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Pouvoir, marché et capitalisme

Dans le document Capitalisme et économie de marché (Page 141-152)

II. 1. Histoire des termes capitalisme et marché

II.1.2. Pouvoir, marché et capitalisme

L'économie de marché entretient donc des rapports étroits avec le pouvoir, dans une utopie de disparition du pouvoir, par des forces impersonnelles, symbolisées par la main invisible d'Adam Smith. L'économie révèle d'ailleurs une relation majeure avec le pouvoir : à partir de Hobbes, jusqu'à Walras, la présence du pouvoir en économie a été complètement transformée. Pouvoir et économie, d'intimement liés, ont été progressivement séparés, jusqu'à aboutir à la théorie économique néoclassique où le pouvoir a disparu. Le chemin parcouru par le pouvoir en économie a été celui d'une notion centrale, réinterprétée pour permettre à une nouvelle conception de l'économie de naître, une économie où les individus n'interagissent plus que par l'échange, les prix objectifs. Cette évolution historique du pouvoir en économie conduit à sa disparition théorique de l'économie de marché, une disparition douteuse dans la réalité, mais conforme à l'idée libérale véhiculée par l'économie de marché, celle d'un système de liberté négative, d'absence d'oppression. Elle commence par Hobbes qui identifie richesse et pouvoir.

Le pouvoir d'un homme (si l'on prend le mot dans son sens universel) consiste dans ses moyens présents d'obtenir quelque bien apparent futur. [...] La richesse jointe à la libéralité est aussi un pouvoir.274

Pour Hobbes, la richesse est un moyen en vue du pouvoir, de l'acquérir, l'accroître ou le conserver. L'homme hobbesien est à la recherche du pouvoir, " une inclinaison générale de toute l’humanité "275, et utilise la richesse comme un moyen, non comme une fin en soi. L’accumulation des richesses (en référence à l'accumulation du capital, la fin du capitalisme) n'est pas une fin en soi, pas plus que les autres moyens d'obtenir du pouvoir, par l'honneur ou la connaissance. L'économie pour Hobbes est en vue du pouvoir, un lien entre économie et pouvoir qui disparaîtra par la suite dans le libéralisme, quand il s'agira de faire disparaître l'intervention économique de l'Etat en postulant une économie de marché sans pouvoir de marché, orientée vers des utilités et non pas la constitution de pouvoirs (même le pouvoir d'achat, symbolisé par la monnaie, n'y joue qu'un rôle limité, et donc problématique). Hobbes redéfinit la relation entre richesse et pouvoir, une relation de moyen à fin, relation que l'économie moderne va par la suite supprimer, le pouvoir devenant un intrus dans la théorie économique. Hobbes considère donc l'augmentation sans fin du pouvoir comme le but de

274 Thomas Hobbes, Leviathan, 1651, trad. François Tricaud, Paris, Sirey, 1999, Chap. X, p. 81. 275

l'individu, animé "d'un désir perpétuel et sans trêve d'acquérir pouvoir après pouvoir, qui ne cesse qu'à la mort."276

Cette relation hobbesienne directe entre économie et pouvoir, Adam Smith la réduit au simple pouvoir d'achat, à la capacité d'acheter du travail, dans les biens ou les services. "Richesse, c'est pouvoir, a dit Hobbes; mais celui qui acquiert une grande fortune ou qui l'a reçue par héritage, n'acquiert par là nécessairement aucun pouvoir politique, soit civil, soit militaire."277 En réduisant la richesse à un simple pouvoir d'achat, et non de contrôle, d'autorité sur d'autres hommes, Smith sépare richesse économique et pouvoir politique, permettant une pensée séparée de ces deux sphères. Comme l'écrit Pierre Dockès :

Il s’agit là d’un moment décisif de la formation de l’économie politique, la première étape dans l’élimination du pouvoir au profit de l’échange : alors que pour Hobbes, la rupture fondatrice est la formation politique du lien social par un contrat social, pour Smith la rupture fondatrice est la formation de la division du travail et le lien social est tissé par l’échange. Il s’agit aussi d’un moment essentiel dans la prise en compte d’un tout autre pouvoir, non plus pouvoir sur les hommes, mais sur la nature : le travail. Le pouvoir devient pouvoir d’achat, mais d’achat de travail, donc d’un pouvoir sur la nature (ou du résultat de ce pouvoir).278

Ainsi, le pouvoir d'acheter défini par Smith, en opposition avec Hobbes, est un pouvoir restrictif, au niveau des quantités. Même si, en suivant Smith, le pouvoir économique n'a pas de lien avec le pouvoir politique, Smith réalise dans le même temps une deuxième restriction du pouvoir, avec l'absence de pouvoir de marché279. Le pouvoir de Smith, celui d'acheter des quantités, est inoffensif, il n'est un pouvoir qui n'influe sur les prix qu'à des quantités achetées très importantes, inatteignables par les individus. Le pouvoir d'achat de petites quantités est un pouvoir trivial de l'économie, matérialisé par la possession d'objets à échanger, que ce soit de la monnaie ou d'autres biens. Mais le pouvoir de marché, le pouvoir d’influer sur les prix par sa richesse, sa position, ses connaissances, son réseau, est beaucoup plus important que la simple capacité à acheter une certaine quantité de biens (quantité reliée au travail, fondement de la valeur d’échange pour Smith). Ainsi, quand Smith limite le pouvoir issu de la richesse

276

Ibid., p. 96.

277 Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, p. 35. 278 Pierre Dockès, Hobbes et l’économique, Astérion [En ligne], 5, 2007.

279 Le pouvoir de marché est le pouvoir qui permet de modifier individuellement un prix sur un marché. Il sera

en économie au pouvoir d'achat en quantité de biens, il exclut un autre pouvoir économique majeur, celui d'influer sur les prix, le pouvoir de marché, par ces achats, par sa production, ou sa vente.

Richesse, c'est pouvoir, a dit Hobbes; mais celui qui acquiert une grande fortune ou qui l'a

reçue par héritage, n'acquiert par là nécessairement aucun pouvoir politique, soit civil, soit militaire. Peut-être sa fortune pourra-t-elle lui fournir les moyens d'acquérir l'un ou l'autre de ces pouvoirs, mais la simple possession de cette fortune ne les lui transmet pas nécessairement. Le genre de pouvoir que cette possession lui transmet immédiatement et directement, c'est le pouvoir d'acheter; c'est un droit de commandement sur tout le travail d'autrui, ou sur tout le produit de ce travail existant alors au marché. Sa fortune est plus ou moins grande exactement en proportion de l'étendue de ce pouvoir, en proportion de la quantité du travail d'autrui qu'elle le met en état de commander, ou, ce qui est la même chose, du produit du travail d'autrui qu'elle le met en état d'acheter. La valeur échangeable d'une chose quelconque doit nécessairement toujours être précisément égale à la quantité de cette sorte de pouvoir qu'elle transmet à celui qui la possède.280

En introduisant le travail comme fondement de la valeur, et en limitant le pouvoir économique au pouvoir d'achat de quantités plutôt qu'au pouvoir d’influence sur les prix, Smith occulte une relation majeure entre pouvoir et économie, qui réapparaîtra par la suite dans la théorie économique. Cependant l'exclusion du pouvoir d'influence sur les prix, du pouvoir de marché, est logique et presque obligatoire chez Smith, puisque la main invisible que Smith introduit permet d'annihiler ce pouvoir de marché au niveau individuel, personne n'ayant la capacité de modifier les prix individuellement, dans son intérêt. Cette impuissance au sein de l'économie de marché, de l'individu face au marché, est un véritable paradoxe, conscient, volontaire, que les économistes néoclassiques, orthodoxes, ont intégré dans leurs modèles :

Le paradoxe est que la science économique s'est constituée en évacuant radicalement les rapports de pouvoir. Il ne s'agit pas d'un oubli, mais d'une volonté de construire une science de type physico-mathématique, ce que très explicitement voulait Léon Walras (et ce qu'il a largement réalisé).281

280 Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, p. 35. 281

L'absence de pouvoir des acteurs économiques dans la théorie obéit à la logique systémique de la construction de Walras, qui veut ainsi se rapprocher des sciences dures, pour exposer des lois économiques immuables, fondamentales, indépendantes des hommes. Que de telles lois existent en économie est une hypothèse majeure qui découle d'une conception de l'économie de marché comme tendant naturellement vers un équilibre. Sans ces postulats d'une économie de marché qui s'équilibre naturellement, la recherche de ces lois naturelles n'aurait jamais été entreprise, puisqu'elles n'auraient jamais été envisagées. La disparition théorique du pouvoir en économie résulte donc de cette vision naturaliste de l'économie de marché, illustrée par une théorie de la valeur elle aussi quasiment naturelle, constituée d'utilité individuelle et de rareté. La théorie néoclassique, où le concept de pouvoir de marché disparaît, se construit donc en deux temps, une première étape où ce pouvoir est supprimé, puis une seconde où il est conçu négativement, à partir de la première étape idéale :

L'économie pure élaborée par celui-ci [Léon Walras], et au-delà l'économie néoclassique développée par ses disciples, a été "purifiée" par élimination de ce qui était pensé comme une scorie. L'opération est réalisée en deux étapes : d'abord la construction d'un "camp de base", un modèle parfaitement concurrentiel, puis, partant de ce modèle, l'introduction des cas particuliers que sont les autres structures de marché (monopole, duopole, oligopole, concurrence imparfaite). Le pouvoir n'a aucune place dans le modèle de base et, quant aux situations "accessoires", les dimensions du pouvoir qu'elles recèlent sont "rabattues" sur les structures du marché. La science économique néo-classique ainsi constituée, l'omniprésence des relations de pouvoir dans la réalité n'était pas niée, mais les jeux des pouvoirs étaient considérés comme des "frottements" et précisément au sens de ceux que laisse de côté la mécanique pure.282

Les courants économiques hétérodoxes opposés à la théorie néoclassique ont au contraire pris en compte le pouvoir de marché dans leurs conceptions et écrits, en particulier des auteurs comme Veblen, Galbraith, Simiand, Orléan. Leurs critiques justifiées contre l'idéalisme de cette théorie néoclassique, et l'impossibilité explicative de formation des prix sans pouvoir de marché est un point noir de la théorie néoclassique, qui ne peut les expliquer dans la réalité. L'explication théorique de prix fixés par des acteurs sans pouvoir de marché (dans le marché parfaitement concurrentiel) ne fonctionne simplement pas. Cet écueil est très connu, même s'il reste non résolu, au point d'être mentionné dans les manuels les plus diffusés en économie :

282

"Le problème le plus important est aussi le plus fondamental, à savoir la relation paradoxale entre le concept de concurrence et l'ajustement des prix : si tous les agents économiques considèrent les prix du marché comme donnés et en dehors de leur contrôle, comment les prix peuvent-ils changer ? " (p. 401 de la traduction française [Varian, Microéconomie, 1991]). Et, ajouterons-nous : par qui sont-ils fixés ?283

Le paradoxe du pouvoir dans la théorie néoclassique, celui de l'absence de pouvoir de marché individuel mais de l'existence d'un pouvoir collectif de marché, n'est bien sûr un paradoxe que pour l'idéal de concurrence parfaite qui permet de démontrer l'optimalité naturelle - s'il reste quelque chose de naturel à un modèle aussi contraint par ces hypothèses irréalistes - de l'économie de marché. Ce lieu de pouvoir qu'est le marché ne peut donc refléter les prix naturels, objectifs, de la théorie économique néoclassique, comme le répète Zafirovski :

Les prix sont donc déterminés selon le degré de pouvoir de marché (Lerner 1955) des participants individuels plutôt que par l'offre et la demande du marché agrégé. En d'autres mots, la formation du prix est gouvernée non pas par la main invisible du marché comme habituellement supposé par la science économique conventionnelle, mais par les mains visibles des agents de marché particuliers - monopolistes de statut et capitalistes, respectivement. De plus, des recherches suggèrent que la formation du prix dans de nombreux marchés modernes, spécialement les oligopoles, la compétition imparfaite, et d'autres monopoloides, est gouvernée par les mains visibles des entreprises, non par la main invisible du marché (Spulber 1996 : 135).284

Pour les économistes travaillant en conditions d'imperfection, le paradoxe du pouvoir n'existe pas, chaque agent possédant un pouvoir de marché influençant les prix du marché, plus ou moins fortement selon ses caractéristiques et son environnement. Par exemple, le monopole et l'oligopole, ou le monopsone et l'oligopsone, sont des cas de pouvoir de marché individuel élevé, avec une influence évidente sur les prix fixés sur le marché.

283 Bernard Guerrien, La théorie économique néoclassique 1. Microéconomie, Paris, Editions La Découverte,

1999, p. 44.

284 Milan Z. Zafirovski, "An Alternative Sociological Perspective on Economic Value: Price Formation as a

Social Process", International Journal of Politics, Culture, and Society, Vol. 14, No. 2 (Winter, 2000), p. 276. " Prices are thus determined according to the degree of market power (Lerner 1955) of the individual participants rather than by supply and demand or the aggregate market. In other words, price formation is governed not by the invisible hand of the market as usually assumed by conventional economics, but by the visible hands of particular market agents - status and capitalist monopolists, respectively. Moreover, research suggests that price formation in many modern markets, especially oligopolies, imperfect competition, and other monopoloids, is governed by the visible hands of firms, not by the invisible hand of the market (Spulber 1996: 135)"

Pourtant, un aspect du pouvoir a une place reconnue en économie, particulièrement dans la théorie de la formation des prix et l'économie industrielle : le pouvoir de marché (ou le pouvoir de négociation que l'on peut éventuellement distinguer par l'accent mis sur la maîtrise de l'information). Il y a une tendance de la part des postwalrasiens (tenants de la théorie standard élargie) à ramener toutes les formes de pouvoir économique à un tel pouvoir de marché, voire à un simple pouvoir d'achat, y compris l'autorité dans les organisations.285

Le pouvoir de marché, qui permet d'influer sur les prix, évacue de l'économie d'autres formes de pouvoir plus classiques, de contrôle des individus, mais d'une façon seulement superficielle : le contrôle des individus résulte en un contrôle de certains prix, de production en particulier, et donc en une forme de pouvoir de marché. Même s'il existe d'autres buts au pouvoir que le seul contrôle (plus ou moins intense) des prix, seul ce pouvoir de marché majeur en économie est considéré par la suite. En effet, tout pouvoir économique qui n'a pour résultat de permettre d'orienter dans son intérêt les prix est presque inutile pour le capitaliste, car comment réaliser un bénéfice avec une telle impuissance sur les prix (de vente ou de production au sein de l'entreprise)286 ? Le pouvoir de marché est le seul pouvoir économique d'importance dans une économie de marché, car le seul qui permette d'en retirer des avantages économiques.

L'origine du pouvoir de marché est ancienne, avec des racines issues du pouvoir du monopole présent dès le XIXème siècle dans la littérature économique, et surtout dans les années 1930, lorsque les réflexions économiques s'éloignent de la théorie du marché parfait, néoclassique, pour s'intéresser au réel, à la fois sur la base des observations empiriques des cartels et des monopoles et oligopoles constitués à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, et sur l'échec de la théorie libérale du laissez-faire face au totalitarisme. Le pouvoir de monopole est le plus puissant des pouvoirs de marché, mais d'autres formes plus faibles existent elles aussi, issues de l'imperfection des marchés et des stratégies capitalistes anti-concurrentielles. Le pouvoir de monopole a été développé, mathématisé par Lerner287 tandis que la concurrence

285 Pierre Dockes, Pouvoir et Autorité en économie, p. 9. 286

La théorie néoclassique démontre évidemment ce point également : à l'équilibre, sans pouvoir de marché, il n'y a pas de profit pour les actionnaires, car la concurrence parfait annihile tout profit (qui ne peut être issu que d'un contrôle des prix, d'un pouvoir de marché).

287 Abba Lerner, "The Concept of Monopoly and the Measurement of Monopoly", Review of Economic Studies,

monopolistique l'était par Chamberlin288, et plus largement la théorie du marché imparfait, de la défaillance du marché était théorisée par Robinson289. La " défaillance du marché " en est venue à résumer toutes les imperfections du marché (externalités, biens publics, asymétrie d’informations, irrationalité, etc) qui structurent la réalité et l’empêchent de s’approcher du marché parfait. Il est en effet tout à fait justifié pour les capitalistes de ne pas poursuivre un système où le profit n’existe plus ("A la rigueur, la concurrence pourrait être la situation

optimale pour le consommateur, mais pour l’entreprise c’est la pire des situations envisageables."290).

Le pouvoir de marché fait son apparition en tant que terme en 1950, selon Elzinga et Mills291, dans le compte-rendu d'un jugement anti-trust réalisé par le Juge Knox, contre l'entreprise Alcoa. Carl Kaysen aurait ensuite rendu incontournable ce terme dans la législation anti-trust en 1965292. Le pouvoir de marché est donc devenu un élément de la théorie économique à part entière, incontournable dans la théorie et la législation anti-trust, et présent de façon plus ou moins claire dans les manuels de stratégie d'entreprise ayant pour but d'enseigner les moyens de génération de profit. Ces manuels micro-économiques se trouvent en complète opposition avec la théorie macro-économique, puisqu'ils enseignent comment contourner la concurrence plutôt que la promouvoir. Les entreprises capitalistes ont donc mis en œuvre des stratagèmes de contournement de la concurrence, des stratégies anticoncurrentielles telles que l’érection de barrières à l’entrée des concurrents, et à la sortie de clients, les acquisitions de concurrents, la différenciation entre produits, etc. Ces stratégies anticoncurrentielles développées par les entreprises capitalistes ont été théorisées sous l’angle d’attractivité d’un marché par Mickael Porter en 1979, qui a identifié cinq forces différentes. L’attractivité d’un marché dépend donc de ses cinq forces qui structurent la concurrence :

La concurrence pour le profit va au-delà des rivaux industriels établis pour y inclure aussi quatre autres forces concurrentielles : les clients, les fournisseurs, les nouveaux entrants potentiels et les produits de substitution. La compétition étendue qui résulte des ces cinq

288 Edward Chamberlin, Theory of Monopolistic Competition : A Re-orientation of the Theory of Value,

Cambridge, Mass, Harvard University Press, 1933.

289 Joan Robinson, The Economics of Imperfect Competition, New York, St Martin's Press, 1933. 290

Alain Cotta et Coralie Calvet, Les quatre piliers de la science économique, Paris, Fayard, 2005, p. 128.

291 Kenneth G. Elzinga et David E. Mills, The Lerner Index of Monopoly Power : Origins and Uses, The

American Economic Review, Vol 101, No 3, May 2011, p. 558-564.

292 Carl Kaysen, Antitrust Policy an Economic and Legal Analysis, Cambridge, MA : Harvard University Press,

forces définit la structure d’une industrie et les formes de l’interaction compétitive au sein de cette industrie.293

Selon Porter, un marché peu attractif est un marché où ces forces sont présentes et diminuent la rentabilité des entreprises qui y existent, et un marché complètement inattractif est le marché concurrentiel parfait. Il faut remarquer l'inversion microéconomique capitaliste entre les marchés : ne doit plus être recherché le marché concurrentiel parfait, mais au contraire le marché imparfait, le plus attractif, pour le profit. La stratégie économique a donc déjà intégré, et théorisé, depuis longtemps la volonté des actionnaires de ne pas entrer ni se trouver sur un marché parfait, et a fortiori de s’en prémunir le plus possible. La théorie du marché parfait est une construction qui ne reflète pas la réalité économique et dont les actionnaires combattent l’apparition, en cherchant le pouvoir de marché le plus important possible.

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