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Potentiel de marché encore inexploité

Les maisons de jeu, selon les positions qu’elles ont exprimées dans le cadre de l’enquête 2021 de la CFMJ, considèrent qu’un bon équilibre est atteint avec les 21 concessions octroyées aujourd’hui. Les emplacements actuels des casinos permettraient de couvrir correctement le marché dans les villes, les agglomérations et les régions touristiques. Du point de vue des exploitants, le Conseil fédéral ne devrait donc pas réduire le nombre de concessions pour des maisons de jeu. Ils estiment également que de nouveaux concessionnaires qui reprendraient le bassin de clientèle d’un concessionnaire actuel ne parviendraient guère à mieux remplir les conditions de la concession ou à fournir un apport économique plus important.

Seules deux des 21 maisons de jeu se sont exprimées sur les possibilités d’optimiser le poten-tiel du marché. La première considère que de nouveaux casinos dans des régions qui ne se trouvent pas directement dans la zone d’attraction des établissements actuels permettraient de mieux exploiter ce potentiel. La seconde avance que pour des motifs politiques et de protection de l’environnement, la mobilité des joueurs va devenir plus compliquée et plus chère. Dans ce contexte, il conviendrait néanmoins d’examiner s’il existe encore des endroits, par exemple dans des régions touristiques, où un casino pourrait être implanté qui entraînerait une plus grande création de valeur dans la région.

La possibilité d’attirer de nouveaux joueurs et de générer ainsi des revenus supplémentaires dépend dans une large mesure de la zone d’attraction des maisons de jeu. Comme elle le disait déjà dans ses rapports de 2006 et de 2009, la CFMJ considère que le bassin de clientèle d’un établissement se situe dans un rayon d’accès de 30 minutes. On estime qu’environ 80 % de la clientèle d’une maison de jeu vient de sa zone d’attraction ainsi définie. La fréquence de visite des lieux de loisir diminue considérablement lorsque l’éloignement augmente178. En moyenne, dans une zone définie par un rayon d’accès de 30 minutes et comptant 10 000 habitants, une maison de jeu peut générer un produit brut des jeux d’environ un million de francs. Si la zone d’attraction compte 250 000 habitants, le produit brut des jeux peut atteindre 25 millions de francs (puis 50 millions avec 500 000 habitants et 100 millions avec un million d’habitants). À partir d’un produit brut des jeux de 15 à 20 millions de francs, il est possible d’atteindre de bons rendements, les rentrées fiscales sont substantielles et les moyens sont suffisants pour garantir une exploitation de l’entreprise conforme à la loi.

Dans son rapport de 2009 au Conseil fédéral, la CFMJ écrivait qu’il ne serait guère judicieux d’octroyer de nouvelles concessions dans les régions frontalières ou de montagne, et que les zones urbaines de Bâle, Berne, Genève, Lucerne, Lugano et Saint-Gall possédaient chacune déjà un casino. Elle voyait cependant un potentiel pour l’exploitation de deux nouvelles maisons de jeu, dans la région de Zurich, pour la première, et dans la région Neuchâtel – la Chaux-de-Fonds – Yverdon, pour la seconde. La CFMJ estimait que l’ouverture d’un casino à Zurich entraînerait une diminution d’environ 40 à 60 millions de francs du produit brut des jeux des maisons de jeu établies dans les environs. Cette perte serait cependant compensée par un produit brut des jeux de 70 à 100 millions réalisé par le nouveau casino de Zurich, générant au

178 Cf. les explications au ch. 2.2.1 du rapport Ernst Basler + Partner AG du 12.06.2006, rédigé sur mandat de la CFMJ, sur les effets économiques du paysage des casinos en Suisse.

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final entre 10 et 20 millions de francs de recettes fiscales supplémentaires. Pour la maison de jeu envisagée à Neuchâtel, la CFMJ estimait qu’elle pourrait réaliser un produit brut des jeux de 15 à 25 millions de francs, sans préjudice majeur pour les établissements des alentours, générant ainsi des recettes fiscales de l’ordre de 10 millions de francs au titre de l’impôt sur les maisons de jeu.

Dans son rapport de 2009, la CFMJ avait également examiné s’il était possible d’identifier un potentiel de développement supplémentaire pour d’autres grandes agglomérations à forte den-sité de population, malgré la présence d’une maison de jeu dans un rayon d’accès de 30 mi-nutes, ou si des établissements supplémentaires pouvaient être envisagés dans des régions situées en dehors de la zone d’attraction d’une maison de jeu existante, afin de répondre à une demande encore non satisfaite. Une réponse négative était donnée pour Lausanne, située à la périphérie de la zone d’attraction du casino de Montreux, ne présentant pas de caractéris-tiques déterminantes (à la différence par ex. de Zurich) et avec une population de moins de 200 000 habitants. Aucune autre zone d’une certaine taille n’était identifiée comme étant sus-ceptible de présenter une demande importante et encore non satisfaite (en particulier dans les agglomérations, mais aussi dans la région d’Uri, d’Obwald et de Nidwald).

Les conclusions de la CFMJ dans son rapport de 2009 appellent aujourd’hui le commentaire suivant :

Les estimations concernant le produit brut des jeux pouvant être réalisé dans les maisons de jeu de Zurich et de Neuchâtel se sont révélées très proches de la réalité économique. Le pro-duit brut des jeux du casino de Zurich en 2019 était de 78 millions de francs, pour un potentiel estimé entre 70 et 100 millions, et celui du casino de Neuchâtel, également en 2019, était de 24 millions de francs, pour un potentiel estimé entre 15 et 25 millions. Les conséquences de l’ouverture de ces deux établissements sur leurs concurrents ont également été conformes aux prévisions du rapport de 2009. En faisant abstraction de la baisse générale de 10 % du produit brut des jeux, l’arrivée des deux nouveaux établissements a fait diminuer le produit brut des jeux de 40 millions de francs pour les concurrents de Zurich, et de 4 millions de francs pour ceux de Neuchâtel. En considérant cependant que ces nouveaux casinos, en 2013 déjà, ont généré à eux deux un produit brut des jeux cumulé de 80 millions de francs, le bilan global est positif, et il l’est resté depuis.

L’Office fédéral de la statistique (OFS) a présenté en 2020 des projections sur l’évolution pro-bable de la population résidante permanente au cours des trente prochaines années (2020 à 2050)179. Selon le scénario de référence représenté sur la carte suivante, la population rési-dante permanente de Suisse augmentera de 8,69 millions de personnes en 2020 à 9,43 mil-lions en 2030, soit une croissance annuelle moyenne de 0,8 %.

179 Les scénarios de l’évolution démographique sont le résultat exprimé en chiffres d’hypothèses sur la fécondité, la mortalité et les migrations dans certaines conditions socio-économiques et politiques. La carte montre la variation de la population projetée en chiffres absolus et l’accroissement relatif pendant la période en question. Le scénario de référence (A-00-2020) représenté sur cette carte prolonge les évolutions observées au cours des dernières années et intègre les tendances faisant suite à l’entrée en vigueur de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE. Pour une description détaillée des hypothèses et des scé-narios, voir la publication de l’OFS.

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Scénario de référence de l’évolution de la population résidante permanente, 2020-2050

Illustration 3 – Carte de l’OFS : scénario de référence concernant l’évolution de la population résidante perma-nente 2020-2050, ID de la carte : 24031, retravaillée par la CFMJ (les points jaunes représentent les emplace-ments des actuelles maisons de jeu)

La population devrait croître considérablement dans les cantons d’Argovie (+30,2 %), de Zoug (+29,9 %), de Zurich (+28,9 %), de Schaffhouse (+27,3 %), de Genève (+30,4 %) et de Vaud (+29,7 %), mais diminuer dans les cantons du Tessin (-5,1 %) et des Grisons (-4,1 %). Cinq des actuelles maisons de jeu se trouvent dans ces deux derniers cantons. La plupart des ré-gions pour lesquelles un accroissement de la population résidante permanente est prévu comp-tent déjà aujourd’hui au moins une maison de jeu.

La carte suivante montre le revenu imposable moyen par personne pour l’année 2017 (par commune). Ce revenu est élevé dans la région lémanique, ainsi que dans les cantons de Zu-rich, de Zoug et de Schwyz.

Revenu imposable moyen* par personne, en 2017 – Office fédéral de la statistique

Illustration 4 – Carte de l’OFS : revenu imposable moyen par personne, en 2017, ID de la carte : 24776, retravail-lée par la CFMJ

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La CFMJ estime qu’un développement du marché est possible dans la région s’étendant de Zurich au lac de Constance, ainsi que dans la région lémanique, qui ont toutes deux connu un accroissement de la population de plus de 12 % entre 2010 et 2020 (cf. ch. 2.3.1) et pour les-quelles un accroissement de près de 30 % est prévu au cours des 30 prochaines années (2020 à 2050).

b. Du point de vue des exploitants actuels des maisons de jeu

Selon l’enquête menée en 2021 par la CFMJ, un des exploitants actuels considère qu’en plus de l’accroissement général de la population, l’accroissement de la population âgée est un fac-teur important. De 2020 à 2050, la proportion des personnes de 65 ans et plus va ainsi passer de 1,6 million (18,9 %) à 2,7 millions (25,6 %), soit une augmentation de 63 %. L’accroissement du nombre de ces clients potentiels ayant un certain pouvoir d’achat et du temps à consacrer à des loisirs, susceptibles de recourir aux offres de l’industrie du loisir et du divertissement, promet un potentiel de développement supplémentaire pour les maisons de jeu.