Chapitre IV Optimisation thermique et fluidique de l’unité thermoélectrique . 75
IV.2 Présentation d’une unité thermoélectrique innovante
IV.2Présentation d’une unité thermoélectrique innovante
IV.2.1 Fonction 1 : association en cascade
Le problème majeur qu’implique l’association en cascade telle que nous l’avons décrite
vient de la nécessité d’une boucle de circulation fermée de fluide entre chaque étage de la
cascade et donc d’un nombre important de pompes. Afin de parer cet inconvénient, nous
avons imaginé la possibilité d’effectuer le transfert thermique entre deux étages de la cascade
uniquement par conduction thermique au sein d’un unique échangeur au lieu du transfert
convectif au sein de deux échangeurs consécutifs. Nous observerons par la suite que la
résistance thermique entre deux étages de la cascade par conduction seule est bien inférieure à
celle par convection via deux échangeurs. Comme l’illustre la figure IV-1, lors d’un
fonctionnement en mode cascade complète du système :
- un échangeur (5) est parcouru par le fluide utile,
- un échangeur (1) est parcouru par le fluide source.
SOURCE
UTILE
1
2
3
4
5
1-2
2-3
3-4
4-5
Échangeur
Module
thermoélectrique
Fluide utile
Fluide source
Figure IV-1 : Association en cascade au moyen du système innovant.
Le phénomène de cascade thermique a lieu entre ces deux échangeurs via les modules
thermoélectriques et les échangeurs intermédiaires (2-3-4). La même intensité électrique est
appliquée à chacun des modules thermoélectriques. Le transfert thermique depuis le fluide
source vers le fluide utile a lieu :
- par convection au niveau de l’échangeur 1,
- par conduction seule au niveau des échangeurs 2, 3 et 4,
- par convection au niveau de l’échangeur 5 afin de céder le flux thermique au
fluide utile.
Signalons également que la cascade thermique pourrait être réduite en faisant circuler le
fluide utile dans l’échangeur 3 (par exemple) et en découplant du reste du système les
échangeurs 4 et 5 ainsi que les deux modules thermoélectriques associés (3-4 et 4-5) afin de
stopper le transfert thermique.
IV.2.2 Fonction 2 : association en parallèle
La configuration imaginée afin de répondre de manière optimale à l’association en
cascade d’unités thermoélectriques implique également un fonctionnement nouveau en mode
parallèle. Classiquement, les échangeurs utilisés pour les pompes à chaleur thermoélectriques
ne sont chauffés ou refroidis que sur une seule face. Or, la configuration imaginée nécessite
un transfert de chaleur depuis les deux faces des échangeurs au cœur du système. Seuls les
deux échangeurs aux extrémités du système permettront de dissiper ou absorber la chaleur sur
une seule face, pour ensuite la transférer aux fluides caloporteurs côtés source et utile. La
figure IV-2 représente un fonctionnement en parallèle du système.
SOURCE
UTILE
Échangeur
Module thermoélectrique
Puissance thermique
unitaire source
Fluide utile
Fluide source
1
2
3
4
5
Puissance thermique
unitaire utile
1 2 3 4Figure IV-2 : Association en parallèle au moyen du système innovant.
Nous désignons par puissance unitaire source et utile les puissances optimales côtés
chaud et froid correspondant au COP maximal pour des conditions de température des fluides
données. Ces puissances thermiques unitaires source et utile ne varient pas d’un échangeur à
l’autre. En effet, le débit étant invariant d’un échangeur à l’autre, l’intensité optimale
(correspondant au COP maximal) à fournir à chaque module thermoélectrique sera identique.
Pour la réalisation de notre travail, nous avons considéré les échangeurs aux extrémités
comme identiques d’un point de vue géométrique à ceux au cœur du système. Ainsi, le débit
circulant dans ces deux échangeurs est également identique à ceux circulant dans les
échangeurs intermédiaires. On distingue les échangeurs servant à dissiper une puissance
thermique de ceux servant à absorber une puissance thermique.
Le système engendre quatre puissances unitaires utiles et sources. L’échangeur 3 dissipe
deux fois la puissance unitaire source et les échangeurs 1 et 5 la dissipent une fois. Les
échangeurs 2 et 4 dissipent tous les deux 2 fois la puissance unitaire utile.
Il est important de noter que le nombre d’échangeurs d’un tel système doit être impair et
donc posséder un ensemble pair de modules thermoélectriques entre les échangeurs. Si le
nombre d’échangeurs était pair, un des échangeurs absorberait une puissance thermique sur
une de ces faces et la dissiperait côté opposé, annulant ainsi tout bénéfice. De ce fait, le
nombre d’échangeurs du système répondra alors à la relation suivante :
1
ech ech
utile source
N =N − [IV.1]
IV.2.3 Dimensionnement de l’unité thermoélectrique
Une unité thermoélectrique est définie comme un ensemble de 3 échangeurs avec, entre
eux, un ensemble de module thermoélectrique. La configuration et le nombre de modules
thermoélectriques associés à un échangeur sont des éléments importants qu’il est nécessaire
de déterminer. Nous pouvons associer en parallèle thermiquement des modules
thermoélectriques afin de multiplier la puissance thermique fournie, ou bien les associer en
cascade afin d’améliorer le COP avec comme contrepartie une baisse de la puissance utile
unitaire optimale. Un mixe des deux associations est également possible (figure IV-3).
Figure IV-3 : Agencement possible des modules thermoélectriques
La mise en cascade de deux modules thermoélectriques engendre une réduction de la
puissance optimale sensiblement équivalente à celle générée par un unique module (fonction
de la valeur de la résistance de cascade) pour les mêmes conditions de température du fluide
source et utile (tableau III-1). Ainsi, avec un agencement de deux ensembles de deux modules
en cascade mis en parallèle on obtient une puissance optimale équivalente à celle d’un unique
module. Et dans le même temps, le COP optimal est amélioré (figure IV-4).
Figure IV-4 : Equivalence de deux configurations d’unités thermoélectriques
IV.2.3.1 Modules thermoélectriques en parallèle entre les échangeurs
Le nombre de modules thermoélectriques en parallèle entre deux échangeurs dicte la
puissance unitaire de l’unité thermoélectrique pour des températures de fluides données. Plus
le nombre de modules en parallèle sera élevé plus l’unité thermoélectrique aura une puissance
unitaire élevée. L’avantage d’opter pour une unité thermoélectrique à faible puissance unitaire
est d’offrir une modularité au système bien plus importante que dans le cas d’une unité
thermoélectrique très puissante. L’inconvénient d’une solution composée de petites unités
thermoélectriques est que la mise en cascade desdites unités donnent alors des puissances
optimales bien trop faibles. Ainsi, nous perdons un des avantages de la mise en cascade
d’unités thermoélectriques par le biais du système innovant (transfert par conduction
thermique seule) à savoir une amélioration du COP pour des conditions de température
données.
Il faut également considérer le problème important de planéité aussi bien des modules
thermoélectriques que des échangeurs. Dans sa thèse de doctorat, Cosnier avait mesuré
l’épaisseur de 50 modules thermoélectriques [Cosnier 2008]. Les résultats montraient une
épaisseur variant de 4,72 mm à 4,92 mm pour une valeur supposée dans le catalogue de 4,5
mm. Enfin, il avait analysé la planéité de chacune des faces de 5 modules thermoélectriques à
l’aide d’un marbre et au moyen de 49 points de mesure par face. Les résultats étaient assez
significatifs. La face froide du module présente un bombé en son centre avec un écart de
hauteur moyen de 0,15 mm (maximum 0,18 mm) avec la périphérie du module. Ces défauts
de planéité et d’homogénéité d’épaisseur entre les modules thermoélectriques sont de nature à
venir impacter les transferts de chaleur de manière significative. Nous avons donc choisi de ne
pas associer de modules thermoélectriques en parallèle entre les échangeurs. Ce choix permet
de s’affranchir du problème d’inhomogénéité des épaisseurs de module et de limiter l’impact
de la non planéité de ces mêmes modules thermoélectriques. Par ailleurs, assurer une parfaite
planéité à un échangeur de petite surface est plus aisé que pour une grande surface.
IV.2.3.2 Modules thermoélectriques en cascade directe entre les échangeurs
L’association en cascade directe de modules thermoélectriques pour des températures de
fluide données, améliore le COP en comparaison avec un unique module (III.4.2.3). Une telle
association implique également une baisse de la puissance utile optimale et nécessite donc un
nombre plus important de modules en comparaison à une solution classique pour produire une
puissance donnée. Il est nécessaire de confronter l’amélioration du COP par la mise en
cascade directe avec le surcoût d’investissement, afin de déterminer s’il existe un intérêt à la
mise en cascade directe, et combien de modules doivent être associés de la sorte. Le tableau
IV-1 illustre l’amélioration du COP qu’engendre la mise en cascade de 2, 3, 4 et 5 modules
thermoélectriques en comparaison avec le COP obtenu avec un unique module. Une nette
amélioration est obtenue dès lors que nous associons deux modules en cascade (environ 14%).
Ce pourcentage d’amélioration du COP devient plus faible dès la mise en cascade de 3
modules.
Tableau IV-1 : Pourcentage d’amélioration du COP par la mise en cascade directe de
modules thermoélectriques
Au vu de ces premiers résultats, nous décidons d’opter pour la mise en cascade directe de
deux modules thermoélectriques au maximum. En effet, au-delà, le nombre de modules
nécessaires devient beaucoup trop important au vu de l’amélioration en terme de COP que
cela engendre. Une analyse économique plus poussée sera présentée dans le dernier chapitre
lors du couplage du système à un bâtiment.
Dans le document
Amélioration de l'efficacité énergétique d'une solution innovante de chauffage basse température et de rafraîchissement
(Page 77-82)