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C - Le poids du baccalauréat dans la structuration des voies de formation

Dans le document LE COÛT DU LYCÉE (Page 53-57)

1 - Un examen à la vocation ambiguë

Le baccalauréat vise deux objectifs qui paraissent difficilement conciliables aujourd’hui. Examen terminal sanctionnant la fin d’un parcours d’études dans l’enseignement secondaire, le baccalauréat doit certifier un niveau acquis par les élèves qui en sont titulaires. Premier des grades universitaires, donnant accès à l’enseignement supérieur, il a eu longtemps pour mission de garantir la faculté de suivre des études supérieures, les meilleurs des élèves intégrant les classes préparatoires aux grandes écoles et les filières sélectives.

Cette double réalité s’est en grande partie estompée. Alors que le taux de réussite à l’examen a été porté à 88 % et que plus de 77 % d’une classe d’âge sont désormais titulaires du baccalauréat, le mode d’organisation de l’examen, avec dans la plupart des cas une épreuve par matière en examen final, ne lui confère qu’une faible valeur certificative.

Il reflète imparfaitement le niveau de connaissance et de compétence acquis par les élèves à l’issue de leur scolarité au lycée. En outre, avec la généralisation de la procédure APB (admission post bac), à la fin du deuxième trimestre de l’année scolaire, l’examen ne joue plus de rôle essentiel dans l’orientation des élèves vers les filières sélectives. Le niveau des notes obtenues en classe de première et durant les deux premiers trimestres de la classe terminale prend une importance croissante.

Pour autant, le baccalauréat conserve une dimension symbolique très importante auprès des familles, les enjeux s’étant en partie déplacés vers l’obtention des mentions, et auprès des enseignants, qui lui

reconnaissent de façon pragmatique un mérite essentiel, celui de jouer comme un puissant levier de motivation des élèves dans les deux années de première et de terminale. En outre, l’existence d’une matière au baccalauréat conforte le poids d’une discipline.

2 - Le format de l’examen, facteur déterminant de la structuration des voies et des filières de formation

Le format du baccalauréat explique en grande partie la structuration de l’offre de formation au lycée. Plusieurs facteurs interviennent.

Le nombre de matières proposées au baccalauréat conditionne très largement l’offre disciplinaire au lycée, car toute matière enseignée est évaluée lors de l’examen, à l’exception des quelques matières susceptibles d’être présentées aux épreuves facultatives et que les candidats peuvent préparer seuls. Ce choix d’un lien systématique entre formation et contrôle, de même que la structure des épreuves (évaluation finale ou contrôle continu, épreuve anticipée en première ou finale en terminale, écrite ou orale, etc.), découlent de décisions historiques, rarement remises en cause. Alors qu’elle visait initialement une réduction du temps d’instruction par élève, la récente réforme du lycée général n’a pas apporté de changement sur ce plan. Elle s’est même accompagnée d’un accroissement du nombre d’épreuves33.

La réduction du nombre d’épreuves terminales proposées, notamment en langues, est un levier majeur de simplification et d’attrition des coûts de la scolarité qui le prépare.

La liste des langues vivantes qui peuvent être présentées à cet examen est un exemple du foisonnement des combinaisons possibles d’épreuves : 58 langues vivantes étrangères, régionales ou des signes sont ouvertes aux candidats. Elles sont présentées dans le dossier de presse du ministère qui décrit le baccalauréat de la façon suivante :

33 Création de l’épreuve de littérature étrangère en langue étrangère en série L, à partir de la session 2013, introduction d’une évaluation orale en plus de l’évaluation écrite pour les deux langues vivantes obligatoires en série générale et technologique. À titre d’exemple, le baccalauréat S prévoit aujourd’hui trois épreuves anticipées en classe de première, neuf épreuves obligatoires à la fin de l’année de terminale, auxquelles peuvent s’ajouter au maximum deux épreuves à option.

« • 22 langues vivantes étrangères pour les épreuves obligatoires et facultatives : allemand, anglais, arabe, arménien, cambodgien, chinois, danois, espagnol, finnois, grec moderne, hébreu, italien, japonais, néerlandais, norvégien, persan, polonais, portugais, russe, suédois, turc, vietnamien ;

• 24 autres langues au titre des épreuves facultatives uniquement : albanais, amharique, bambara, berbère, bulgare, coréen, croate, estonien, haoussa, hindi, hongrois, indonésien-malais, laotien, lituanien, macédonien, malgache, peul, roumain, serbe, slovaque, slovène, swahili, tamoul, tchèque ;

• 11 langues régionales : basque, breton, catalan, corse, créole, occitan-langue d’oc, tahitien, langues mélanésiennes, gallo, langues régionales d’Alsace, langues régionales des pays mosellans ;

• langue des signes française (LSF) au titre des épreuves facultatives ».

Lors du baccalauréat général 2013, 221 500 épreuves d’options facultatives ont été organisées, certaines pour un nombre infime de candidats. Ce fut le cas pour certaines épreuves de langue : 13 candidats ont présenté l’option « danois », six candidats l’option « swahili » et un seul candidat l’option « estonien ». Sur les 58 langues étrangères ou régionales qui peuvent être choisies, 20 l’ont été par moins de 50 élèves.

Une interaction difficile à dénouer s’est ainsi instaurée entre l’offre de formation au lycée (et ses très nombreuses combinaisons par élève) et l’organisation du baccalauréat.

La difficile évaluation du coût de l’examen

En 2011, un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et des Inspections générales du ministère de l’éducation nationale (IGEN, IGAENR), constatait que le baccalauréat s’était progressivement adapté « à la diversité des candidats, en leur proposant une plus grande variété de choix et en évaluant des connaissances plus diversifiées » et appelait à un vigoureux réexamen de ses conditions d’organisation.

Comme le soulignait le rapport de l’inspection générale, les ajustements successifs récemment apportés accentuent la « complexité croissante de l’organisation des épreuves ». En 2010, le baccalauréat a mobilisé 4 598 centres d’examen, nécessité la confection de 4 880 sujets et la correction de quatre millions de copies. Le rapport estime que le baccalauréat, en une trentaine d’années, a évolué « d’un examen concernant 200 000 candidats, comportant un noyau d’épreuves générales et quelques épreuves spécialisées, à un examen protéiforme, s’appuyant sur des épreuves très spécialisées, passé par plus de 600 000 candidats ». Si la voie technologique a été simplifiée ces dernières années, le baccalauréat professionnel est à l’origine d’une grande partie de cette diversification.

Le coût annuel d’organisation des épreuves reste à ce jour mal évalué.

Il était estimé de façon très prudente par le rapport précité en 2011 entre 90 et 100 M€ par an. D’après les documents budgétaires, le coût d’un candidat généralement le chef d’établissement accueillant le centre d’examen. En revanche, la rémunération principale des enseignants participant à l’examen, le temps de confection des sujets et de surveillance des épreuves (qui sont intégrées dans les obligations de service des enseignants et s’imputent sur le temps d’enseignement), ne sont pas retenus dans cette estimation du coût direct propre à l’examen. La raison de cette exclusion est que la dépense correspondante (salaire) est en toute hypothèse déjà supportée.

Ces estimations ne comprennent pas la « perte de formation » liée à l’annulation des cours dans les établissements support des centres d’examen, qui demeure difficile à évaluer mais pourrait atteindre des montants nettement plus élevés. Dans une étude rendue publique en 2013, le SNPDEN, syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale, valorisait la perte des cours non assurés pour la session 2013 à 1,43 Md€ ; la méthode utilisée ne permet pas de reprendre ce chiffrage, mais elle signale une réalité qui constitue une perte réelle au moins pour les élèves de seconde, qui ne passent pas d’examen, et partiellement pour les élèves de première.

S’agissant de la « perte de formation », l’opération « reconquête du mois de juin », initiée en 2008-2009, a permis de reculer les dates d’examen à la seconde quinzaine du mois de juin. Il appartient au chef d’établissement de décider de la fermeture de l’établissement afin de préparer l’organisation des épreuves (en général, une semaine avant la première épreuve).

II - Le réseau des établissements : revoir la

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