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IV.3 Contraintes technologiques

IV.3.1 Phénomènes de polarisation

IV.3.1.2 Polarisation totale

Le désaccord de maille entre la couche tampon de GaN et d’InGaN entraîne un dépla-cement des barycentres des charges modifiant ainsi la polarisation spontanée. Ce phé-nomène fait apparaître une polarisation piézoélectrique (Ppi) qui va, soit renforcer, soit affaiblir, la polarisation spontanée (voir partie I.2.1.2 page 20, chapitre I). Si la couche InGaN subit une déformation en compression, Ppi est positive et si elle subit une défor-mation en tension, Ppi est négative.

Le paramètre de maille de GaN étant plus petit que celui de l’InGaN, toutes les couches hétéroépitaxiées seront soit contraintes en compression soit relaxées. Pour connaître celles qui sont contraintes et celles qui sont relaxées, nous avons tracé la variation de l’épaisseur critique1d’InGaN en fonction de la composition d’indium en se référant aux mesures ex-périmentales obtenues dans la littérature. Sachant qu’aucune mesure n’a été faite sur les épaisseurs à forte teneur en indium, nous avons ajusté les données expérimentales repor-tées par Parker et al. [158] et par Reed et al. [159], en utilisant le modèle de Fischer décrit dans [42], pour extrapoler les épaisseurs critiques des couches à forte teneur d’indium (voir figure IV.13). Pour l’extrapolation des données basées sur les propriétés de photolu-minescence rapportées dans [158], l’épaisseur critique correspondant à une composition d’indium de x = 0,6 serait d’environ 30nm, alors qu’elle serait plus proche 10nm pour celles rapportées dans [159]. Par conséquent, pour nos simulations, nous avons considéré que toutes les couches ayant une épaisseur inférieure à 10nm sont contraintes et que, de ce fait, les couches ayant une épaisseur supérieure à 10nm sont relaxées. Ce processus de relaxation se produit en générant des défauts structuraux dans la couche épitaxiée, le plus souvent des dislocations, qui permettent à la couche de retrouver son paramètre de maille d’origine. Nous verrons l’impact de ces défauts sur les performances de la cellule dans la partie suivante.

En observant les épaisseurs optimales des différentes épaisseurs de la cellule, nous constatons que l’épaisseur optimale de la sous-cellule 2 dépasse largement l’épaisseur critique. Elle sera donc considérée comme étant une couche relaxée. La jonction tun-nel possède, quant à elle, une épaisseur de 10 nm, elle est donc considérée comme une couche contrainte. La sous-cellule 1 possède un paramètre de maille très proche de

ce-1. C’est l’épaisseur à partir de laquelle la contrainte contenue dans la couche épitaxiée devient trop importante, entrainant la relaxation de la couche.

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7

Concentration d'indium (x)

0 20 40 60 80 100 120 140

Epaisseur critique (nm)

Parker et al. Reed et al.

FIGUREIV.13 – Épaisseur critique de InGaN sur une couche de GaN en fonction de la composition d’indium déterminée à partir du model de Fischer [42], par extrapolation des mesures expérimen-tales obtenues par Parker et al. [158] et Reed et al. [159] .

lui de la jonction tunnel. Elle sera également considérée comme une couche contrainte. Par conséquent, nous avons considéré la polarisation piézoélectrique uniquement sur la jonction tunnel et sur la sous-cellule 1.

La figure IV.14a présente les caractéristiques courant-tension I(V) de la cellule corres-pondant à différentes quantités de charges de polarisation, dans le cas d’une polarisation Ga. Dans un premier temps, nous pouvons voir que, comme dans le cas de la polarisation spontanée, la polarisation totale de la structure n’entraîne pas une détérioration des per-formances de la cellule. Cependant, lorsque l’on augmente cette polarisation, nous obser-vons une diminution importante de la tension de circuit ouvert VCOpuis une déformation de la courbe entraîne une forte dégradation du facteur de forme FF et une diminution du courant de court-circuit ICC.

Afin d’expliquer ce comportement, nous avons présenté sur la figure IV.14b, la varia-tion de la bande de conducvaria-tion au niveau de la joncvaria-tion tunnel en faisant varier la quan-tité de charge de polarisation. Nous pouvons observer que l’augmentation de la polari-sation crée une courbure de bande à l’interface entre la jonction tunnel et la sous-cellule 2 qui augmente avec la polarisation. Ceci est dû à l’accumulation de charges de polari-sation à cette interface faisant apparaître un champ électrique. Ce champ induit par la polarisation s’oppose au champ électrique initial. Il a donc tendance à abaisser le champ électrique total séparant les porteurs photogénérés dans la cellule, d’où la diminution du

VCO.

En outre, la présence de ce champ induit révèle une diode polarisée en inverse, qui s’oppose à une collecte efficace des porteurs de charges. Apparaît alors un effet de seuil ; lorsque le champ électrique induit par la polarisation est inférieur au champ électrique de la cellule, on observe une déformation de la caractéristique I(V) qui dégrade consi-dérablement le facteur de forme et diminue ainsi le rendement de la cellule solaire. Si le champ induit est supérieur à celui de la cellule, la déformation de la caractéristique I(V) entraîne également une diminution du ICC. En effet, ce champ induit va entraîner une diminution du courant dans la sous-cellule-2 et cette dernière va donc imposer son faible courant à l’ensemble de la structure.

0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 Tension (V) 0 2 4 6 8 10 12 14 Courant ( mA/cm 2) 1.0 1.8 2.0 3.0

(a) Caractéristique courant-tension pour différentes de polarisation. 0.58 0.59 0.60 0.61 0.62 0.63

Profondeur (

µm

)

2 1 0 1 2

Bande de conduction (eV)

Sous

cellule1 Jonctiontunnel Souscellule2

1,0 1,8 2,0 3,0

(b) Variation de la bande de conduction au niveau de la jonction tunnel.

FIGUREIV.14 – Impact de la polarisation totale sur les performances de la cellule solaire. La valeur normalisée de 1,0 correspond à la valeur en C/m2, obtenue par la somme des valeurs expérimen-tales de la polarisation spontanée et piézoélectrique. Afin de mettre en évidence l’impact d’une forte polarisation, nous avons augmenté progressivement la polarisation totale de plusieurs facteurs.

Les fortes polarisations du matériau ont un effet dégradant sur les performances de la cellule double-jonction. Cependant, les valeurs de la polarisation rapportées jusqu’ici, dans la littérature n’ont pas vraiment d’influence sur les performances de la cellule double-jonction.

IV.3.2 Défauts structuraux

Les défauts structuraux se manifestent par la présence d’états dont les niveaux éner-gétiques associés se trouvent dans la bande d’énergie interdite. Ils ont la faculté d’émettre

Energie Densi té d’ét at s EV EC Queues de bande Défauts profonds Bande interdite BC BV

FIGUREIV.15 – Schéma illustrant des densités d’états g (E) dans la bande d’énergie interdite en fonc-tion de l’énergie, pour un semi-conducteur désordonné (Exemple : silicium amorphe hydrogéné). BC désigne la bande de conduction et BV, la bande de valence [161].

ou de capturer les porteurs libres et peuvent donc ainsi compenser des niveaux donneurs ou accepteurs et réduire la concentration et la mobilité des porteurs de charges. Ils ont donc une incidence directe sur les propriétés électriques du semi-conducteur et donc sur la cellule solaire. Nous allons voir dans cette partie, la modélisation de ces défauts struc-turaux et leur influence sur les performances de la cellule solaire double-jonction.