L’article qui suit s’attache à étudier l’impact de la convection très profonde
sur l’humidité de la stratosphère. La sensibilité des résultats à la résolution
hori-zontale est également décrite.
Les résolutions de 100 et 200 m donnent des résultats cohérents, ce qui peut
être attribué à un meilleur échantillonnage les tourbillons intra-nuageux et donc
à une moins grande incertitude liée à la représentation de ces tourbillons par
le schéma de turbulence. On parle de quasi-convergence aux résolutions
hecto-métriques car les résultats divergent avec un écart relatif inférieur à 20 % pour
l’hydratation de la stratosphère, mais la cohérence des simulations aux mailles
de 100 et 200 m est plus marquée encore au vu des propriétés des ascendances et
de l’évolution temporelle de l’eau en stratosphère. L’analyse d’une série de
simu-lations de convection océanique profonde, réalisée avec des grilles très similaires
à celles des simulations présentées ci-dessus, suggère même une convergence des
propriétés statistiques des ascendances avec des mailles de 100 et 200 m de côté
(Khairoutdinov et al., 2009).
L’hydratation nette de la stratosphère est quantifiée en intégrant le contenu
en vapeur d’eau entre 17 et 20 km d’altitude, en basse stratosphère, à la fin de la
simulation. Des coupes horizontales à 18 km d’altitude révèlent en effet la
pré-sence de grandes poches d’humidité au sommet de Hector (fig. 2 de l’article qui
suit). Les vents stratosphériques, dépassant les 6,5 m/s vers l’ouest-sud-ouest,
advectent rapidement ces poches d’humidité et conduisent à leur dispersion. À
18 h, le vent résiduel moyen a déjà conduit à un étalement de la poche principale
d’une quarantaine de kilomètres de large et à un diminution de la concentration
maximale de vapeur d’eau de 20 % (de 10 à 8 ppmv, soit une anomalie de +6 à
+4 ppmv par rapport à l’humidité de fond de la basse stratosphère : 4 ppmv). À
l’échelle de la planète, cette rapide dilution de l’injection de vapeur d’eau en
stra-tosphère pose question quant à nos capacités à détecter ces phénomènes brefs
et locaux. L’intégration du contenu en vapeur d’eau en fin de simulation indique
une hydratation nette de la stratosphère d’environ 3000 t d’eau.
La contribution de l’ensemble des phénomènes de convection très profonde
au flux d’eau de la troposphère à la stratosphère est évaluée à partir de
l’hydra-tation calculée pour Hector. La montée en échelle, de l’hydral’hydra-tation locale au flux
planétaire, nécessite de connaître la fréquence des événements pouvant
trans-porter de l’eau en stratosphère comme Hector. Les autres cas de convection très
profonde sont dénombrés à partir de cinq ans de détection des phénomènes
pré-cipitants par le radar à bord du satellite de la mission TRMM. Plus de 5500
sys-tèmes convectifs ont dépassé la tropopause à 380 K de température potentielle
et ont été détectés par le radar pendant ces cinq ans (Liu and Zipser, 2005). Or
le satellite ne permet au radar de couvrir l’ensemble de la bande tropicale que
par période de 42 jours. Ainsi, le nombre d’événements perçant en stratosphère
est plus imporant encore et on l’évalue à plus de 230 000 sur les cinq ans, soit
environ 130 événements par jour. En faisant l’hypothèse que, en moyenne, le
transport d’eau de ces événements égale celui calculé pour Hector, le flux d’eau
de la troposphère à la stratosphère par la convection est évalué à 3,5 10
8kg/jour.
Comparé au flux total de 2 10
9kg/jour (Lelieveld et al., 2007), la convection très
profonde contribue au transport total d’eau de la troposphère à la stratosphère
à hauteur de 18 %. Ce calcul est sujet à de grandes incertitudes. Tout d’abord,
il n’a pas été montré que l’hydratation moyenne des système convectifs très
pro-fonds est comparable à celui calculé pour Hector le 30 novembre 2005. Une très
grande variabilité de l’impact de ces systèmes convectifs a été relevée (Hassim
and Lane, 2010). L’intensité de Hector lui-même varie d’un événement à l’autre
(Gentile and Ferretti, 2016). Enfin, le dénombrement de ces systèmes convectifs
et le flux total d’eau de la troposphère à la stratosphère sont eux-même sujets à
de larges incertitudes. Pour autant, ce résultat semble indiquer que la convection
très profonde contribue de manière non négligeable au flux d’eau de la
tropo-sphère à la stratotropo-sphère.
L’hydratation de la stratosphère par la convection est l’effet final auquel
concourent plusieurs processus intra-nuageux. Le transport d’eau vers la
stra-tosphère est dû à d’intenses ascendances chargées en hydrométéores, tandis que
l’hydratation de la stratosphère est le fruit de la compétition entre la
sédimen-tation et la sublimation des hydrométéores glacés au sommet de Hector. En
tro-posphère, les ascendances sont définies comme l’ensemble des points où la
vi-tesse verticale dépasse 1 m/s. La distribution de leurs vivi-tesses verticales et de
leur contenu en eau indiquent de fortes valeurs pour le 99
èmecentile : plus de
20 m/s entre 6 et 12 km d’altitude et plus de 11 g/kg d’hydrométéores entre 7
et 15 km d’altitude. Les valeurs des 90
èmeet 99
èmecentiles des vitesses verticales
et contenu en hydrométéores varient peu avec la résolution, excepté pour la
si-mulation à maille de 1600 m qui présentent des valeurs bien plus faibles. Cette
vigueur moins importante à basse résolution peut s’expliquer par un plus faible
entraînement de l’air chaud et humide dans les basses couches et à une
dissipa-tion turbulente et une diludissipa-tion plus importante en troposphère qui se traduisent
par une fraction nuageuse plus importante en troposphère libre. En stratosphère,
l’injection d’eau par Hector est illustrée par l’évolution temporelle du contenu en
eau au sommet de Hector. Le contenu en eau total augmente de l’équivalent de
10 ppmv entre 13 et 14 h (exception faite de la simulation à 1600 m qui a une
heure d’avance sur les autres). Dans le même temps, le contenu en vapeur d’eau
reste constant, indiquant que l’injection se fait sous forme de glace (l’eau liquide
est absente à ces altitudes). Pendant les quatre heures qui suivent, le contenu
en eau total diminue et celui en vapeur d’eau augmente, traduisant à la fois la
sédimentation d’une partie des hydrométéores glacés et la sublimation du reste.
2.4 Large-Eddy Simulations of Hector the Convector
Dans le document
Hector the convector archétype des orages tropicaux hydratant la stratosphère
(Page 83-86)