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5. Partie conclusive

5.4 Pistes d’action professionnelles

Au terme de cette recherche, je suis en mesure de proposer des pistes d’action destinées à faciliter la collaboration parent-éducateur.

Contrat de collaboration

Les difficultés rencontrées par les acteurs quant à la communication et aux échanges que certains parents aimeraient plus nombreux m’amènent à penser qu’il existe un manque à combler au niveau des modalités de la collaboration. Bien que les bases de cette dernière soient habituellement posées lors de l’accueil en institution du jeune, un contrat écrit entre les deux parties permettrait éventuellement de formaliser cette collaboration. Face à des parents dont l’inhibition est due à leur crainte de déranger l’éducateur, un document écrit faciliterait peut- être la démarche. Les entretiens, leur fréquence, le lieu dans lequel ils se feraient, les jours/heures de disponibilité de chacun ou encore les attentes respectives pourraient faire l’objet d’un document engageant le parent et l’éducateur. La réglementation de certaines modalités de leur relation pourrait également servir à définir leurs rôles respectifs, ce qui pourrait être envisagé si la collaboration ne va pas, car plus que le cadre pouvant poser problème, c’est aussi la place donnée à l’autre et la position qui lui est laissée qui peuvent engendrer des divergences.

Donner la parole aux parents

Au terme de la collaboration, une fois que le jeune quitte l’institution et que les rapports entre parents et éducateur cessent, il serait intéressant que l’institution propose aux parents un formulaire de satisfaction anonyme non daté dans lequel ils pourraient se livrer ouvertement. Bien que ce formulaire n’aiderait pas les deux acteurs, il pourrait constituer pour les éducateurs un riche répertoire d’avis et de propositions se révélant utile quant aux collaborations futures.

Visite chez les parents

A l’instar des parents visitant l’institution, nouveau lieu de vie de l’enfant et de travail de l’éducateur, il serait intéressant pour ce dernier de pouvoir rencontrer les parents chez eux à l’occasion d’une visite en début de formation. La relation de confiance pourrait selon moi être encensée par cette démarche. Cela pourrait également permettre à l’éducateur de se rendre compte du contexte de vie du jeune et d’adopter des stratégies y relatives. Cette piste peut toutefois créer un malaise et impacter la juste distance/proximité professionnelle qu’il est recommandé de respecter dans ce type de relation.

5.5 Bilan

Bilan professionnel

Par le biais de ce travail, j’ai pu entrainer diverses compétences en lien avec ma posture d’éducateur. En plus de développer des connaissances sur le thème de la collaboration parents- professionnels et de m’essayer à des démarches d’entretien de recherche auxquelles j’étais peu habitué, ce travail m’a donné l’opportunité de découvrir la recherche scientifique et son processus. Ayant abordé ce travail avec beaucoup d’appréhensions, je suis désormais familiarisé avec les différentes étapes du processus et j’aborderai assurément plus sereinement mes éventuels travaux futurs.

Les entretiens menés m’ont permis d’entrainer des compétences relationnelles et interactionnelles essentielles à ce métier. Ils m’ont sensibilisé aux attentes et besoins des parents qui se sont livrés ouvertement, car n’entretenant aucun lien avec moi. Ces échanges m’ont aidé à ajuster ma posture professionnelle face aux parents avec lesquels je collabore actuellement. Le cadre théorique développé, les entretiens menés et l’analyse effectuée ont changé ma vision dominante de la collaboration parent-éducateur qui était peu sensible aux contraintes parentales et aux difficultés de ces derniers à éduquer leur enfant. Ma position s’est assouplie, notamment grâce aux entretiens qui m’ont permis de voir ce qui se cache derrière « le rideau » et de tenir davantage compte des ressources et limites parentales. Ce travail m’a donc aidé à adopter une posture plus en adéquation avec mes objectifs de collaboration. Par exemple, je me rends compte de la position haute que j’ai pu adopter jusqu’ici face à certains parents. J’ai eu tendance à voir ma manière de procéder comme étant la « bonne », sans nécessairement admettre que celle des parents pouvait être tout autant valable. Je suis désormais plus sensible à l’idée que le parent peut être adéquat, sans faire « comme moi je pense qu’il doit faire ».

De plus, je réalise le besoin des parents d’être valorisés et reconnus dans leur rôle. L’impact du placement sur le sentiment de compétence et sur leur pratique de la parentalité fait qu’ils sont régulièrement à la recherche de l’approbation et en proie au doute. Je suis désormais plus à-même de repérer les moments où je sens qu’ils auraient besoin d’être rassurés et de leur apporter le feedback dont ils ont besoin.

Je suis également animé par cette crainte de voir le parent adopter des pratiques nuisant à l’enfant, car je suis responsable de la réussite de ce dernier. Je me rends aussi compte qu’il est plus facile pour les éducateurs de considérer que le parent « fait faux » plutôt que d’admettre sa propre responsabilité face aux difficultés ou aux échecs.

Finalement, ce long processus et l’ampleur du travail qu’il suscite m’ont demandé un sens important de l’organisation. Avec un agenda chargé au quotidien, notamment en raison de mon statut d’étudiant en emploi, il m’a fallu concilier la recherche à un travail de terrain exigeant. Je dois toutefois relever la richesse que la conciliation de ces deux dimensions a amené à mon travail d’éducateur : j’ai pu tisser des liens théorie-pratique dont j’aurais été incapable sans avoir mené les recherches pour la construction de mon cadre conceptuel.

Bilan personnel

Soucieux par nature, j’ai peu l’habitude de me laisser surprendre et de laisser la place au doute. Pour cette raison, je m’emploie pour ainsi dire toujours à envisager et anticiper les choses. Or, durant les entretiens semi-directifs menés pour cette recherche, bien qu’aidé de ma grille d’entretien, j’ai laissé la parole aux personnes, puis ai dû me confronter à l’imprévisibilité des réponses sur lesquelles il m’a fallu rebondir avec un sens de l’improvisation qui ne m’est pas naturel. Je suis assurément plus serein et plus à l’aise désormais avec l’imprévu.

L’analyse m’a demandé une réflexion permanente afin d’articuler les données recueillies auprès des personnes interrogées avec le cadre théorique construit. L’esprit critique et la remise en question m’ont ainsi accompagné tout au long du processus. Cela n’a pas toujours facilité l’avancée de mon travail, car étant exigeant avec moi-même et soucieux de la qualité du travail à restituer, j’ai dû me restreindre face à l’ampleur des concepts théoriques en lien avec le sujet. J’ai appris à me fixer des limites, chose qu’il m’était particulièrement difficile auparavant. J’avais déjà conscience du surinvestissement et l’insatisfaction récurrente qui caractérisaient mes travaux, mais je suis à présent plus à l’aise pour « quittancer » mon propre travail bien que j’éprouve encore des difficultés à me montrer objectif quant à lui.

Enfin, je suis globalement satisfait des apprentissages réalisés durant ce travail. Son aboutissement représente pour moi un point de satisfaction personnel important, d’une part, parce qu’il représente la dernière étape de mon parcours de formation et, d’autre part, parce qu’il est assurément celui qui m’a demandé le plus d’engagement et d’efforts. Indépendamment de sa qualité et des résultats obtenus, ce sont les différentes étapes que je retiendrai avant tout, car elles m’ont enrichies tant professionnellement que personnellement.