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CHAPITRE II : LES PERSPECTIVES D’UNE PEDAGOGIE INTERCULTURELLE ET

2.1 L E FRANÇAIS DANS L ’ ENSEIGNEMENT DES LANGUES EN A LGERIE :

2.1.1 La place du français dans l’enseignement en Algérie :

Dans l’Algérie indépendante, le modèle politique français a eu des effets considérables sur le système étatique mis en place, y compris la gestion de la question linguistique. Ainsi, l’arabe dit « classique » a été connu comme unique langue nationale et officielle de 1962 à 2002. Les variétés nommées « arabe dialectale » et les variétés nommées « berbères » (notamment Kabyle et Chaoui), effectivement parlées par des algériens ne font l’objet d’aucune reconnaissance ni politique ni de l’enseignement (ce n’est que depuis 2002 que « tamazight » devient langue nationale et enseignée). La politique d’arabisation s’est surtout concrétisée à partir des années 1970. Le français, d’abord longuement utilisé y compris dans l’enseignement n’est en effet davantage diffusé qu’à l’époque coloniale. Il reste ensuite langue d’enseignement et première langue étrangère (avant l’anglais, malgré une tentative de développer la place de l’anglais dans les années 1994-1998). Son usage est également privilégié dans de nombreuses médias écrits et audiovisuels. Le français surtout perçu comme une langue véhiculaire. Dans les usages oraux familiers et formels, le français occupe une place importante.

2.1.1 La place du français dans l’enseignement en Algérie :

Les textes fondamentaux qui régissent l’enseignement des langues en Algérie sont :

- les instructions du 23 Janvier 1972 et les directives d’application.

- l’ordonnance du 16 Avril 1976 et ses textes d’application.

- la charte nationale et la constitution de 1996.

- les nouveaux programmes d’Avril 2003.

- nouvelle loi d’orientation 2008.

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CHAPITRE II : Les perspectives d’une pédagogie interculturelle et l’enseignement du FLE en Algérie

2.1.1.1 La période post-indépendante :

Le système éducatif de l’Algérie était le prolongement direct du système de la période coloniale ; le français y avait le statut de langue d’enseignement pour toutes les disciplines. L’arabe avait le statut de langue

« étrangère » et a été enseigné comme objet jusqu’en 1971.

L’enseignement du français présentait les caractéristiques de l’enseignement dit « traditionnel » des langues où le recours à une autre langue était exclu. Dans les années 1970, des transformations ont été décidées dans le cadre des nouvelles politiques économiques et sociales. Le français passe au statut de langue étrangère. L’objectif est d’enseigner une langue à finalité technique plutôt qu’une culture, même si dans l’article 25 du titre III de l’ordonnance du 16 Avril 1976, il est stipulé que : « l’école fondamentale est chargé de dispenser aux élèves [ … ] l’enseignement des langues étrangères qui doit leur permettre d’accéder à une documentation simple dans ces langues, à connaitre les civilisations étrangères et développer la compréhension mutuelle entre les peuples ».2

2.1.1.2 L’école fondamentale (1980 – 1990) :

L’ordonnance du 16 Avril 1976 modifie en profondeur le système éducatif algérien, mais conserve au français et à l’arabe les fonctions instituées en 1972. Les articles 8 et 9 précisent « l’enseignement est assuré en langue nationale à tous les niveaux d’éducation et de formation et dans toutes les disciplines. Un décret précisera les modalités d’application du présent article […] l’enseignement d’une ou de plusieurs langues

2 Ordonnance du 16 Avril 1976. article 25. Titre III.

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étrangères est organisé dans des conditions définies par décret ».3 Cette ordonnance n’a été appliquée qu’en 1980.

2.1.1.3 La réforme progressive des programmes (1990 – 2009) :

Dans un premier temps, les programmes et les manuels sont réaménagés en 1993, en 1995 et en 1998.

- Le manuel de première année secondaire (1ère A.S) renouvelé en 1998 allège le programme.

A signaler que c’est le même manuel pour toutes les séries et pour tout le territoire national, alors que la place du français est différente selon les séries.

Depuis 1999 – 2000, au sortir de la période de terrorisme, il est question de réformer à nouveau le système éducatif. Le conseil supérieur de l’éducation est crée par décret présidentiel du 11 Mars 1996. Dans une lettre de mission, le président de la république souligne que : « la commission examinera les dispositions appropriées en vue d’intégrer l’enseignement des langues étrangères dans les différents cycles du système éducatif »4. Pour ce faire cette commission souligne dans son rapport qu’

« une politique des langues étrangères sérieuse et souhaitable, doit être mise en place dès que possible, notamment dans le système éducatif. Elle aura pour finalité de redonner aux langues étrangères la place qui doit être la leur, comme supports incontournables pour l’accès à la science, à la technologie et à la culture mondiale ».5

3 Op. Cit. Articles 8 et 9.

4 Décret présidentiel du 11 Mars 1996.

5 Rapport de la commission de la réforme du système éducatif, 2001, p. 23.

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Quant au français, pour des raisons historiques, sociales et économiques et pour sa forte présence dans l’environnement linguistique des élèves est la première la langue étrangère.

La rentrée scolaire de 2003 à été marquée par un tournant important du fait de la mise en place de la réforme du système éducatif. L’objectif est clair : l’école algérienne se veut moderne et ouverte sur le monde, d’où notamment le choix de revaloriser l’enseignement des langues.

2.1.2 - Le français dans le contexte algérien :

Les locuteurs algériens utilisent le français comme langue seconde et parfois comme langue maternelle. C’est une situation bien particulière et spécifique à notre pays car il n’y a pas une seule phrase des dialectes algériens qui ne contient pas un mot français. En effet c’est une situation de plurilinguistique qui résulte de ce contact entre plusieurs langues (arabe classique, arabe dialectal, berbère, français). Ainsi, les structures utilisées, surtout chez les jeunes, ne sont ni de l’arabe ni du français, ni du berbère mais constituent un « code – mixing », comme le mentionne clairement K.

Taleb El Ibrahimi « ce sabir est le produit de la dualité scolaire et de l’inadéquation de la pratique méthodologique de l’enseignement des langues qui a fait des jeunes élèves des semi-lingues ne maitrisant ni l’arabe ni le français ».6

- Exemple de ce mélange de code : konvokinak besh ndiru aniverser nta bentek qui veut dire : nous t’avons convoqué pour faire l’anniversaire de ta fille.

6. TALEB ELIBRAHIMI. K, Les algériens et leur(s) langue(s), les éditions El Hikma, 1997, p 117.

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