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Playgrounds, Aldo Van Eyck : de l’expérience au réseau

Entre 1947 et 1978, environ 734 aires de jeu sont construites dans Amsterdam. Le département d’urbanisme de la ville, alors dirigé par Van Eesteren, charge Aldo Van Eyck de réaliser ce projet. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, de nombreux terrains en centre ville sont à l’abandon ou partiellement détruits : les Playgrounds viennent s’y insérer transformant ainsi le paysage de la ville. Aldo Van Eyck reconsidère la place des enfants en ville pour s’opposer à l’idée moderniste d’avant-guerre de la ville fonc- tionnelle. Il propose du mobilier aux formes épurées dans le but de créer de véritables espaces publics que chaque citoyen, petit ou grand, puisse utili- ser.

Aldo Van Eyck l’humaniste rebelle1

En 1945, il ne semblait pas y avoir de désaccord majeur quant à l’architec- ture requise pour satisfaire la reconstruction d’après guerre. Elle devait être moderne, fonctionnelle, à grande échelle, efficace et surtout se conformer aux règles établies par les Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM), dirigés entre autre par Le Corbusier, Walter Gropius, Sigfried Gie- dion et Cornelis Van Eesteren.

Au cours de cette période, les projets massifs mis en oeuvre ne répondirent malheureusement pas aux attentes des architectes, qui cherchaient alors à créer un environnement plus humain2. Aldo Van Eyck, qui dès 1947 fut par-

mi l’un des premiers architectes de la nouvelle génération à mettre en garde contre ce qu’il appelait l’approche « mécaniste », prononça un célèbre dis- cours à la conférence d’Otterlo en 1959 qui marqua la dissolution officielle des CIAM.

1 Liane Lefaivre, Alexander Tzonis, Aldo Van Eyck : Humanist Rebel, 010 Editions, Rotterdam, 1999 2 Liane Lefaivre, Alexander Tzonis, op. cit., p.12-77

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Aldo Van Eyck se situe pourtant difficilement dans un courant bien précis, sa posture suivra toujours une voie originale. Néanmoins, suite à de nom- breux séjours en Afrique1, il s’intéressa toute sa vie à l’architecture sans ar-

chitecte. Sans refuser le modernisme, mais en essayant de le repenser selon des valeurs plus anthropologique et artistique il sera dans une quête perma- nente d’humanisme.

Les playgrounds, une de ses premières réalisations urbaines, sont apparus comme une innovation majeure. Aldo Van Eyck fut un des premiers à pré- senter un projet destiné à un groupe d’utilisateurs précédemment ignorés : les enfants. L’enfance est un thème qui lui est cher et auquel il reviendra à plusieurs reprises dans sa carrière, comme en témoignent les écoles de Nagele, l’Orphelinat d’Amsterdam ainsi que la maison Hubertus. Enfin, son manifeste écrit en 1962, mais tardivement publié en 2008, s’intitule L’Enfant,

la Ville et l’Artiste2.

Des aires de jeu éphémères

Au départ, ni Aldo Van Eyck ni le département en charge de l’urbanisme n’avaient prévu de construire ce gigantesque réseau d’aires de jeux. Tout s’est décidé au fur et à mesure et les installations n’étaient pas pensées comme permanentes.

Cela a démarré en 1947 avec la demande de Jacoba Mulder, alors en charge des espaces verts, qui souhaita proposer un terrain de jeu expérimental sur une friche à Bertelmanplein. En effet, elle découvrit un jour des enfants de son quartier jouer avec du sable présent au pied des arbres. Il était d’ailleurs courant à cette époque que les enfants retirent les pavés pour récupérer le sable qui se trouvait dessous. Elle prit donc l’initiative de faire réaliser par le 1 Comme en témoigne certaines de ses photos publiées dans :

Aldo Van Eyck, Writings : the child the city and the artist, Sun, Amsterdam, 2008.

Ainsi qu’avec son dessin The Otterlo Circle montrant ce qui compose son architecture : la tradi- tion classique, la tradition moderne et la tradition vernaculaire.

2 Aldo Van Eyck, op. cit.

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service d’urbanisme une aire de jeu. Avant cette date, il n’existait pas d’aires de jeu publiques, mais uniquement des aires de jeu privées et payantes. L’expérience de Bertelmanplein fonctionna et le service d’urbanisme com- mença à recevoir des centaines de lettre3 : des citoyens y réclamaient des

aires de jeu similaires sur des terrains vacants qu’ils avaient repérés. Le pro- jet fut donc particulièrement démocratique, la ville considérait chaque de- mande et étudiait chaque terrain proposé. Lorsque le terrain était considéré comme viable, le service de l’urbanisme confiait à Aldo Van Eyck la charge de concevoir le mobilier de jeu.

Pour l’architecte, la figure du temps était un concept qui caractérisait le pro- jet en tant que travail en cours, voire même, perpétuellement en cours4. La

ville était aussi considérée comme un phénomène temporaire. Contraire- ment aux architectes de la reconstruction, qui se servaient de la figure du plan comme un modèle spatial à grande échelle et intemporel, Aldo Van Eyck envisageait ses différentes interventions comme provisoires, fournis- sant des espaces publics dont la population avait besoin sur des terrains alors sous-exploités. Nous pourrions à présent nous demander : puisque ces terrains étaient temporaires, que sont devenues ces aires de jeu ?

Afin de mieux comprendre le travail d’Aldo Van Eyck je me suis rendue à Amsterdam afin de visiter certaines aires de jeu mais surtout afin de rencon- trer deux graphistes, Anna Van Lingen et Denisa Kollarova qui travaillent actuellement sur le recensement des terrains encore existants. Lorsqu’elles ont commencé leur recherche en 20155, personne ne parlait de ces aires de

3 Certaines de ces lettres peuvent être consultées dans cet ouvrage :

Liane Lefaivre, Ingeborg de Roode, Aldo Van Eyck the playgrounds and the city, NAi Publishers, Rotterdam, 2002, pp.59-65

4 Liane Lefaivre, Alexander Tzonis, op. cit., p.54

5 Elles ont obtenu une bourse par la suite leur permettant de publier un premier ouvrage sur le sujet :

Anna Van Lingen, Denisa Kollarova, Aldo van Eyck: Seventeen Playgrounds, Lecturis, Eindhoven, 2016

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jeu, personne ne semblait s’en soucier à Amsterdam (que ce soit au niveau des politiques ou des citoyens). Il n’y avait même pas une discussion ou un débat à propos des playgrounds. Elles ont saisi l’opportunité de documenter ce projet qu’elles trouvaient fascinant, non seulement parce que les habi- tants d’Amsterdam avaient grandi et joué sur ces terrains sans connaître la genèse du projet, mais aussi parce qu’il n’y avait que très peu d’informations sur l’état actuel des terrains. Leur but était donc, tout simplement, de ré- colter le maximum d’informations sur les aires de jeu du centre ville, mais aussi que la municipalité et les citoyens connaissent l’histoire de ce projet d’envergure.

Encore aujourd’hui, personne ne connaît le nombre de terrains restants, elles sont comme deux archéologues qui cherchent dans la ville une trace de ce projet. Si cela prend autant de temps c’est parce que les terrains n’étaient pas tous planifiés et prévus pour durer dans le temps, il n’existe aucune carte officielle indiquant l’emplacement des terrains. Ces derniers ont par- fois été remplacés ou détruits sans que personne n’en soit averti. Enfin, les documents relatifs à l’édification des terrains sont souvent absents des ar- chives ou sont très difficiles à se procurer en raison du découpage de la ville en plusieurs zones et donc en de nombreuses administrations à consulter. Paradoxalement, ces aires de jeu qui n’étaient pas censées être permanentes font aujourd’hui l’objet d’une éventuelle procédure de conservation. Les deux graphistes, grâce à leur enquête, veulent faire préserver certaines aires de jeu pour qu’elles ne disparaissent pas toutes. Actuellement, elles en ont comptabilisées quarante-deux1, mais nombre d’entre elles (notamment au

nord de la ville) restent encore à recenser.

1 Leur site internet met régulièrement à jour les résultats de leurs recherches, consulter : http:// seventeenplaygrounds.com/

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Terrain de jeu à Bertelmanplein, Amsterdam centre, 1956

Source : Liane Lefaivre, Ingeborg de Roode, Aldo Van Eyck the playgrounds and the city, NAi Publishers, Rot- terdam, 2002

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Planche de dessins des différents éléments de mobiliers urbains dessinés par Aldo Van Eyck Source : Liane Lefaivre, Ingeborg de Roode, Aldo Van Eyck the playgrounds and the city, NAi Publishers, Rotterdam, 2002

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Des espaces publics sur mesure

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les playgrounds ont radicale- ment transformé l’espace public d’Amsterdam, offrant des lieux d’échanges et de rencontres, d’animation et de joie, alors même que les esprits avaient été profondément marqués par le sort infligé aux familles juives.

Il ne serait plus possible aujourd’hui de réaliser un projet comme celui-ci, non seulement parce que la plupart des villes européennes ont suffisam- ment d’espaces publics mais aussi parce que les lois et les questions de pro- priétés ou de budget rendraient impossible ce genre de projet. Il n’y a actuel- lement plus de service d’urbanisme central à Amsterdam, tout comme il n’y a plus d’architectes ni de designer dans leurs équipes. Cet exemple de projet me semble pertinent, mais tentons de garder à l’esprit qu’il ne constitue pas à proprement parler un modèle pour l’urbanisme actuel. Il s’inscrit dans une époque et des conditions qui sont bien différentes de celles que nous connaissons actuellement.

Contrairement au Corbusier qui imaginait des zones de loisirs situées prin- cipalement dans un cadre idéalisé, Aldo Van Eyck dessina ses terrains se- lon les contraintes existantes, des parcelles, parfois étroites, du centre ville d’Amsterdam. Il choisit d’aborder la question de l’espace public dans un cadre concrètement donné. Cette attitude est typique d’un certain nombre d’acteurs dans cette même période : que ce soit dans la littérature, le ciné- ma, la politique ou la philosophie. Les philosophes du langage, les existen- tialistes et les phénoménologues, malgré leurs nombreux désaccords, ont partagé cette même idée, ils abordent leurs questionnements intégrés à des circonstances réelles, dans des conditions ou des situations particulières. Aldo Van Eyck ne choisissait donc pas les lieux d’intervention, le Site Pre- paration Division1 se chargeait de cette tâche. Dans un premier temps, Van

1 Liane Lefaivre, Alexander Tzonis, op. cit., p.85

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Eyck travailla au sein du département d’urbanisme, puis à partir de 1951 il fut employé en free-lance.

Une fois que le site était attribué à l’architecte, il composait les espaces de jeu à l’aide de ce que nous pourrions appeler une boite à outils. Van Eyck imagina un certains nombres d’objets aux formes simples et abstraites dont le but était de stimuler la créativité des utilisateurs et en particulier celle des enfants. En effet, nous pouvons observer que le mobilier installé sur les sites est très similaire, néanmoins la disposition des différents éléments l’un par rapport aux autres, ainsi que le nombre d’installations varient d’un terrain de jeu à l’autre. Aldo Van Eyck a ainsi composé sa boîte à outils d’objets d’une grande sobriété : le bac à sable avec une bordure en béton (sandpit), le plot en béton (jumping stones), des structures en acier (somersault, clim- bing frame, igloo), la table de jeu en béton (concrete play table), la structure d’escalade en béton (climbing frame mountain) mais aussi des éléments qui se sont faits un peu plus rares comme des structures d’escalade en bois (balancing beams, benches, revolving drum). Différentes fonctions peuvent leur être attribuées : modeler, escalader, se balancer, sauter, etc. Ces diffé- rents objets se déclinaient ensuite selon différentes formes et diverses tailles en fonction du site sur lequel ils étaient installés.

Van Eyck ne pensait pas ces aires comme uniquement destinées aux en- fants. Ces installations avaient pour objectif de ne rien imposer, afin que ces espaces permettent de développer un imaginaire. Les aires de jeu sont donc volontairement simples afin que chacun puisse y développer une certaine créativité. Néanmoins, un article récent1 écrit par des chercheurs s’intéresse

aux playgrounds d’un point de vue de la psychologie. Il souhaite démontrer que la standardisation du mobilier de jeu d’Aldo Van Eyck aurait un impact négatif sur la créativité des enfants.

1 Rob Withagen et Simone R. Caljouw, « Aldo van Eyck’s Playgrounds : Aesthetics, Affordances, and Creativity », Frontiers in Psychology, n°8, 2017

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Exemples de Playgrounds, réalisés dans Amsterdam Source : Liane Lefaivre, Alexander Tzonis, Aldo Van Eyck : Humanist Rebel, 010 Edi- tions, Rotterdam, 1999

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Une approche inductive

Contrairement au projet Harbour Magnets que nous considérons comme une méthode abductive, le projet des Playgrounds peut au contraire être ob- servé du point de vue de la méthode inductive.

Cette méthode consiste à élaborer, à partir d’observations ou d’expériences, une théorie ou un concept. Ici l’expérience réussie du terrain de jeu à Ber- telmanplein en 1947 permit la réalisation de nombreuses autres aires de jeu dans toute la ville. Le rayonnement et la réussite du projet vont bien au delà de ce qui était prévu par la municipalité d’Amsterdam à cette époque, sa- chant d’autant plus que, cinquante ans plus tard, certains terrains sont tou- jours fonctionnels et appréciés de leurs utilisateurs. Nous utilisons le mot méthode mais l’installation des aires de jeu n’était pas planifiée au départ. Les emplacements et le programme ont été dictés par l’observation et le re- cueil des attentes de la population.

La question qui peut cependant être soulevée concerne le passage de l’expé- rience à la théorie. En réalisant des espaces de jeu sur mesure, la municipa- lité a réussi à transformer un test urbain en un projet intelligent.

Néanmoins, en discutant avec Denisa Kollarova et Anna Van Lingen j’ai pu apprendre qu’il y avait deux types de Playgrounds, ceux construits sur des terrains vagues à la demande des familles d’Amsterdam soucieuses d’avoir des espaces où leurs enfants pourraient jouer et ceux planifiés par la ville lors de l’édification des zones périphériques. La manière dont ces aires de jeux ont été implantées et dessinées n’était donc pas du tout du même ordre. Certaines venaient s’insérer dans un contexte existant, parfois insalubre, les dernières étaient dessinées en même temps que le bâti environnant. Le ca- talogue contenant le mobilier de Van Eyck, largement diffusé à Amsterdam mais aussi dans diverses villes du pays, ne fut donc pas toujours utilisé avec le même souci que l’architecte des Playgrounds.

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Si la méthode inductive peut nous servir de guide, puisqu’elle s’est avé- rée efficace dans ce projet, la réussite d’une réalisation de ce type est dif- ficilement transposable en théorie. La duplication d’un projet urbain qui s’adapte à des conditions particulières, ne peut fonctionner dans un autre environnement, il ne peut devenir un modèle. Néanmoins, la démarche ou le processus, dirons-nous, ayant permis sa réalisation peut influencer, voire créer d’autres projets, tout aussi intelligents.

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Conclusion

En définitive nous pourrions comparer l’exercice du mémoire à un essai, une tentative, une expérience. Tentative, car l’exercice le plus difficile de cette recherche ne fut pas de récapituler les théories déjà exposées, certes peu nombreuses et discutables, mais de créer un document, un questionne- ment, produire un matériau de réflexion. Mettre en parallèle, élaborer des hypothèses, soulever encore et toujours des questions qui seront utiles pour la poursuite de ces études et l’exercice du métier à venir.

Les difficultés rencontrées furent nombreuses et eurent comme effet de nous plonger, à de nombreuses reprises, dans l’incertitude. Il fut vain de trouver des projets d’acupuncture urbaine. Nous étions trop attachés à une définition restreinte sur ce sujet et cherchions des projets qui ne semblaient pas exis- ter. La difficulté fut de savoir comment aborder ce sujet, peu documenté. En même temps, ne pas le traiter faute de documents aurait été dommage, car il soulève des questions très actuelles concernant le métier d’architecte.

Pour comprendre l’acupuncture urbaine il fallut s’attacher à comprendre ce qu’était la ville et l’acupuncture séparément afin de rapprocher ensuite ces deux termes à travers l’analyse des théories déjà existantes sur ce sujet. Si la définition de l’urbanisme est complexe à arrêter, l’acupuncture dans la médecine traditionnelle chinoise a su transformer ses connaissances empi- riques en connaissances théoriques. Prendre du recul fut la deuxième étape de cette réflexion, afin de soulever des questions plus personnelles sur ce sujet et sur l’urbanisme de manière générale. L’insertion d’une thématique annexe, la réflexivité, à travers les notions de doute et d’incertitude, apparaît en définitive proche de la réflexion portée sur l’acupuncture urbaine. Cette dernière cherche en effet à inverser les logiques établies en urbanisme pour proposer une méthode d’approche et de conception architecturale plus en

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prise avec des pratiques courantes, plus proche de solutions évidentes. En- fin, le dernier temps de cette grande tentative s’attacha à mettre en évidence les caractéristiques du processus d’acupuncture urbaine puis d’observer deux projets se rapprochant de ce processus. C’est aussi parce qu’ils sont très dif- férents qu’ils ont été choisis, ils souhaitent la même dynamique urbain, sans pour autant avoir le même discours, dont nous le rappelons, n’use pas du terme acupuncture urbaine.

Il semble que ce sujet peut en contenir de nombreux autres. Nous ne sou- haitions pas répondre à chacun d’entre eux mais bien de les mettre en re- lation afin d’élaborer un raisonnement original et une approche spécifique sur l’acupuncture urbaine.

Le processus de réflexion concernant ce sujet ne nous semble toujours pas achevé, le sujet quoique nouveau à première vue soulève des questions suf- fisamment vastes. Peut-être que l’acupuncture urbaine est encore aujourd’hui du même ressort que l’acupuncture a ses débuts. C’est-à-dire qu’il n’existe- rait actuellement que des savoirs empiriques concernant l’acupuncture ur-

baine. Néanmoins, doivent-ils se cristalliser en une théorie ou des savoirs

universitaires ?

En définitive nous ne prétendons pas proposer des solutions, ni donner un diagnostic définitif qui enferme l’avenir des villes, mais d’abord de rendre intelligible ce qui advient. Peut-être qu’une énième mais dernière question pourrait émerger, dictée par l’exercice même du mémoire. Qu’est-ce que la métaphore de l’acupuncture urbaine a à nous apprendre aujourd’hui ?

Par le biais de ce mémoire, il nous semble que nous ayons fait cer- taines découvertes. Ces dernières ne devront pas disparaître de nos ré- flexions à venir. Soyons donc ainsi libre d’énumérer ce que nous rete-

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nons, ressentons, à titre personnel, afin de garder à l’esprit ce processus.

L’acupuncture urbaine est sensible, muette, relève de l’instinct, du délicat, de l’éphémère, presque même de l’invisible. Elle développe une présence dans l’absence, se connecte au réel car elle en fait déjà en quelque sorte partie. L’acupuncture urbaine est petite, gratuite, accessible, elle refuse l’uniformisa- tion urbaine et architecturale.

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