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4.1 Base de données construites et diversité de densités de RVR selon les massifs

L’inventaire construit en fonction de la méthodologie contient 1400 RVR dont 280

EAR, 523 GR, 24 GC, 464 DGCVR et 109 DDV (Tableau 1).

Tableau 1 : Nombre de RVR par catégorie.

EAR

(éboulement/avalanche

rocheuse

GR (glissement

rocheux)

GC (glissement

coulée)

DGCVR (déformation

gravitaire et complexe

de versant rocheux)

DDV

(déformation

de versant)

280 523 24 464 109

Nous avons pu observer des RVR de tous types sur l’ensemble des massifs avec

néanmoins des disparités spatiales flagrantes (Tableau 2). Ainsi, en fonction des nombres de

RVR présentes au sein de chaque massif, ce sont ceux du Parpaillon, des Arves-Thabor, des

Grandes Rousses et du Beaufortin qui enregistrent les densités les plus hautes (>0,05) alors

que les densités les plus faibles sont enregistrées au sein des massifs des Bauges, de la

Chartreuse et du Vercors (<0,010).

Lorsque l’on réalise les densités en fonction des superficies des RVR et de chaque

massif, ce sont ceux des Arves-Thabor, du Beaufortin et du Parpaillon qui enregistrent les

densités les plus élevées (>0,15) (densité superficie des massifs/superficie des RVR (Tableau

2)). Les densités les plus faibles sont enregistrées au sein des massifs des Bauges, de la

Chartreuse et du Vercors (<0,010).

Certains massifs semblent donc davantage soumis à l’occurrence des RVR comme

cela semble être le cas pour les massifs du Beaufortin, des Arves-Thabor et du Parpaillon,

contrairement aux Préalpes (Vercors, Chartreuse et Bauges) qui ne semblent peu

susceptibles à l’apparition des RVR.

Cette base de données des RVR servira pour l’ensemble de ce qui correspond au

cœur de ce travail de recherche : la coïncidence spatiale des RVR en fonction des grands

facteurs préparatoires.

Comme nous l’avons cartographié en figure 81 et en raison de la très petite taille de

certaines RVR, et notamment des EAR, le choix a été pris de cartographier les RVR, à l’échelle

régionale, sous forme de points en fonction du centroïde du polygone. Ce type de

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comparera avec les superficies des RVR, nous prendrons dans ce cas des cercles

proportionnels.

Tableau 2 : Diversité d’occurrence des RVR en fonction des massifs étudiés.

Superficie

totale

Superficie des

massifs (km2) Nb de RVR

Densité nombre

de RVR/superficie

des massifs

Superficie

des RVR

Densité superficie

des

massifs/superficie

des RVR (km2)

Aiguilles Rouges

57478

1537 48 0,031 129,72 0,084

Alpes cottiennes 3168 82 0,026 403,94 0,128

Alpes grées 3263 50 0,015 108,9 0,033

Aravis 936 24 0,026 35,98 0,038

Arves-Thabor 2071 119 0,057 361,24 0,174

Bauges 1905 7 0,004 9,77 0,005

Beaufortin 1885 107 0,057 368,84 0,196

Belledonne 2438 56 0,023 140,49 0,058

Bornes 1190 21 0,018 39,32 0,033

Chablais 3677 54 0,015 75,14 0,020

Chambeyron 2843 114 0,040 147,97 0,052

Chartreuse 1585 3 0,002 4,46 0,003

Dévoluy 1641 18 0,011 37,83 0,023

Ecrins 5828 141 0,024 429,62 0,074

Grandes Rousses 736 38 0,052 63,3 0,086

Grand Paradis 4899 78 0,016 294,08 0,060

Mont Blanc 1589 21 0,013 61,71 0,039

Mont-Cenis 1119 33 0,029 130,18 0,116

Queyras-Viso 3766 159 0,042 442,73 0,118

Parpaillon 1240 71 0,057 235,16 0,190

Vanoise 4159 136 0,033 541,84 0,130

Vercors 6003 20 0,003 20,38 0,003

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4.2 Apport de la base de données par rapport aux inventaires déjà existants

Pour l’ensemble des RVR situées sur le territoire français de la zone d’étude, il s’avère

à l’issue de notre inventaire que 35% des RVR identifiées par notre méthode de

reconnaissance par imagerie n’apparaissaient à aucun titre sur les cartes géologiques au

1/50 000e du BRGM. Parmi les RVR qui étaient déjà cartographiées par les figurés généraux

de « glissement de terrain » des cartes, seule une infime proportion a fait l’objet d’études

approfondies à l’échelle du site. Aucune ne fait jamais l’objet d’une caractérisation relevant

de la classification de Varnes (1978) ou autre, et reste une boîte noire en matière de

caractérisation. Parmi les zones d’instabilité de versant déjà signalée sur les cartes

géologiques, les GR sont souvent dessinés, même s’il existe de nombreux cas non

cartographiés dans cette catégorie. On peut l’observer sur la figure 82 dans le secteur du

Gros Têt en amont de La Grave, où les RVR dont les codes dans l’Atlas sont 12At et 106At ne

sont que partiellement identifiées comme des glissements. Seules leurs cicatrices

d’arrachement sont cartographiées. En ce qui concerne le 105At, aucun indice n’est observé

sur la carte géologique : ni la cicatrice, ni la masse glissée. Sur l’autre spectre des RVR, ce

sont au contraire les DDV et presque l’ensemble des déformations majeures de versants

pour les types DGCVR qui sont les moins dessinées. Rares sont les cartes géologiques qui

représentent les déformations de versant (DDV). Pour ces types, certaines cicatrices sont

cartographiées sous l’appellation de failles. Un bel exemple se situe au-dessus de la station

de Tignes Val Claret (code : 60Va, p. 1364 de l’Atlas), où la cicatrice est interprétée comme

une faille et il n’est fait aucune mention de masse rocheuse instable en aval de cette

cicatrice (Fig. 263, cf 7.3.2.4.1).

On peut également comparer avec l’inventaire de Crosta et al. (2013) : le plus

complet à l’échelle de l’arc alpin. Leur objet d’étude se restreint à notre catégorie DGCVR. Ils

référencent 74 sites sur les Alpes françaises alors que notre étude en décompte 309, ce qui

représente 235 effectifs en plus (417%). A l’échelle des Alpes occidentales, ils dénombrent

168 DGCVR alors que notre étude en référence 464, ce qui correspond à 296 sites en plus

(276%). Notre étude particpe donc à la connaissance des DGCVR et montre que la partie

française était encore pauvrement inventoriée.

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Figure 82 : Comparaison entre carte géologique et vue Google Earth Pro. Exemple du

secteur du Gros Têt en amont de la Grave (Hautes-Alpes).

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3

ème

partie : Analyse spatiale des RVR et interprétation

multifactorielle de leur occurrence

190

Introduction

Au cours de ce chapitre, six facteurs connus pour avoir un rôle dans la déstabilisation

de grandes masses rocheuses vont être analysés :

• le paramètre lithologique, en étudiant notamment si certaines lithologies sont

plus susceptibles que d’autres à l’occurrence des RVR ;

• les attributs géomorphométriques en analysant ici plusieurs paramètres qui

peuvent entrer dans l’explication de la répartition spatiale des RVR : la pente,

l’orientation, la superficie et le relief local ;

• le paléoenglacement würmien en analysant si la localisation des RVR est en

lien avec l’englacement de la dernière glaciation connue ;

• les précipitations en regardant si les secteurs où sont enregistrées les plus

fortes précipitations correspondent aux secteurs des plus grandes densités de

RVR ;

• la structure géologique en analysant la coïncidence spatiale des RVR avec les

contacts anormaux (failles et fronts de chevauchement), les taux de

soulèvement crustal et la sismicité ;

• le pergélisol en regardant si celui-ci, caractéristique des zones de hautes

montagnes, peut rentrer dans le jeu de l’occurrence des RVR.

Tout au long de ce chapitre, l’analyse pour chaque facteur préparatoire sera réalisée

en fonction de coïncidences spatiales entre variables par le biais de méthodes

cartographiques. A l’appui de cette analyse, nous tenterons, lorsque cela sera possible grâce

aux bases de données existantes sur les facteurs étudiés, de réaliser des ratios, afin de

pouvoir confirmer (ou non) les coïncidences spatiales observées.

Dans le chapitre six, nous interpréterons les différents paramètres entre eux et

tenterons de les hiérarchiser en fonction des résultats du chapitre cinq.

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