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LES WOEIRIOT ^5

de douter que le portrait ait été commandé par Th. de Bèze pour le volume même dont il était éditeur. Et c'est à juste titre qu'il est connu sous le nom de portrait des Opuscules.

2. Notre graveur Pierre II Woeiriot « naquit en 1531 ou 1532, soit à Neufchateau, soit à Damblaind, » en Lorraine. Il fit plusieurs voyages, séjourna assez longtemps en Italie, notamment à Rome.

Il a été quelquefois assez dédaigné. Le vicomte Henri Delaborde, Conservateur des estampes à la Bibliothèque nationale, le traitait de simple orfèvre « prétendant creuser comme tout le monde » le bois ou le cuivre ; et la Grande Encyclopédie ne lui accorde pas une seule ligne. — Par contre J. Renouvier l'appelle « le graveur le plus intime de la forte race des calvinistes français2. »

3. La gravure de Woeiriot nous offre un Calvin, — Calvin à la cape,— arrivé à la fin de sa carrière. Il regarde (à gauche) des auditeurs, par exemple les étudiants de tout âge qui écoutent ses leçons d'exégèse au temple de l'Auditoire. De la main gauche, il tient un livre à moitié fermé ; l'index, entre les pages, lui permettra de retrouver tout de suite, si sa mémoire en avait besoin, ce qui est rare, le texte, le mot qu'il explique. Sa main droite fait un geste sobre, mais très expres-sif. L'index et le pouce, ouverts et levés, sont comme les pinces du raisonnement logique dans lequel il tient l'idée, en môme temps qu'ils retiennent l'attention, la soutiennent. — Au-dessous de la planchette sur laquelle le Réformateur s'accoude, on voit le sceau de Calvin : une main ouverte qui tient et présente un cœur, et la devise : prompte et sincere, enfin la signature W B et la date 66.

4. Du même artiste, nous avons un second portrait : Calvin au bonnet. Il a bien aussi la cape, mais au-dessus de la cape il y a un bonnet. (Planche XV, à).

Les deux dessins ne diffèrent pas beaucoup. Le front est un peu moins bombé, le nez un peu plus arqué, la joue un peu plus pleine, et la physionomie paraît un peu plus jeune, moins sévère.

Et puis, au lieu d'un Calvin appuyé sur une planchette, comme sur le bois d'une table, ou d'une chaire, nous avons un simple buste sans bras, ni main, posé sur une console, avec deux petites plantes de chaque côté ; le très petit piédestal du buste porte la date 66. Au-dessous il y a le sceau, la devise et la signature W B.

Ce portrait est imprimé sur le titre de l'Institulio chrislianae religionis apud Johannem le Preux, MDCVII.

On a dit que ce portrait se trouvait déjà sur la page dû titre des Commentaires sur le prophète Isaïe, édition de François Perrin, 1572 (Bibliothèque de Genève). Mais c'est une erreur. Le trait se trouve sur une feuille mince, et collée, après coup, sur la page. — Evidemment ce por-trait était imprimé, à part, sur des feuilles volantes. On trouve une de ces feuilles intercalées dans le manuscrit des Chroniques de Roset 3 et ailleurs, par exemple, aux Estampes de la Bibliothèque

4. Albert Jacquot, Pierre Woeiriot, p. 22.

2. Voir Bulletin du protestantisme, LIV, 1905, p. 445 : Charles Comte, Un portrait peu connu de Cal-vin. — Louis Jouve, Biographie générale des Vosges : Woeiriot, les Briot, Fratrel, 1890. — Henri Dann-reuther, article dans le Bulletin, XXXIX, 1890, p. 608. — Léon Germain, article dans le Journal de la Société d'archéologie lorraine, tiré à part ; Les Briot et la famille de Pierre Woeiriot, 1891. —Albert Jacquot, Pierre Woeiriot, 1892.

3. Bibliothèque de Genève. Manuscrit des Chroniques de M. Roset: M S. M. h. g. 141e.

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66 DERNIÈRES ANNEES

nationale à Paris (Collection des portraits de Calvin). Sur cette simple feuille volante, au bas du portrait, se trouve une pièce de quatorze vers latins l.

Comment ce portrait fut-il publié en 1566? sur feuille volante? en tête d'un ouvrage? Nous ne le savons.

5. Quoi qu'il en soit, l'œuvre de P. Woeiriot est remarquable. Il y a évidemment de la res-semblance ; il y a de la vie. Et telle a été de tout temps l'opinion des connaisseurs. •

« C'est, dit J. Bonnet, le même [?] type [de la Bibliothèque] que l'on retrouve dans une édi-tion de Y Instituédi-tion chrétienne de 1566 [celle de Perrin], qui offre peut-être le meilleur portrait du Réformateur2. »

Et Blavignac, parlant des « deux gravures faites en 1566, sous les yeux de Th. de Bèze, le collègue et l'ami de Calvin, » ajoute : « Ces deux gravures, que nous considérons comme la représentation authentique, offrent entre elles, bien que très différentes par les accessoires, une parfaite ressemblance de physionomie. L'une d'elles se trouve au verso du titre du Recueil des

Opuscules, etc.; l'autre, portant la même signature, la même date, est conservée à la Bibliothèque publique de Genève :l. »

6. A propos du portrait de Calvin « au bonnet », les auteurs parlent d'un exemplaire avec dédicace. Sur le petit piédestal, qui semble soutenir le buste, il y a toujours 66., le millésime.

Mais, sur la console, on lit : Ludovico Masurio '.

« Le personnage, auquel l'artiste dédie ce portrait du Réformateur, est un de ceux qui peuvent le plus nous intéresser dans l'histoire du protestantisme en Lorraine et à Metz ; car Ludovicus Mazurius, le poète Louis des Masures, l'auteur des Tragédies saincles, David combat tant, David triomphant, David fugitif, après avoir été conseiller et secrétaire du duc de Lorraine, vivait, en 1566, réfugié à Metz, ayant, quelques années auparavant, embrassé le protestantisme 5. »

Faut-il admettre que l'artiste aura gravé le nom de son ami sur quelques exemplaires G ? Ce Calvin au « bonnet » a été reproduit avec cette exergue, en latin, autour du portrait:

Funeste image de Jean Calvin, hérèsiarche1, dans une série de traductions du pamphlet de Bolsec, en latin, à Cologne, 1580; en allemand, à Cologne, même année; autre édition en 1581; en hol-landais, 1581 8. <! I.

1. Cités et traduits dans le Bulletin, LIV (1905), p. 448. — 2. J. Bonnet, p. 33.

3. Mémoires et documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève. Blavignac, VII, p. 144, 145.

4. Dans un recueil factice de gravures de Woeiriot, .cabinet des Estampes de la Bibliothèque natio-nale (Ed. 5 B. Réserve), voir Bulletin, LIV, 1905, p. 448.

5. Bulletin, LIV, 1905, p. 450.

6. Ceux qui décrivent cet état de la gravure parlent-ils tous du même exemplaire, ou en ont-ils vu plu-sieurs ? C'est ce que, faute d'indication précise, il n'est pas possible de déterminer.

7. « Funesta effigies Joannis Calvini hceresiarchœ. » 8. Bibliothèque de M. Th. Dufour.

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