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b Les fondamentaux de la relaxation et de la psychomotricité

C. POTEL ​ nous propose une conception du cadre en deux parties [36]:

Le ​cadre physique correspond à l’investissement de l’espace et du temps, à la qualité d’encadrement du professionnel, au fonctionnement institutionnel.

Le ​cadre psychique se base sur “​les postulats théoriques qui garantissent une mise en pensée de notre travail​” [36].

Complémentaires, ces différentes fonctions offrent un espace de rencontre sécurisant et suffisamment contenant pour accueillir de vraies expériences psychocorporelles dans un temps, un lieu, une pensée.

Le cadre est défini par le thérapeute avec le patient. En relaxation, il est mis en place avant la séance. Par rencontre préalable, les deux protagonistes décident ensemble de la date et du lieu de la séance. La séance elle-même est encadrée de manière spatio-temporelle. ​C. POTEL définit un déroulement de la séance en cinq temps, mis en place de façon régulière :

1. Le temps d’installation : ce temps est variable qu’il s’agisse d’une séance en individuelle ou en groupe. Il correspond à l’installation physique et psychologique du patient. Le professionnel l’invite à s’allonger ou s’asseoir de manière confortable, à fermer les yeux s’il le souhaite, à se couvrir. C. BALLOUARD insiste sur l’importance de l’installation, “​le luxe consiste en une position confortable​”. Une fois disponible, le patient est accompagné par inductions verbales à porter son attention sur l’environnement, les bruits extérieurs et sur soi, sur son corps, son état tonique.

2. Le temps d’inductions verbales et/ou corporelles : véritable temps de détente, le patient va être dans un état d’écoute de ses sensations et de ses ressentis. Les inductions “​v ​ont mettre psychiquement en condition le corps pour qu’il puisse être disponible aux sensations -tactiles, auditives, proprioceptives-, aux atmosphères, aux impressions réelles et imaginaires ​” [36]. Les inductions verbales (la place du corps dans l’espace, le poids du corps sur le sol, la respiration…) accompagnées ou non d’inductions corporelles (les mobilisations passives, le toucher, les percussions …) concernent l’ensemble du corps dans une unification et non un seul segment, encore moins un segment douloureux.

3. Le temps de silence : “​La relaxation offre de vivre une expérience essentielle pour la maturation psychique, la capacité à être seul ​” [36]. C’est un temps d’approfondissements, sans inductions, en présence de l’autre et un temps d’imprégnation des ressentis.

4. Le temps de la reprise : “​l ​a reprise c’est le réveil du corps, le retour à un niveau tonique qui permet de nouveau l’activité musculaire​“ [36]. Ce temps est variable selon les personnes (brutal, par bâillements ou étirement, endormissement total). Il marque la fin de l’état de relaxation et le retour à un état de conscience plus élevé. La présence du thérapeute par inductions verbales est essentielle.

5. Le temps de verbalisation : Ce temps est le moment de mise en mots des sensations, des ressentis corporels, de tout ce que le patient souhaite partager de son expérience. Nous détaillerons l’importance et les enjeux de la verbalisation dans la suite de l’écrit.

Le cadre de la relaxation permet de transmettre des états de corps propre par les sensations et les vécus. Le thérapeute soutient le travail de transformation psychique en offrant des mots, des images aux retours du patient, il joue un rôle de fonction ​symbolisante​.

Avec toutes ces composantes, le cadre confère à la séance de relaxation une autre fonction, celle de ​contenance​.

iii. La fonction de contenance

La contenance est un élément clé dans la pratique du psychomotricien. Pour évoquer cette notion, ​C. POTEL dit qu’il s’agit “​de mettre en réflexion ce travail du thérapeute - avec ses moyens personnels, ses techniques spécifiques, sa personnalité, ses choix thérapeutiques - qui va tenter de prêter en quelque sorte son psychisme pour donner au patient l’occasion d’intégrer ses pulsions et non plus d’en être désintégré, morcelé, éclaté, démantelé​” [36].

Cette conception fait écho avec celle de ​W. R. BION pour qui la figure maternelle sert de support à l’enfant dans son accès à la pensée. La fonction ​alpha ​, nourrie par les paroles et gestes de l’enfant, correspond à la matière première. Elle est transformée par la suite en éléments ​beta ​, c’est-à-dire en représentations. Le psychomotricien, par ce même principe, soutient le patient dans cette élaboration. La mise en place de représentations lui permet d’accéder à un vécu corporel et une expressivité propre qui petit à petit le conduisent vers un sentiment d’individuation [6].

Plus spécifiquement dans la relaxation, ​Françoise TREUSSARD 12 ajoute que “​la fonction contenante dans le cadre de la relaxation psychomotrice s’exerce au travers de l’expérience tactile, dans la mobilisation et la prise de conscience des points d’appui qui permet la perception d’une continuité au niveau de l’enveloppe corporelle. Elle s’exerce au travers de la parole qui vient soutenir le projet d’installation et de mobilisation, celle du sujet aussi​.”

C’est à la fois par les comportements et par les ressources psychiques du thérapeute que le cadre “tient”, que le cadre est respecté et efficient dans ses fonctions. La fonction contenante accompagne chaque temps de la relaxation. Le thérapeute est garant d’une qualité de présence suffisamment sensible et sécurisante pour tranquilliser, apaiser et protéger des possibles débordements et angoisses.

​La caractéristique fondamentale de la psychomotricité est sa dimension contenante, à tous égards, du plus fonctionnel au plus métapsychologique​”

C. BALLOUARD [3]

iv. Le transfert et le contre-transfert

La notion de transfert a été décrite par ​S. FREUD comme l’actualisation des affects, des désirs, des fantasmes inconscients par le sujet sur une autre personne.

Je m’appuierai sur la différenciation que fait ​E. BORDIN de l’alliance avec le transfert. Pour lui, l’alliance correspond à l’union positive du patient et du thérapeute contre la souffrance de ce dernier. Le transfert concerne les projections inconscientes du patient vers le thérapeute. Il est important de retenir que les deux notions coexistent et s’influencent perpétuellement dans le cadre de la relation thérapeutique.

“​Dans toute situation thérapeutique est conféré au thérapeute un rôle particulier, et ce qui confère au thérapeute ce rôle, par une répétition inconsciente de la part du sujet qui souffre, c’est le transfert ​” [7]. ​O. MOYANO précise alors qu’en psychomotricité le transfert correspond à celui de contenus psychiques, et qu’une fois en place, “c’est au sein de cette magie que le psychomotricien devrait agir” [7].

12 Citée dans le Mémoire de psychomotricité “La relaxation en psychiatrie adulte : intérêt de la relaxation

Le transfert est donc une forme de relation, pas un contenu à analyser mais le système même permettant le passage de contenus psychiques d’un individu à un autre. Ce passage n’est possible que dans un cadre contenant comme nous l’avons vu précédemment. Le thérapeute doit être capable de recevoir des manifestations émotionnelles et comportementales dans le ‘ici et maintenant’ afin d’en rendre possible la symbolisation.

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