• Aucun résultat trouvé

CONSTITUTION

Notre corpus est donc composé des commentaires de vidéos Youtube, dont les critères de sélection furent expliqués précédemment. Leur nombre total est de 309 commentaires provenant de 3 vidéos (figure 1). Dans le but de mieux comprendre la variété des commentaires reçus, nous allons présenter brièvement les vidéos en question ainsi que leur auteur. Ces caractéristiques pourront également justifier de certains résultats obtenus.

La première vidéo, c’est-à-dire celle ayant obtenu le plus grand nombre de vues, provient de la chaîne de l’influenceuse Sananas, dont l’audience montait à plus de 2,84 millions d’abonnés au moment là. C’est une youtubeuse dont les sujets de vidéos tournent essentiellement autour du monde de la beauté : maquillage et esthétique, coiffure, vêtements et mode, etc. La vidéo

Figure 1: Proportion de commentaires en lien avec le sujet par vidéo Source : Mélanie CHOPAT

postée le 4 septembre 2018 s’intitule « FAUX CULS, PARTENARIATS ET MARQUES : STOP. » et cumulait le 27 février 2020 au moment de la collecte 1 472 949 vues et 4131 commentaires. Il s’agit de la vidéo pour laquelle nous n’avons pas pu avoir accès à tous ces commentaires car la plateforme n’arrive plus à charger à environ un millier de commentaires, le nombre de commentaires récupérés est donc de 48 mais n’est pas représentatif de l’entièreté de l’espace commentaire de la vidéo.

La seconde fut publiée sur la chaîne de Et Pourquoi Pas Coline, un influenceuse green, qui aborde donc principalement les thèmes de l’écologie, le fait maison, les produits biologiques, etc. Le titre de la vidéo est « REAL TALK – INFLUENCEURS & PARTENARIATS » et la publication date du 1 novembre 2018. Pour celle-ci la date de collecte se situe entre le 19 et le 21 février 2020, et le nombre de vues était de 10 1 539, pour 346 000 abonnés à l’époque et 698 commentaires en tout sur la vidéo. Sur ce nombre, 131 commentaires répondaient à nos critères et ont donc été sélectionnés pour faire partie de notre corpus.

Enfin la dernière est tirée de la chaîne de La Petite Gaby, qui est aussi une influenceuse green, mais cette fois avec une ligne éditoriale tournée vers le test de produits, l’analyse de contenus et également vers les marques éthiques et biologiques. Cette vidéo qui date du 3 novembre 2019 se prénomme « PARTENARIATS: OVERDOSE, DÉRIVES & RÉMUNÉRATION » et fut l’objet d’une collecte le 18 février 2020. À cette date, la vidéo possédait 79 616 vues pour 203 000 abonnés. Le nombre total de commentaires était de 612, dont 130 furent collectés pour ce corpus (figure 2).

Les trois profils à l’origine des vidéos sont donc bien différents, bien que les deux derniers se ressemblent en partie. L’angle d’attaque choisi pour chaque vidéo l’est en toute logique également, car il dépend aussi bien du profil de la personne que de son intention. La Petite Gaby, dans la continuité de sa ligne éditoriale, analyse dans sa vidéo de 32 minutes les placements de produit auxquels elle est elle-même confrontée au quotidien en évoquant leurs

Figure 2: Provenance des commentaires en lien avec le sujet

dérives, et décrypte les stratégies des marques. Elle apporte également son point de vue personnel sur la rémunération des influenceurs pour leur placement. Il s’agit de la vidéo la plus organisée, préparée et objective. Ici le parti pris consiste surtout à montrer comment ce phénomène fonctionne, comment se déroule le processus de mise en place d’un placement et quelles en sont les conséquences. Coline est la seule à produire sa vidéo de 26 minutes dans une optique de réaction à des critiques émises directement par des abonnés, ou du moins des internautes, que ce soit à son égard ou pas. L’argent et le problème de la rémunération servent de thèmes centraux à sa réflexion. La vidéo est faite sans préparation, la créatrice de contenu désire simplement vider son sac une bonne fois pour toutes, de façon assez subjective par contre. Sananas envoie elle davantage un message aux marques qui peuvent avoir des pratiques abusives et aux influenceurs qui les suivent là-dedans. Elle profite aussi de sa vidéo de plus d’une heure pour se justifier sur ses propres agissements en jouant sur les émotions, mettant en avant son honnêteté comparée à d’autres. Le but est donc de pointer du doigt encore une fois les dérives du phénomène, tout en s’innocentant auprès de ses abonnés.

TRAITEMENT DU CORPUS

Nous allons donc tout au long de l’analyse de ce corpus nous intéresser à l’image ressentie des contenus sponsorisés, ainsi qu’aux réactions et contestations qu’ils provoquent et comment celles-ci se traduisent. Pour cela, les thématiques, la forme et les motivations des internautes seront nos indicateurs des enjeux et des limites des contenus sponsorisés sur le média de Youtube. Dans ce sens, nous avons utilisé la rhétorique pour classer les arguments avancés. La rhétorique se définit comme la persuasion par le langage par le biais d’échanges d’arguments dans le but d’influencer les opinions. De nombreuses théories autour de la notion de rhétorique mettent en avant les  dimensions de logos, ethos et pathos afin d’analyser et comprendre la logique dans l’art de convaincre. Le premier grand théoricien de ce domaine, Aristote, fait dans ses travaux la distinction entre les trois piliers de la rhétorique, c’est-à-dire le logos, le ethos et le

Dans celle-ci, le pathos et le ethos ont la même importance que le logos, qui est souvent défini comme la base de l’argumentation. « Il y a donc l'ethos, grâce à quoi l'orateur inspirera la confiance, et le pathos, qui devra placer l'auditoire dans de bonnes dispositions émotionnelles. L'ethos, le pathos et le logos sont trois preuves de même importance et forment le triptyque de l'art de convaincre » (DANBLON, 2013: §2). Plus récemment, le sémiologue français BARTHES (1970 ; cité par SEGOANE, 2015) a fait le lien entre la rhétorique aristotélicienne et les schémas de communication moderne en liant ethos et émetteur, pathos et récepteur et enfin logos et message (cf annexe n°2). Cela se retrouve en effet dans notre corpus, c’est pourquoi nous allons nous appuyer sur ces trois catégories pour classer et mettre en perspective les thèmes récurrents (figure 3). En effet, si cette logique est habituellement appliquée de façon directe à un orateur, il est aussi possible de la retourner afin de l’appliquer aux critiques faites à celui-ci pour retrouver à quelle partie du discours l’internaute fait référence.

Figure 3: Proportion de commentaires par grande catégorie Source : Mélanie CHOPAT

Documents relatifs