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Le plan d'aménagement et d'extension de 1930 Rapport du Maire de Megève :

2 LE DEUXIEME LANCEMENT DE LA STATION

4. Le plan d'aménagement et d'extension de 1930 Rapport du Maire de Megève :

"Megève, naguère petite bourgade recherchée déjà cependant par les villégiateurs désireux de trouver dans nos sommets

le bon air et le repos, prend depuis quelques années un déve­ loppement touristique considérable.

Station de tourisme, surtout station de sports d'hiver de premier ordre, Megève enregistre respectivement pendant les saisons estivales et hivernales le passage de vingt à vingt- cinq mille voyageurs.

On compte chaque année jusqu'à trois mille estivants et hiver­ nants dans nos hôtels, villas et chalets.

Parallèlement à ce nombre croissant de voyageurs et de touris­ tes, les constructions se sont multipliées et il faut bien le dire, se sont établies un peu partout sans ordre, sans méthode et au seul gré des convenances particulières, tant et si bien qu'on en est arrivé à réduire encore la largeur de certaines rues et à ne laisser subsister que des ruelles tortueuses et étroites.

Des maisons entassées les unes contre les autres sans air et sans lumière, une circulation rendue difficile, impossible, une station sans commodité, seraient à bref délai le résul­ tat fâcheux de cette façon de faire et laisser-faire si l'on n'y portait remède.

Ceci a pu faire dire à d'aucuns que ie développement de Megève était trop rapide. Je ne sais si l ’on ne pourrait plutôt avouer que l'application d'un plan d ’urbanisme est déjà tardive. Mais mieux vaut tard que jamais.

En tout cas, une double constatation s'impose : Megève ne contient plus le flot croissant de ses touristes et sportifs. Son unique voie de circulation, la route nationale n° 202, ne suffit plus au trafic intense qui y règne, surtout pendant les saisons d ’été et d ’hiver.

Extension et artères de dérivation :

Il faut donc créer un nouveau quartier commercial au nord- ouest de 1a ville actuelle et, pour ce faire, donner à cette zone d ’agrandissement les moyens indispensables d ’un

développement rationnel ; des routes et des rues qui seront en même temps des artères de dérivation. Voilà le plus urgent, 1e très urgent.

Megève est en pleine période de croissance et comme pour la colonie d ’abeilles qui se multiplie, il lui faut agrandir sa ruche, sinon le trop-plein de ses touristes risque fort dessaimer au loin.

Je ne m ’arrêterai pas à certaines protestations plus ou moins intéressées ; je ne ferai que relever en passant l ’étrange contradiction de certaines personnes qui signent des péti­ tions en faveur de 1 'élargissement des rues du vieux Megève et qui protestent 1e même jour contre la largeur soit-disant excessive des rues du nouveau quartier.

Ce qui est bon pour l ’un, doit être bon pour l'autre.

Le plus sage, j'en suis persuadé, sera de s ’en remettre aux avis compétents de notre service de voierie. Lui-même ne disposera de rien, qu'en vue de l'intérêt général, et saura bien nous donner des rues et des routes qui répondent aux exigences de 1a circulation actuelle.

Du reste, tes municipalités futures seront guidées pour te choix des artères successives à créer ou à élargir, par la plus ou moins grande ampleur que prendra tel ou tel quartier. A ce moment là, il sera plus facile d ’exproprier ; d ’abord parce que tes ressources sont plus grandes et aussi parce que tes récalcitrants d ’aujourd’hui, touchant pour ainsi dire du doigt l'utilité de ta chose, faciliteront par des sacrifi­ ces propres, ta création de places et l ’élargissement des rues.

(...)

Il est évident que ta création de certaines voies qui parais­ sent actuellement être de trop, ne se fera qu'au fur et à mesure que les besoins s'en feront sentir, comme le prévoit

très bien Monsieur Fontayne, auteur du projet dans son rapport-programme.

Cependant, pour permettre une étude plus approfondie du projet, il est préférable que ta commission municipale et extra-municipale du Plan d'Extension se réunisse à nouveau pour examiner de concert avec M. Fontayne, architecte, tes observations recueillies par M. te Commissaire Enquêteur et

réviser en même temps s ’il y a lieu, certaines modalités d ’application.

Villas sur les coteaux

L'aménagement du quartier des Villas sur les Coteaux n ’offre

pas de difficultés, il suffira de dévier certains tracés pour

ne pas être obligé de démolir quelques constructions.”

Il est intéressant de remarquer que déjà en 1928, seulement sept ans après la construction de l'hôtel du Mont d'Arbois, première manifestation du tourisme d'hiver, la situation soit préoccupante au point d'engager les procédures d'un plan d'aménagement et d'extension.

Le plan très complet, prévoyait une ville autour du bourg (sic. arrêté d'application du plan d'extension, d'aménage­ ment et d'embellissement de 1943). Le maire parle d'un nouveau quartier commercial au nord-ouest de la ville

actuelle ; avec ses mille cinq cent trente deux habitants en 1926, Megève amorçait juste un redressement démographique, en 1934 elle atteint deux mille deux cent habitants, mais comptant les trois mille hivernants et estivants de chaque année dans sa population, Megève s'estimait "urbaine". La nouvelle ville (en effet le nouveau quartier projeté dépassait largement toute l'emprise du bourg) était pourvue d'un réseau de rues, de places fermées, de jardins, d'une grande place avec immeubles à arcades et d'une gare d'auto­ cars avec de larges dégagements.

Dans le bourg, le plan rationalisait les îlots hérités du XVIIIème siècle en élargissait les rues sous l'égide de l'Hygiène et n'hésitait pas à éliminer des blocs entiers de construction pour percer des grandes voies de raccordement avec les nouvelles avenues créées.Les anciennes rues du bourn redessinées et les nouvel les tendaient toutes vers le nouveau quartier qui lui, s'organisait suivant un découpage

orthogonal.

La nationale 202 était déviée et passait le long des berges de 1 'Arly canalisé, et entre les deux tracés était encore prévu une avenue parallèle permettant de drainer rapidement le flot des automobilistes et des autocars transitant par la gare routière.

Il est intéressant de remarquer que, si la déviation de la nationale avait été effectuée suivant le programme -considéré comme trop grand- du plan de 1930, la station ne connaîtrait pas les problèmes d'engorgement qu'elle subit aujourd'hui. L'extension touchait la partie nord-ouest du territoire, la partie située dans Ta plaine. Pour les quartiers des villas situées sur les pentes,un vrai programme routier à l'échelle de l'automobile était prévu.

Côté Est une nouvelle route était créée jusqu'au Cret, en aval de la route du Mont d'Arbois, reliée à la nationale 202 par des transversales, découpant ainsi les quartiers d'Alloz et les Lots. Le quartier de la Combe pouvait se lotir, une voie le reliait directement à la route du Mont d'Arbois.

Entre les deux torrents, au-dessus de l'église, une route en épingle desservait le quartier des Mouilles, ouvrant ainsi l'accès aux voitures et de là aux futures constructions dans un site bien enclavé par son petit chemin muletier. Un pont au-dessus du torrent du Glapet reliait même la route des Mouilles aux nouveaux tracés de Rochebrune.

A Rochebrune,!'ancienne route du Cret du Midi est élargie. On éliminera une bâtisse pour lui conserver son tracé rectiligne jusqu'à l'entrée du bourg. Une nouvelle route : la route de Rochebrune qui suit fidèlement le relief en amont de la route du Cret (VC n° 3 appelée aussi route de Glaise), continue jusqu'au hameau du Bouchet.

Ce plan très complet qui voyait la ville à grande échelle n'allait pas aboutir. Approuvé par le conseil municipal, soumis à enquête par décision de la préfecture, il reçut une opposition très vive de la part de la population qui y vit une atteinte à la propriété et à la liberté de construire comme bon lui semblait.

Le plan de 1930 fut aussi rapidement rendu caduque par l'affaire de la gare d'autocars PLM qui valut aussi la

démission du maire Morand. La gare routière prévue au centre de la nouvelle ville devait aider à son développement, créant un lieu d'animation et incitant par là les futurs construc­

teurs à se fixer dans le quartier. La décision du PLM de

s'implanter dans le bourg en bordure de la nationale et surtout le fait qu'elle ait réussi à obtenir le terrain convoité et de là commencer les travaux au moment de la publication du plan fit des remous au sein du conseil municipal.

Malgré les travaux, commencés,le plan de 1932(qui est une modifi­ cation du plan non approuvé de 1930), inscrit toujours la

future gare au centre du nouveau quartier. Passant outre, la gare d'autocars PLM s'établira bien finalement au bord de la nationale, à l'endroit décidé par elle.

Ce deuxième plan qui reprenait en gros les schémas du plan de 1930, fut dressé et à nouveau modifié à la demande de la commission du plan d'aménagement.

3 - MEGEVE, STATION DE SKI : LA PERIODE 1930-1939

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