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PARTIE II : Méthodologie et Etude exploratoire

Chapitre 3 Positionnement épistémologique et Méthodes de recherche

L’objectif de ce Chapitre 3 est de présenter notre paradigme épistémologique et les choix méthodologiques opérés. Cette explicitation permet de contrôler la démarche de recherche et d’accroître la validité de la connaissance qui en est issue. La Section 1 présente l’architecture de notre recherche, c'est-à-dire notre positionnement épistémologique ainsi que notre design de recherche. Puis, la Section 2 expose notre recueil de données. Enfin, la Section 3 détaille notre méthodologie d’analyse et de traitement des données empiriques.

SECTION 1 : Architecture de la recherche

L’objectif de cette section est de présenter notre paradigme épistémologique ainsi que ses implications sur notre démarche de recherche. Dans un premier temps, nous définissions notre paradigme épistémologique interprétativiste (I.). Puis, dans un second temps, nous présenterons les implications de ce choix sur notre méthodologie de recherche (II.).

I. Positionnement épistémologique

Au cours de cette partie, nous exposons nos présupposés épistémologiques en présentant le paradigme épistémologique interprétativiste (1.). Puis, nous montrons que ce positionnement nous a naturellement conduits à opter pour une recherche à visée compréhensive (2.). Enfin, nous présentons notre stratégie de découverte : l’abduction (3.).

1. Une perspective interprétativiste

L’épistémologie est un guide pour le chercheur. Elle lui permet d’inscrire sa production de connaissances dans un paradigme prédéfini. Cette vision du monde l’oriente, du choix de ses outils jusqu’à l’atteinte de ses résultats. Elle lui permet également de s’assurer de la validité et de la légitimité de sa recherche (Perret & Séville, 2007). En somme, l’épistémologie pose l’ensemble des présupposés du chercheur sur le monde social et son mode d’analyse. En recherche, il est courant d’opposer deux traditions épistémologiques : le positivisme et la phénoménologie. Ces deux paradigmes s’opposent sur leur vision de la réalité et surtout de la production de connaissances.

Le positivisme a longtemps été le seul paradigme admis, car scientifiquement légitime (Royer & Zarlowski, 2007). Selon les positivistes, la réalité a une existence propre, elle peut donc être mesurée objectivement. Les faits peuvent être observés scientifiquement et des corrélations entre les faits peuvent ainsi être trouvées (Perret & Séville, 2007). Notre recherche s’articulant autour de l’étude d’un phénomène psychosocial intrinsèquement subjectif, à la forte variabilité

interpersonnelle et potentiellement tabou, l’adoption d’une posture positiviste nous parait inadéquate.

A l'inverse, selon la phénoménologie, la réalité n’a pas d’existence intrinsèque, elle se construit grâce à l’interaction de différents faits sociaux. L'application initiale des idées phénoménologiques des sciences sociales est attribuée au travail d'Alfred Schutz (1962). L’auteur insiste sur la spécificité des recherches en sciences sociales. Ce type de recherches relève d’une logique différente, car elles doivent prendre en considération le sens donné par les individus au monde qui les entoure. C’est grâce à ces significations et représentations que l’on peut comprendre le comportement et la motivation des individus. Certains définissent cette connaissance comme une représentation de l'expérience cognitive des individus (Usunier et

al., 1993). Par conséquent, les méthodes d’étude phénoménologiques ne cherchent pas à

identifier des causalités entre les faits, mais plutôt à comprendre le sens que les hommes donnent à leurs actions, pour expliquer cette réalité.

Au sein de la phénoménologie, on distingue deux principaux paradigmes : le constructivisme et l’interprétativisme. L’objectif du paradigme interprétativiste est de comprendre la réalité à l’aide des interprétations qu’en font les acteurs. Les interprétativistes ne cherchent pas à définir la réalité, ou à la rendre objective. Ils s’attachent à révéler le sens donné par les acteurs, soit leur vision de la réalité (Van Maanen, 1979). Pour le chercheur interprétativiste, la connaissance du réel ne peut être dissociée de l’observateur : « la connaissance qu’il peut construire d’un

réel est celle de sa propre expérience du réel » (Le Moigne, 1995, p. 67). D’après cette

perspective, la réalité est différente selon les personnes, le monde social est fait d’interprétations issues des interactions entre acteurs dans des contextes spécifiques (Le Moigne, 1995). Cette hypothèse relativiste nous semble tout à fait pertinente pour notre recherche, car nous voulons donner à voir l’interprétation qui est faite de la réalité par les individus.

Le choix du paradigme épistémologique interprétativiste nous a donc naturellement conduits à opter pour une démarche de recherche à visée compréhensive (2.).

2. Finalité de la recherche : une recherche à visée compréhensive

L’interprétativisme s’intéresse aux motivations des acteurs et à leur compréhension. Or, au regard de notre objet de recherche, la compréhension et l’interprétation de la manière dont les acteurs vivent et gèrent les RPS sont centrales. Notre sujet de recherche étant intrinsèquement lié à l’humain, nous avons à cœur de rester à hauteur d’homme, pour réussir à comprendre entièrement les problématiques des personnes rencontrées.

Dès lors, le choix de l’interprétativisme nous a permis d’appréhender les interprétations des acteurs, dans une perspective subjective et contextuelle, ne pouvant être atemporelle et universelle. Nous cherchons ainsi à comprendre comment les acteurs vivent les situations stressantes pour analyser leurs ressentis et perceptions, mais également leurs intentions et leurs rôles dans la gestion des RPS. Le stress étant une expérience vécue par tous les individus, mais à des degrés divers, nous voulons chasser de notre esprit tout présupposé communément admis. Nous désirons comprendre les modes de justification des individus et ne pas leur imposer nos propres interprétations. Enfin, l’étude des RPS nécessite une prise de distance vis-à-vis de l’objet de recherche et de questionnement.

Nous nous sommes donc orientés naturellement vers une démarche de recherche à visée

compréhensive (Volkoff, 2008). Nous avons fait émerger des données qui sont des

interprétations de la réalité grâce à des entretiens compréhensifs (Demazière, 1997; Kaufmann, 2006). Nous décrivons à présent notre stratégie de découverte, l’abduction (3.).

3. Stratégie de découverte : l’abduction

Si nous présentons successivement nos parties théorique, méthodologique et empirique, il faut noter que leur construction n’a pas respecté un processus linéaire. C’est au fil du travail doctoral, que chacune ont émergé, se nourrissant l’une de l’autre.

Notre sujet de recherche étant peu exploré dans les travaux en contrôle, notre recherche s’est construite par tâtonnement. Notre thème de recherche étant d’actualité, nous avons nourri nos réflexions des dernières parutions ou des ouvrages découverts dans divers champs de recherche. De plus, tout au long de notre démarche, nous avons interrogé le terrain, puis nous sommes revenus à la littérature pour confronter nos résultats et enrichir notre propos. Si nous focalisions au départ notre intérêt sur les liens entre dispositif de contrôle et stress professionnel, le terrain a fait émerger un autre axe de réflexion, à savoir celui des outils de gestion du stress. Ces remontées du terrain, non soupçonnées a priori, ont suscité notre intérêt pour nous permettre de questionner à nouveau la littérature.

Notre recherche s’est donc construite grâce à un échange constant entre la littérature et l’apport du terrain. Notre démarche n’est donc ni inductive, ni déductive, mais bien abductive. Pour (Koenig, 1993, p. 7) « l’abduction consiste à tirer de l’observation des conjecture qu’il convient

ensuite de tester et de discuter ». Elle se caractérise par un processus d’allers et retours entre la

littérature et les observations empiriques tout au long de la recherche (Charreire Petit & Durieux, 2007).

Conclusion I.

Au cours de cette première partie, nous avons présenté notre choix de posture épistémologique. En souhaitant nous focaliser sur l’expérience cognitive des individus, sur leurs interprétations, leurs perceptions et le sens qu’ils donnent à leurs actions, nous avons choisi de nous orienter vers le paradigme interprétativiste. Les individus étant au cœur de notre étude, nous avons cherché à comprendre leurs ressentis et leurs expériences des risques psychosociaux, ainsi que leurs rôles dans leur gestion. Nous avons ainsi opté pour une démarche compréhensive visant à nous mettre à hauteur d’individu. En ce sens, et pour ce faire, nous avons opté pour un design de recherche qualitatif (II.).

II. Un design qualitatif de recherche en deux temps

Nous exposons donc dans cette partie notre design de recherche qualitatif (1.). Ce design se caractérise par deux temps successifs : tout d’abord, la réalisation d’une étude exploratoire (2.), puis celle de quatre études de cas (3.).

1. Un design qualitatif

Les méthodes qualitatives visent à donner du sens, à comprendre des phénomènes ou des comportements, grâce à des démarches discursives de reformulation, d’interprétation et d’explicitation du phénomène étudié (Paillé & Mucchielli, 2003). Opter pour une démarche qualitative constitue la voie privilégiée pour comprendre un matériau dense et complexe au sein de situations très contextualisées (Wacheux, 1996). Cette démarche s’insère alors parfaitement dans une logique interprétativiste, visant à décrire, décoder le sens et non la fréquence, de phénomènes sociaux (Moscovici & Buschini, 2003).

Dans la perspective d’étudier les risques psychosociaux et les outils servant à les gérer, l’approche qualitative nous permet de rendre compte du point de vue des acteurs (Silverman, 1993) en les mettant au cœur de nos réflexions. C’est cette recherche de sens et non de fréquence (Czarniawska-Joerges, 1992) qui nous a conduite à adopter un design qualitatif nous permettant de collecter et d’analyser des données au plus proche des réalités empiriques (Baumard & Ibert, 2007).

Notre design se caractérise par deux phases d’études qualitatives : une étude exploratoire puis quatre études de cas. Nous présentons maintenant notre étude exploratoire (2.).

2. Une étude exploratoire

L’étude exploratoire permet de clarifier un problème afin de faire émerger des connaissances, voire des théories, dans des domaines où les savoirs sont encore limités (Charreire Petit & Durieux, 2007; Royer & Zarlowski, 2007). Or, nous désirions étudier une situation de gestion très actuelle, jusqu’à présent peu étudiée en contrôle sous cet angle. Nous étions face à une situation où les connaissances théoriques manquent, ou apparaissent non appropriées au contexte actuel, ce qui rendait difficile la définition d’un questionnement de recherche pertinent. De plus, pour mettre les salariés au cœur de notre réflexion il nous fallait comprendre leurs ressentis. C’est pour toutes ces raisons que nous avons fait le choix de commencer notre recherche par une étude exploratoire.

Nous avons ainsi réalisé une étude exploratoire de 19 entretiens semi-directifs afin de nous éclairer sur un double questionnement. Lors de la première phase de cette étude, nous cherchions à comprendre pourquoi et comment les outils de contrôle peuvent être créateurs

de risques psychosociaux. Puis, une fois nos résultats analysés et enrichis des apports de la

littérature, nous avons cherché à comprendre les manières dont les organisations répondent

aux problématiques de risques psychosociaux.

Suite à notre étude exploratoire, nous avons pressenti que les outils de gestion peuvent jouer un rôle ambivalent dans la gestion des RPS, c'est-à-dire qu’ils peuvent être à la fois créateurs et régulateurs de risques psychosociaux. Dès lors, nous avons structuré notre réflexion autour de la question de recherche suivante.

Dans quelle mesure les outils de gestion participent-ils aux risques psychosociaux, à leur production et à leur prévention ?

Nous avons ensuite détaillé cette problématique principale selon trois sous-questions de recherche qui illustrent les étapes de notre raisonnement.

- Pourquoi les outils de contrôle de la performance peuvent-ils être sources de risques psychosociaux pour les individus ?

- Comment les entreprises gèrent-elles les risques psychosociaux ? Grâce à quels outils ?

- Quelles sont les influences de ces nouveaux outils sur les risques psychosociaux? Nous avons alors défini un double questionnement de recherche, en cherchant à étudier d’une part les liens entre l’utilisation des outils de gestion et l’émergence de risques psychosociaux ; puis d’autre part les manières dont les organisations gèrent les risques psychosociaux. Afin de répondre à ce questionnement, nous avons par la suite réalisé quatre études de cas (3.)

3. Quatre études de cas : TELECOM, BANQUE, BIG 4 et HOPITAL

Pour répondre de manière pertinente à notre questionnement de recherche, nous avons fait le choix de réaliser des études de cas.

Les études de cas permettent de répondre aux questions « pourquoi ? » et « comment ? » (Yin, 1989) et s’attachent à la compréhension des dynamiques présentes dans des contextes spécifiques (Eisenhardt, 1989). Elles rendent possible le suivi et l’explication d’un enchaînement d’événements (Wacheux, 1996) en laissant la possibilité au design de recherche d’évoluer en même temps que les observations sur le terrain (Ferreira & Merchant, 1982). Elles offrent la possibilité d’étudier des dispositifs formels et des processus informels, des dysfonctionnements dans les pratiques et des contradictions (Eisenhardt, 1989). En somme, les études de cas permettent de saisir les caractéristiques complexes de phénomènes sociaux (Yin, 1989). Dès lors, en optant pour ce type de méthodologie, le chercheur peut avoir un contact direct et approfondi avec les membres de l’organisation et donc mettre l’humain au cœur de sa recherche. Cette prise en considération des dimensions contextuelles et spécifiques à une situation, nous apparait décisive dans l’analyse de la gestion des RPS. Pour donner à voir le rôle ambivalent des outils de gestion sur les risques psychosociaux, ainsi que les comportements des acteurs et leurs implications dans la gestion des RPS, ce type de méthode nous semble la plus appropriée. Comme le préconise Yin (1989), nous avons porté une forte attention sur le choix des cas car il détermine la nature de la production de la recherche.

« Tout cas doit être choisi avec précaution de façon, soit à prédire les mêmes résultats

(répétition littérale), soit à produire des résultats contraires mais pour des raisons prédictibles (répétition théorique) » (Yin, 1989, p. 53).

Les risques psychosociaux étant un objet de recherche complexe et incertain, nous désirions avoir des résultats nuancés dans lesquels plusieurs « types » d’organisations pourraient être identifiés. Nous visions donc en ce sens, une répétition théorique (Yin, 1989).

Dès lors, pour obtenir cette nuance, nous avons cherché plusieurs axes permettant de différencier nos cas. Au regard de notre étude exploratoire et de notre revue de littérature, nous avons ainsi défini trois axes de différenciation : la préoccupation des RPS, le changement de

culture organisationnelle et la présence d’un contrôle strict.

Le premier, la préoccupation des RPS, apparait nécessaire pour mettre en lumière les différents niveaux d’engagement en matière de prévention des RPS. Nous cherchions ainsi à étudier des organisations plus ou moins engagées dans la prise en compte de ces risques, et d’en

comprendre les raisons. Les deux autres, changement de culture organisationnelle et présence d’un contrôle strict, apportent des éléments de contexte essentiels à la compréhension de l’émergence des phénomènes de RPS. Nous avons en effet noté dans la littérature l’importance de l’influence de la culture organisationnelle sur les modes d’organisation. Ainsi, nous avons vu que plus la culture du résultat est forte, plus les organisations contrôlent leur performance (Lounsbury & Crumley, 2007). Notre étude exploratoire a ensuite montré que cette culture organisationnelle est également à l’origine de phénomènes de réorganisation, de pressions individuelles et collectives, potentiellement source de RPS. C’est pourquoi ces changements multiples, liés à une évolution de culture organisationnelle nous sont apparus pertinents pour comprendre les liens entre les modes d’organisations et les RPS. Enfin, toujours grâce aux apports conjoints de la littérature et de notre étude exploratoire, nous avons identifié la rigueur du contrôle comme une composante nécessaire à la différenciation de nos cas. En effet, si nous avons noté grâce à la littérature que le contrôle peut s’appliquer sur les individus de manière plus ou moins lâche, notre étude exploratoire nous a montré qu’à la rigueur de ce contrôle est liée l’apparition de RPS. Dès lors en intégrant ce troisième axe nous pouvions éprouver les liens entre l’intensité du contrôle et les RPS.

Par conséquent, pour atteindre une répétition théorique, il nous fallait trouver au sein de nos cas d’étude ces trois axes de différenciation, à des degrés d’importance divers. Suivant ce raisonnement, nous avons étudié quatre cas de recherche nommés TELECOM, BANQUE, HOPITAL et BIG 4. Nous présentons dans le Tableau 10 l’importance de nos axes de différenciation dans chacun des cas.

Tableau 10 : Cas d’étude selon l’importance des objets de recherche clés

Cas étudiés TELECOM BANQUE BIG 4 HOPITAL

A xe s de di ff ér enc iat i on Préoccupation des RPS + + - - Changement de culture organisationnelle + 0 0 + Contrôle strict - + + -

Type de structure Grand groupe privé *

Grand groupe

privé Cabinet

Organisation publique

Le cas TELECOM traite d’un groupe mondial de télécommunication basé en France. Dans

cette organisation les RPS sont une préoccupation de grande ampleur puisque l’entreprise a connu entre janvier 2008 et mars 2010 une vague d’une trentaine de suicides chez ses salariés. A cette époque, ces suicides projettent brutalement sur le devant de la scène médiatique la problématique du stress et de la souffrance au travail. C’est pourquoi, pour étudier la gestion des risques psychosociaux, l’entreprise TELECOM est un cas d’étude intéressant. De plus, TELECOM est une ancienne organisation publique, privatisée en 2004, qui a donc connu un changement de culture organisationnelle majeure. Dans cette organisation, la rigueur du contrôle n’est pas encore très forte.

Le cas BANQUE traite d’un grand groupe bancaire international. En proposant de multiples

services commerciaux et financiers, BANQUE est aujourd'hui un des premiers réseaux bancaires internationaux, un acteur majeur de la finance d’entreprise, de la banque privée internationale et de la gestion d'actifs. Dès lors, de par son secteur d’activité, et l’univers concurrentiel dans lequel elle évolue, BANQUE est une organisation où la culture du chiffre et du résultat sont fortes. La performance des individus y est étroitement surveillée, le secteur bancaire étant l’un des domaines à l’origine des évaluations individuelles (Vidaillet, 2013). Ce cas d’étude donne donc à voir une situation où le contrôle de la performance est strict. De plus, marqué par le scandale médiatique survenu chez TELECOM, BANQUE considère les RPS comme une préoccupation d‘importance.

Le cas BIG 4 traite des quatre grands cabinets mondiaux d’audit financier. Nous avons choisi

d’étudier ces quatre cabinets ensemble car leurs activités sont identiques et leurs structures isomorphes (Cooper & Robson, 2006). Ces quatre cabinets vendent tous des services d’audit comptable et financier, c'est-à-dire des contrôles effectués par des auditeurs visant à vérifier la sincérité, la régularité et la conformité des comptes. Le cas BIG 4 regroupe donc quatre organisations similaires dont l’activité est axée autour du contrôle. De plus, les cabinets d’audit sont des organisations très financiarisées (Alvehus & Spicer, 2012), où la culture du résultat est forte et où le contrôle de la performance est stricte (Anderson-Gough et al., 2001). Dans ce cas d’étude, les RPS sont une préoccupation de faible importance.

Enfin, le cas HOPITAL traite du secteur public, plus précisément, d’un groupe hospitalier (GH) composé de plus de 5400 salariés, dont 1 171 professionnels médicaux. Sous l’influence de politiques récentes insufflées par le New Public Management, cette organisation connait une évolution de sa culture. A la notion de service public, se substitue peu à peu celle d’efficience et de rentabilité. Les préoccupations comptables s’installent depuis plusieurs années (Bauduret

& Jaeger, 2002) si bien que certains comparent les hôpitaux à des entreprises (Michel et al., 2007; Safy-Godineau, 2013) évaluées sur leurs résultats et leurs performances (Cornière & Guaquere, 2005). Or, la diminution des coûts de fonctionnement des établissements a engendré une augmentation des « coûts humains » pour les soignants (Gheorghiu & Moatty, 2014). Les changements conséquents du monde hospitalier sont perçus comme brutaux et anxiogènes par les individus (Naro & Georgescu, 2012). Dès lors, sous l’angle du changement de culture organisationnelle et ses conséquences psychosociales cette organisation est très intéressante. De plus, HOPITAL doit à voir une situation où le contrôle exercé sur les individus reste assez lâche et la préoccupation des RPS, bien que médiatisés78, encore faible.

Conclusion II.

Au cours de cette partie, nous avons présenté notre design de recherche qualitatif. Grace à un raisonnement abductif, à la fois nourri par la littérature et par notre étude exploratoire, nous avons défini notre questionnement de recherche. En cherchant à comprendre dans quelle mesure les outils de gestion participent aux risques psychosociaux, à leur production et à leur

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