reprendrons pas en détails les observations de chaque test. Nous considérerons uniquement les résultats par rapport aux axes d’observations évoqués précédemment.

Ainsi, nous privilégierons un regard croisé et synthétique des résultats obtenus sur l’ensemble des tests, afin d’en exposer uniquement l’essentiel.

 Schéma corporel, image du corps, corporéité et image de soi

Ces notions sont à la fois distinctes mais intriquées et auront souvent des incidences les unes sur les autres. La présence de troubles et leur origine seront à relier au contexte d’apparition de l’obésité et à l’histoire de vie de la personne.

Le schéma corporel sera touché préférentiellement lors des obésités constitutionnelles, ou lorsque la personne aura eu des variations de poids importantes et/ou régulières (« phénomène yoyo »). Il sera généralement préservé dans le cas d’obésités acquises ou réactionnelles.

En revanche, l’image du corps sera atteinte dans quasiment tous les cas.

Le vécu de la corporéité sera aléatoire et pourra varier entre un désinvestissement corporel massif avec un repli sur soi, et un corps relativement bien habité en lien avec son environnement.

Dans le cas des obésités constitutionnelles, si le corps n’a pas été suffisamment investi, le schéma corporel et l’image du corps n’auront pas pu se construire correctement. Le corps ne sera pas (ou peu) investi, et la personne ne l’habitera pas.

65 Elle développera un sentiment d’incapacité physique, une image très dépréciée d’elle- même. Elle ne parviendra pas à mettre du sens sur ses éprouvés corporels et émotionnels, en lien avec le psychisme (Voir Dessin N°1 de Mme T., en ANNEXE VII, Exemples de dessin des trois personnes).

Nous pourrons observer le phénomène de « dissociation psychomotrice88 » décrite par Pierre Dalarun89 : « Fréquemment, nous rencontrons des personnes décrivant leur corps comme scindé en deux ou trois parties, à la taille ou au cou le plus souvent. Cela reflète une situation où la personne est coupée de son corps, parfois de ses besoins les plus primaires tels que la faim, parfois de ses émotions, parfois de son imaginaire90 ». Cette dissociation91 s’explique par :

- Une vulnérabilité ou un blocage des intermasses92 des vertèbres lombaires et cervicales, zones de mobilité et de communication entre les trois masses (céphaliques, thoracique et pelvienne) : le mouvement ne circulera plus entre elles. - Une rigidité de l’axe moteur (ensemble des trois intermasses) et des incoordinations

motrices générées par une mauvaise qualité des appuis, un défaut d’ajustement postural à la pesanteur, le rapport perturbé à la terre-mère nourricière et la non acceptation du poids du corps.

En revanche, si le corps a été investi, la personne pourra s’adapter à son obésité constitutionnelle. Le schéma corporel et l’image du corps se seront construits de manière relativement cohérente et en lien avec la réalité. Si de surcroît la personne est active, elle aura appris à habiter un minimum son corps, mais pourra tout de même éprouver des difficultés à faire du lien entre le vécu corporel et le psychisme.

Lorsque l’obésité est réactionnelle (arrêt du sport, évènement de vie) ou acquise, le schéma corporel restera intact mais l’image du corps pourra être perturbée. La personne pourra avoir un rejet de ce « nouveau corps » qui incarne une prise de poids massive et devient potentiellement la cible d’un regard sociétal accusateur et stigmatisant. De plus, la personne pourra avoir l’impression d’être dans un corps « qui n’est plus le sien », car les perceptions et les sensations seront différentes.

De cette situation pourra s’en suivre un rejet et un désinvestissement corporel, et une corporéité non vécue ou « mal vécue ».

88 DALARUN P., in ZERMATI J-P, APFELDORFER G, WAYSFELD B, 2010, p.248-257

89 Pierre DALARUN est psychomotricien, psychothérapeute et l’un des cofondateurs du GROS. Il est spécialisé dans l’approche corporelle des problématiques du surpoids et des troubles du comportement alimentaire.

90

Ibid, p.250 91

Ibid, p.251

66  Mme R., 39 ans, nous explique « qu’elle ne se croit pas grosse » et que ce n’est que « le regard des autres ou le miroir qui lui renvoie qu’elle est grosse ». Elle nous explique aussi « qu’elle a des difficultés pour évaluer la taille des vêtements à acheter, car elle se croit encore mince ».

Enfin, l’obésité favorisée par des fluctuations pondérales (restriction cognitive, régimes restrictifs) sera source de nombreuses problématiques.

Dans ce cadre, le corps physique et son apparence changeront aux grés des modifications pondérales. Le schéma corporel sera instable et pourra se déstructurer, car le corps n’aura pas de repères fiables : les perceptions et les ressentis corporels changeront sans cesse en fonction des oscillations pondérales. L’image du corps sera elle aussi fluctuante en fonction de la situation pondérale et de l’estime que se porte la personne selon que le poids est contrôlé et en phase de perte, ou alors si elle est en perte de contrôle et en phase de prise de poids.

Le corps, en mouvance et sans repères, ne peut être ni habité ni investi (ou uniquement partiellement). (Voir ANNEXE VII, Dessin N°2 de Mme N.).

Concernant l’image de soi, la gestion de l’obésité s’avèrera différente d’une personne à l’autre. Cela peut s’expliquer par le contexte d’apparition de l’obésité (un corps devenu gros récemment ou l’ayant toujours été), l’histoire de la personne et la situation de vie actuelle (personne bien installée dans sa vie et pour qui l’obésité ne constituera pas un frein dans la vie sentimentale, la vie sociale, l’activité socioprofessionnelle, les loisirs et les sorties, etc).

Le poids peut parfois être important (IMC élevé), mais la personne aura une bonne acceptation d’elle-même, tout comme l’obésité peut être légère (IMC à la limite d’un simple surpoids), mais la personne ressentira vis-à-vis de son corps un rejet et un dégoût massif.

Sans faire de généralités, nous avons aussi pu remarquer que la manière de vivre son corps et ce surpoids varie selon le sexe. Hommes et femmes n’ont pas les mêmes préoccupations et ne sont pas toujours guidés par les mêmes intentions lorsqu’ils viennent à la consultation93.

 L’espace et le temps

D’une manière générale, les différents tests réalisés nous ont permis d’observer l’absence de troubles majeurs de l’acquisition des notions temporelles et spatiales.

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