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Partie II : La prévention de l’allo-immunisation fœto-maternelle érythrocytaire anti-D

2.3.4 Posologie, mode d’administration et conservation

Pour rappel, la présentation de Rhophylac® 300 µg/2mL est utilisée dans le cadre de

la prévention systématique à 28-30 semaines d’aménorrhée et la présentation de Rhophylac® 200 µg/2 mL dans le cadre de la prévention ciblée (Drouadaine 2017).

2.3.4.2 Modalités d’administration

L’administration peut être réalisée par un médecin ou un autre professionnel de santé. La seringue devra être amenée à température ambiante avant toute injection, que ce soit dans un muscle ou une veine. La patiente sera gardée en observation pendant au moins 20 minutes.

Si une dose supérieure à 5 mL doit être administrée par intramusculaire, il sera nécessaire de fractionner les doses et d’effectuer les injections sur différentes parties du corps (Site internet n°15; Site internet n°17; Le Moniteur des pharmacies 2005).

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Par ailleurs, la voie intraveineuse sera privilégiée chez les patientes ayant un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30 (Site internet n°16).

2.3.4.3 Conservation

Lors de la délivrance, il est important de rappeler aux patientes qu’il s’agit d’un médicament à conserver au réfrigérateur entre +2 et +8°C et qu’il ne doit surtout pas être congelé.

2.3.5 Contre-indications

L’injection d’immunoglobulines humaines anti-D par voie intramusculaire est contre-indiquée chez les personnes ayant une thrombocytopénie sévère ou d’autres troubles de l’hémostase.

Par ailleurs, il ne faut pas administrer le Rhophylac® chez les nouveau-nés, chez les

personnes RhD positif ou chez les personnes déjà immunisées contre l’antigène RhD (Faure 2014b).

2.3.6 Interactions

L’injection d’immunoglobulines humaines anti-D peut diminuer l’efficacité des vaccins constitués de virus vivants atténués. Les vaccins concernés sont ceux contre la rougeole, la rubéole, les oreillons et la varicelle. Le vaccin le plus utilisé chez la femme après l’accouchement est celui contre la rubéole.

En cas d’injection de Rhophylac® au cours de la grossesse et/ou de l’accouchement, il est

conseillé d’attendre au moins 6 semaines (3 mois dans l’idéal) avant d’administrer ce type de vaccin.

Par ailleurs, si la patiente a reçu un vaccin à base de virus vivants atténués au cours des 2 à 4 semaines qui ont précédé l’injection de Rhophylac®, il est nécessaire d’effectuer un

contrôle des anticorps protecteurs post-vaccinaux. Ainsi, un rappel vaccinal peut être effectué s’il est nécessaire (Couic-Marinier et Pillon 2014).

Des perturbations biologiques peuvent apparaitre suite à l’injection de Rhophylac®.

En effet, l’anti-D passif peut être détecté par une Recherche des Agglutinines Irrégulières si celle-ci est particulièrement sensible et si la dose reçue est importante. Par exemple, le délai qui permet la disparition complète de l’anti-D est de 2 à 4 mois pour une dose administrée de 300 µg. Ces perturbations biologiques affectent à la fois la mère et le fœtus.

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Chez la mère, cela peut entrainer une sous-estimation d’une hémorragie fœto-maternelle à distance de l’injection.

Les immunoglobulines humaines anti-D injectées à la mère sont en partie transférées au fœtus et se fixent sur ses globules rouges RhD positif. Cela peut avoir pour conséquence un résultat positif au test indirect à l’antiglobuline (TIA) chez l’enfant. A la naissance, si le test est positif chez un nouveau-né RhD positif et qu’il n’y a pas de symptômes associés, il n’a pas de valeur pathologique (Cortey et Brossard 2006).

2.3.7 Effets indésirables

L’injection de Rhophylac est généralement bien tolérée. Les effets indésirables les plus fréquemment observés (chez moins de 1% des sujets) sont les maux de tête, la fièvre, les malaises, les frissons ou les réactions cutanées type érythème avec prurit. Ils correspondent, pour les premiers, à une réaction « frisson-hyperthermie » ou, pour les réactions cutanées, à une réaction allergique et d’hypersensibilité (Drouadaine 2015).

La réaction « frisson-hyperthermie » est liée à l’hémolyse des globules rouges fœtaux RhD positif en cas d’hémorragie fœto-maternelle importante, après injection intraveineuse. Cette réaction est d’autant plus attendue que l’hémorragie et la dose injectée sont importantes

Les réactions allergiques et d’hypersensibilité sont attendues avec tout produit étranger introduit dans l’organisme. Il existe des populations à risque, qu’il est utile d’identifier au préalable. Les patientes allergiques aux immunoglobulines humaines doivent être identifiées et ne recevront pas d’injection d’immunoglobulines humaines anti- D. De même, le Résumé des Caractéristiques du Produit contrindique l’usage de Rhophylac® chez les patientes déficitaires en IgA, en raison du risque de survenue de choc

anaphylactique. Pourtant, les concentrations en IgA sont très faibles dans le produit (< 5 µg /mL) (Cortey et Brossard 2006).

3 Fabrication des immunoglobulines humaines anti-D

La fabrication du Rhophylac® fait appel à plusieurs étapes de chromatographie

d’adsorption à partir de pools de plasma humain provenant de donneurs hyperimmunisés. Le produit est ensuite stabilisé par l’addition d’albumine humaine et de glycine. Par la suite, il subit une filtration stérilisante et est conditionné dans des seringues en verre (Stucki et al. 1997).

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Matière première

Le Rhophylac® est issu du fractionnement de plasma humain. Ce plasma est fourni

par des donneurs sains, RhD négatif, hyperimmunisés grâce à des injections répétées de globules rouges RhD positifs contre rémunération (Cortey et Brossard 2006). Les donneurs habitent exclusivement en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada). En effet, l’approvisionnement en plasmas hyperimmuns anti-D n’est plus assuré en Europe depuis plusieurs années suite à la fin des protocoles d’immunisation de sujets volontaires sains RhD négatif. C’est la raison pour laquelle les industriels importent les plasmas d’Amérique (Cortey et al. 2006).

Sécurisation

Le Rhophylac® est un médicament dérivé du sang. De ce fait, il est nécessaire de

réduire au maximum le risque de transmission d’infections virales. Grâce aux procédés actuellement utilisés au cours de la sélection de la matière première et de la fabrication du médicament, ce risque viral est extrêmement faible. Cependant, une transmission de virus ne peut pas être totalement exclue, notamment avec des virus qui ne sont pas encore répertoriés. On peut noter qu’à ce jour, aucune transmission de prions par des médicaments dérivés du sang n’a été rapportée (Site internet n°1).

La figure 25 expose les étapes clés de la sécurisation virale du Rhophylac®. Ces

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Figure 25 : Sécurisation de la fabrication du Rhophylac®

D’après Production - Rhophylac. [cité 12 févr 2018]. Disponible sur:

http://rhophylac.co.uk/home/production/

3.2.1 Qualité de la matière première

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