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3. Les États Généraux dans l’Histoire

4. Une force de réformes 5. Héritage des États Généraux

6. Monarchie absolue et montée des idéologies

7. Dans l’ombre des Lumières 8. La féodalité contemporaine 9. Nos « chers » polititiciens 10. Changeons tout !

1 - Présentation

Ce site est la version web du livre Etats généraux, pour un nouveau contrat social publié par les éditions Archéos, disponible en librairie et sur ce site. La

numérotation des articles correspond aux chapitres du livre. Vous pouvez bien sûr parcourir ce site sans tenir compte de cette numérotation… au risque de perdre le fil de la démonstration et de laisser de côté des éléments essentiels à la

compréhension de l’ensemble.

Etats généraux…

Les Etats généraux… Une forme archaïque de représentation ? Les prémices du parlementarisme ?… ou une spécificité française donnant la parole au peuple dans une démocratie participative en gestation ? Les pistes abordées dans ce premier article vous donneront un aperçu de l’esprit de ce site.

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C’est en 1978, il y a plus de trente ans, que la genèse de ce site a pris forme, au hasard d’une projection de film dans une petite salle des environs d’Amiens, ayant pour thème les prémices de la Révolution française. 1788, pour le nommer,

concentrait son illustration sur la préparation des Etats généraux devant se tenir l’année suivante, en ce fameux printemps de révolte et de passions qui bouleversa l’Histoire et toute la société de notre pays. De nombreux personnages s’agitaient à l’écran. D’un côté, des paysans, très animés, discutant farouchement de leurs conditions de vie, réclamant des réformes que les députés iraient présenter au roi… De l’autre, des gens instruits et bien mis, des lettrés disant au peuple qu’ils allaient prendre leur destin en main. Ce qui arriva.

Au cours du débat, des le fond je m’élevai contre une réduction des événements à

Je ne fus pas convaincu. Sur le film, rien à dire, il me semblait intéressant et bien fait, mais je réalisai que ses auteurs n’avaient pas pris en compte le caractère particulier de ces réunions délibératives où les gens rassemblés exposaient leurs problèmes et proposaient des solutions. Cette forme de « démocratie participative », comme on dit

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aujourd’hui, leur paraissait totalement étrangère. Pourtant, il était manifeste que toutes ces « petites gens » savaient bien de quoi ils parlaient, que leurs

revendications étaient sensées. Je quittai la salle avec le sentiment que tout n’avait pas été dit sur la question.

Des hommes et des femmes réunis pour parler de leurs conditions de vie, pour proposer des réformes, des lois… Des gouvernés interpellant leurs gouvernants…

Tout cela me laissait songeur. Certes, la société moderne dans laquelle nous vivons, largement héritière des acquis de 1789, nous a apporté la liberté de réunion et d’entreprendre. Certes, nous avons le droit de vote et même celui de râler, dont nous ne nous privons pas, Français que nous sommes. Mais depuis quand nos gouvernants nous ont-ils interrogés sur nos aspirations ? Il y a bien longtemps. En fait cela n’a jamais été le cas depuis le printemps 1789 pour être précis. Entre-temps, une multitude de régimes politiques se sont succédé avec plus ou moins de bonheur, dont certains désastreux, pour lesquels les citoyens ont peu de voix au chapitre. Nous allons certes voter mais nous ne disposons en contrepartie d’aucun moyen de contrôle sur l’élu. Notre réprobation s’exerce uniquement en votant au prochain scrutin pour un autre candidat, sur lequel nous n’aurons pas davantage de contrôle. Dans ce contexte, peut-on encore parler de démocratie ?

La seconde fois où j’ai été dessillé sur la place du citoyen dans le système politique, ce fut au cours d’une réunion à la Chambre des métiers où je fis des remarques sur le montant exorbitant des charges sociales. La réponse de

l’organisateur fut aussi claire qu’expéditive : « Si vous n’êtes pas satisfait, parlez en à votre député ! » Mon député ?... Qui était-ce déjà, « mon » député ? C’était, à l’époque, un membre du parti socialiste. On le voyait de temps en temps s’agiter à la Chambre, devant les caméras, en compagnie des autres députés de son

groupe. Renseignements pris, je sus qu’il venait de recevoir l’investiture de son parti pour une nouvelle législature. Ainsi donc, pour être député d’une

circonscription, il faut d’abord être le député d’un parti ? Cet homme, sympathique au demeurant, était enseignant de profession. Comme ses collègues, il était appelé à voter des lois, sur l’enseignement, bien sûr, mais aussi sur la justice, les finances, l’art, l’enfance, les retraites, la sécurité sociale, routière, etc. Comme si le suffrage universel conférait à ceux qu’il honore le don d’omniscience…

Evidemment, jamais « mon » député ne s’est présenté chez moi pour me

demander mon avis sur les lois soumises à son examen. Pas plus que vous n’avez vu le « vôtre », je suppose. Les seuls à qui il demande leur avis sont les dirigeants de son parti. Parce qu’il leur est lié, tel un vassal au temps de la féodalité, et qu’il a besoin d’eux pour rester député – bien plus que des électeurs –, et recevoir la sacro-sainte investiture, équivalente de l’assujettissement.

Je me souvins avoir lu dans un livre d’histoire une anecdote sur un député des Etats généraux retourné auprès de ses électeurs parce qu’on lui posait une question non prévue au mandat. Cela m’intriguait. Je décidai de retrouver dans mes manuels la trace de ce député pour le moins atypique et original. En réalité, il n’était pas seul. Cela se passait en 1560. Invités à traiter d’une question sans être

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mandatés à cet effet, les députés rouennais avaient déclaré que « faute de charge spéciale, ils encourraient le désaveu et le reproche de ceux qu’ils avaient

députés. » [1] Sur ce, ils retournèrent chez eux s’enquérir de l’avis de leurs électeurs.

Cela avait donc bel et bien existé dans l’histoire de la démocratie française ! Des gouvernés qui proposent des réformes aux gouvernants, des députés qui

représentent l’intérêt spécifique de ceux qui les ont élus… Ce fut une formidable découverte, dans ce présent où l’électeur est réduit à déléguer, sans garantie, sa souveraineté à un homme politique inféodé. Je me suis alors demandé : Y aurait-il, dans cette notion d’Etats généraux, quelque chose qui ait échappé à nos analystes politiques et à nos historiens ? Pour les rares spécialistes en ce domaine, les Etats généraux n’ont été qu’une laborieuse progression vers le système représentatif.

Selon eux, pendant que les Anglais se dotaient d’un parlement disposant du pouvoir législatif, la France, à la remorque, se contentait de la réunion d’épisodiques assemblées convoquées selon le bon vouloir du Prince.

Plus j’y réfléchissais, plus il m’apparaissait que quelque chose « clochait » dans ce postulat. J’entrepris alors mes recherches en sortant des sentiers battus. J’ai fini par trouver une piste qui allait me mener auprès d’un étrange personnage, partisan d’une toute autre opinion : Saint Yves d’Alveydre, essayiste du XIXe siècle. Cet auteur avait écrit, entre autres ouvrages, La France vraie, où il s’efforçait de démontrer que les Etats généraux étaient porteurs d’une spécificité qui les mettait bien au-dessus du système parlementaire hérité de la Grande-Bretagne. Une spécificité française… voilà au moins de quoi satisfaire notre esprit gaulois !

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La lecture de ce livre a constitué pour moi une révélation. Mais sortir de l’oubli tel quel La France vraie n’aurait pas apporté la lumière que je souhaitais mettre au service de mes concitoyens, car l’ouvrage est très dense, parfois confus, écrit dans un style empesé quasiment inaccessible aux lecteurs contemporains. En

revanche, les idées qu’il contient sont extraordinaires d’innovation en matière de système gouvernemental, tout en s’appuyant sur la tradition – cette spécificité française – que furent les Etats généraux. J’ai donc repris l’écriture en la mettant

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au goût du jour, enrichi le texte chaque fois que nécessaire, et fait les

rapprochements avec les préoccupations de notre temps. Saint Yves d’Alveydre reste l’inventeur des idées. Ce site veut lui rendre hommage.

Trente années se sont ainsi écoulées avant que je parvienne à en venir à bout, à force de toujours repousser le moment de m’y atteler une bonne fois. Le moment est arrivé, alors que la confiance des Français en leurs dirigeants est de plus en plus altérée, que les problèmes s’amoncellent sans solution autre que le recours à la rigueur, quand la démocratie semble étouffée sous le poids de la technocratie et de l’oligarchie. Si au moins ce livre pouvait aider à « faire bouger les lignes », comme disent certains politiciens. Les principes et propositions qu’il expose, empruntés à Saint Yves d’Alveydre, n’ont rien d’idéologique et ne prônent aucune violence. Ils sont tout au contraire d’ordre pratique, basés sur une participation accrue des citoyens à la vie publique, à part égale avec le gouvernement, en toute sérénité. Au passage, quelques idées reçues ne manqueront pas d’être

égratignées : le prétendu obscurantisme du Moyen âge, le fameux progrès social né de la Révolution, la philosophie des Lumières, pour finir sur une critique sans détour des institutions politiques actuelles.

Notes

[1] Etats généraux, 1560, cahier de la noblesse

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