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Pistes d’action en prévention primaire

6. DISCUSSION

6.4 Pistes d’action en prévention primaire

Ces éléments, appartenant aux trois sphères principales du modèle PEO, sont tous des points sur lesquels il est possible d’agir afin de favoriser l’adoption du comportement préventif chez les travailleurs, autant novices qu’expérimentés, selon leurs besoins particuliers identifiés précédemment. Il est intéressant de constater que l’adoption du comportement préventif au travail est influencée par des facteurs qui dépassent les décisions de l’employé seul. Effectivement, les

environnements physique, social et institutionnel ont un impact majeur sur le comportement des employés, tel que constaté dans les propos des participants. Le travailleur, le travail qu’il a à accomplir ainsi que l’environnement dans lequel il doit l’accomplir doivent donc être tous considérés dans les interventions visant la prévention primaire des accidents de travail. Les ergothérapeutes sont outillés pour agir en ce sens, en ayant une approche holistique de la personne.

Tout d’abord, en agissant directement avec la personne, c’est-à-dire avec l’employé lui-même, il est important de consolider et de faire des rappels constants des règles et des procédures de sécurité en place dans l’entreprise. Les employés doivent connaître l’ensemble des règles et procédures afin de les appliquer en entièreté. Tel que rapporté par plusieurs participants, certaines informations ou certaines façons de travailler changent à travers le temps, mais certains employés n’ont pas accès à de la formation continue sur ces différents changements. Il est donc primordial de veiller au développement des connaissances des travailleurs afin qu’ils connaissent l’ensemble des éléments à respecter et les façons sécuritaires de travailler. Les connaissances des travailleurs peuvent être développées de diverses façons, tout dépendant du lieu de travail et de la réalité des milieux. Par exemple, des formations ponctuelles et obligatoires peuvent être offertes, des rappels à chaque début de quart de travail peuvent être faits, des documents peuvent être distribués, etc. Il est de la responsabilité de la personne responsable de la santé/sécurité, avec la collaboration des employés et des employeurs, de trouver la façon la plus adaptée de faire le transfert et la mise à jour des connaissances. Ensuite, il est important de démontrer aux travailleurs l’importance de respecter les règles et procédures de santé/sécurité. L’employé doit se sentir concerné par les différents éléments mis en place et doit connaître les conséquences associées au non-respect. Le but ici n’étant pas de faire peur aux travailleurs, mais bien de les sensibiliser aux nombreuses conséquences engendrées par les accidents de travail dans le but d’augmenter l’importance accordée à leur propre sécurité et à celle de leurs collègues.

Ensuite, diverses interventions peuvent être mises en place en collaboration avec l’environnement du travailleur. L’employeur détient un rôle d’une grande importance dans l’adoption du comportement préventif de ses employés. Effectivement, non seulement les participants l’ont mentionné, mais Lecours et Therriault (2016) rapportent également que le style de gestion influence l’adoption du comportement préventif. Ainsi, il est du ressort de l’employeur

40 d’établir un programme de prévention, d’informer les travailleurs des risques liés à leur emploi et d’identifier, de contrôler puis d’éliminer les dangers pour tous les travailleurs (CNESST, s.d.). Les employeurs sont également tenus de doter les établissements d’équipements, d'outils et de méthodes de travail sécuritaires en plus de donner la formation nécessaire pour que les employés travaillent de façon sécuritaire. Il est donc de la responsabilité de la personne responsable de la santé/sécurité de l’entreprise de travailler en collaboration avec les employeurs afin d’identifier les équipements de sécurité nécessaires au travail sécuritaire des employés. Par la suite, l’employeur a une partie de responsabilité en s’assurant de fournir les équipements adéquats selon les besoins identifiés par l’ergothérapeute et les travailleurs. La prévention primaire doit donc viser à inclure l’employeur dans le processus afin que ses employés sentent que leur santé/sécurité est une réelle préoccupation pour lui. De plus, il est important de sensibiliser les employeurs aux nombreuses conséquences que peuvent engendrer les accidents de travail afin de démontrer l’importance d’une bonne prévention au sein de l’entreprise. L’environnement du travailleur est d’une très grande importance alors la collaboration entre les différents acteurs impliqués est primordiale.

Puis, de nombreuses interventions peuvent être mises en place en lien directement avec l’occupation, c’est-à-dire avec les tâches que le travailleur a à accomplir dans le cadre de son travail. L’ergothérapeute étant expert en habilitation de l’occupation, il agit de façon à favoriser la performance occupationnelle (ACE, 2012), ici désignée par l’adoption du comportement préventif. Ainsi, l’ergothérapeute peut faciliter l’accomplissement des tâches des travailleurs notamment via l’analyse de l’activité, la réorganisation des tâches, l’adaptation des tâches selon les forces et les faiblesses de la personne, l’enseignement de principes d’ergonomie, etc. De nombreuses interventions peuvent être mises en place afin de faciliter l’accomplissement de façon sécuritaire des tâches liées au travail ainsi que de prévenir l’apparition de blessures ou de douleurs. Les façons d’y parvenir sont nombreuses, et doivent être choisies par l’ergothérapeute selon l’évaluation qu’il aura fait de la situation.

Toutefois, de toutes les pistes d’intervention suggérées dans la présente section, l’employeur doit être impliqué dans chacune d’elles. Les ergothérapeutes sont outillés en ce sens et selon l’ACE, l’avenir des ergothérapeutes en prévention des accidents de travail passe par la

collaboration avec les employeurs, notamment en aidant « les employeurs à élaborer des politiques, procédures et processus favorisant le maintien sur le lieu de travail, le retour au travail et le respect des exigences éthiques, législatives et normatives » (ACE, 2015).

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