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Chapitre 3 : Analyse critique du projet d’intervention

1. Portrait des participants

1.1 Les patients de la Clinique externe en Psychiatrie ayant participé à la démarche

Parmi les bénéficiaires de la Clinique externe en Psychiatrie de l’Hôpital Maisonneuve- Rosemont (HMR), les participants au projet d’intervention sont au nombre de neuf, soit huit femmes et un homme, dont l’âge oscille entre 31 et 71 ans. Ils ont tous été diagnostiqués d’un trouble mental grave. Parmi les huit femmes, cinq présentent des troubles psychotiques, l’une d’elles souffrant en plus d’une organicité cérébrale en conséquence d’une lobotomie, alors que deux des autres ont un diagnostic de troubles cognitifs sévères associé à leur diagnostic psychiatrique principal. Les trois autres femmes ont été reconnues comme porteuses d’un trouble de l’humeur. Deux de ces dernières ont présenté dans le passé des problèmes de consommation d’alcool ou des substances stupéfiantes. Pour sa part, le participant de sexe masculin souffre des séquelles d’un traumatisme crânien se manifestant par des symptômes à caractère psychotique d’intensité variable.

40 Tous les participants sont célibataires. La plupart vivent seuls dans les quartiers d’Hochelaga- Maisonneuve et de Rosemont, excepté deux des femmes : la plus âgée, qui vit depuis longtemps dans une ressource de type familial à Pointe-aux-Trembles et la plus jeune, qui habite en appartement, mais toujours en compagnie de sa mère. La majorité des participants sont des Québécois francophones, outre deux femmes d’origine haïtienne. Les neuf participants ont terminé leurs études secondaires. Trois d’entre eux ont également obtenu un diplôme d’études professionnelles alors que deux autres ont décroché un diplôme universitaire en carrières techniques. Une des femmes, ayant fini ses études de niveau secondaire, souhaiterait continuer sa formation scolaire pour obtenir un diplôme en soins de beauté, mais les limitations imposées par sa maladie l’ont empêchée d’y arriver jusqu’à présent. Un des participants a un emploi, alors que les autres ont pour source de revenus des prestations d’aide sociale pour des individus dans l’incapacité de travailler en conséquence d’une maladie ou des prestations provenant de l’assurance emploi. Il y en a aussi une femme à la retraite après avoir longtemps travaillé pour une institution du gouvernement.

Les contextes familiaux desquels proviennent les participants sont aussi variés. Trois des participantes semblent entretenir une relation significative et positive avec au moins un membre de leur famille, ayant toujours reçu de leur part le soutien dont elles avaient besoin. Dans deux de ces cas, ce membre est la mère et pour la troisième, c’est une sœur la personne la plus proche. Pour trois des autres participants, les relations avec la famille sont inexistantes, ayant reçu de leur part un soutien déficient au cours de leur maladie. La septième participante a été aux prises avec des conflits familiaux à cause de sa consommation. Étant aujourd’hui sobre, elle cherche à améliorer ses liens familiaux, notamment avec ses enfants. En ce qui concerne les deux derniers participants, la relation avec la famille a un caractère ambivalent, allant du désengagement émotionnel à la génération des conflits parfois insolubles. Dans un de ces cas, la situation a été toujours aggravée par la présence des troubles mentaux tels que des épisodes dépressifs et des idées suicidaires parmi certains membres de la famille.

La plupart des participants au projet d’intervention sont isolés et présentent un réseau social se réduisant à très peu d’individus qu’ils considèrent comme significatifs. Ils ont peu d’amis et leur réseau social est surtout constitué des membres de leur famille. Par contre, deux des participantes

41 sont des personnes très engagées au sein de leur communauté. Une de ces femmes fait du bénévolat pour différents organismes, spécialement ceux qui s’occupent de la défense des droits des animaux. L’autre souhaiterait participer plus activement dans des activités sociales, mais est limitée à cause de ses problèmes de santé physique. La dimension spirituelle semble avoir beaucoup d’importance pour le participant du sexe masculin. Cependant, il n’a pas réussi à trouver un conseiller pour combler ce besoin, ce qui interfère avec ses progrès thérapeutiques. Malgré l’hétérogénéité des participants, ils ont certains traits en commun. Toutes ces personnes vivent des situations supposant des besoins à combler dans plusieurs dimensions de leur vie. Leur maladie leur a imposé des limitations qui interfèrent de façon significative dans le développement de relations interpersonnelles satisfaisantes. Leurs compétences sociales de base et leur capacité fonctionnelle dans la production d’un travail sont aussi atteintes. Leur autonomie et leur épanouissement personnel sont compromis, particulièrement durant certaines phases critiques de leur maladie. En conséquence, la complexité de leurs problématiques exige que les expertises de plusieurs professionnels soient mises en commun dans la planification des soins et des services dont ils ont besoin. Le travail de concert d’une équipe interdisciplinaire s’impose dans le but de développer une compréhension globale de leur situation pour finalement mettre en place les conditions qui assureront une réponse optimale à leurs besoins.

1.2 Les membres de l’équipe interdisciplinaire ayant participé à la démarche

Dans le Programme-clientèle de santé mentale, des professionnels ayant des formations différentes se côtoient et travaillent de concert pour offrir des soins et des services complets et de qualité à ses usagers (HMR, 2012). Mon projet de stage implique l’ensemble des professionnels faisant partie d’une des équipes multidisciplinaires œuvrant à la Clinique externe en Psychiatrie, à savoir : le psychiatre, les travailleurs sociaux, les infirmières, les psychologues, et les ergothérapeutes. Le champ de pratique spécifique de ces professionnels a permis une complémentarité des services pour répondre de façon optimale aux besoins de la clientèle ciblée. La composition de l’équipe soignante varie d’un participant à l’autre en dépendance des problématiques confrontées. Par exemple, lorsque la personne avait besoin d’un suivi de psychothérapie soit individuelle soit groupale, le psychologue à charge a été invité à la

42 démarche. Par contre, si les problèmes étaient d’ordre physique comme conséquence de la prise de médicaments, l’infirmière de la Clinique du suivi du syndrome métabolique faisait partie de l’équipe. Les seuls membres qui ont été présents au cours de toutes les séances d’intervention ont été le psychiatre et le travailleur social.

Il faut ajouter que lorsqu’on utilise le terme équipe, on fait référence aussi aux proches des personnes concernées par le projet. En effet, les membres des familles, qu’ils soient issus de la parenté proche ou du cercle de soutien élargi, constituent des partenaires essentiels dans le parcours de rétablissement (Commission de la santé mentale du Canada, 2012). Comme le soulignaient St-Onge et Lavoie (1997), les familles doivent être identifiées comme des interlocuteurs valables et des agents de première ligne dans le traitement de leurs proches. L’unité familiale constitue sans doute une source d’information précieuse pour l’équipe traitante en ce qui a trait à l’évolution des symptômes, à la réponse à la médication et à l’observance du traitement (Collette et coll., 2004). De même, lorsque les membres de familles sont vraiment acceptés en tant que collaborateurs, ils sont en mesure de tenir leur rôle d’expert de la situation et leur point de vue pourra être pris en considération à chacune des étapes de l’intervention, et plus particulièrement dans les prises de décisions importantes concernant le traitement. Il ne faut pas oublier que les membres de familles étaient présents avant l’émergence du trouble mental, ils détiennent donc une connaissance inestimable de la personne atteinte. De surcroit, ils sont les seuls à être en mesure d’assurer une présence et un soutien continus dans le milieu de vie (Morin, 2012). Après cette description sommaire des participants, la prochaine section présente un bilan de l’implantation du projet au sein de la Clinique externe.

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