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Etudier les stratégies et les évolutions possibles des exploitations agropastorales face à des incertitudes impose une analyse centrée sur l’acteur et ses stratégies d’accès et d’utilisation de ressources naturelles productives. Très dépendants des ressources naturelles productives, à la base de leurs productions agricoles, pastorales et artisanales, toute variation de stock de ces ressources entraîne pour l’agropasteur des adaptions et des innovations (Ouédrago, 1997). Il s’agira donc de trouver un modèle flexible et centré sur l’utilisation des ressources naturelles.

L’approche Sustainable Rural Livelihoods (SRL) permet de prendre en compte toutes ces préoccupations en rapport avec la polysémie de sens du concept de « ressource ». La ressource peut être définie tantôt comme « ce qui peut fournir ce dont on a besoin, un moyen d’action », un « ensemble de moyens monétaires et matériels dont dispose un pays ou une personne », « ce que l’on emploie pour se tirer d’embarras, un moyen d’existence, d’action et plus spécifiquement, « ce qu’offre le milieu naturel et qui est susceptible d’être exploité ». De façon globale, la ressource peut être financière, matérielle et immatérielle (moyen d’action, moyen d’existence). Ainsi, le concept SRL met au même niveau d’analyse des ressources humaines, naturelles, physiques, financières et sociales capitalisables dans tout système productif rural.

Pour minimiser les risques liés à la vulnérabilité d’un tel milieu, réduire l’impact des chocs et des tendances négatives sur la reproductibilité des systèmes d’exploitation, les pasteurs et agropasteurs ne peuvent agir que sur certains domaines : les modes et techniques de production, les innovations, la diversification des activités. Cela implique l’analyse des rapports sociaux de production en termes de réactions, d’innovations, d’adaptations. Ces dernières sont nécessaires à la reproduction du système en ce sens que les ressources naturelles étant d’un usage commun, l’activité d’un agent économique peut entraîner des conséquences positives comme négatives (externalités positives ou négatives liées à l’interdépendance aux ressources naturelles) sur l’activité d’un autre agent sans compensation financière (Ouédrago, 1997).

d’analyse physique : l’exploitation agropastorale familiale que nous tenons à cerner avant devoir les concepts théoriques qui serviront de soubassement au cadre d’analyse.

I. DEFINITION ET CADRAGE DE L’EXPLOITATION AGROPASTORALE

FAMILIALE (EAF) A THIEUL

La définition du concept d’exploitation agropastorale familiale n’est pas une chose aisée en Afrique (Gastellu, 1980). En effet, ce concept vient d’une approche occidentale (Osty, 1978) et bien qu’il ait fait l’objet de nombreux travaux dans le contexte agricole africain et sénégalais (Kleene, 1975; Niang, 1983, Benoit-catin et Faye, 1983), il n’a jamais été utilisé explicitement en milieu pastoral du Ferlo. Les chercheurs comme les développeurs lui ont toujours préféré celui d’unité de production ou travailler en termes de système d’élevage. Autrement dit, l’activité pastoral est l’élément central d’étude avec comme corollaire un certain oubli des autres activités menées par le groupe familial. En fait, nous sommes convaincus, de par la bibliographie sur le pastoralisme au Sénégal comme en Afrique sahélienne, que c’est une approche micro économique des unités de production pastorale qui fait défaut. Les analyses et études se sont souvent limitées à caractériser des systèmes d’élevage. Cela justifie l’approche micro économique des exploitations agropastorales que nous prônons et qui entre en droite ligne des dynamiques de modernisation du sous-secteur de l’élevage, des dynamiques familiales de diversification. Mieux, la loi d’orientation agrosylvopastorale promulguée en juillet 2004, va dans le même sens en reconnaissant, du point de vue statuaire, l’exploitation agricole comme une entité familiale de production. Nous sommes ainsi certains que l’EAF doit être connu, cerné, appréhendable et défini sur le terrain aux fins d’actions de recherche et de développement.

La définition de l’exploitation agricole implique une bonne connaissance de l’organisation sociale, des modes d’accès à la terre, des relations de travail, entre autres (Benoît Catin, 1975, Osty, 1978). C’est ainsi que pour l’étude des performances du système technique grâce aux stratégies productives mises en œuvre, il est impératif de prendre comme unité d’analyse l’échelle à laquelle on pense que ces techniques sont mises en œuvre. La délimitation d’un système dépend donc de la nature du problème étudié. L’exploitation agricole pourra alors inclure un certain nombre de sous-exploitations ou de sous entités ou ménages (comme celles des enfants, aîné par exemple).

prendre une unité d’analyse pertinente relevant plus que des seules activités agropastorales. Nous considérons dans ce contexte que l’exploitation agropastorale familiale comprend l’ensemble des activités liées aux systèmes de production (élevage, agriculture) et des activités extra-agricoles menées dans une famille (gallé). Dans une étude ancienne faite par la Sodeva en 1975, mais encore très actuelle de par sa pertinence, trois facteurs de différenciation des exploitations agricoles visibles en milieu pastoral sont identifiés :

 La dimension (surface cultivée, surface par actif, effectif du cheptel, effectif par actif),

 La capacité de travail (main d’œuvre et équipements)

 Et les résultats (revenus monétaires agropastoraux et extra agricoles).

Dans le domaine pastoral, Tourand (1987), par sa définition de l’unité de production vue comme « l’ensemble réunissant un système de production, les agents de ce système (bénéficiaires et travailleurs agricoles) et le milieu exploité par ceux-ci » vient compléter par ses dimensions humaines, sociales et environnementales de cadrage de l’EAF.

En prenant en compte l’ensemble des activités de la famille, le concept d’exploitation agropastorale familiale déborde du cadre strict de l’unité de production agropastorale en intégrant le système famille – exploitation (Osty, 1978). C’est ainsi, en dehors de l’activité du chef d’exploitation, la prise en compte des activités du groupe familial, tant agropastorales qu’extra agropastorales, qui est une donnée nouvelle.

L’exploitation est alors une ou des unités de production mises en place autour d’un groupe familial et dans un milieu donnée : c’est un système ouvert. Mais avant tout, montrons-en les principales caractéristiques.

1. Caractéristiques de l’EAF à Thieul

L’EAF détient de fortes spécificités locales, résultat des évolutions et des dynamiques socioéconomiques locales.

La première spécificité tient du fait que le milieu exploité (ici les parcours surtout) n’est pas une propriété individuelle de l’exploitation ou de son chef qui n’en est que

l’Etat, selon la loi sur le domaine national, en détient la propriété, la gestion étant déléguée aux collectivités locales. Donc contrairement à l’exploitation des terres agricoles, celle des terres pastorales est commune et tous les pasteurs et agropasteurs y ont les mêmes droits. L’usage de ces terres repose sur des systèmes de production retenus par l’exploitant ou un groupe d’exploitants dans son (ses) unité(s) de production, pour réaliser ses objectifs. A côté du foncier commun, est aussi apparu de plus en plus comme très important pour les pasteurs, un foncier individuel privatif voué à la culture céréalière dans un premier temps et de plus en plus à une culture commerciale comme l’arachide surtout. Ce foncier est situé dans les anciens domaines du houroum et du diéï. Le système de production agricole prend de ce fait une importance croissante à côté du système d’élevage. Ce dernier comme le système agricole est dès lors un sous ensemble des systèmes de productions de l’exploitation. Il se définit rappelons-le par l’ensemble des techniques et pratiques mises en œuvre par une communauté pour exploiter, dans un espace donné, des ressources végétales par des animaux, dans des conditions compatibles avec ses objectifs et avec les contraintes du milieu. Dans cette définition relevons trois termes importants : les moyens de production comme le cheptel, la communauté familiale, un espace, ses ressources et ses contraintes.

La deuxième spécificité est le cheptel. D’abord de par son importance numérique et son rôle social, c’est un élément clé des exploitations agropastorales familiales à Thieul. Le cheptel est l’ensemble des animaux d’une même espèce ou non défini par une relation d’appartenance (cheptel familial ou villageois). Il est le principal outil de production et d’exploitation des ressources végétales ; mais il est aussi un outil d’accumulation et d’épargne employé par les pasteurs comme les agropasteurs et même des agriculteurs. Selon le contexte, son mode de gestion peut être direct ou indirect mais de toute façon très complexe à décrypter : appartenance, effectif… Sa gestion est directe si elle est assurée par un ou plusieurs membres de la famille qui s’occupe de tout ce qui touche à la conduite au pâturage, au gardiennage, à l’alimentation complémentaire, aux ventes et achats d’animaux, etc. Indirect si le cheptel familial est confié à un individu extérieur à la famille et qui l’incorpore à son propre cheptel et en assure la gestion. Dans le mode de gestion typique du cheptel chez les peuls, l’appartenance des animaux est souvent complexe à

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de l’enclos, du pâturage et des animaux.

La constitution du ou des troupeaux51pour le pâturage lui revient aussi. Le gestionnaire (gaynako) peut solliciter les services d’un berger salarié s’il ne l’est pas lui-même, ou d’un

de ses enfants ou autres membres de la famille. Cependant être pasteur est un métier52, un

capital culturel composé de techniques et de pratiques qui tiennent, dans cette localité, d’une forte spécificité ethnique. Les peul de cette localité dont la majorité gèrent eux- mêmes leurs cheptels ont toujours pratiqué cette activité d’élevage héritée des parents et qu’ils ont comme objectif de transmettre à leurs descendances (Thiam M. 1991 ; Thiam I. 2001).

De ce fait, l’importance de la famille est la troisième spécificité des EAF. Elle est la cellule résidentielle de base, de gestion, de la production et de la consommation. La transmission du patrimoine se fait par la famille. Dans une EAF dont le patriarche est vivant, le bétail est divisé en troupeau souvent équivalent au nombre d’épouses, mais aussi au nombre

d’enfants majeurs mariés formant un ménage53

et qui vivent ou non dans le même gallé et/ou le même wuro (campement au sg. Pl. Guré). En effet, dans ce milieu, le système d’exploitation des ressources physiques, axé autour de campements doubles de saison sèche (seedano) et de saison humide (rumaano), oblige souvent certaines familles à éclater les unités de résidence dans l’exploitation de ces ressources. Aussi, l’éloignement des campements malgré la filiation souvent existante, de même que l’éloignement des gallé, ne permet pas de prendre comme échelle d’équivalence de l’EAF le campement seul. L’EAF peut montrer plusieurs configurations axées autour du gallé. Elle peut être assimilée à un gallé unique situé sur le même campement ; à deux ou plusieurs gallé situés sur le même campement ou des campements différents. Le gallé est l’unité de gestion socio- économique des systèmes d’élevage ; il est composé d’un ou de plusieurs ménages (Tourand, 1987). Les configurations ont donc beaucoup évolué et peuvent être diverses et hétérogènes (Diao, 2001) avec un enchevêtrement des unités de consommation (hirandé),

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Le troupeau est défini comme étant un ensemble d’animaux d’une même espèce ou non, conduits de la même façon. Dans le langage zootechnique, c’est une unité de conduite.

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« Elever des animaux, c’est la tradition des fulbé » (Touré O. 1991). Nous avons aussi vu que l’histoire du territoire du Ferlo est très liée à celle de l’élevage (historique des pratiques pastorales au Ferlo).

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Le ménage est la cellule familiale de base composé d’un actif adulte marié avec ses enfants et qui est situé ou non dans le même Gallé. En milieu peul, on parle de foyré ou hirandé (cuisine). Thornton et al. (2003), définissent le ménage comme étant « composé d’une personne adulte prenant des décisions avec quelques fois une ou plusieurs épouses et enfants ».

dans une certaine mesure, être mises en lien avec le contexte ayant nécessité ces adaptations.

La dernière des spécificités locales tient du milieu exploité que nous assimilons au territoire du pasteur qui est le territoire des ressources. Sa spécificité tient du fait qu’il n’est pas que local et peut s’étendre de par l’importance de la mobilisation de ressources extraterritoriales sur l’espace régional et même transrégional54

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Cependant l’ancrage territorial des pasteurs explique sans doute que malgré l’amenuisement des ressources physiques, la mobilité et le lien au territoire d’origine ont su coexister. En effet, des exemples courants montrent que majoritaires sont les exploitants dont les animaux passent les ¾ de leurs temps en dehors du campement permanent (rumaano) et plus exactement dans les lieux de transhumance régionales (bassin arachidier, Tambacounda). Ceci montre que grâce sans doute à une bonne allocation des ressources humaines et organisationnelles dans la quête de ressources physiques, la territorialité du pasteur dépasse aujourd’hui plus qu’hier le seul cadre local.

Cela nous amène à définir deux concepts centraux : le pastoralisme et l’agropastoralisme. Pour ce faire, nous nous référons à Bonfiglioli (1988, 1990) pour cerner ces deux concepts. L’EAF doit ainsi puiser dans ses capacités, ses compétences pour adapter sa structure et son fonctionnement à un tel contexte : foncier commun et privatif, territoire des ressources, cheptel et mode de gestion, famille et unités socioéconomiques (wuro, gallé, hirandé). Ainsi pour assurer sa pérennité l’EAF déploie, grâce à ses capacités, des stratégies diverses qui imposent une ouverture vers son environnement extérieur.

2. L’EAF vue comme un système ouvert

L’exploitation est d’abord assimilée à un système. L’apport de l’approche systémique se fera à travers la mobilisation du concept de système d’exploitation comme unité pertinente pour appréhender la globalité et la complexité des relations entre le système de production de l’exploitation agropastorale et son environnement extérieur. Ce qui justifie donc une

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concept central d’exploitation agropastorale.

2.1. Le système : historique et apports méthodologiques

Le concept de système a connu des usages variés dans plusieurs disciplines comme la gestion des entreprises en général et des entreprises agricoles en particulier. Ce concept a donné naissance à des concepts secondaires (ou dimensions) comme l’entreprise-système (Paulre, 1987), et le système d’exploitation ou système famille-exploitation (Marshall, 1988). La vision économique de toute activité humaine nous impose de fait une prise en compte des activités familiales rurales comme une entreprise, qualifiée d’agropastorale du fait de la dominance de telles activités. Mieux, le caractère très informel de telles unités dans leurs structurations comme dans leurs fonctionnements et statuts nous paraît ne pas pouvoir constituer un quelconque obstacle par rapport à une telle position.

La conceptualisation de l’entreprise comme un système est ancienne. Historiquement, ce concept est issu de deux phylums. Un courant systémique en sociologie des organisations, dans les années 50-60, d’inspiration fonctionnaliste pour l’essentiel. Les organisations sont considérées comme des systèmes naturels avec des besoins à satisfaire pour survivre, des

comportements, des interactions avec d’autres systèmes sociaux et englobent des processus

ou des composantes interdépendantes. Ces organisations sont vues comme des systèmes ouverts, ce qui contribue à introduire l’environnement dans l’étude de l’entreprise. Cette vision est donc très en phase avec le concept SRL développé dans cette thèse.

Un autre courant systémique reposant sur des travaux appliqués ou des modèles d’entreprise

est apparu parallèlement. Il repose sur une inspiration cybernétique (Paulre, 1987). Les travaux de Beer (1959), cités par Paulre (1987), sont illustratifs d’une certaine orthodoxie cybernétique puisqu’il se réfère aux principes essentiels et spécifiques de cette discipline et plus particulièrement à celui de la loi sur la variété requise pour caractériser les conditions de viabilité de l’entreprise.

Autrement dit, toute entreprise viable à long terme doit baser ses activités, ses productions, sa commercialisation sur au moins deux créneaux ou débouchés. Les activités agricoles et pastorales, bien insérées dans les pratiques des agropasteurs comme des pasteurs, en est l’illustration parfaite. Les perturbations, les incertitudes qu’ont connues les exploitations sahéliennes à la fin des années 80, et même depuis 2000 au Sénégal, sont en partie liées à

de période de transition, s’accoutumer à la nouvelle donne, à savoir la vente des produits agropastoraux par les circuits privés. Il s’en est suivi des difficultés d’écoulement des productions agricoles (exemple de la filière arachide) et pastorales (filières bovines avec la dissolution de la SODESP).

Ainsi, l’introduction plus récente du thème de l’environnement, innovation majeure de l’approche systémique, a donc entraîné un renouvellement des représentations et des modèles autour des concepts de l’autoréférence, de l’auto observation et de l’auto organisation (Paulre, 1987). L’ouverture sur l’environnement permet une approche nouvelle de l’entreprise comme lieu d’interactions entre des représentations collectives. Ces dernières ont trait à l’identité d’un groupe, d’une communauté autour de valeurs, de mode de vie partagée et vécue par tous. Toute pratique qui n’entre pas dans ces logiques est alors vues comme hors normes, hors convention, voire hors-la-loi, et ce dans son fonctionnement interne et externe.

Elle met aussi en avant le fait que dans un contexte environnemental évolutif ou dynamique tâché d’incertitudes, un système atteint son objectif non pas grâce à la stabilité de son fonctionnement, mais grâce à ces capacités morphogénétiques et à son instabilité : on parle d’un équilibre instable.

La systémique nous aide donc à comprendre et à rendre compte des changements qui, sous la pression de l’évolution de l’environnement, affectent les entreprises. Ces changements ont suscité, ces dernières années, l’apparition de nouvelles logiques de fonctionnement ou de nouveaux modèles de gestion. Nous y reviendrons.

On attend également de la systémique qu’elle nous aide à comprendre en quoi ces nouveaux modèles facilitent l’adaptation à l’environnement contemporain, gage d’une pérennité des entreprises. Cette adaptation à l’environnement est déclinée en une activité identitaire, un invariant, qui dicte un objectif immuable, l’identité propre de l’entreprise. La recherche de ce qui fonde et détermine l’identité de l’entreprise, de ce qui constitue son invariant, devient nécessaire. Dans le cadre d’une exploitation agricole ou agropastorale, nous voyons en cet invariant l’objectif principal de reproduction intergénérationnelle des exploitations afin d’assurer la pérennité du système : comme entreprise familiale, le patriarche est tenu de léguer le bétail, élément central des systèmes de production

et préserver ainsi l’identité culturelle de son ethnie.

Comme l’a si bien dit Pierre Bourdieu (1986), les stratégies des agents au sein du champ,

déterminées par leur habitus, reposent sur des mécanismes structurels de concurrence et de domination. Mais les stratégies de reproduction prédominent au sein des champs, expliquant ainsi la permanence des structures sociales.

Dans un contexte incertain comme celui de Thieul, cet invariant doit être situé en amont du positionnement stratégique de l’entreprise, au-delà même, peut-être, du métier, dans les savoir-faire, les savoir-décider et les savoir s’informer (donc dans les interactions stratégies/activités/ressources). Les ressources cognitives (ou organisationnelles) deviennent alors tout aussi importantes sinon plus que les ressources physiques et humaines. C’est par le développement du champ des activités possibles au moyen d’une extension des savoirs mobilisables et des capacités d’apprentissage que l’entreprise agricole pourra accroître sa capacité d’auto organisation et surmonter certains facteurs d’instabilité.

Dans le contexte économique actuel, toute entreprise familiale comme l’exploitation agricole doit être capable d’une fonction importante, celle de mobilisation du savoir et des compétences pour mieux gérer (inventorier, identifier et apprécier) les ressources disponibles, les trajectoires de mobilité et d’évolution possibles, mais aussi et surtout la mobilisation des individus et des communautés dans les processus de production. Pour Paulre (1987), la systémique trouve ici l’un de ses rôles importants : la découverte et la

modélisation par les acteurs eux-mêmes ou un analyste, de nouveaux champs d’interdépendance, de nouveaux modes rationnels, de nouveaux niveaux d’interprétation... Une capacité ouverte et souple de découpage et de structuration. Ainsi ce qui est au cœur

des nouvelles approches systémiques de l’entreprise c’est la prise en compte de cette dimension cognitive (représentations et pratiques de gestion des ressources) ; dimension appuyée aussi par les processus d’auto-organisation et d’autoréférence (Paulre, 1987). L’auto-organisation est une compétence interne aux membres de l’exploitation tant par la

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