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Plaquette sanguine :

Partie I : Plaquettes sanguines : Aspects

B. Plaquette sanguine :

Les plaquettes sanguines sont des éléments cellulaires anucléés discoïdes provenant de la fragmentation du cytoplasme de leur progéniteur hématopoïétique, le mégacaryocyte. Chaque mégacaryocyte mature produit 1000 à 3000 plaquettes [38]. Les plaquettes sanguines sont distribuées principalement dans le compartiment sanguin : la numération plaquettaire normale est de 150–400 G/L, constante tout au long de la vie. Par ailleurs environ 30 % de la masse plaquettaire de l’organisme est séquestrée de manière réversible dans la rate. Leur durée de vie est de sept à 12 jours, et à l’état normal les plaquettes vieillies sont éliminées par les macrophages du système réticulo-histiocytaire de la moelle osseuse (également de la rate et du foie). Leur fonction majeure est d’assurer l’hémostase [39].

1. Morphologie des plaquettes sanguines :

La structure observée sur frottis coloré en microscopie optique est caractérisée par une zone périphérique agranulaire, le hyalomère, et une zone centrale azurophile, le granulomère, rassemblant l’essentiel des organelles.

En microscopie électronique, les plaquettes apparaissent discoïdes de 2–3 m de diamètre avec un volume moyen de 1–10 f, elles sont entourées d’une membrane plasmique de structure classique trilaminaire, qui s’invagine l’intérieur de la cellule, ramifiant tout son espace interne d’un système de canaux en relation avec l’extérieur. Cet espace interne est occupé par des granules de sécrétion, granules alpha, granules denses et lysosomes. …[17]

Figure 6: Plaquette en Microscopie électronique [39]

2. La membrane plaquettaire : composition

La membrane est de structure trilaminaire classique, avec deux feuillets lipidiques externe et interne de composition différente en phospholipides. Phosphatidylcholine (PC) et sphingomyéline (SM) sont majoritairement situés dans le feuillet externe, tandis que phosphatidyléthanolamine (PE), phosphatidylsérine (PS) et phosphatidylinositol (PI) sont majoritaires dans le feuillet interne. Lors de l’activation, les phospholipides chargés négativement (PS) migrent vers le feuillet externe, étape importante qui va promouvoir la coagulation. Le cholestérol est un constituent stabilisateur de la membrane. La membrane plaquettaire est particulièrement riche en acide arachidonique libéré par la phospholipase A2 lors de l’activation plaquettaire. Une cyclooxygénase va induire la formation d’endoperoxydes et une thromboxane synthétase permettra la formation de thromboxane A2 qui est un activateur plaquettaire.

Un système canaliculaire connecté à la surface (système canaliculaire ouvert) forme des invaginations profondes qui constitue une surface membranaire importante en contact avec l’extérieur et qui facilite l’étalement des plaquettes. Un système de membranes non connecté à la surface, le système tubulaire dense, correspond à du réticulum endoplasmique lisse résiduel du mégacaryocyte. Il contient les enzymes du métabolisme lipidique, mais aussi du Ca2+ qui joue un rôle critique dans l’activation, et les enzymes régulant son transport intracellulaire. La membrane plaquettaire est riche en glycoprotéines qui constituent les récepteurs d’adhésion, d’activation, d’agrégation et d’inhibition des plaquettes. En effet, certains agonistes sont plutôt impliqués dans l’initiation de l’activation plaquettaire (VWF, collagène), d’autres dans la propagation (ADP, thromboxane A2) ou les deux (thrombine), enfin certains participent à la stabilisation (ADP, fibrinogène). De fac¸ on schématique, on peut considérer que la plupart des agonistes plaquettaires solubles utilisent des récepteurs appartenant à la superfamille des récepteurs à sept domaines transmembranaires couplés aux protéines G (RCPG) [40,41], alors que les molécules adhésives mobilisent des inté grines ou des glycoprotéines de surface couplées à l’activation de tyrosine kinases et à la phosphorylation de motifs particulier dont les immuno-tyrosine based activation motifs (ITAM) . Ces récepteurs plaquettaires ne sont pas tous responsables d’une activation : des mécanismes d’inhibition plaquettaire mettent en jeu des récepteurs RCPG (PGI2) et la voie du NO qui activent des adenylate et guanylate cyclases ou des immunorécepteurs à motif immuno-tyrosine based inhibition motifs (ITIM) (PECAM ou CD31, G6Bb et CAECAM) mobilisant spécifiquement certaines phosphatases (Tableau I)[39].

Figure 7: Principales familles de récepteurs plaquettaires [39]

3. Le cytoplasme : 3.1. Le cytosquelette :

Le cytosquelette joue un rôle clé dans les plaquettes. Il comporte un faisceau sous-membranaire de microtubules qui maintient leur structure discoïde et des microfilaments d’actine maintenue dépolymérisée au repos. Lors de l’activation des plaquettes au contact d’activateurs matriciels ou solubles, les microtubules sont désassemblés et l’actine polymérise ce qui conduit au changement de forme. Les plaquettes deviennent sphériques, s’étalent et émettent des extensions (filipodes, pseudopodes, lamellipodes). Les granules sont redistribués et sécrètent leur contenu. De nombreuses protéines partenaires du cytosquelette d’actine sont impliquées dans la régulation de sa polymérisation.[39]

3.2. Les granules : [17]

 Granules alpha :

Les granules alpha sont les grains les plus nombreux et les plus volumineux. Ils sont formés au cours des étapes précoces de la croissance du mégacaryocyte et leur taille augmente durant la maturation (0,06 à 0,15 µm). Ils contiennent un grand nombre de protéines, facteurs de croissance (VEGF, endothelial growth factor : EGF; platelet-derived growth factor : PDGF),

protéines adhésives (fibrinogène, facteur Willebrand, thrombospondine,

fibronectine), facteurs de la coagulation (facteur V), chimiokines (facteur plaquettaire 4 [PF4], bêta-thromboglobuline), immunoglobulines, protéoglycanes et inhibiteurs de protéases.

 Granules denses :

Les granules denses sont peu nombreux (trois à cinq par plaquette) caractérisés par un core dense entouré d’un halo clair et de petite taille. Ils sont nommés ainsi du fait de leur contenu en calcium les faisant apparaître denses aux électrons en microscopie électronique. Ces granules denses sont aussi le lieu de stockage d’un pool non métabolique de nucléotides (adénosine diphosphate [ADP], adénosine triphosphate [ATP]), de catécholamines vasoactives

 Lysosomes :

Ils contiennent des phosphatases et hydrolases acides et la cathepsine D. Ils ont une fonction de dégradation des protéines. Ils sont observés dans les mégacaryocytes et dans 25% des plaquettes.

 Microperoxysomes :

Ce sont des micros granules contenant de la catalase ; leur fonction précise est inconnue. [28]

Outre ces quatre types de granules, la plaquette contient quelques petites mitochondries, des vésicules crénelées et de petits amas de glycogène.