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Chapitre 2 : L’expérience du stage

2.4. Le déroulement de la recherche

2.4.2. Poser le problème

Que voulait-on observer et pourquoi? Pour comprendre quoi? À quelles questions la recherche devait-elle répondre? Quels étaient les paramètres d’observation? Comme nous l’avons expliqué précédemment, ces questions doivent se poser avant d’entreprendre l’exploration des sources, alors que le chercheur pose le problème que sa recherche vise à résoudre.

Les échanges qu’avait entretenus le stagiaire avec sa directrice et le responsable du milieu de pratique avant que les activités de recherche soient entreprises en été de 2019 avaient révélé un souci de documenter, de comprendre et de réfléchir dans leur globalité certains phénomènes démographiques et migratoires reliés à la jeunesse québécoise. Ces phénomènes – précisés dans l’entente de stage – constituaient ce que nous souhaitions observer à travers l’exercice de recherche. Le travail anticipé du chercheur visait aussi à ajouter une contribution originale aux connaissances sur la démographie et les migrations de la jeunesse québécoise en offrant des résultats issus d’un affinement de l’échelle géographique d’analyse par rapport aux travaux antérieurs.

Avec cette activité de recherche, les parties prenantes impliquées souhaitaient comprendre la situation démographique des jeunes dans les différentes régions du Québec, les tendances migratoires des jeunes et les disparités interrégionales ainsi qu’infrarégionales par rapport aux

tendances démographiques et migratoires observées dans les dernières années. L’idée initiale était de saisir la situation démographique et migratoire actuelle des jeunes du Québec ainsi que de comprendre comment cette situation s’est développée de 1990 jusqu’à aujourd’hui. Ultérieurement, après un changement de personnel à CJ, un intérêt additionnel manifesté par le nouveau responsable consistait à faire la lumière sur la vitalité de la société civile organisée dans les régions dans le but d’explorer s’il pouvait s’agir d’un facteur de rétention des jeunes en région. En somme, avant d’entreprendre son exploration des sources et sa collecte de données, le stagiaire avait naturellement en tête certaines questions qui allaient orienter son travail de recherche. Comment les régions du Québec se comparent-elles en ce qui a trait à leur population de jeunes adultes? Comment se manifestent les comportements migratoires des jeunes adultes au Québec? Comment ces situations démographiques et migratoires de la jeunesse québécoise se manifestent-elles à un niveau géographique infrarégional? Est-il possible de comprendre la rétention des jeunes en région en fonction de la vitalité de la société civile organisée?

Pour répondre à ces questions, le stagiaire devait identifier les paramètres qui allaient lui permettre d’explorer des éléments de réponse. Des indicateurs et mesures comme les effectifs de population et les soldes migratoires allaient pouvoir être utilisés pour analyser la situation démographique et migratoire des jeunes au Québec. L’intérêt de comparer des unités géographiques régionales et infrarégionales en fonction d’indicateurs démographiques et migratoires faisait en sorte que les données à traiter devaient comporter une information géographique. Pour ce qui nous intéressait, l’information géographique que comporteraient les données démographiques et migratoires à traiter devait se rapporter à des référents pertinents pour l’analyse et avec lesquels les parties prenantes impliquées étaient familiers.

En somme, les parties prenantes impliquées dans le projet de recherche manifestaient un souci de mieux comprendre un groupe social (les jeunes) à travers des connaissances se rapportant à différents phénomènes (tendances démographiques et migratoires) étudiés dans des perspectives déterminées (spatialité et temporalité). En fonction des motivations des parties prenantes impliquées ainsi que des données disponibles et des informations qu’elles apportent, les paramètres de notre recherche pouvaient être clairement définis.

Premièrement, le groupe social faisant l’objet de l’étude, les jeunes, furent définis selon leur âge numérique de 15 à 34 ans. Ce groupe d’âge se rapproche du référent utilisé par CJ, qui considère les jeunes comme des individus âgés de 35 ans ou moins, mais il correspond surtout à une division des groupes d’âges appliquée par Statistique Canada et l’ISQ pour la diffusion de

certaines de leurs statistiques. L’intérêt d’utiliser un tel groupe d’âge s’explique surtout par le fait qu’il s’aligne sur la tendance de Statistique Canada d’utiliser des groupes d’âge quinquennaux, c’est-à-dire que des statistiques intéressantes sur la démographie et les soldes migratoires sont disponibles pour les individus âgés de 15 à 19 ans, de 20 à 24 ans, de 25 à 29 ans et de 30 à 34 ans. Notre consultation préalable de la littérature portant sur la jeunesse québécoise nous ayant fait prendre conscience que certaines tendances démographiques et migratoires seraient structurées selon l’âge des individus au sein même du groupe de la population considérés comme « jeunes », il nous semblait important de disposer de données pour ces différents sous-groupes d’âges afin de tester les affirmations se rapportant à la structuration des phénomènes démographiques et migratoires de la jeunesse selon l’âge en soumettant ces affirmations à un exercice épistémologique de réfutabilité.

Deuxièmement, pour comprendre les phénomènes démographiques et migratoires touchant la jeunesse québécoise, il nous fallait trouver des mesures ou indicateurs pertinents appuyés par un traitement de données accessibles. L’objectif des parties prenantes impliquées consistant à disposer d’une mise à jour sur les tendances démographiques et migratoires des jeunes du Québec était vague, et il relevait donc de la responsabilité du stagiaire d’identifier ce qu’il était possible de mettre à jour comme « tendances » en fonction des données disponibles et traitables. Les effectifs de population pour chaque région administrative et MRC selon l’âge et à différentes années constituaient évidemment des données utiles. De telles données étaient disponibles en accès libre tant sur le site de l’ISQ que sur celui de Statistique Canada. Le potentiel que permettaient ces données d’effectifs de population était large puisqu’il permettait de mesurer la présence des jeunes en termes de nombres absolus ou de proportion de la population totale, pour une année et une unité géographique données. Par rapport aux tendances migratoires, les parties prenantes impliquées étaient intéressées par les migrations des jeunes à l’intérieur du Québec, ce qui excluait les migrations vers les autres provinces ou à l’étranger. Heureusement, l’ISQ rendait accessibles des données très fiables sur les soldes migratoires infraprovinciaux, calculés à partir des changements de résidences enregistrés dans le fichier d’inscription des personnes assurées de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) depuis 2001-2002. Statistique Canada, qui reprenait les données de l’ISQ pour les soldes migratoires, offrait la possibilité de télécharger les données relatives auxdits soldes migratoires en fonction de certaines variables comme l’unité géographique, l’année et le groupe d’âge des migrants. Nos réflexions sur le potentiel des données accessibles et traitables nous ont permis de déterminer des indicateurs,

soient la présence démographique et l’apport migratoire, qui seraient mesurés avec les statistiques d’effectifs de la population et de soldes migratoires respectivement.

Finalement, comme nous l’avons expliqué précédemment, des données relatives aux effectifs de population étaient disponibles en accès libre pour chaque MRC et territoire équivalent ainsi que pour chaque région administrative du Québec, tant sur le site de Statistique Canada que sur celui de l’ISQ. Les données très fiables sur les soldes migratoires au niveau des MRC et territoires équivalents ainsi que des régions administratives étaient également disponibles en accès libre.3 Nous avions donc accès à des données intéressantes téléchargeables dans un format qui nous permettait de mener une analyse géographique à des échelles infrarégionale (MRC et territoires équivalents) et régionale (régions administratives) respectivement. Tous les acteurs impliqués dans le projet étaient familiers avec les unités géographiques auxquelles nous comptions nous référer pour mener notre traitement de données. Également, comme nous l’avons expliqué précédemment, le format des données sur les effectifs de population et sur les soldes migratoires permettaient aussi de mener des analyses sur des séries temporelles. En somme, nous n’avons pas eu de difficulté à déterminer les paramètres auxquels nous allions nous référer pour mener notre traitement de données dans des perspectives géographiques et temporelles, les interfaces de Statistique Canada et de l’ISQ nous permettant de personnaliser le format de téléchargement des données en fonction des unités géographiques et des années qui nous intéressaient.