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Revue de la littérature 2.1 Métabolisme du glucose et de l'insuline

2.6 Poisson, diabète et maladies cardiovasculaires

Ces dernières années, on a accordé beaucoup d'importance aux effets bénéfiques de la consommation de poisson. Il a entre autres été constaté que les populations en consommant une grande quantité avaient une incidence inférieure de diabète de type 2. Une étude englobant plus de 41 pays sur les cinq continents a effectivement observé qu'un apport élevé en poisson et en fruits de mer pouvait réduire le risque de diabète de type 2 chez les populations à forte prévalence d'obésité (Nkondjock et Receveur, 2003). Une consommation plus élevée en poisson serait associée à une diminution de 25% du risque de diabète, les poissons gras et maigres étant inclus (Patel et al., 2009).

D'autres études ont également observé des impacts positifs sur la santé cardiovasculaire par la consommation de poisson. Une d'entre elles a examiné comment l'apport en poisson gras (saumon, truite arc-en-ciel, hareng de la Baltique, corégone) ou en poisson maigre (brochet, brochet-perche, perche, goberge, morue) affectait le profil lipidique chez des sujets présentant une maladie coronarienne. Après huit semaines, ils ont observé que plusieurs types de lipides bioactifs, incluant les céramides, les lysophosphatidylcholines et les diacylglycérols plasmatiques, étaient réduits suite à l'ingestion du régime à base de poisson gras, alors qu'aucun changement pour le régime constitué de poisson maigre ou pour la diète contrôle n'a été constaté. La diminution de ces lipides plasmatiques, médiateurs potentiels de la résistance à l'insuline induite par les lipides et l'inflammation, pourrait être reliée aux effets protecteurs du poisson gras sur la progression de la maladie coronarienne ou de la résistance à l'insuline (Lankinen et al.,

2009). Une autre étude a examiné l'association entre la consommation de poisson et l'incidence d'accident vasculaire cérébral (AVC) pendant une période s'étalant jusqu'à environ 10 ans chez des femmes. Il a été observé que la consommation de poisson était significativement et inversement associée au risque d'AVC total. Plus spécifiquement, la consommation de poisson maigre, c'est-à-dire de morue, de goberge et de doigt de poisson, était inversement associée au risque d'AVC. Les femmes consommant > 3 portions de poisson maigre par semaine avaient en fait 33% moins de risque de souffrir d'AVC en comparaison avec celles n'en consommant pas. Aucune association n'a cependant été observée pour les autres types de poisson (saumon, corégone, omble, hareng et maquereau) (Larsson et al., 2011).

2.6.1 Acides gras polyinsaturés oméga-3

Le poisson étant reconnu pour son apport élevé en acides gras polyinsaturés oméga-3 (n-3), les nombreux effets positifs engendrés suite à leur consommation ont été entre autres attribués à ce type d'acides gras puisque plusieurs études ont démontré un impact bénéfique sur la santé, plus particulièrement sur le profil cardiovasculaire.

2.6.1.1 Effets sur la sensibilité à l'insuline et le métabolisme du glucose

Il a déjà été rapporté que l'administration d'acides gras polyinsaturés n-3 avait un impact significatif sur la prévention (Martin de Santa Olalla et al., 2009) ainsi que sur la réduction de la résistance à l'insuline à la fois chez des sujets humains et chez des animaux (Fedor et Kelley, 2009). Une étude effectuée chez le rat pendant huit semaines, visant à examiner l'efficacité de l'huile de poisson, a entre autres remarqué une amélioration de la fonction des cellules P du pancréas (Lombardo et al., 2007). D'autre part, certains auteurs n'ont pas observé d'impact sur la sensibilité et la sécrétion de l'insuline, la fonction des cellules P ou la tolérance au glucose suite à l'administration d'huile de poisson à raison de trois capsules deux fois par jour (3,6 g d'acides gras n-3 par jour dont 2,1 g d'EPA et 1,5 g de DHA) chez des sujets humains en santé (Giacco et al., 2007). Dans le même ordre d'idées, une récente méta-analyse effectuée avec 23 études d'intervention chez des adultes atteints de diabète de type 2 n'a démontré aucun changement au niveau de la glycémie ou de l'insulinémie à jeun suite à une consommation moyenne approximative de 3,5 g d'EPA

et de DHA par jour (Hartweg et al., 2008). Aucune différence significative n'a également été observée par rapport aux niveaux de glucose et d'insuline ainsi que pour la sensibilité à l'insuline suite à la consommation d'acides gras polyinsaturés n-3 chez des personnes atteintes d'hypertriglycéridémie lorsque comparés aux valeurs de base (Koh et al., 2012).

2.6.1.2 Effets sur le profil cardiovasculaire

Dans l'optique de prévenir les maladies coronariennes, Y American Heart Association (Kris-Etherton et al., 2003) recommande que tous les adultes mangent du poisson gras deux fois par semaine puisque plusieurs études ont démontré que la consommation d'acides gras polyinsaturés n-3 était inversement associée à des taux circulants de nombreux marqueurs cardiovasculaires. Certaines études ont été effectuées chez des personnes atteintes d'hypertriglycéridémie. L'une d'entre elles a démontré récemment que l'administration d'acides gras polyinsaturés n-3 (2 g) pendant deux mois permettait de réduire significativement les niveaux sanguins de triglycérides de 21% ainsi que le ratio triglycérides sur cholestérol des HDL (Koh et al., 2012). Hartweg et al. (2008) ont aussi observé dans leur méta-analyse qu'une supplementation en acides gras n-3 était associée à une diminution moyenne de la concentration des triglycérides plasmatiques de l'ordre de 0,45 mmol/L. Bien que le niveau de cholestérol des LDL ait augmenté, une réduction a été notée au niveau du cholestérol des lipoprotéines de très faible densité (VLDL). Cependant, aucune différence n'a été démontrée au niveau du cholestérol des LDL lorsque des analyses de sous-groupes étaient effectuées chez les personnes atteintes d'hypertriglycéridémie et chez les études d'une durée de plus de deux mois. Chez des hommes atteints d'hypertriglycéridémie modérée, l'administration pendant 45 jours de 3 g de DHA a permis de réduire significativement, tout comme l'intervention de Koh et al. (2012), les concentrations de triglycérides à jeun et le ratio triglycérides sur HDL (Kelley et al., 2007). Il ont également noté une diminution du taux des grosses particules de lipoprotéines de densité intermédiaire (IDL) ainsi que du diamètre moyen des particules de VLDL, réduisant ainsi le risque de maladies cardiovasculaires (Kelley et al., 2007). Par ailleurs, aucune différence n'a été observée chez des individus en santé sur le cholestérol total, des LDL et des HDL (Buckley et al., 2004). Les différences au niveau de la quantité et de la durée de la

supplementation en acides gras polyinsaturés n-3 ainsi que l'état nutritionnel ou de santé des sujets de l'étude pourraient expliquer les divergences entre les résultats.

Ainsi, l'effet bénéfique des acides gras polyinsaturés n-3 au niveau cardiovasculaire est bien documenté et reconnu. Cependant, leur impact sur le métabolisme du glucose et la sensibilité à l'insuline est encore controversé.

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