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Présentation des îles Éparses

PARTIE 3 : LES SOURCES DE MICROSÉISMES PRIMAIRES DANS L’OCÉAN INDIEN,

3.3 Utilisation d’une station sismique comme houlographe : application aux îles Éparses et

3.3.1. Présentation des îles Éparses

Les îles Éparses sont constituées des îles Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, Europa dans le canal du Mozambique et de Tromelin au nord-ouest de l’île de La Réunion. Elles sont gérées par les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF), qui assurent leur protection et le suivi et la coordination des actions scientifiques qui y sont menées. Si ces territoires sont dépourvus de population permanente, une présence militaire y est assurée par un détachement de soldats et un gendarme, qui sont relevés en moyenne tous les quarante-cinq jours sur chaque île sauf sur Tromelin, seulement occupée par des météorologues.

Les îles Éparses sont toutes d’origine coralliennes comme en témoignent leur morphologie sous forme d’atoll pour les îles Glorieuses, Juan de Nova et Europa, ou sous forme d’atoll surélevé pour l’île Tromelin, avec un point culminant qui ne dépasse pas quelques mètres d’altitude. Localisées à des latitudes comprises entre 22 et 11° sud, les îles Éparses sont soumises à un climat tropical. Elles se situent dans la zone de formation ou de passage des cyclones provenant du nord-est, mais l’absence de relief limite les précipitations sur ces îles.

3. LES MICROSÉISMES PRIMAIRES DANS L’OCÉAN INDIEN

Île Superficie (km2) Lagon (km2)

Glorieuses 7 165 Juan de Nova 5 193 Bassas da India 0.2 86.8 Europa 30 47 Tromelin 1 0 Mayotte 376 1100

Tableau 1 : Superficies des îles Éparses et de leur lagon. Source : www.taaf.fr

Les îles Éparses constituent une grande réserve naturelle à accès restreint et soumise à autorisation afin de préserver le patrimoine naturel exceptionnel de ces sites terrestres et marins qui représentent des enjeux environnementaux importants. Dans le contexte du dérèglement climatique, ces îles plates et basses sont particulièrement vulnérables à la montée du niveau marin et à l’acidification des océans. C’est pourquoi, depuis 2003, elles sont intégrées dans le « Réseau de surveillance des littoraux face au changement climatique en milieu insulaire tropical ». En effet, la faible présence humaine sur ces îles permet de mieux comprendre les phénomènes naturels et d’isoler précisément l’impact du réchauffement climatique en milieu insulaire. Dans cette optique, les îles Éparses représentent de véritables laboratoires naturels dans lesquelles des études de recherche permettront de répondre aux préoccupations environnementales majeures de la planète, ce qui était l'objet du programme "Iles Eparses" grâce auquel nous avons pu mettre en place un réseau sismologique pour étudier les structures profondes de la terre mais également la signature des houles australes et cycloniques.

3. LES MICROSÉISMES PRIMAIRES DANS L’OCÉAN INDIEN

3. LES MICROSÉISMES PRIMAIRES DANS L’OCÉAN INDIEN

Europa

L’île d’Europa, de forme grossièrement circulaire, se situe dans la partie sud du canal du Mozambique par 22°35’S et 40°35’E, à 600 km au sud de Juan de Nova. Le diamètre de ce grand atoll d’origine volcanique est de 6 à 7 km, pour une superficie d’environ 30 km2. L’île, de forme pentagonale, est basse et sablonneuse. Elle possède une ceinture de dunes dont le point culminant se situe à 7 mètres de haut. Europa est entouré d’un « récif frangeant » presque continu, interrompu par des plages de sable. Le climat est de type subaride bien que tempéré par la mer, avec des températures pouvant varier de 10 à 30°C. Les alizés de sud-est y sont dominants. La saison des pluies s’étend de novembre à mai, celles-ci sont rares mais violentes, parfois accompagnées d’orages liés au passage de fronts se déplaçant d’ouest en est.

Figure 33 : Image satellite de l’île Europa, Google Earth. La localisation de la station sismique est représentée par le carré rouge, à 400 m de la barrière de corail la plus proche, et entre 1.2 et 5 km des barrières les plus exposées aux houles australes sur les façades sud-ouest et sud de l’île. Crédits Image DigitalGlobe.

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Juan de Nova

L’île de Juan de Nova, en forme de croissant est située par 17°03’S et 42°43’E dans la partie étranglée du canal du Mozambique, à 600 km au sud de Mayotte. Juan de Nova est située au milieu d’un vaste récif émergé à marée basse et qui, tout comme l’île, est en forme de croissant. Elle est ainsi protégée par la barrière de corail et le lagon qui l’entoure. Le récif est prolongé à l’est et à l’ouest par des hauts-fonds qui accentuent cette forme. Au nord, une vaste zone de coraux enlisés, dont la profondeur ne dépasse pas 20 m, s’étend jusqu’à environ 5 km du rivage. À l’inverse, au sud, les fonds dépassent les 100 m de profondeur. L’île elle-même représente une surface d’à peu près 5 km2 et mesure environ 6 km de long de la pointe Hardy à la pointe Patureau, pour une largeur de 1600 m. La côte sud est abrupte, rocailleuse et encombrée de blocs de coraux rejetés par la mer. Elle est constituée par des constructions récifales soulevées, qui peuvent atteindre jusqu’à 12 m de haut. La côte nord présente un rivage sablonneux et bordé d’une petite dune littorale de sable fin, essentiellement composé de coraux et coquillages. Le climat est caractérisé par deux saisons : la saison fraîche, d’avril à novembre, avec des vents dominants soufflant de sud à sud-ouest, et la saison des pluies, de décembre à mars, avec des températures moyennes autour de 28°C.

Figure 34 : Image satellite de l’île Juan de Nova, Google Earth. La localisation de la station sismique est représentée par le carré rouge, à seulement 150 m de la plage et à 2.25 km de la barrière de corail au sud. Crédits

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Grande Glorieuse

L’archipel des Glorieuses est situé à l’entrée nord du canal du Mozambique par 11°35’S et 47°18’E, à 250 km au nord-ouest de Mayotte. L’archipel d’environ 7 km2 est principalement constitué d’un banc de sable et d’une plate forme de corail qui affleurent et s’étendent sur 17 km de long. L’île Grande Glorieuse, plate et sablonneuse, s’étend sur 2.3 km de long et 1.7 km de large, et son point le plus haut culmine à 14 m. La Grande Glorieuse est bordée par un récif corallien découvert lors des grandes marées. La pente qui descend du platier récifal vers les grands fonds au sud est assez faible sur environ 800 m. Du côté nord-ouest, les faibles profondeurs s’étendent sur des superficies encore bien plus vastes : au delà du platier s’étendent des fonds, profonds de 3 à 12 m environ, parsemés de massifs de corail. L’archipel des Glorieuses est situé à la limite sud des basses pressions équatoriales. Il existe deux saisons distinctes : une saison fraîche, de mai à novembre, pendant laquelle souffle un courant d’alizés de secteur est à sud-est, et une saison chaude, de décembre à avril, qui correspond au régime de mousson de nord-ouest. Durant cette saison, l’île est parfois affectée par le passage de tempêtes ou de cyclones tropicaux. On en dénombre environ 7 par décennie, passant à moins de 200 km de l’île.

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Tromelin

Tromelin, située par 15°53’S et 54°31’E, est très isolée géographiquement des autres îles Éparses. C’est la seule à ne pas être située dans le canal du Mozambique. Cet îlot corallien plat, dont la forme rappelle une amande, est situé à 470 km à l’est de Madagascar et à 560 km au nord-ouest de l’île de la Réunion. Tromelin serait un ancien banc récifal, aujourd’hui émergé, qui se serait développé sur un haut-fond d’origine volcanique. L’île, ovale et sablonneuse, mesure environ 1600 m de long sur 700 m de large et son point le plus haut culmine à 7 m. Ce socle corallien comprend une partie nord un peu relevée, bordée vers l’est de plages et de petites dunes. On trouve à l’ouest une bande de récif corallien qui entoure la plage, à laquelle fait suite, au sud, une zone ceinturée d’une muraille de blocs de coraux qui est probablement le fait de fortes houles. Tromelin est entourée par des pentes abruptes qui descendent jusqu'à environ 4000 m de profondeur. Durant la majeure partie de l’année, les alizés du sud-est soufflent à une vitesse de 15 à 35 km/h. En saison chaude, on observe des périodes de vent calme, interrompues par le passage de dépressions et de cyclones. On surnomme Tromelin « l’île aux cyclones » ou encore « le carrefour cyclonique » car 10 cyclones l’ont approché en 28 ans.

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Mayotte

Mayotte, département d’outre-mer de France depuis 2011, est un ensemble d’îles situé dans l’archipel des Comores, à l’entrée nord du canal du Mozambique. L’ensemble insulaire est un vaste bouclier volcanique de 9 Ma qui, en connaissant une subsidence importante, a permis l’implantation et le développement d’une couronne récifale autour des reliefs résiduels. Mayotte est constituée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre. Le récif de corail de 160 km de long entoure un lagon de 1100 km2, qui est l’un des plus grands du monde. Avec une largeur moyenne de 5 à 10 km et une profondeur atteignant la centaine de mètres, cet important lagon protège Mayotte des courants marins. La Grande-Terre mesure 39 km de long par 22 km de large, avec une superficie de 363 km2. Ses points culminants sont le Mont Bénara à 660 m et le Mont Choungui à 594 m. L’île possède un climat tropical de type maritime, avec une saison chaude et humide de novembre à avril dominée par les vents de mousson du nord-ouest, et une saison sèche de mai à octobre avec des vents dominants d’alizé du sud-ouest. Mayotte n’est pas épargnée par les tempêtes cycloniques qui peuvent la toucher pendant la saison des pluies.

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