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Quelle est la politique des services d’aide à domicile ?

DES SERVICES D’AIDE À DOMICILE ?

7.1 Recrutement, sélection et gestion de carrière

Un nombre non négligeable de services (surtout privés) ont des dif-ficultés pour recruter des aides familiales. Ces difdif-ficultés peuvent être liées à la faible attractivité du métier mais aussi à une certaine pénu-rie d’aides familiales suffisamment qualifiées sur le marché du travail.

Dans ce contexte, certains services ont peut-être des critères de sélection un peu trop stricts.Ainsi, nous avons constaté que le fait de détenir un permis de conduire et une voiture est considéré comme important par beaucoup de services (surtout wallons).

Avec une aide familiale sur dix qui a quitté son service durant l’année 2003, le turn-over ne peut pas être considéré comme élevé dans un secteur très fortement féminisé. De plus, trois-quarts des départs ne sont pas volontaires (fin de contrat, licenciement, retraite…).

En ce qui concerne la gestion de carrière, la plupart des services met-tent en place des mesures pour accueillir et accompagner les nouvel-les recrues. Il s’agit principalement de transmettre des informations sur le prescrit du travail (informations générales sur l’organisation, informations sur des points pratiques et administratifs…). Il s’agit aussi d’aborder les difficultés liées au travail réel (à travers des entre-tiens plus fréquents au début avec l’assistante sociale, à travers

l’ob-Difficultés de recrutement liées entre autres à la faible attractivité du métier

servation de prestations effectuées par une collègue plus expérimen-tée). Par contre, un accompagnement lors des premières prestations effectuées par la jeune recrue elle-même est moins répandu.

La gestion de carrière se caractérise aussi par des évaluations et des entretiens de fonctionnement dans un peu plus de la moitié des ser-vices et ce, au moins une fois tous les deux ans. Ceci concerne plus les services flamands et les services publics. Ces pratiques sont étroi-tement liées à des obligations et/ou à des recommandations qui pèsent sur certains services(4). Il s’agit surtout de valoriser le travail des aides familiales pour les motiver et les inciter à se remettre en question. C’est le responsable direct de l’aide familiale (le plus sou-vent l’assistante sociale) qui est le plus fréquemment chargé des entretiens de fonctionnement ou d’évaluation.

Les possibilités d’évolution de carrière sont peu envisagées, sauf dans les services publics flamands où il existe un dispositif particulier –

«functionele loopbaan» - permettant une certaine progression sala-riale. Un nombre limité de services (environ 20%) propose à leurs aides familiales une évolution de carrière vers d’autres tâches ou d’autres fonctions. Celle-ci consiste essentiellement en la spécialisa-tion des aides familiales (via des formaspécialisa-tions pointues en soins pallia-tifs, en troubles psychiatriques, en gestion des situations difficiles…) et le tutorat.

TTuuttoorraatt

Le tutorat consiste en l’encadrement d’une aide familiale débutante par une aide familiale plus expérimentée. Celle-ci accompagne la nouvelle recrue, la conseille, partage les expériences vécues au quotidien. Elle apporte un certain soutien en particulier dans les situations difficiles.

Depuis le 13 mai 2003, une convention collective de travail relative au tutorat a été instaurée en Wallonie pour une durée indéterminée. On constate d’ailleurs que ce sont principalement les services wallons (béné-ficiant de certains moyens grâce à la convention) qui développent le tuto-rat (40% des services wallons, 9% des services flamands et aucun service bruxellois). Le tutorat concerne moins d’une aide familiale sur dix. Or, la quasi-totalité des aides familiales qui sont impliquées dans le tutorat por-tent un regard positif sur cette mesure.

(4) Les “krachtlijnen Kelchtermans” dans les services publics flamands et la révision générale des barèmes (RGB) dans les services publics wallons, par exemple.

Plus de formations que le minimum légal mais peu d’évolution de carrière

7.2 Formation des aides familiales

La tendance des services n’est pas de se contenter d’offrir le mini-mum légal d’heures de formation à leurs aides familiales mais plutôt de s’investir réellement dans le domaine. En effet, tous les services analysent les besoins de leurs aides familiales et la plupart leur per-mettent au moins «parfois» de choisir elles-mêmes leur(s) forma-tion(s). Sept services sur dix établissent des plans de formation et huit sur dix informent régulièrement leurs aides familiales sur les possibi-lités de formation. Enfin, la plupart des services évaluent les forma-tions suivies par les aides familiales. En 2003, les formaforma-tions ont été le plus souvent dispensées en interne via des opérateurs de formation externes. Cette année là, quasiment toutes les aides familiales ont au moins suivi une formation. Le pourcentage représenté par les heures de formation dans l’activité des services dépasse le minimum légal dans le secteur.

La majorité des aides familiales est satisfaite des formations qu’elles suivent tant du point de vue du contenu, que du point de vue de la quantité. Plus les aides familiales reçoivent des heures de formation, plus elles en sont satisfaites.

Les formations relatives à l’accompagnement de bénéficiaires spécifi-ques (malades en phase terminale, bénéficiaires avec des problèmes psychiatriques…) sont de loin les formations les plus fréquemment proposées et les plus suivies par les aides familiales. Dans la liste des formations proposées, on trouve ensuite par ordre décroissant, les formations ayant trait à la déontologie (secret professionnel, fixation des limites…), à la communication (écoute, compétences sociales, communication avec les bénéficiaires et leur famille…) et à la santé et la sécurité au travail (techniques de manipulation et de manutention, gestion du stress, produits toxiques…).

Malgré les actions de formation développées par les services, beau-coup d’aides familiales (77%) ressentent encore un besoin de forma-tion. Il est intéressant de noter que ce besoin concerne plus particu-lièrement les formations portant sur l’accompagnement de bénéfici-aires spécifiques, les soins, le suivi et l’organisation du travail ainsi que la communication.

7.3 Fin de carrière des aides familiales

L’âge moyen auquel les aides familiales aimeraient arrêter l’exercice spécifique de leur profession est de 55,3 ans alors que l’âge moyen auquel elles souhaitent arrêter de travailler en général est de 56,6 ans. Il convient donc de remarquer que les âges avancés par les aides familiales sont en général inférieurs à l’âge légal de la retraite en Belgique (65 ans). Toutefois, ces âges sont assez proches de l’âge auquel le travailleur belge moyen souhaite arrêter de travailler (58 ans).

Une très large majorité des aides familiales estime que leur métier devient plus lourd avec l’avancée en âge (au-delà de 50 ans), essentiel-lement pour des raisons physiques (liées notamment aux tâches de nettoyage) et dans une moindre mesure pour des raisons psychiques (liées au stress, à la pression du travail…). Ce résultat corrobore cer-tains constats relatifs à la qualité du travail.

Il est intéressant de noter que les aides familiales indiquent également que les plus âgées ont aussi des atouts.Ainsi, au moins deux tiers des aides familiales considèrent que les plus âgées montrent plus d’assu-rance, paniquent moins dans l’exercice de leur métier et sont plus résistantes au stress.

Pour alléger le travail des quinquagénaires, près de la moitié des aides familiales préconise des mesures consistant en une meilleure réparti-tion des tâches avec un allègement de celles des plus âgées ou en une adaptation temporelle du régime de travail (temps partiel, jours de congés supplémentaires…). Une aide familiale sur quatre propose une réduction du nettoyage.

La plupart des services (environ 80%) ne mettent pas en place d’au-tres aménagements pour alléger le travail des aides familiales plus âgées, que ceux réalisés dans le cadre des accords du non marchand (congés supplémentaires, jours d’exemption de prestations, crédit temps pour les 50 ans et plus…). La moitié considère qu’une telle pratique n’est pas nécessaire. Les autres évoquent surtout l’absence de moyens et le manque de réglementation.

Seul un service sur cinq propose des mesures pour maintenir plus longtemps les aides familiales au travail. Ces mesures consistent prin-cipalement en un allègement des tâches destinées aux plus âgées (tant du point de vue des tâches à effectuer que du point de vue du profil

Seul un service

des bénéficiaires à prendre en charge) ou en des aménagements du temps de travail (élargissement des conditions d’accès au crédit-temps pour les 50 ans et plus, prépension, jours de congés supplé-mentaires en fonction de l’ancienneté…).

7.4 Prévention et sécurité au travail

D’après la plupart des services, les risques les plus importants pour les aides familiales sont les maux de dos, le stress et dans une moin-dre mesure, le harcèlement, les douleurs physiques, la contagion et les accidents. Ces risques confirmés par l’enquête auprès des aides fami-liales, sont évidemment étroitement liés à la nature même du travail des aides familiales (travail ayant à la fois une composante physique (manutention, tâches ménagères…) et une composante psychique (relations avec les bénéficiaires et leur entourage)) ainsi qu’aux condi-tions dans lesquelles le travail doit se réaliser (domicile des bénéficiai-res).

Par ailleurs, deux problèmes majeurs en matière de santé et de sécu-rité au travail sont le travail avec des bénéficiaires difficiles (cas psy-chiatriques, cas sociaux, personnes fortement dépendantes…) et la fixation des limites (par rapport aux demandes de nettoyage, à la recherche de liens affectifs…). Il faut aussi relever le manque d’hy-giène et le matériel défectueux ou inexistant.

Ces différents problèmes sont liés à une certaine évolution du profil des bénéficiaires : des personnes de plus en plus âgées pouvant souf-frir de pathologies lourdes, des personnes atteintes de différentes for-mes de troubles mentaux, des personnes ou des familles pouvant être très précarisées.

Face à ces risques et ces problèmes, les services préconisent surtout des mesures en terme d’information (brochures, fiches « sécurité », réunions…), de formation (manutention ou manipulation de charges, gestion du stress…) ou d’accompagnement, de soutien par le respon-sable direct. Force est de constater que si ces mesures peuvent per-mettre de protéger quelque peu les aides familiales, elles n’améliorent pas directement les conditions de travail. Il s’agit donc plus d’une poli-tique de sécurité défensive que véritablement préventive.

Les risques les plus importants:

les maux de dos et le stress

Une mesure préventive pour améliorer la sécurité au travail consiste à contrôler la présence et la qualité du matériel mis à la disposition des aides familiales au domicile des bénéficiaires. Un quart des servi-ces seulement réalise ce contrôle, le plus souvent sans l’aide d’une liste de matériel préétablie.

7.5 Organisation du travail

Tous les services d’aide à domicile assurent des prestations en semaine (un tiers environ assure également des prestations le samedi, le dimanche et les jours fériés). Ces prestations s’étalent de 7h-8h30 à 16h-17h.

On constate un certain déséquilibre entre l’offre et la demande de prestation au sein des services. En effet, près d’un tiers des services est en surcharge et il y a une liste d’attente dans un service sur trois.

Ceci est surtout vrai pour les services privés et wallons. Les services justifient la liste d’attente surtout par un manque de personnel (pour des raisons de maladies, d’absences prolongées ou de postes restés vacants). Un service sur trois environ justifie la liste d’attente par des subsides insuffisants.

Si les services ne peuvent répondre immédiatement à toutes les demandes d’aide, ils procurent l’aide en priorité aux personnes qui en ont le plus besoin ainsi qu’aux personnes les plus isolées socialement.

Plus de sept services sur dix diminuent la durée des prestations pour pouvoir satisfaire plus de demandes. Toutefois, cette pratique peut aussi avoir des effets négatifs sur les conditions de travail des aides familiales. On constate par exemple que plus les aides familiales font des prestations courtes (maximum deux heures), plus elles ressentent la pression du travail.

Dans plus de la moitié des services, le planning des prestations (horaire) est établi chaque semaine, le plus souvent par l’assistante sociale. L’ajustement des prestations se fait pratiquement toujours par des visites au domicile du bénéficiaire par l’assistante sociale et par des réunions régulières avec les aides familiales. Il se fait aussi très souvent de manière informelle en discutant avec l’aide familiale.

Du point de vue de la communication concernant les prestations, dans plus de huit services sur dix, le travail que les aides familiales

doi-Un tiers des services sont en surcharge, un tiers ont une liste d’attente

vent effectuer chez chaque bénéficiaire est détaillé au niveau d’un document spécifique. En ce qui concerne la communication entre les intervenants, la plupart des services déclarent avoir recours à un document (cahier ou carnet de coordination, de bord, de liaison… ) qui est laissé chez les bénéficiaires et qui permet un meilleur suivi de l’aide et une coordination plus efficace entre les intervenants.

Concernant la répartition des bénéficiaires entre les aides familiales, les services tiennent surtout compte du profil des bénéficiaires, de la personnalité des aides familiales et de leur disponibilité. Les affinités des aides familiales avec les bénéficiaires et les lieux géographiques (pour éviter de longs déplacements, par exemple) sont aussi des cri-tères pris en considération. Par contre, l’âge des aides familiales est moins pris en compte. La plupart des aides familiales sont satisfaites de la répartition des bénéficiaires.

La modalité la plus fréquente de prise en charge des bénéficiaires est celle d’une prise en charge collective d’un même bénéficiaire (dans 44% des services). Dans ce cas, plusieurs aides familiales (toujours les mêmes) se relaient auprès du même bénéficiaire. Cette modalité per-met une organisation plus flexible en cas d’absence d’une aide fami-liale, par exemple. Près de quatre services sur dix privilégient néan-moins le suivi des bénéficiaires par la même aide familiale. Les autres services ont recours à une prise en charge qui repose sur les deux types de modalités: le plus souvent, c’est la même aide familiale qui est affectée au même bénéficiaire mais parfois, pour les cas lourds par exemple, ce sont plusieurs aides familiales qui se relaient auprès du bénéficiaire.

Répartition des bénéficiaires sur base de leur profil

8 COMMENT AMÉLIORER LA SITUATION

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