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Etre compétent, avoir de l’expérience, être polyvalent… sont des éléments parmi d’autres qui deviennent de plus en plus indispensables à l’acquisition d’un emploi stable et durable. Longtemps protégé par leur diplôme, les étudiants en fin de cycle sont confrontés, aujourd’hui plus que jamais, à justifier leurs acquis par le biais d’un référentiel de compétences. Depuis 2005, une Annexe Descriptive au Diplôme (ADD) doit être systématiquement délivré aux étudiants en même temps que le diplôme. Avec cette ADD, que le MESR appelle communément la « carte d’identité du diplôme », les étudiants peuvent faire valoir leurs compétences auprès des employeurs mais aussi dans d’autres universités, et ce au sein de

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toute l’Europe. Nous avons donc établi un questionnaire et mené des entretiens auprès d’étudiants afin de faire état de leurs compétences et relever par la même leurs besoins.

Notre échantillon pour le questionnaire est composé de 102 étudiants allant de la seconde année de Licence au Doctorat. Nous avons par la suite un peu plus ciblé notre recherche en menant des entretiens auprès de six étudiants de Master professionnel afin de les interroger plus précisément sur les compétences mobilisées en situation de recherche d’emploi mais aussi sur leurs besoins en formation et en accompagnement. Nous considérons qu’il serait intéressant d’interroger des Masters différents, issus de département différents. Notre échantillon pour l’entretien se divise comme suit : deux étudiants en sociologie, deux en psychologie et deux en sciences de l’éducation et de la formation.

1. Le questionnaire

Le questionnaire que nous avons mis en place vise avant tout une certaine transversalité. L’objectif n’est pas ici d’avoir un échantillon représentatif, c’est-à-dire un échantillon à partir duquel on peut extrapoler l’information à toute la population (les étudiants de l’UTM). Au regard des fondements de notre dispositif qui s'intéressent à l’éventuelle transversalité des problèmes liés à l'insertion à travers le renforcement des compétences sociales et socioprofessionnelles, nous pouvons dire que, même si nous nous sommes arrêtés qu’à une partie des étudiants de l’UTM faute de moyens et de temps, notre public cible reste les étudiants de façon globale.

Nous sortons ainsi des sentiers battus du questionnaire par échantillonnage où la représentativité est de mise. Ce qui nous a amené à mettre en place ce questionnaire réside dans le fait de vouloir étudier la transversalité des problématiques liées à l'insertion des étudiants. Le tableau suivant vient résumer la répartition de notre échantillon en fonction du genre, du niveau d’étude et du fait que les étudiants se disent prêts à intégrer le monde du travail. Ces trois variables sont les variables que nous avons choisies dans le cadre de notre analyse sous IRaMuTeQ. Nous reviendrons sur le choix de ces variables et sur la présentation de ce qu’est IRaMuTeQ dans la partie consacrée à l’analyse et à la discussion de nos résultats. Nous pouvons voir que notre échantillon est majoritairement féminin (63/102 étudiants), ce qui pourrait venir confirmer, même si ce n’est pas le but de mon travail, les résultats de l’Insee sur la répartition des étudiants dans les universités selon la discipline et le cursus. Ces résultats de l’Insee publiés en 2011 nous montrent un fort taux de filles en sciences humaines et sociales (par exemple on note environ 70% de filles en lettres et sciences du langage).

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Variables illustratives Composantes Nombre d’individus Résultats en %

Sexe

Homme 39 38

Femme 63 62

Niveau d’étude

Licence 2ème année 2 2

Licence 3ème année 19 19

Master 1 22 21

Master 2 40 39

Doctorat 19 19

Prêt à intégrer le monde du travail

Licence 2ème année 2/2 100

Licence 3ème année 14/19 74

Master 1 15/22 68

Master 2 32/40 80

Doctorat 18/19 95

Tableau 1 : Tableau récapitulatif de notre échantillon pour le questionnaire

Nous avons donc interrogé 102 étudiants de l’Université Toulouse II le Mirail sur la maîtrise qu’ils ont des outils de communication permettant de les représenter auprès des recruteurs. Il s’agit de leur poser des questions sur la maîtrise qu’ils ont de la rédaction de CV, de lettre de motivation ou encore de l’entretien d’embauche etc. Nous leur avons posé également des questions sur leurs expériences professionnelles et sur le fait que leur formation les prépare ou non à leur future insertion. D’autres questions ont tournées autour de leur insertion (exemple : combien de temps pensez-vous mettre après votre formation pour trouver un métier correspondant à votre formation ?) etc. Pour venir compléter ce questionnement nous avons un peu plus ciblé notre recherche en effectuant une recherche qualitative : l’entretien semi- directif.

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2. L’entretien semi-directif

Pour évaluer un peu plus les besoins des étudiants et poser des questions sur les stratégies d’insertion (étude des compétences), nous avons choisi en plus du questionnaire de mener une enquête qualitative à travers l’entretien semi-directif. Nous allons porter ici un intérêt particulier au discours des étudiants. L’objectif est de recueillir l’opinion de ces derniers. Avec l’entretien, nous allons tenter de voir comment les étudiants procèdent pour pouvoir trouver un travail correspondant à leur projet et à leurs études. Mais aussi, nous essaierons d’aller questionner leurs besoins en accompagnement et en formation. Ce questionnement se fera au regard d’une grille d’entretien. Pour ce faire, nous avons interrogé six étudiants qui sont dans des masters II professionnels (toujours de l’UTM) : deux étudiants en sciences de l’éducation, deux en sociologie et deux en psychologie.

2.1. La grille d’entretien

Notre grille d’entretien est divisée en trois grandes parties :

 La première partie vient questionner les caractéristiques des étudiants tels que les études suivies, le projet professionnel etc.

 Dans la seconde partie nous interrogeons les compétences des étudiants en nous appuyant sur les composantes du schème définies par Vergnaud (2001) :

- but(s) et sous buts : ici nous interrogerons les étudiants sur les objectifs visés en situation de recherche d’emploi

- les règles d’action viennent questionner la manière de procéder des étudiants pour atteindre leurs buts définis plus haut.

- Ensuite, nous passons à un questionnement sur la nature des informations que les étudiants prélèvent et sélectionnent lorsqu’ils sont en situation de recherche d’emploi : c’est ce que Vergnaud appelle les invariants opératoires. C’est la partie proprement cognitive des schèmes d’action mobilisés par les étudiants pour rechercher efficacement un emploi. Ces derniers orientent leurs buts et règles d’action en fonction d’une conceptualisation sous- jacente (des concepts en acte), leur permettant de découper dans le réel les éléments clefs de lecture des situations données. En d’autres termes les étudiants s’appuieraient sur un système de concepts en acte, relativement stable, transposables d’une classe de situation à une autre, permettant à ces derniers d’adapter leurs actions. Rappelons que « la fonction principale des

39 inférer des conséquences utiles pour l'action, le contrôle et la prise d'information subséquente. C'est alors une fonction de conceptualisation et d'inférence » (Vergnaud G.,

2007 b).

- Pour finir, nous revenons sur les éventuelles inférences que mobilisent les étudiants pour agir efficacement dans leur recherche d’emploi : il s’agit des éléments que prennent en compte les étudiants pour s’adapter à la variabilité des situations auxquelles ils sont confrontés dans la recherche d’un emploi (nature de l’emploi, type d’interlocuteur et d’employeur, etc.).

Composantes Questions

Objectifs de la recherche d’emploi

1. Buts, sous buts Quels buts visez-vous dans la recherche d’emploi ?

Moyens pour le réaliser

2. Règles d’action Expliquez comment vous vous y prenez actuellement pour réaliser ces buts

3. Invariants opératoires Quels sont les obstacles auxquels vous vous confrontez dans la réalisation de votre projet ?

Quelles sont les informations pertinentes que vous prenez en compte pour chercher un emploi ?

Quels sont les éléments à connaître pour chercher efficacement un emploi?

Inférences

4. Inférences Selon le type d’emploi, d’entreprise, d’interlocuteur etc., adaptez-vous différemment vos stratégies de recherche d’emploi ?

Pouvez-vous me donner deux ou trois exemples ?

 La troisième et dernière partie sera centrée sur des questions concernant les besoins en formation et en accompagnement des étudiants.

Composantes Questions

Besoins en formation et en accompagnement

Besoins en formation Si vous deviez proposer des axes d’amélioration à votre formation lesquels seraient-ils ?

Besoins en accompagnement

Votre formation a-t-elle répondu à vos attentes ? Si oui comment ? Si non pourquoi ?

En êtes-vous satisfait ?

De votre point de vue, de quelle(s) formation(s) supplémentaire(s) auriez-vous besoin dans le cadre de votre cursus?

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Cette grille d’entretien m’a permis en tant qu’apprenti chercheur d’aller interroger les étudiants sur la mobilisation des schèmes dans le cadre de leurs recherches d’emploi mais aussi sur les besoins qu’ils peuvent avoir. Les questions mises en gras sont pour nous les questions les plus importantes. Nous avons choisi, dans le cadre de nos entretiens, de travailler d’abord sur les compétences des étudiants pour ensuite revenir sur leurs éventuels besoins. A mon sens, il est d’abord important de connaître les projets des étudiants, de déceler leurs acquis avant de s’interroger sur leurs manques et de leur proposer par là même un accompagnement. En d’autres termes, il faut avant tout essayer de savoir ce que savent les étudiants avant de travailler avec eux sur ce qu’ils ne savent pas. Notre recherche présente tout de même des limites qui lui sont propres.

3. Les limites de la recherche

Hormis les limites « classiques » que peuvent avoir les outils de recueil de données comme le questionnaire (développement des propos limité, risques de suggestion de réponses incompatibles avec les réelles représentations des sujets, impossibilité de demander un éclairage sur les réponses…) ou encore l’entretien semi-directif (difficulté à élaborer des conclusions générales et impossibilité d’effectuer une analyse statistique sur les résultats), notre recherche présente des limites qui lui sont plus ou moins spécifiques. En effet, force est de constater qu’à notre questionnaire il aurait fallu avoir un échantillon plus grand et plus représentatif. Nous aurions pu interroger les étudiants des autres universités de Toulouse (Université de Toulouse Capitole I et Université de Toulouse III Paul Sabatier), ainsi que les étudiants en DUT (Diplôme Universitaire de Technologie), BTS (Brevet de Technicien Supérieur) etc. afin d’avoir la possibilité de comparer ces derniers. Dans le questionnaire, nous n’interrogeons pas les étudiants sur leur projet professionnel. En ce qui concerne les entretiens, nous aurions pu aller interroger les potentiels recruteurs dans le but de confronter leur discours avec celui des étudiants et de déceler par la même leurs éventuelles attentes. Ce qui nous aurait permis d’avoir un travail bidimensionnel sur le dispositif « objectif insertion ». C'est-à-dire avoir le regard du monde de l’entreprise tout en faisant un travail sur le public ciblé par le dispositif (les étudiants en fin de cycle). Notre mémoire, comme nous l’avons dit en introduction, s’inscrit dans la continuité d’un apprentissage à la recherche et est à visée exploratoire, nous ne visons donc pas l’exhaustivité autour de cette grande question que peut être l’insertion des étudiants de façon générale et de ceux en fin de cycle en particulier.

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Malgré ses lacunes et ses limites, notre recherche présente tout de même des résultats d’un certain intérêt et d’une certaine valeur.

Le fait d’avoir étudié les compétences des étudiants seulement à partir de leurs discours constitue une limite très importante. Les ergonomes du travail considèrent que l’on peut étudier une compétence uniquement lorsqu’elle est actualisée en situation. En d’autres termes, pour étudier les compétences d’un travailleur, il est nécessaire de collecter les données lorsque ce dernier est en situation de mobilisation de cette compétence. Pour ce faire, le chercheur est obligé de mobiliser un arsenal méthodologique très différent des entretiens semi-directifs (grille d’observation, entretien d’auto-confrontation par vidéo, etc.).

Cinquième partie

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Dans cette partie de mon travail, nous allons procéder à l’analyse et à la discussion de nos résultats. La recherche effectuée a pour objectif de voir à travers le questionnaire la maîtrise que se disent avoir les étudiants des outils d’intégration du monde du travail (CV, lettre de motivation, réseau professionnel, recherche informatique…). L’objectif de ce mémoire étant, en partie, d’essayer d’amener les étudiants à définir leurs besoins en formation et en accompagnement. Les résultats de cette recherche nous donneront la possibilité de faire des recommandations à « objectif insertion » afin qu’il soit au plus près des préoccupations des étudiants. L’entretien semi-directif que j’ai mené nous permet de compléter notre enquête par questionnaire. Il se donne pour objectif d’interroger les étudiants sur les compétences mobilisées en situation de recherche d’emploi et sur leurs besoins en formation. Cette partie du mémoire sera divisée en deux chapitres : dans le premier nous analyserons et discuterons les résultats du questionnaire et le second chapitre fera état de l’analyse et de la discussion des données récoltées grâce à nos entretiens. Pour finir cette partie, nous établirons quelques hypothèses.