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Chapitre 2 : Préparation de surface et reprise d’épitaxie sur surface de GaAs nanostructurée

2.2 Préparation de surface

2.2.2 Préparation « in-situ »

2.2.2.1. Désorption thermique de l’oxyde

La surface de GaAs est donc recouverte d’une couche d’un oxyde naturel, epi-ready, ou formé par

traitement ex-situ (O

2

:SF

6

ou UVOC’s). La décomposition de cette couche avant la croissance

épitaxiale est impérative pour garantir la bonne qualité cristalline des matériaux épitaxiés.

Le traitement typique et le plus simple pour l’éliminer consiste à la décomposer à haute température

(>580°C) sous un flux d’arsenic. Ce traitement a été largement utilisé en raison de la reproductibilité

de la température de désorption de l’oxyde, qui est facilement repérée par la diffraction des électrons

de haute énergie en réflexion (RHEED) (Annexe B). Cependant, du point de vue de la morphologie de

surface, il a été signalé que ce traitement provoque une rugosité de surface du fait de la présence de

nano-trous [22]. Ces derniers ont généralement une largeur de 20 à 200 nm et une profondeur de 5 à

20nm avec une densité élevée de 10

8

à 10

9

cm

-2

[23][24]. Cette couche d’oxyde est composée

principalement d’oxyde d’arsenic (As

2

O

3

) et d’oxyde de gallium (Ga

2

O

3

). En raison de la différence de

stabilité thermique de chacun de ces oxydes, le procédé de désorption se fait en plusieurs étapes. Dans

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le cas d’un oxyde naturel, la première étape est la désorption de l’oxyde d’arsenic volatil qui intervient

à une température de 370°C selon la réaction suivante:

Le Ga

2

O se désorbe en une seconde étape à une température comprise entre 400 et 500°C. Quant à

l’oxyde de gallium Ga

2

O

3

, il se décompose complètement à environ 580°C (T

dés

) dans le cas d’un

oxyde naturel. Ce dernier est le composé le plus stable parmi les oxydes de Ga formés sur GaAs. Si

des oxydes différents sont formés, la différence portera sur la décomposition de l’oxyde final de

Ga

2

O

3

.qui sera plus difficile et qui nécessitera une température T

dés

supérieure pour son élimination.

Notons que les nano-trous apparaissent uniquement pendant l’étape finale 500°C-T

dés

[18][25]. Il en

ressort que le mécanisme de leur formation est associé au processus de réaction chimique entre la

couche d’oxyde Ga

2

O

3

inhomogène (les oxydes d’arsenic ayant été éliminés) et le GaAs massif, afin

de générer l’oxyde volatil Ga

2

O. La réaction de désoxydation intrinsèque est la suivante :

On s’aperçoit que la désorption du Ga

2

O

3

nécessite une consommation du gallium du substrat massif

sous-jacent (figure 2.1). Compte tenu de la non- uniformité de la couche d’oxyde, cela signifie que la

désoxydation thermique déclenche intrinsèquement la formation de nano-trous profonds sur la surface

de GaAs, entraînant la dégradation inévitable de la morphologie de la surface qui devient parsemée de

nano-trous. Ce mécanisme intervient à partir de 500°C [14]. Aussi, pour éviter cet inconvénient, des

approches différentes pour éliminer l’oxyde ont été développées. Elles utilisent des températures

inférieures à 500°C. Détaillons les deux approches référencées, que nous avons mises au point au

LAAS : la désoxydation sous un flux d’hydrogène atomique et la désoxydation par flux de gallium.

Figure 2.1 : Schéma des étapes de la désoxydation thermique conventionnelle : a) oxyde uniforme ; b) oxyde rugosifié par la décomposition des oxydes d’As et c) surface partiellement désoxydée.

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2.2.2.2. Désoxydation sous un flux d’hydrogène atomique

Afin d’éviter la consommation du GaAs massif, le traitement de désoxydation sous flux d’hydrogène

atomique proposé par Chang et al [26], est l’une des méthodes les plus utilisées. Elle se réalise à des

températures entre 400°C à 450°C [27]. Son principe se base sur la déco mposition de l’oxyde de

gallium pour former des composés volatils selon la réaction suivante :

Des études comparatives par spectroscopie de masse des ions secondaires (SIMS) montrent une

diminution de la concentration en carbone à l’interface de reprise d’épitaxie dans le cas d’une

désoxydation sous un flux d’hydrogène atomique comparé à la désorption thermique [28]. Il est

observé que le départ d’oxyde ne rugosifie pas la surface. D’autre part, Burke et al [28] ont constaté

par SIMS une meilleure décontamination obtenue en utilisant ce type de traitement, et par conséquent

une amélioration des performances d’une diode à effet tunnel résonnant réalisée par reprise d’épitaxie.

Toutefois, certains auteurs indiquent une dégradation de la surface si l’application d’un flux

d' hydrogène sur la surface désoxydée est poursuivi après sa désoxydation [14].

Au LAAS, ce traitement, effectué à 475°C (±10°C), a été optimisé (débit d’hydrogène, puissance

d’excitation et déflexion des ions) dans le cadre de la thèse d’Olivier Desplats [14]. L’hydrogène

atomique est créé par craquage de la molécule de H

2

grâce à une cellule plasma RF (13.56 MHz)

intégré dans le bâti d’épitaxie. Olivier Desplats a étudié également la rugosité de surfaces GaAs

différemment oxydées (epiready, traitée s UVOC’S et traitées O

2

:SF

6

) qu’il a désoxydées par cette

technique. De très faibles valeurs de rugosité par rapport à celles obtenues par désorption thermique

ont été mesurées par microscopie à force atomique (AFM). Elles correspondent respectivement à 0,26

nm, 0,35 nm et 0,38 nm (comparées à 3,27 nm, 3,88nm et 4,98nm respectivement en désoxydation

thermique) [14]. Elles sont au moins d’un ordre de grandeur plus faible. Ces valeurs indiquent aussi

que la rugosité de la surface dépend légèrement de l’épaisseur de l’oxyde initial. Pour valider le bon

état de surface avec cette approche, Olivier a étudié par SIMS la décontamination de l’interface

correspondant à une surface ainsi désoxydée après une reprise d’épitaxie. I l a montré que les

contaminants présents à l’interface ont une concentration du même ordre que celle mesurée à

l’interface avec un substrat « epiready ».

Cette méthode permet donc d’obtenir des surfaces désoxydées propres et lisses après optimisation.

Cependant, l’inconvénient, au LAAS, est sa durée qui varie entre une et trois heures pour la cellule

plasma dont nous disposons compte-tenu de la géométrie du diffuseur à son entrée. C’est peut-être

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aussi un avantage puisqu’Olivier Desplats a montré que la qualité de surface est conservée même si le

flux d’hydrogène est appliqué longtemps (2 heures) sur une surface désoxydée dans ces conditions,

contrairement à certains résultats de la littérature [29].

2.2.2.3. Désoxydation sous flux de gallium

Une autre approche de désoxydation « in situ » à basse température a été étudiée en 1980 pour des

procédés de silicium [30] Il s’agissait d’une irradiation directe d’un faisceau de Ga sur la surface de la

couche d’oxyde du silicium à 800°C pour former l’oxyde de gallium au dépens de l’oxyde du silicium

qui est ainsi progressivement consommé [30]. Le LAAS a également démontré qu’il était possible de

réaliser cette désoxydation en exploitant le silicium de la cellule de dopant des bâtis utilisés pour les

matériaux III-V [31]. Par la suite, le groupe d’Asaoka [22] a reporté cette technique pour les substrats

de GaAs. Cette dernière a permis de contrôler et réduire la formation des nano-trous en fournissant

l’espèce réductrice Ga par l’intermédiaire d’un flux incident à une température d’environ 440°C en

absence d’arsenic. La réaction est prévue similaire à la précédente :

La formation du Ga

2

O volatil à cette température (440°C) prévient toute consommation du Ga massif

du matériau GaAs sous-jacent par la décomposition du Ga

2

O

3

en Ga

2

O. Pour garantir la désoxydation

complète, une montée en température à ~ 580 °C est ensuite menée, température à laquelle la

décomposition par voie thermique est effectuée, sous flux arsenic. En effet, dans la mesure où la

surface est exempte de tout oxyde, aucune rugosification n’interviendra.

Contrairement au cas des surfaces de silicium où la température utilisée pour ce procédé garantissait

la désorption du gallium non consommé par la désoxydation, une optimisation précise du flux de

gallium et de la durée d’exposition est nécessaire pour le GaAs. C’est l’inconvénient par rapport à la

méthode de désoxydation par plasma hydrogène. Si le flux utilisé est supérieur au flux consommé dans

la réaction, il conduira à la formation de gouttelettes en surface de l’oxyde. Ces gouttelettes conduiront

à désoxyder le GaAs à leur interface avec ce dernier pouvant même provoquer une attaque du GaAs

sous-jacent [32] et à leur proximité. Il est donc nécessaire d’utiliser un faible flux pour ce procédé, de

l’ordre de la MC/mn (MC : monocouche). Une fois partiellement désoxydée, la surface présentera une

reconstruction (4x2) Ga. Si le dépôt est poursuivi, des gouttelettes de gallium se formeront égaleme nt.

Il est donc nécessaire d’arrêter l’envoi du flux de Ga dès l’obtention de la reconstruction. Un exemple

de surface de GaAs (001) atomiquement lisse après désoxydation à basse température est présenté dans

la figure 2.2. Il s’agit d’une surface de GaAs « epi-ready » avec un oxyde naturel d’environ 2.3nm

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d’épaisseur [22] désoxydé à 440°C sous flux de 5.5x10

15

cm

-2

(~ 8MC) de Ga. Après désoxydation, la

surface a subi un recuit à 600°C pendant 20 min sous flux d’arsenic. La rugosité mesurée sur cette

surface était de 0.2 nm (figure 2.2 (b)) inférieure à celle obtenue p ar désoxydation thermique (figure

2.2 (a)).

Figure 2.2 : Images AFM (4µm x 4µm) de deux surfaces de GaAs désoxydées respectivement (a) thermiquement à 600°C et (b) sous flux de Ga à 440°C après recuit à 600°C [22].

De nombreux groupes [33] ont utilisé avec succès cette technique qui est pratique dans la mesure où

elle ne nécessite pas l’achat d’un équipement (comme pour l’hydrogène), puisqu’elle utilise le Ga émis

de la cellule d’effusion dédiée à cet élément présente dans tout bâti de la filière GaAs.